Sur les sherpas guides de montagne nepalais



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SUR LES SHERPAS

GUIDES DE MONTAGNE NEPALAIS

Le point : juillet 2010.


ASSOCIATIONS.

- Népal Mountaineering Association. N.M.A.

Association, placée sous la tutelle du Ministère du tourisme, qui gère la montagne et l’himalayisme.



- Népal Mountaineering Instructors Association. N.M.I.A.

Association créée à la demande de professeurs guides de l’E.N.S.A.



- National Nepal Mountaineering Guides Association. N.N.M.G.A.

Association de guides népalais.


COTATION DES DIFFICULTES EN MONTAGNE.

Dans ce texte, F. signifie facile, P.D. signifie peu difficile, D. signifie difficile, T.D. signifie très difficile.


SUR LE MOT SHERPA.

Népal, pays d’Hima-alaya, Népal pays des Sherpas, des Sherpas himalayistes ! J’utilise le mot Sherpa alors qu’il faudrait aujourd’hui utiliser celui de Népalais puisqu’ils sont nombreux les membres d’autres ethnies qui exercent des métiers de la montagne. Mais Sherpa est un nom connu de tous, je le conserve.


SUR LE METIER DE GUIDE DE MONTAGNE.

Il faut avant tout démystifier le métier de guide. Certes, le guide exerce son métier en haute montagne qui est, par excellence, un lieu encore sauvage, grandiose, d’une éclatante, changeante et émouvante beauté. Certes, la virtuosité d’un guide évoluant au-dessus du vide inspire au non initié des sentiments d’intense admiration. Certes, la profession de guide est pénible, difficile, dangereuse. Mais il ne faut pas exagérer les capacités physiques que doit posséder un guide. Son indifférence au vide s’acquiert –penser aux manœuvres indiens, constructeurs des premiers gratte-ciel des U.S.A.- Ses capacités ne sont quand même pas comparables à celles d’un sportif sélectionné pour disputer des jeux olympiques. Il en est de même dans le domaine intellectuel, le guide doit posséder des connaissances théoriques, mais que sont ces connaissances comparées à celles qui sont exigées pour enseigner dans un collège ? Le guide est simplement un homme robuste qui domine les pratiques nécessaires pour évoluer en haute montagne, y conduire des clients, et qui a des connaissances générales sur cette haute montagne. Ce n’est ni un surhomme, ni un intellectuel de haut niveau, le niveau de sa littérature en témoigne d’ailleurs. Le guide est tout simplement un parfait technicien de la haute montagne.


POURQUOI CE TEXTE ?

J’avais l’intention d’écrire un cahier sur l’himalayisme dans le genre de ceux qui figurent dans le site http:/www.nepalsherpasig.fr : Ecologie, Misères comparées, Pêche, Séismes, Tourisme... Je ne le ferai pas, trop d’occupations me l’interdisent. Mais j’écris ce court texte se rapportant aux guides de montagne népalais pour apporter ma conclusion aux débats qui m’ont opposé :

- à certains professeurs guides de l’Ecole nationale de ski et d’alpinisme, l’E.N.S.A. qui forme les guides de montagne français,

- à ceux qui ont dirigé l’Union internationale des associations de guides de montagne, l’U.I.A.G.M.

Qui suis-je pour contrer la prestigieuse E.N.S.A. et l’Internationale Union des guides de montagne ? Je ne représente rien. Je ne suis rien. Je ne suis même pas un grand alpiniste à qui la notoriété ajouterait quelque valeur à ses propos. Je ne suis qu’un vieil alpiniste himalayiste résident au Népal qui tente de défendre ses amis les guides de montagne népalais.


LES FAITS.

Il n’y a aucune volonté de dénigrement dans ce texte. J’ai toujours admiré notre exemplaire école de guides, j’ai de très nombreux amis parmi les guides, de nombreux amis parmi les professeurs guides qui ont enseigné dans cette école. Pourquoi alors cette polémique ? Il y a quelques années, je travaillais avec la Népal Mountaineering Association, la N.M.A., je dirigeais pour elle des travaux. Ses dirigeants m’avaient nommé Conseil et membre d’Honneur. J‘avais alors deux beaux-frères qui exerçaient le métier de porteur et le métier de guide dans le massif du Khumbu. J’ai ainsi été amené à me poser des questions sur la formation des guides népalais. An après an, des professeurs guides occidentaux venaient enseigner au Népal, repartaient. Les mots basic course, advenced course étaient régulièrement prononcés mais jamais on ne voyait un Népalais terminer un cursus qui le fasse accéder au niveau de guide. Des Arlésiennes dans l’himalayisme ! Ces professeurs ne parlaient pas d’une formation de guides népalais, de la création d’un corps de guide népalais comme d’une chose proche. J’ai écrit à des professeurs de l’E.N.S.A., je n’ai pas eu de réponse. J’ai questionné des formateurs français qui étaient de mes amis, j’ai obtenu des réponses ahurissantes. J’ai alors demandé à des guides français dont certains étaient ou avaient été au top niveau de l’alpinisme himalayisme international ce qu’ils pensaient de la chose. J’ai ainsi appris qu’étaient nombreux ceux qui, parmi eux, critiquaient les méthodes de l’E.N.S.A. J’ai reparlé avec les responsables de la formation qui m’ont rétorqué que tout était bien et normal dans le meilleur des Himalayas. Mon esprit critique ne pouvait se satisfaire de cela. J’ai réfléchi et soudain, les pièces du puzzle se sont assemblées. J’ai compris : on se moquait des jeunes alpinistes Népalais aspirant à exercer le métier de guide. A suivi, un jour, dans la salle de restaurant de l’hôtel Manaslu, avec des formateurs français, une discussion au cours de laquelle les décibels se sont élevés au-dessus de ceux d’une conversation mondaine. Ces formateurs n’ont rien voulu entendre, ce qu’ils faisaient était bien. J’ai alors écrit un article qui a été publié dans la revue du Groupe de haute montagne Cimes. Saluons en passant le rédacteur en chef de cette revue qui a accepté l’article : s’élever contre l’Ecole polytechnique de la montagne française n’était pas une chose banale. Une polémique a débuté. Un article a ensuite paru dans la revue Trek Magazine, puis un autre dans la revue de l’E.N.S.A.

C’est aussi en pensant à l’Histoire alpine qui, un jour ou l’autre fait la synthèse de tout ce qui a été publié sur la montagne, l’alpinisme, l’himalayisme, que j’ai décidé de rédiger ce texte.
SUR LES SHERPAS.

Des Sherpas en montagne, depuis combien d’années ? Depuis toujours. Ils y vivent, certains à des altitudes qui n’existent pas en Europe occidentale. J’en connais qui sont nés à 5200 mètres d’altitude ! Des villages sont à 4000 mètres. Dans ces villages, les hommes respirent un air naturellement pauvre en oxygène, arpentent la moyenne montagne à longueur d’année, portent des charges qui parfois dépassent le quintal. Ces hommes rudes sont de plus habitués à la frugalité, au froid, aux longs efforts, à la souffrance. Ils présentent toutes les qualités requises pour devenir d’excellents guides de montagne.


DES DATES. UN VERDICT.

- Année 1911. Le Pakistan et l’Inde ne forment qu’un seul pays, l’accès du Népal est interdit aux étrangers. Le docteur Keylas tente et gravit quelques sommets de l’Himalaya du Pakistan-Inde. Au cours de ces ascensions cet himalayiste est assisté par des Sherpas. C’est la première fois que des Sherpas sont employés par des Occidentaux pour gravir une montagne. Mumery, en 1895, sur les flancs du Nanga-Parbat, avait, lui, été accompagné de Gurkhas, certainement des mercenaires népalais de l’armée des Indes.

- Année 1925. Howard-Burry dirige une expédition britannique qui tente d’ouvrir un itinéraire dans le versant tibétain de Chomolungma-Everest. Cette expédition est également assistée par des Sherpas. Howard-Bury les décrit ainsi :

Particulièrement robustes, ils étaient acclimatés au climat froid et aux grandes altitudes... dociles pour travailler la glace et sans crainte devant la neige.

- Année 1950. L’expédition française dirigée par Maurice Herzog gravit l’Annapurna I. Des Sherpas portent des charges et accompagnent les Français jusque sous le sommet.

- Année 1953. Tensing Norkay Sherpa gravit Sagarmatha-Everest avec Edmund Hillary. Il devient le symbole de ces Sherpas salariés qui se révèlent, en altitude, aussi motivés et qualifiés que leurs employeurs.

- Années 1954 et suivantes. Toutes les expéditions nationales qui, pour la première fois, gravissent les sommets de plus de 8000 mètres de l’Himalaya du Népal, sont accompagnées de Sherpas porteurs. Des Sherpas atteignent les plus hautes altitudes, d’autres montent jusqu’au sommet.


- 1979. Premières formations de guides au Népal par des professionnels Slovènes puis par des professeurs guides français enseignant à l’E.N.S.A. Pendant des années ces derniers viendront enseigner au Népal. Pendant des années, des jeunes népalais viendront suivre un stage de formation en France, à l’E.N.S.A.

- 2010. Date à laquelle cet article est écrit. 31 ans après le début de la formation, combien y a-t-il de guides népalais reconnus par leurs homologues occidentaux ? Aucun ! On lit dans un article de la revue de l’E.N.S.A. :



2009 voit arriver une première promotion de guides népalais... Cependant ils (ces guides népalais) ne seront acceptés au sein de l’U.I.A.G.M. qu’au printemps 2011.

Allons au-delà des mots, en 2010, au moment où ce texte est écrit, effarant constat, il n’y a, aux yeux des Occidentaux, aucun guide népalais formé au Népal. Il n’y a qu’un guide népalais Sunar Gurung qui a intégré l’U.I.A.G.M., mais son cas est spécial : grâce à de généreux aficionados du Népal, il a reçu une formation française et a passé, en France, les épreuves de l’E.N.S.A.

Dans le texte cité, le mot promotion avec son sens scolaire prête d’ailleurs à sourire quand on sait que depuis longtemps de nombreux guides népalais, ceux que j’ai nommé il y a quelques années les guides de fait, qui n’ont jamais suivi le moindre stage de formation dirigé par un Occidental, gravissent, bon an, mal an, plusieurs sommets de l’Himalaya, dont ceux qui mesurent plus de 8000 mètres, un client occidental au bout de leur corde !


Analysons les chiffres, alignons des faits, assénons un verdict :

- 2010 moins 1911 (date des premiers sherpas dans une expédition) = 99. Il y a 99 ans que les Sherpas sont les auxiliaires des himalayistes et portent pour eux des charges jusqu’aux plus hautes altitudes.

- 2010 moins 1950 (ascension de l’Annapurna I) = 60. Il y a 60 ans que les Sherpas sauvent des sahibs-himalayistes en difficulté sur la haute montagne !

- 2010 moins 1979 (date des premières formations de Népalais) = 31. Il y a 31 ans, que des successions d’élèves népalais apprennent le métier de guide !

- 2010 : des dizaines de Sherpas exercent, depuis quelques années, sur leurs montagnes le métier de guide.

Malgré cela, aucun Sherpa n’a été jugé suffisamment compétent par les professionnels Occidentaux pour être déclaré guide et membre de l’U.I.A.G.M. Il y a là une chose qui choque la raison. L’article de la revue de l’E.N.S.A. explique ainsi la chose :



Une durée qui peut paraître bien longue ! Mais une durée, en fait, relativement brève, une fois ramenée à l’échelle de temps du Népal, puis au vu des résultats et compte tenu des difficultés rencontrées.

Commentaires :

- Une durée relativement brève ? La formation d’un guide français s’effectue en deux fois un mois (sur deux ans). La différence entre les échelles de temps népalaises et occidentales serait de 99 divisé par deux égale 49,5 !

- Si on parle résultats : où sont-ils ? Nous sommes en 2010, il n’y a pas un seul guide népalais formé au Népal qui soit reconnu par des guides occidentaux.

- Si on parle difficultés : où sont-elles ? Les Sherpas avaient toutes les qualités requises pour devenir sans délais d’excellents guides sur leurs montagnes. Ils avaient des qualités physiques hors du commun, des qualités bien supérieures à celle des guides occidentaux. Ils possédaient même, que n’auront jamais les meilleurs professionnels occidentaux, une capacité de résistance à la haute altitude exceptionnelle. Et, complétant tout cela, ils étaient animés par un énorme désir, un énorme besoin, celui de devenir des guides de haute montagne sur leurs montagnes parce que ce métier de guide aurait été leur gagne pain.
On peut ainsi déduire plusieurs choses des faits et de la lecture du texte paru dans la revue de l’E.N.S.A. 

- La première : les Sherpas sont des incapables. Cette ridicule affirmation est immédiatement abandonnée, je ne donnerai qu’un exemple démontrant pourquoi. Le sauvetage dans la face nord de l’Annapurna I, en 1950, de l’élite de l’alpinisme français du moment Louis Lachenal, Gaston Rébuffat, Lionel Terray, membres de la prestigieuse Compagnie des guides de Chamonix et de Maurice Herzog, leur chef, par de simples paysans Sherpas qui font leurs premiers pas en haute montagne.

- La deuxième : les enseignants sont des incapables. Cette suggestion est également abandonnée car elle est ridicule : ces professeurs guides sont choisis parmi les meilleurs alpinistes français !
Mais il reste, pour expliquer l’énorme fiasco que présente la formation de guides Népalais par des Occidentaux, une troisième explication :

La méthode et les programmes choisis par ces professeurs guides Occidentaux étaient inadaptés.
FORMATION DES GUIDES EN FRANCE.

Comment s’effectue la formation d’un guide en France. Schématisons : les candidats qui intègrent l’E.N.S.A. sont tous des alpinistes confirmés. Ils ont réalisé, en amateur, de nombreuses ascensions. Ces candidats viennent acquérir dans cette école ce qui fait la différence entre un amateur qualifié et un professionnel responsable d’un client. Après deux stages, s’ils sont jugés aptes, ils sont déclarés aspirant guide la première année, guide la deuxième année. Retenons, il suffit, étant un alpiniste qualifié, pour devenir un guide français, de deux stages d’environ un mois !



FORMATION DES GUIDES AU NEPAL.

Au Népal, les Occidentaux n’ont pas été capables d’imposer aux Népalais cette règle basée sur la qualification préalable des candidats. Ils ont pris tous les ans comme élèves des jeunes sans réelle qualification d’alpiniste ou des professionnels ne possédant qu’une expérience de guide de trekking.


Dans le massif de Chamonix, avant que l’E.N.S.A. ne soit créée, les futurs guides se recrutaient parmi les porteurs. Or ces porteurs existaient au Népal, ils exerçaient même cette activité depuis, nous l’avons précisé, 101 ans ! Mais, je l’ai écrit, on trouvait mieux, il y avait dans les montagnes, des guides de fait qui exerçaient le métier de guide. Ces guides de fait équipaient d’abord la montagne tout en faisant la trace, puis ils redescendaient au camp de base, s’encordaient avec leur client qu’ils conduisaient au sommet. Toutes tâches normalement accomplies par ceux qui vont devant.

D’où la question : Pourquoi n’a-t-on pas formé en priorité ces professionnels qui avaient fait leurs preuves en haute montagne –ici, pour indiquer un chiffre, au-dessus de 6000 mètres-, qui possédaient des qualités physiques hors du commun et savaient les pratiques élémentaires ? Quelques séances de formation auraient suffi pour en faire d’excellents guides au standard européen dont certains seraient devenus de grands instructeurs. La réponse est simple : parce que les formateurs et les décideurs népalais ne se sont jamais préoccupés de ce qui se passait en montagne. Ils avaient tous une mentalité de citadins ou d’enseignants. Ils choisissaient pour suivre les stages chaque année de nouveaux citadins et non des guides de fait ! Quand j’ai demandé à un des formateurs ce que deviendrait ces guides de fait, il m’a répondu qu’ils ne seraient jamais guides ! Ce qui m’a fait écrire que s’il y avait un jour un Contrôleur de la profession de guide au Népal il serait bien pour sa sauvegarde qu’il soit capable de courir très vite

Pendant que nos formateurs menaient grand bruit sur leur efficacité et grandes dépenses en expliquant que la formation des guides était leur chose et que tout progressait normalement, des agences de trekking, tranquillement, pour obéir à la demande, embauchaient des guides de fait qui conduisaient des clients sur des sommets.
Chose curieuse : un temps, des formateurs occidentaux ont cru résoudre le problème en faisant créer, par de jeunes grimpeurs résidant à Katmandu, une association qui s’est nommée Népal Mountaineering Instructor Association. Ces formateurs occidentaux, tournant le dos aux décideurs de la N.M.A. ont alors dialogué avec les seuls membres de cette N.M.I.A. (dont la plupart, sourions, étaient membres de la N.M.A.). Curieux instructeurs les membres de cette N.M.I.A. qui n’étaient pas encore guides et qui n’avaient pas d’élèves (voir extraits de la lettre de l’auteur aux membres de cette N.M.I.A.).
AUTRES ERREURS COMMISES

PAR LES OCCIDENTAUX.

Les formateurs ont commis d’autres erreurs. J’en cite plusieurs. Ils n’ont pas tenu compte que :

- les connaissances d’un Occidental et celles d’un Népalais lambda étaient différentes. Au Népal près de la moitié de la population est encore illettrée, le niveau des connaissances est peu élevé. Imposer à un guide népalais de posséder des savoirs égaux à ceux d’un guide occidental est aberrant. Cette remarque entraîne d’ailleurs la question : Que vaut-il mieux ? Un guide illettré possédant d’énormes moyens physiques ? Ou un guide de grand savoir incapable d’assister son client à 7000 mètres d’altitude ? Les réponses obtenues pourraient être intéressantes.

- la montagne occidentale est parfaitement connue, la montagne népalaise est encore sauvage. En dehors des grands sommets classiques, cette montagne et ses accès sont presque toujours inconnus ou mal connus, les distances pour atteindre le pied des montagnes nécessitent plusieurs jours de marche d’approche. Un guide occidental ne peut, seul, résoudre les multiples problèmes qui se posent à lui : contrôle des prix, choix d’un itinéraire, du moyen de transport mécanique, du recrutement et du paiement du personnel d’encadrement et des coolies, des relations avec les administrations... Ensuite, sur le terrain, il ne peut, seul, simplement diriger une caravane pour atteindre les camps de base... Le fonctionnement actuel démontre cela : sans agence népalaise, sans personnel népalais, les guides occidentaux sont impuissants.

- les différences d’altitude font des montagnes européennes et des montagnes népalaises deux entités différentes. Les montagnes européennes culminent là où les montagnes népalaises commencent ! Le plus haut sommet de l’Europe occidentale atteint 4807 mètres, l’ascension d’un sommet de 4000 mètres est, dans ces montagnes, considéré comme une chose sérieuse. Les montagnes de l’Himalaya culminent à 8848 mètres, dans ces montagnes des villages se dressent à 4000 mètres, l’altitude des pâturages dépasse celle du Mont Blanc. Or la diminution d’oxygène qui va avec l’altitude, déjà sensible dans les Alpes, devient dans l’Himalaya un facteur primordial. Contre les effets de cette diminution d’oxygène aucune formation ne permet de lutter. Que le sujet soit débutant, alpiniste au top niveau, guide de haute montagne diplômé, professeur guide, seule l’expérience in situ permet à un individu de connaître sa capacité de résister aux effets de l’altitude. Les guides occidentaux sont certes des gens robustes, habitués aux efforts, mais rien ne garantit leur efficacité aux hautes altitudes. Les guides de fait, eux, parce qu’ils sont nés, qu’enfant ils ont couru, qu’adulte ils ont travaillé, porté des charges énormes, à de très hautes altitudes, y sont parfaitement à l’aise. Notion essentielle : ils peuvent porter assistance à leur client aux plus hautes altitudes himalayennes.

- le niveau technique des ascensions est différent. En Europe, guides et clients évoluent banalement dans des hautes difficultés, les guides peuvent être amenés à conduire leurs clients dans des voies D et T.D. Au Népal le guide conduit son client sur des voies F à P.D., niveau des voies normales des grands sommets. L’exercice de la profession de guides en Europe et au Népal n’est pas comparable. Imposer la même formation aux deux professionnels est donc ridicule.


Les instructeurs occidentaux n’ont pas tenu compte de toutes ces choses. J’avais parlé de cela avec Claude Rey lorsqu’il était Président de l’U.I.A.G.M. Je lui avais dit le ridicule d’imposer à un guide népalais l’acquisition de tout un fatras de théories, de techniques dont il n’aurait que faire : la pratique du ski, la natation... ! Il s’était rangé à mon point de vue.

SUR LES PRATIQUES COURANTES. UN FILM.

Observons ce qui se passe aujourd’hui dans une ascension dans l’Himalaya. Qui porte le matériel en altitude ? Qui équipe la montagne ? Qui fait la trace ? Même si les pentes sont parfois avalancheuses ! Dans les expéditions commerciales, combien de guides occidentaux se contentent d’accompagner leurs clients au camp de base ? Les réponses sont connues. Un film a d’ailleurs été tourné sur ce sujet, son titre : Les vrais héros de l’Everest. Il montre le travail accompli par des porteurs guides de fait à Sagarmatha-Everest. Equipement de la cascade de glace, mise en place d’échelles, sous le col Sud : de cordes fixes, portages, installation des camps, taille de marches, trace dans la neige profonde... Des images montrent ces guides de fait qui conduisent les sahibs au cours de l’ascension, descendent même un cadavre à ce col Sud pour l’enterrer sous des pierres. Où étaient les guides occidentaux pendant ce temps ?



UNE FORME DE NEO-COLONIALISME.

En guise de préface à ce qui va suivre, ces mots d’un guide de Chamonix qui revient de gravir Sagarmatha avec des clients.



- Nous, guides occidentaux, ne sommes rien là-haut, seuls les Sherpas...
SHERPAS.

Le mot sherpa est aujourd’hui utilisé en Occident pour définir celui qui effectue le travail d’un autre qui en tire salaire ou gloire :

- le Sherpa d’un ministre,

- le groupe d’avocats, Sherpas : ceux qui défendent,

- le groupe électrogène Sherpa : l’engin qui dépanne.

- ...

L’image est évidemment née dans l’Himalaya au cours des ascensions. Les Sherpas effectuent tout le travail, les sahibs et leurs guides occidentaux en tirent notoriété ou gloire et pour certains rémunération.
Et c’est à cause de tout ce qui est exposé ci-dessus que la formation des guides népalais dégage un critiquable parfum de colonialisme. Les Occidentaux responsables ont tenté de transposer ce qui est habituel et justifié chez nous en terres étrangères sans tenir des réalités et des besoins des autochtones. Ils ont fait travailler ces autochtones, qui étaient chez eux, à leur place. Il est donc normal que ces autochtones aient critiqué leurs façons de faire. Il est aussi normal que des Népalais aient insinué que les enseignants ont fait durer la formation pour que le guide occidental conserve le plus longtemps possible la clientèle, la main mise sur la montagne népalaise.
Je rajoute une remarque personnelle : il est curieux de voir les guides français s’approprier le domaine de la formation et parler comme s’ils étaient les seuls enseignants. J’ai assisté à un affrontement entre guides slovènes et guides de l’E.N.S.A. qui démontrait que tout ce qui était imposé par les Français n’était pas toujours admis par les guides des autres pays.
UNE EPREUVE DE RESISTANCE.

Toutes les anomalies exposées ci-dessus m’ont conduit à écrire une lettre à mes amis de la N.M.I.A. –voir des extraits ci-dessous- Dans cette lettre, j’explique que les guides népalais n’ont que faire des exigences des formateurs européens, qu’il est inutile, sur la voie normale d’un 8000 mètres de savoir exécuter cinq ou six nœuds différents, de connaître la théorie de Wegener et l’origine des roches cristallophylliennes. Et qu’en conséquence ils doivent se considérer comme des guides. J’indique aussi que les Népalais sont maîtres chez eux et qu’ils sont en droit d’imposer aux guides occidentaux, dont les connaissances théoriques et l’agilité dont ils font preuve dans les passages rocheux pèsent d’un poids nul pour gravir un 8000 mètres, une épreuve de résistance à l’altitude. Que de plus, ils peuvent obliger les professionnels occidentaux à se faire assister par un simple porteur népalais, même pas un guide de fait, qui aura, lui, en cas de problème, les capacités physiques pour sauver un client en difficulté.


ASSURANCES.

Des guides occidentaux, pour se défendre, invoquent le problème posé par les assurances. Eux sont assurés, les guides népalais ne le sont pas. Les assureurs, qui ne le sait, ne sont pas des philanthropes, il y a chez eux des actuaires, spécialistes qui analysent les risques et les coûts. Combien de temps mettront-ils, ces assureurs, pour s’apercevoir que s’ils veulent limiter les indemnités à verser, il leur est préférable d’assurer les guides népalais, d’ailleurs beaucoup moins chers, qui peuvent, que les guides occidentaux qui peuvent bien peu ou qui ne peuvent rien du tout.

Le problème posé par les assurances est d’ailleurs plus complexe. Je connais deux procès intentés par deux clients occidentaux à leurs guides occidentaux qui ont donné lieu à mise en cause de ces guides. Et je peux parler de cet accident qui s’est déroulé au camp trois sur l’arête ouest de l’Ama Dablam et qui a causé la mort de trois guides de fait du Khumbu –dont un de mes beaux-frères- et celle de leurs trois clients. Ils ont été écrasés dans leurs tentes puis jetés dans la face Nord Ouest par une chute de glace. Je précise pour éviter toute critique qui invoquerait l’inexpérience de ces guides de fait que ces derniers avaient installé leur camp trois à l’emplacement habituel choisi par les guides occidentaux. La réaction des familles des Occidentaux morts est significative : non seulement ces familles n’ont pas cherché à mettre en cause ces guides de fait mais elles ont fortement aidé leurs veuves et leurs enfants.

DOCUMENTS.

EXTRAITS DE LA LETTRE DE L’AUTEUR A LA N.M.I.A.



Adressée à Nima Sherpa Président de la N.M.I.A., à Zimba Sherpa, Président de la N.M.A., aux professeurs de l’E.N.S.A. ayant participé à la formation de guides népalais, au secrétaire du Ministère du tourisme népalais.

(Traduit de l’anglais.).

Aux membres de la N.M.I.A., aux membres de la N.M.A., à leurs présidents... Après avoir indiqué mon opinion dans la revue Cimes du Groupe de haute montagne et dans mon site http:/www.nepalsherpasig.fr/, permettez-moi de vous dire ce que je pense du problème posé par la formation des guides népalais...

Membres de la N.M.I.A., je remarque :

- que vous êtes instructeurs mais que vous n’avez pas d’élèves.

- que vous êtes instructeurs d’alpinisme mais que vous n’êtes pas encore guides de montagne.

- qu’après 25 ans (30 en réalité) de formation par des guides étrangers il n’y a pas encore un seul guide népalais au standard occidental.

Ceci est étrange. Seriez-vous de mauvais candidats ? Les guides étrangers qui vous forment seraient-ils des incapables ?... La formation occidentale est-elle adaptée au métier de guide dans l’Himalaya ? ... Les difficultés gravies dans les Alpes ne sont pas du même ordre que celles gravies dans l’Himalaya... Les programmes doivent être différents. Avez-vous besoin de savoir faire dix noeuds différents ? De savoir skier ? De savoir nager ? De connaître toute la partie théorique qui est nécessaire à un guide européen ?... D’ailleurs que sont-ils, que font-ils ces guides occidentaux sur vos montagnes à plus de 8000 mètres ?...

Vous qui conduisez des clients sur vos montagnes, vous êtes guides. Avez-vous besoin de faire partie d’une association reconnue par l’U.I.A.G.M. pour guider des clients sur vos montagnes ? Que sont les guides européens par rapport à vous sur les pentes de Sagarmatha-Everest, du Cho Oyu, du Manaslu... ?... Ces guides ont-ils passé une épreuve de résistance à l’altitude qui leur donne le droit de conduire, chez vous, des clients sur vos sommets ?...

Sans vous ces guides ne sont rien...

Pour officialiser cela, vous devez :

- établir une liste de ceux qui, parmi les membres de la N.M.I.A. et les guides qui exercent en haute montagne le métier de guide, ont une réelle et vaste expérience.

- mettre en place une commission avec des personnes qualifiées...

C’est cette commission qui décidera des guides qui suivront un stage de formation théorique...

Ensuite vous vous déclarerez Guides de montagne népalais. Plus tard, si vous le jugez utile, vous demanderez à être intégrés à l’instance internationale U.I.A.G.M.
Fin février, début janvier 2009.
NOTE SUR UN AUTRE TYPE DE FORMATEURS.

On a vu, un temps, un autre type de professionnels intervenir dans le circuit de la formation népalaise de guides de haute montagne. Ces guides étaient envoyés par une société industrielle dont ils étaient salariés. On ne les a vus que le temps nécessaire pour recueillir des documents leur permettant de montrer la générosité de leur entreprise. Business et humanitaires, qui ne le sait, sont miscibles.


AUTRES TEXTES A LIRE.

- Article dans la revue Trek Magazine.

- Article dans la revue de l’E.N.S.A.

- Articles dans la revue Cimes du Groupe de haute montagne.



- Textes dans le site http:/www.nepalsherpasig.fr/

Nota : silence chez les autres médias de montagne, la presse de clubs de montagne.
Juillet 2010, Katmandu.

Sigayret.
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