Plainte après le suicide d’un cadre chez Michelin
Nicolas Jacquard avec Geoffroy Tomasovitch
601 mots
20 septembre 2009
Aujourd'hui en France
AUFRA
14
Français
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En juin, Angel Arevalo était retrouvé pendu sur le site du géant du pneu, à Ladoux (Puy-de-Dôme).
Sa famille a saisi la justice pour « homicide involontaire ». Une enquête est en cours.
C’ETAIT un passionné. De la vie, de ses deux filles et de sa femme. De son travail, aussi. Mais c’est pourtant au sein de son entreprise qu’Angel Arevalo, 55 ans, s’est donné la mort. Dans la nuit du 23 au 24 juin, ce cadre respecté s’est pendu sur le site de Ladoux (Puy-de-Dôme), où se trouve le centre de technologie du groupe Michelin, numéro un du pneu, pour lequel il travaillait depuis 1980. Un geste que ses proches ne comprennent toujours pas. « Ça ne lui correspond pas, lâche sa veuve, Chantal, d’une voix rendue monocorde par la douleur. C’était un homme attentif, proche de ses enfants. Il jouait de la musique, et avait même passé son permis moto à 50 ans ! » Face aux questions sans réponses, la famille d’Angel a saisi la justice. Son avocat, M e Eric Moutet, vient de déposer plainte pour « homicide involontaire » au parquet de Clermont-Ferrand, qui confirme avoir ouvert une enquête. « Le décès de M. Arevalo est en passe d’être reconnu comme accident du travail », souligne M e Moutet. Jusqu’à fin 2008, il semblerait qu’Angel Arevalo ait été épanoui dans son travail. Basé à Karlsruhe (Allemagne), il y exerçait des responsabilités dans le domaine des matières premières.
« Il était très professionnel, très impliqué », raconte son épouse, qui évoque cette anecdote symbolique : « Une fois, il a croisé à l’aéroport François Michelin, le PDG du groupe. Il a osé aller lui parler, et ils ont échangé pendant un quart d’heure. Il en était très fier. »
Mais le temps passant, Angel Arevalo aspire au changement. Au début de l’année, on lui propose de prendre la tête d’une équipe chargée de la qualité des matières premières de Michelin. Angel Arevalo déménage à Ladoux. « Au début, on lui a fait miroiter les avantages de l’expatriation, détaille M e Eric Moutet. Mais une fois sur place, il a dû signer un contrat qui lui était totalement défavorable. A tel point qu’il n’en a pas averti ses proches. » Angel Arevalo se retrouve seul à Ladoux, et ne voit plus sa famille, restée à Strasbourg, qu’une fois toutes les deux semaines. Surtout, « l’ambiance n’avait plus rien à voir avec ce qu’il connaissait en Allemagne, développe Chantal Arevalo. Il a dû faire face à de nombreuses décisions incohérentes. Certains membres de son équipe lui ont été retirés, et on ne lui donnait pas l’autorité nécessaire pour mener à bien son projet ». Il aurait donc perdu pied, face à l’ampleur d’une tâche qu’il n’avait pas les moyens de mener à bien, selon ses proches.
Du côté de l’entreprise Michelin, « tout le monde a été choqué, explique un porte-parole. Une cellule d’écoute psychologique a été mise en place. » En revanche, l’équipementier se refuse à établir un lien entre les conditions de travail d’Angel Arevalo et son suicide, se retranchant derrière l’enquête en cours. « Ladoux est un site qui va bien », argumente-t-on chez Michelin. « Pour moi, il y a eu un problème de management, dénonce Chantal Arevalo. Je veux que l’enquête fasse la lumière sur tout ça, que ça serve d’exemple pour Michelin, et pour toutes les autres entreprises. »
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Document AUFRA00020090920e59k00021
Quand le travail tue; Société. La vague de suicide chez France Télécom suscite des questions
577 mots
19 septembre 2009
Presse Océan
PRESOC
Nantes
Français
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Un psychologue et un psychiatre analysent les raisons qui peuvent conduire des salariés au suicide.
Elle avait 32 ans, travaillait pour Orange chez France Télécom. Le 11 septembre dernier, la jeune femme décide de mettre fin à ses jours et se jette par la fenêtre du 4e étage de son bureau, en plein Paris. Elle est le 23e salarié de France Télécom à se suicider sur son lieu de travail depuis février 2008. Le chiffre est terrifiant. Il suscite l'interrogation. Même si chaque drame est singulier, même si les gestes désespérés sont bien souvent liés à une multitude de facteurs, comment une vie professionnelle peut-elle virer au cauchemar jusqu'à conduire à l'irréparable ?
Décryptage avec Christophe Dejours et Florence Bègue, qui viennent de signer Suicide au travail, que faire ?, un ouvrage paru au début du mois, aux Presses universitaires de France (PUF). « Ces drames sont liés au fait qu'aujourd'hui, seul le résultat compte dans beaucoup d'entreprises. On a tout mis du côté de la gestion et on ne s'intéresse plus au travail, aux métiers dont beaucoup sont détruits », souligne Christophe Dejours, psychiatre et psychanalyste. « On a démantelé le collectif, isolé les salariés, introduit des méthodes d'évaluation personnelles qui placent les individus dans un contexte de grande solitude, de peur. On l'a fait tout simplement parce que c'est efficace comme méthode de domination. » « Le suicide au travail est un phénomène récent, apparu il y a une douzaine d'années, ajoute Florence Bègue, psychologue du travail. Il est lié au culte de l'urgence, à la nécessité de s'adapter toujours plus vite. Les nouveaux modes de gestion font qu'il faut tout faire vite, tout rendre rentable et efficace. Les salariés finissent par perdre la finalité des changements ».
Destruction des salariés
Christophe Dejours n'est pas tendre avec France Télécom, qui a supprimé 20 000 emplois en deux ans, sur un effectif de 120 000 personnes : « Ils ont fait un fric fou, ils n'ont pensé qu'à la rentabilité de l'entreprise ». Le psychiatre, également professeur au Conservatoire national des arts et métiers, s'en prend aussi au P-D.G. de Renault qui « nous parle de guerre économique pour justifier des méthodes qui détruisent les salariés. Ce n'est pas acceptable. Nous ne sommes pas en guerre. La guerre signifie que la fin justifie les moyens. Nous sommes dans la concurrence. Et dans l'histoire, on a toujours géré la concurrence sans en arriver à de telles extrémités ».Les deux auteurs sont d'autant plus durs que les signaux d'alarme ne manquent pas. Très souvent, les séries noires comme celle de France Télécom ou de Renault il y a deux ans, sont précédées d'une baisse de productivité, d'une hausse des absences, des défauts de production, des accidents du travail. « Avant les drames, on remarque des problèmes de comportements chez certains salariés qui deviennent violents ; d'autres sombrent dans l'addiction », remarque Florence Bègue, pour qui la prévention est possible.
« Nos dirigeants doivent changer de regard sur le travail. Ils n'ont appris à ne s'intéresser qu'à ce qui est mesurable et rentable. Ils doivent prendre en compte l'importance de l'intelligence, des relations sociales et des métiers ». ga;
Florent Chartier
florent.chartier@courrier-ouest.com« On a démantelé le collectif, isolé les salariés »
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Tentative de suicide d'une cadre du ministère de la Justice sur son lieu de travail
375 mots
18 septembre 2009
12:57
Agence France Presse
AFPFR
Français
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Une cadre supérieure de 52 ans, employée d'une direction du ministère de la Justice actuellement en pleine restructuration, a tenté de se suicider sur son lieu de travail dans le XVIIIème arrondissement de Paris, a-t-on appris vendredi d'un syndicat et de la Chancellerie.
Il s'agit de la directrice départementale de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), la direction du ministère qui emploie les éducateurs encadrant les mineurs délinquants ou en danger.
Le principal syndicat de la PJJ, le SNPES-PJJ, affilié à la FSU, a révélé jeudi soir cette tentative de suicide survenue mardi.
"Ce passage à l'acte d'une extrême violence intervient dans un climat particulièrement oppressant", a-t-il indiqué dans un communiqué.
Une analyse confirmée par une collègue proche de l'intéressée, évoquant "une femme solide, bien dans ses bottes, aimant son administration" mais aussi "complètement envahie" dernièrement par les mesures qu'elle devait mettre en oeuvre.
"On venait par exemple de lui demander de redéménager un service qu'elle avait fait déménager il y a quinze jours. Elle était très isolée, sans aucun soutien de sa hiérarchie, ça allait trop vite", a raconté à l'AFP Michelle Henry, par ailleurs élue SNPES.
Après s'être défenestrée du 3ème étage au siège de la direction départementale, rue Christiani, cette femme a dû subir une opération du dos, mais le pronostic vital n'est pas engagé. Elle s'est fracturée sept vertèbres dont "quatre très gravement", selon Mme Henry.
"Personne ne peut prétendre aujourd'hui donner une interprétation à un acte individuel", a déclaré à l'AFP Guillaume Didier, porte-parole de la Chancellerie, précisant que Michèle Alliot-Marie avait adressé jeudi à l'intéressée une lettre de soutien et se tenait informée de l'évolution de sa santé.
La restructuration en cours à la PJJ prévoit le "redéploiement" sur trois ans de 800 personnes parmi les quelque 9.000 éducateurs sociaux et directeurs employés. Les réaffections se font "au sein de la PJJ, dans d'autres services du ministère ou dans une collectivité territoriale avec indemnisation à la clé", a assuré Guillaume Didier.
mad/jag/db
Justice-mineurs-social
Document AFPFR00020090918e59i00396
Carrieres
Conjurer le suicide au travailIl n'est plus possible ni sou...
281 mots
18 septembre 2009
La Tribune
TRDS
11
Français
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Conjurer le suicide au travail
Il n'est plus possible ni souhaitable de se voiler la face. Devant les suicides survenus chez France Télécom et, auparavant, au Technocentre de Renault, le temps est venu de s'interroger sur ces « messages ». L'absence d'élucidation adressée ainsi à la communauté de travail, par celui qui lui a consacré sa vie, est une erreur préjudiciable à l'ensemble de la communauté. Dans ces conditions, l'ouvrage de Christophe Dejours, psychanalyste, et de Florence Bègue, psychologue du travail, sur le suicide et le travail nous concerne tous. D'abord parce que les deux spécialistes sont formels : « Ces drames surviennent lorsque le tissu humain et le vivre-ensemble ont été déstructurés en profondeur, avec une brutalité et une obstination de la part de la direction qui n'ont rien d'exceptionnel dans le contexte contemporain. » Ensuite parce qu'il explique très bien comment le privilège systématiquement accordé aux critères de gestion sur ceux du travail, l'évaluation individualisée des performances et la qualité totale ont ruiné le monde social du travail. Et qu'on ne cherche pas à abriter ces faits derrière la fragilité, ou la prédisposition psychologique des individus en souffrance. Car il s'agit le plus souvent de disqualification ou de disgrâce de sujets terriblement impliqués. Autrement dit, la part qui revient au travail, aussi bien dans la construction de la santé que dans sa destruction, est massivement sous-estimée. Raison de plus pour lire ce livre de toute urgence. Sophie Péters
« Suicide et travail : que faire ? », de Christophe Dejours et Florence Bègue, Puf, 129 pages, 12 euros.
DR
DR
264908
Document TRDS000020090917e59i0002u
tribune libre
Le suicide... maladie contagieuse ?
Par Claude Tedguy, philosophe et psychanalyste (*)
783 mots
18 septembre 2009
L'Humanité
HUMAN
17
Français
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Les temps se suivent et parfois se ressemblent, parce que l'indifférence au malheur et au désespoir est un ingrédient qu'on ne peut et qu'on ne veut pas éradiquer.
On n'aime pas parler de suicide, de mort et encore moins
de la manière et des moyens d'y arriver... Sentiment de gêne, sensation d'être dérangé par des mots qui frappent,
peut-être... Mais cela va plus loin que les mots. Car derrière
les mots se cachent des histoires vraies.
Laissons les notions philosophiques du suicide comme
« seul problème philosophique sérieux », d'après Camus.
Ou encore « Amour de vivre... qui n'existe pas sans désespoir de vivre. » Ou le fait, d'après Landsberg, que « l'homme
est l'être qui peut se tuer, mais qui ne doit pas le faire ».
Et tenons-nous en à ce qui de toujours a été une des causes irréfutables du suicide : le sentiment d'inutilité et l'incapacité
à surmonter des difficultés qui sont cliniquement et scientifiquement parlant un prélude à la dépression : baisse
du tonus physicopsychique qui se manifeste par la lassitude,
un sentiment d'impuissance et de mélancolie... menant à l'ultime moment : « Je ne suis pas capable, j'abandonne,
je baisse les bras »... et le passage à l'acte. Ce n'est pas
un hasard si la société dite de consommation a multiplié par deux cents les suicides, chez les jeunes en particulier.
Ce n'est pas un hasard si, à force de vouloir être performant,
on en devient malade... à force de repousser les limites
du possible. L'ouvrier stakhanoviste de la défunte Union soviétique n'existe pas et n'a peut-être jamais existé.
Ce n'est pas un hasard si on laisse planer une épée de Damoclès sur la tête des travailleurs en disant sans le dire que seuls
« les meilleurs » seront sauvés... En fait il n'y a ni pires
ni meilleurs, mais une exploitation de la peur de se retrouver
« au placard », qui donne les résultats que l'on connaît.
Ce n'est pas un hasard que de vouloir générer compétition, envie, jalousie... pour obtenir plus de rentabilité, jusqu'à
ce que mort s'ensuive !
Et ce n'est pas un hasard non plus si, une fois déclenchée,
la contagion suicidaire se répand comme une tache d'huile... Souvenons-nous de Jan Palach le 18 janvier 1969, et de la vague de suicides que sa mort entraîna chez les jeunes à travers le monde : Jan Palach se suicide par le feu à Prague, et un étudiant du lycée Faidherbe se suicide à Lille... « en protestation contre la violence », dira-t-il. Un autre étudiant écrira qu'il se suicide « en raison des guerres et de la folie des hommes »... Une petite lycéenne se suicide rue Agar à Paris (16e), un ouvrier à Sochaux... et le Monde rapporte ainsi à cette époque,
par des communiqués laconiques et discrets, des morts qui
n'en finissent pas de nous interpeller aujourd'hui comme hier... comme nous interpellent les suicides de France Télécom.
Mais nous n'aimons pas être interpellés. Les pouvoirs politiques n'aiment pas qu'on leur rappelle qu'un homme n'est pas une machine, ni à produire, ni à consommer, ni à concourir.
Les structures même de notre société sont mises en cause dans tous les domaines. Et des hommes, des femmes et des enfants meurent, que nous avons poussés à la mort par notre indifférence et notre silence complice. Tristes individus que nous sommes, préoccupés de sauver notre tête. Tristes et pauvres individus que nous sommes, de ne pas comprendre
que ce sont nos enfants d'aujourd'hui et de demain que nous envoyons à la mort. Sommes-nous tous des assassins ?...
Il ne faut pas croire que le suicide est simplement
une protestation désespérée. C'est parfois, comme aujourd'hui, un crime perpétré indirectement par ceux qui ont décidé de manipuler l'être humain à outrance en l'isolant dans son travail afin que sa solitude soit plus grande, et plus faible sa force de résistance, grâce à la dissolution des structures collectives. Car c'est un fait qui ne date pas d'aujourd'hui : on abat mieux ceux qu'on a isolés que ceux qui sont en groupe ou en meute.
Il faut le dire et réveiller les consciences. Car la mort
ne purifie rien. C'est l'échec de la vie. Et la victoire hypocrite
de ceux qui, comme l'autre, s'en lavent les mains. Mais tout
cela a une odeur de sang.
(*) Animateur de l'Université libre et populaire des lettres,
des sciences et des arts.
20090918-57
Document HUMAN00020090917e59i00014
Suicide: Darcos prône une meilleure prise en compte de la vie privée des salariés
341 mots
17 septembre 2009
20:13
Agence France Presse
AFPFR
Français
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Le ministre du Travail, Xavier Darcos, a prôné jeudi une meilleure prise en compte par les entreprises de la vie privée de leurs salariés, lors d'une visite dans une usine Alstom en Saône-et-Loire, après la vague de suicides chez France Télécom.
"Il faut une meilleure prévisibilité des suites de carrière et un accompagnement des salariés pour éviter cette angoisse", a souligné M. Darcos, indiquant avoir "bien travaillé" à la question avec Didier Lombard, le PDG de l'opérateur téléphonique.
Il a qualifié "la non-prévisibilité", quand "les gens ne savent pas ce qu'ils vont devenir", de "principal" facteur "anxiogène".
Lors de sa visite dans la plus ancienne usine française de fabrication de trains, au Creusot, le ministre a qualifié Alstom Transport d'entreprise "exemplaire dans sa façon d'accompagner ses salariés" et a indiqué qu'il souhaitait voir "ces bonnes pratiques se généraliser".
La branche transport d'Alstom a conclu en juillet un accord sur la conciliation vie privée/vie professionnelle, comportant notamment un congé maternité amélioré, des mesures pour faciliter la prise de congés parentaux et familiaux et des aménagements de travail en cas de difficultés personnelles.
Au niveau national, M. Darcos a annoncé la présentation fin décembre d'un nouveau plan de santé au travail "en tenant compte de la situation actuelle".
"Beaucoup de choses ont été faites concernant les troubles musculo-squelettiques et la pénibilité, mais on doit progresser sur les troubles psychologiques et psychosociaux", a-t-il résumé.
Brice Hortefeux, alors ministre du Travail, avait installé en avril 2009 un conseil d'orientation sur les conditions de travail afin d'élaborer un second plan "santé au travail", destiné à orienter l'action du gouvernement pour 2010-2014.
Ce plan devait déjà mettre l'accent sur trois chantiers: la prévention contre les risques cancérogènes, les troubles musculo-squelettiques et les "troubles suscités par un stress excessif en cette période de crise".
cnp/cfe/dth/ei
Social-travail-emploi-santé-gouvernement
Document AFPFR00020090917e59h006fe
Tentative de suicide de la directrice de la Protection judiciaire de la jeunesse de Paris
170 mots
17 septembre 2009
18:31
AP French Worldstream
APFRW
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PARIS (AP) - La directrice départementale de la Protection judiciaire de la jeunesse de Paris a tenté de se suicider mardi par défenestration, a-t-on appris jeudi de source policière, confirmant une information de RTL. Ses jours ne sont pas en danger.
Les policiers ont été appelés mardi vers 10h rue Christiani dans le XVIIIe arrondissement après qu'une femme se soit jetée du 3e étage des bureaux de la PJJ. Prise en charge par les pompiers, la directrice, âgée de 52 ans, a été transportée à l'hôpital Lariboisière à Paris puis à la Pitié-Salpêtrière où elle a été opérée de la colonne vertébrale.
Selon RTL, cet acte désespéré serait lié à l'annonce d'une restructuration du service. Les syndicats de la PJJ dénoncent eux des fermetures de postes dans les services éducatifs et administratifs et la détérioration des conditions de travail dans cette direction dépendante du ministère de la Justice.
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Document APFRW00020090917e59h000pa
ECO
Le suicide en entreprise est rarement reconnu comme un accident du travail
686 mots
17 septembre 2009
Le Monde
LEMOND
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Français
(c) Le Monde, 2009.
Selon la Caisse nationale d'assurance-maladie, 49 cas ont été déclarés en 2008 comme ayant une cause professionnelle. Chez France Télécom, un décès vient d'être déclaré à la Sécurité sociale
Pour la première fois, le suicide d'une salariée de France Telecom a été déclaré à la Sécurité sociale comme un accident du travail. Cette précision a été apportée, mardi 15 septembre, en marge de la rencontre entre le ministre du travail, Xavier Darcos, et le PDG du groupe, Didier Lombard.
Le 11 septembre, une femme de 32 ans s'était donné la mort, à Paris, sur le site de France Télécom où elle était employée. Le signalement de son décès à la caisse primaire d'assurance-maladie (CPAM) résulte uniquement de l'application des textes : lorsqu'une personne meurt sur son lieu de travail, l'employeur est tenu de la déclarer ; à l'administration s'il s'agit d'un fonctionnaire, à la " Sécu " si c'est un salarié soumis au code du travail. La jeune femme qui a mis fin à ses jours le 11 septembre était une contractuelle de droit privé, alors que les autres suicides survenus dans des sites de France Telecom ces dernières années concernaient des fonctionnaires.
Ces cas de figure restent extrêmement rares en France. D'après la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM), 49 suicides ont été déclarés en 2008 comme ayant une cause professionnelle (21 au cours du premier semestre 2009). Ces chiffres englobent des décès qui ont eu lieu dans l'enceinte de l'entreprise ou en dehors.
S'agissant des suicides commis sur le lieu de travail, la Sécurité sociale enquête pour s'assurer qu'ils sont liés aux conditions dans lesquelles la victime exerçait sa profession. Pour les personnes qui se donnent la mort à l'extérieur de l'entreprise, leurs ayants-droit doivent apporter la preuve qu'un tel geste a été provoqué par le travail, ce qui dans les faits s'avère très compliqué. Au final, un suicide sur cinq déclarés à la " Sécu " est reconnu comme accident du travail.
" Dans le cas de France Télécom, la direction mettra sans doute tout en oeuvre pour démontrer que le suicide du 11 septembre n'a pas d'origine professionnelle et qu'il résulte des problèmes personnels de la salariée ", commente Noëlle Burgi, chercheur au CNRS et membre de l'Observatoire du stress fondé par la CFE-CGC et SUD-PTT. Une entreprise y a, en effet, intérêt car le montant des cotisations qu'elle verse à la branche accidents du travail-maladies professionnelles (AT-MP) augmente si le nombre de morts imputables au travail s'accroît.
Lorsqu'un suicide est reconnu comme un accident du travail, par une CPAM ou par le tribunal des affaires de Sécurité sociale (TASS), les proches de la victime ont droit à une rente. Ceux-ci peuvent également saisir le TASS pour que l'employeur soit condamné pour " faute inexcusable ". Si la justice leur donne gain de cause, la rente est majorée et ils bénéficient de dommages et intérêts. Mais cette procédure est peu utilisée, explique Me Rachel Saada.
Non-lieu
Un recours au civil devant le tribunal de grande instance est aussi possible si la famille du salarié estime avoir subi un préjudice qu'il faut réparer par des dommages et intérêts. En revanche, les actions au pénal semblent très incertaines. Le plus souvent, les parquets n'ouvrent pas d'enquête sauf si les proches de la victime portent plainte. Les investigations qui sont alors conduites se soldent en général par un non-lieu ou par un classement de suite. C'est, par exemple, ce qui s'est produit dans l'affaire des trois salariés du Technocentre de Renault, qui avaient mis fin à leur jour en 2006 et en 2007.
" Toutes ces démarches ne sont pas seulement importantes d'un point de vue financier, elles permettent aussi aux proches des salariés qui se sont suicidés d'espérer mieux faire leur travail de deuil ", estime Mme Burgi.
Bertrand Bissuel et Cécile Ducourtieux
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Document LEMOND0020090916e59h0001o
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