5. discussion sur l’explosion Dans le batiment 221

Cratère sans eau

Cratère avec eau

Profils du cratère avec la reconstitution des bâtiments

et des tas de nitrate d’ammonium






Reconstitution en filaire des bâtiments en superposition du cratère formé

sur fond photographique, montrant les endommagements en champ proche

Position des tas centrés sur les formes du cratère

Il ressort nettement de ces tracés, planches et plans que :

• 
  la pente la plus faible du cratère se trouve à l’Est, sous l’emplacement d’origine du box : 11° au lieu de 31° en moyenne sur tout le reste du pourtour,
  
• 
  le tas principal s’inscrit au milieu de la déformation maximale de l’excavation,
  
• 
  une tétine relevée en fonction des courbes de niveaux du cratère est visible à l’Est, le tas du box s’inscrivant globalement à l’intérieur du contenu de cette partie de l’excavation.
  

5.3.2 Puissance de l’explosion
L’estimation de la masse d’explosif ayant généré le cratère a été réalisée par
D. BERGUES, en trois phases d’investigations principales.

Première phase

En fonction des paramètres qui suivent :

• 
  les caractéristiques géométriques du cratère et des propriétés géomécaniques du sous-sol (la connaissance du sous-sol a été possible grâce aux travaux réalisés par les experts géologues V. GOUETTA et J.Y De LAMBALLERIE), de l’étude des pièces de la procédure et des constatations faites par nous-mêmes sur place,
  
• 
  les moyens et méthodes de calcul utilisés au Centre d’Etudes de GRAMAT, au profit du Ministère de la Défense,
  
• 
  l’étude et l’exploitation :
  
• 
  du programme américain CONWEP,
  
• 
  de l’abaque de P.W COOPER,
  
• 
  de l’application développée par K. HOLSTAPPLE.
  

D. BERGUES a pu estimer que la fourchette de masse d’explosif en équivalence TNT est comprise entre 70 et 136 tonnes de TNT. Il ressort aussi de ces études que le temps de formation du cratère a pu être de l’ordre d’une seconde : 1,16 s pour former un cratère de 8770 m³ creusé par une masse d’explosif TNT de 130 tonnes, d’après les travaux de K. HOLSTAPPLE.

Deuxième phase

Nous rappelons que la masse minimale totale de nitrate d’ammonium, entreposée dans l’ensemble du bâtiment 221 a été estimée précédemment dans ce rapport à 563,4 tonnes, valeur arrondie à 563 tonnes, répartie de la façon suivante :

• 
  Dans le stockage principal :
  
• 
  390,8 tonnes dont 75 % de NAA et 25 % de NAI environ,
  
• 
  144 tonnes sous forme d’une semelle.
  

• 
  Dans le box :
  
• 
  11,5 tonnes, dont un tas de 10 tonnes de NAA et 3 tas de 500 kg de NAI,
  
• 
  17,1 tonnes sous forme d’une semelle.
  

Deux expérimentations ont été conduites au Centre d’Etudes de GRAMAT pour vérifier si les croûtes polluées de nitrate d’ammonium découvertes dans le bâtiment 221, à l’Ouest du cratère, étaient aptes à détoner. Ces deux essais ont montré que, placées dans un montage métallique à fort confinement simulant celui du tas principal, ces croûtes ont détoné. De ce fait, cette semelle se trouvant sous le tas principal a participé au creusement du cratère. Nous rappelons que la masse de croûte ayant ainsi détoné est de 144 tonnes, valeur retenue précédemment.

La totalité des 563 tonnes de nitrate d’ammonium n’a pas détoné, compte tenu des propriétés détoniques médiocres de ce produit et de l’absence de confinement proprement dit du tas (enceinte métallique enveloppant intimement la substance). En se basant sur les notions de diamètre critique et d’équivalent TNT des produits, compte tenu de leur composition, de la configuration des tas dans le box et celui du stockage principal, ainsi que de la présence de croûtes au sol, D. BERGUES a pu estimer qu’une masse comprise entre 292 et 334 tonnes de nitrate d’ammonium avait détoné. Cette estimation correspond à une masse d’explosif comprise entre 99 et 122 tonnes de TNT.
Le reste, s’agissant du manteau ou des couches périphériques du tas principal, a été pulvérisé et expulsé dans l’espace par les produits de détonation des couches inférieures. C’est le cœur du tas qui a détoné correctement et l’onde de choc de détonation est venue s’éteindre dans l’épaisseur critique constituée par le manteau assurant le confinement. Ces particules de nitrate d’ammonium mélangées à la terre issue du cratère sont ensuite retombées, en particulier vers le Nord-Ouest, poussées par le vent d’Autan venant du Sud-Est. C’est ainsi qu’une portion du périphérique Sud, les véhicules et les personnes s’y trouvant ont été recouverts par ces éléments en sus des projections de gravats des structures industrielles, sur 300 mètres de longueur environ. Ces particules de nitrate d’ammonium et de terre ont en grande partie voyagé dans l’air en même temps que les fumées produites par l’explosion.