Le Monde
Le Monde (France), mardi, 19 avril 2011, p. MDE4
Guillaume Perrier, Istanbul Correspondance
En 2001, frappée par une crise financière et monétaire, l’économie turque s’effondrait, maintenue à flot grâce à l’aide du Fonds monétaire international (FMI).
Dix ans plus tard, le tableau tranche radicalement. La Turquie s’est hissée au rang de 15e économie mondiale et a pris place au sein du G20. La croissance du produit intérieur brut (PIB) a atteint 8,9 % en 2010. Après un recul en 2009, imputable au ralentissement mondial, le pays a vite retrouvé le rythme soutenu (6,8 % de moyenne) qu’il suivait entre 2002 et 2008, période au cours de laquelle il a accompli de profondes transformations structurelles. « La consommation privée et le commerce de détail ont fortement tiré la reprise turque au début 2010, avant que l’investissement ne prenne le relais, note une étude publiée par le Crédit agricole début avril. La Turquie est d’ailleurs le seul pays de la région, avec la Pologne, dans lequel la demande domestique a retrouvé dès 2010 ses niveaux d’avant-crise », poursuit l’analyste qui y voit le signe de « fondamentaux plus solides ».
Désormais supérieur à 6 900 euros annuels par habitant – 9 650 en parité de pouvoir d’achat (PPA) -, le PIB ouvre les horizons économiques de la Turquie. D’importantes transformations politiques et sociales ont accompagné cette croissance, faisant apparaître une véritable classe moyenne (45 % de la population), au sein d’une population urbanisée à 65 %. La forte consommation intérieure, dans un pays de 74 millions d’habitants dont la moyenne d’âge est de 28 ans, est un facteur essentiel du « miracle turc ». Le secteur de la construction, en hausse de 18 % en 2010, l’automobile ou les biens d’équipement électroménager dessinent des courbes ascendantes.
Le développement de la Turquie se mesure aussi à son niveau d’éducation en progrès rapide, supérieur à l’Inde ou au Brésil. Seule la Tunisie, parmi les pays arabes, peut soutenir la comparaison. L’investissement dans la recherche et développement a porté ses fruits. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) constate une augmentation importante de la compétitivité après 2005. La productivité du travail est passée de 35 % de la moyenne de l’Union européenne en 1995, à 62 % en 2009, la Turquie dépassant même plusieurs pays membres. La main-d’oeuvre industrielle a quasiment rattrapé celle des pays européens, en particulier dans le secteur automobile. L’usine Renault de Bursa est la plus performante du groupe.
Exporter son savoir-faire
De « pays atelier », elle est devenue un pays intermédiaire, faisant de sa position géographique un atout et introduisant de nouvelles normes de qualité pour contrer la concurrence des produits chinois. Après avoir bénéficié d’importants transferts de technologie industriels, elle exporte à son tour son savoir-faire.
Le développement industriel turc lui a ouvert la porte de nouveaux marchés. La Turquie est membre de l’Union douanière depuis 1996 mais les débouchés européens – près de 50 % des échanges – ne suffisent plus. Dans l’ombre des grands conglomérats, des milliers de PME émergentes ont fait de l’Afrique et du Moyen-Orient « de nouveaux terrains d’entraînement, avant de pouvoir s’attaquer à des marchés plus importants », explique Rizanur Meral, le président de la Confédération des entrepreneurs et industriels turcs (Tüskon), qui a gagné 12 000 membres en une année.
En Libye, 220 compagnies turques de construction étaient présentes avant le début de la guerre. Dans tout le Moyen-Orient, elles réalisent aéroports (Tripoli, Erbil, Le Caire, Tunis, Dubaï), autoroutes, ponts, pipelines… Les entreprises turques exportent du textile, des produits agroalimentaire, des meubles… Pour accélérer son implantation dans les pays arabes, Ankara a assoupli les procédures de visas, conclu des accords de libre-échange avec le Maroc et la Tunisie, puis fin 2010, avec la Syrie, la Jordanie, le Liban. L’Irak pourrait les rejoindre dans un vaste « Schengen du Moyen-Orient », désiré par le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan.
http://www.lemonde.fr/teaser/?url_zop=http%3a%2f%2fabonnes.lemonde.fr%2feconomie%2farticle%2f2011%2f04%2f18%2fle-moyen-orient-nouvelle-terre-de-conquete-d-une-turquie-en-forte-croissance_1509207_3234.html
http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=53600
SHOAH
Autre Nuremberg
Sud Ouest
21 avril 2011 06h00
Le procès d'Adolf Eichmann, il y a cinquante ans, a marqué un tournant dans la mémoire de la Shoah.
Lorsque Adolf Eichmann comparaît devant les juges de Jérusalem, la Shoah fait partie de l'histoire récente, mais elle reste à découvrir véritablement. Le documentaire d'Annette Wieviorka et Michaël Prazan consacré au procès qui s'est tenu il y a exactement un demi-siècle montre qu'il se situe à un tournant dans l'émergence de la mémoire du génocide des juifs, en Israël, en Allemagne, comme aux États-Unis. C'est en effet le premier grand récit à portée transnationale qui érige le génocide des juifs en événement distinct dans la Seconde Guerre mondiale. Et il a, justement, été voulu comme tel par ceux qui l'organisèrent.
Contre-interrogatoire
David Ben Gourion évoqua d'ailleurs à son propos un « Nuremberg du peuple juif ». Il marque aussi « l'avènement du témoin », l'idée que l'Histoire est désormais racontée par ceux qui en furent les victimes. Le film raconte donc toute l'histoire de ce procès, depuis la capture du criminel jusqu'à sa condamnation à mort. Le procès, premier du genre, le poids historique des témoignages, le contre-interrogatoire d'Eichmann, son retentissement médiatique international, le positionnement des intellectuels de tous les continents autour du personnage, de son rôle, de ses responsabilités : tout cela est rappelé et montre pourquoi ce procès marqua un tournant dans la mémoire de la Shoah, le début d'un processus au cours duquel le génocide des juifs, de traumatisme terriblement douloureux et tabou, s'est transformé en mémoire collective institutionnalisée.
Sur France 2, ce soir, à 22 h 50.
http://www.sudouest.fr/2011/04/21/autre-nuremberg-377468-4693.php
http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=53582
Semaine du souvenir: Les rescapés parlent aux lycéens
La Dépêche.fr
Publié le 21/04/2011 03:52 | Gauvain Peleau-Barreyre
L'Histoire, la grande, celle enseignée à nos chères têtes blondes n'est pas figée dans les manuels ni réduite à une liste de dates. Les 108 lycéens de première de François-Mitterrand ont pu s'en rendre compte de la façon la plus poignante et la plus vivante qu'il soit.
Dans le cadre de la Semaine de la Déportation organisée par la municipalité moissagaise, les jeunes gens ont assisté mardi dernier à une séance de cinéma suivie d'un débat avec des personnes qui ont vécu les épisodes dramatiques du second conflit mondial, de la traque des enfants juifs à la déportation des résistants. Deux hommes étaient là pour incarner ces sujets, Jean-Claude Simon qui fait partie des « 500 » enfants de confession israélite cachés à Moissac et Claude Campanini, résistant moissagais et survivant des camps. A eux deux, ils ont tenté de raconter l'irracontable. « D'ailleurs c'est ce que les Nazis nous disaient, insiste Claude Campanini, si vous parlez personne ne vous croira. »
Les timides questions du public ravivent les mémoires. Comme si un miroir leur était tendu. « J'étais à peine plus âgé que vous quand je me suis fait arrêter, explique Claude Campanini, c'était un dimanche. J'ai été arrêté et déporté pour avoir appartenu à la branche moissagaise de la résistance, la Douzième compagnie de l'armée secrète ».
Tout aussi précis Jean-Claude, fils du couple Shatta et Bouli Simon qui ont accueilli et sauvé 500 enfants juifs dans la « Maison de Moissac », tient à faire passer un message. « Je n'ai pas de haine envers les Allemands, je remercie juste les Moissagais de m'avoir accueilli et caché. » La parole, distillée par la présentatrice d'Arte et moissagaise d'adoption Annie-Claude Elkaïm, est toujours douloureuse. « C'est toujours pénible de rabâcher ça, regrette Claude Campanini, mais depuis soixante-six ans qu'on est revenu des camps, on a toujours ça dans la tête. »
Une semaine pour se souvenir
La municipalité organise la Semaine de la Déportation avec jusqu'au 24 avril avec une exposition de collections, présentée par l'Association philatélique, dessins d'artistes des camps de concentration (collection Claude Campanini) et panneaux d'expression libre des collégiens et lycéens, dans la salle municipale du Moulin de Moissac. Dimanche 24 à 11 h 45, un hommage sera rendu, par le maire et le conseil municipal, à Claude et Bruno Campanini, résistants et rescapés des camps nazis. La cantatrice Catherine Mayoly interprétera le « Chant des partisans et des déportés » et « Nuit et brouillard », de Jean Ferrat.
http://www.ladepeche.fr/article/2011/04/21/1064390-Les-rescapes-parlent-aux-lyceens.html
http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=53584
Dostları ilə paylaş: