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II. Quelques situations relatives importantes et deux premires conclusions



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II. Quelques situations relatives importantes et deux premires conclusions



II.1. Une premire observation

Les petits laboratoires ou de petits studios de production et de diffusion ont souvent peu d'incidence scientifique, artistique ou Žconomique directe (ˆ part quelques exceptions). Cette poussire de centres joue cependant un r™le important de milieu d'essaimage et de diffusion technique et culturelle, "d'acceptation culturelle".


Ce sont surtout les centres de taille substantielle ou ˆ programme fort qui ont une rŽelle incidence sur l'un des domaines scientifique, artistique ou Žconomique.
Exemples

Synthse additive : Bell Telephone, LMA, IRCAM,

Modles physiques et retour d'effort : ACROE

Modulation de frŽquence : CCRMA, Yamaha
Parmi ceux-ci, les problmes vŽcus quotidiennement et qui freinent le dŽveloppement de cette incidence sont complŽmentaires mais souvent graves. Le paragraphe suivant prŽsente les points forts et les points faibles des centres les plus importants en informatique musicale.


II.2. Comparaison de quelques situations importantes :




L'IRCAM

L'IRCAM (Institut de Recherche et de Coordination Acoustique Musique), crŽŽ par Pierre Boulez et dirigŽ par Laurent Bayle, est l'un des plus grands centres mondiaux, et a une position unique dans le domaine. Bien que bon nombre de ses pratiques et de sa production relvent des critres pratiquŽs par les institutions scientifiques publiques, il est moins liŽ aux institutions scientifiques publiques que l'Žquipe Informatique Musicale du LMA de Marseille, l'ACROE, le MŽdia Lab et le CCRMA. L'IRCAM produit des concepts, de la technologie, de la formation et de la musique.



-> trs forte incidence scientifique et artistique
-> incidence Žconomique moyenne

D'autre part, une prŽoccupation constante et essentielle est le tiraillement entre recherche et production musicale : un poids trs fort y est attribuŽ ˆ l'objectif de production musicale, au dŽtriment d'une recherche musicale impliquant les compositeurs ; la recherche est trs orientŽe vers le secteur des Sciences de l'IngŽnieur, avec un souci de contrats industriels et d'une valorisation pouvant dŽborder le domaine de la crŽation contemporaine.


L'IRCAM est un institut trs actif et efficace : outre la recherche et la pŽdagogie, cet institut joue un r™le essentiel dans la production et la diffusion d'Ïuvres recourant aux nouvelles technologies. Il est exceptionnellement bien dotŽ. Revers de la mŽdaille, il lui faut justifier publiquement cette dotation : il y a obligation de rŽsultats, nŽcessitŽ de produire des Ïuvres et Žgalement de prŽsenter publiquement des recherches. Or la pression publique peut tre prŽjudiciable ˆ certaines investigations : l'assimilation de moyens nouveaux de crŽation demande du temps, et les Ïuvres les plus novatrices peuvent Žchapper ˆ l'attention ˆ raison mme de leur nouveautŽ ; certaines recherches exigent le long terme et ne se jugent pas ˆ l'applaudimtre.
Aussi, en dŽpit de sa taille et de ses succs, on ne peut considŽrer que l'IRCAM puisse rŽpondre ˆ lui-seul ˆ l'ensemble des besoins de la recherche musicale : il est essentiel de diversifier les contextes de recherche.

Le CCRMA

Le CCRMA (Center for Computer Research in Music and Acoustics) est la formule nord-amŽricaine type en ce sens qu'il a ŽtŽ crŽŽ ˆ l'initiative d'une personne, qu'il est intŽgrŽ ˆ l'universitŽ et qu'il dŽpend depuis l'origine de contrats de recherche et de fonds privŽs. Le centre, dirigŽ par Chris Chafe, comporte trs peu de permanents mais un grand nombre d'utilisateurs, compositeurs et/ou chercheurs. La formation doctorale concerne notamment la composition musicale et les synergies entre art et nouvelles technologies. Un certain nombre d'associŽs industriels, surtout amŽricains et japonais, contribuent au financement. Plusieurs dipl™mŽs et chercheurs du CCRMA travaillent ˆ temps plein ou partiel dans une entreprise (NeXT, Interval, Staccato, Apple...)



-> forte incidence Žconomique et artistique,
-> incidence scientifique moyenne actuellement

Un fait important ˆ noter :

Le centre a ŽtŽ crŽŽ ˆ partir du brevet "synthse par modulation de frŽquence", procŽdŽ inventŽ par John Chowning, compositeur, et achetŽ par Yamaha. Ce brevet a ŽtŽ exploitŽ par Yamaha seulement 10 ans aprs son achat ˆ J. Chowning. Il est ˆ la base de la machine DX7, qui a bŽnŽficiŽ aussi du travail sur la synthse effectuŽ ˆ CCRMA. La sortie du DX7 (1983) a conduit ˆ l'effondrement de l'industrie mondiale et surtout europŽenne du synthŽtiseur. En Europe, seul Bontempi a encore un secteur Recherche et DŽveloppement dans ce domaine (le groupe IRIS, prs de Rome).


Le Media Laboratory du MIT - USA

Le MIT ("Massachusetts Institute of Technology") dŽveloppe un programme intitulŽ "Media Arts and Science" qui comprend un laboratoire de recherche, le Media Laboratory, et un programme Žducatif. (Il faut noter les ressources considŽrables du MIT, qui ne comporte pas moins de quatorze enseignants permanents en musique).


Le programme Žducatif s'Žtend sur 3 niveaux :

• un programme doctoral (doctor of philosophy in media arts and sciences),

• un programme "master of science,

• un programme "undergraduate studies".


Ce programme forme sur toute la panoplie des thmes et des niveaux en arts et sciences liŽes aux technologies contemporaines. Les thmes d'intervention sont trs larges : Perception, apprentissage, informatique, musique, cinŽma, jeux, graphique, communications, physique, gestes et langages... et relvent d'une faon gŽnŽrale de l'application des nouvelles technologies aux arts, aux loisirs et ˆ la vie quotidienne.

Ces thmes font l'objet de projets de recherche du Media Lab. CrŽŽ et dirigŽ par N. Negroponte ˆ la suite de l'Architecture Machine Group du MIT, entourŽ entre autres, de chercheurs comme A. Pentland, J. Jacobson, M. Minsky, S. Papert, M. Hawley ou de musiciens comme B. Vercoe et T. Machover, le Media Lab est un trs gros laboratoire interdisciplinaire. Mme si les Žtudiants de VercÏ font des recherches pointues en informatique musicale, le Media Lab couvre un domaine bien plus vaste. On peut remarquer qu'il reprend l'interdisciplinaritŽ dŽveloppŽe dans le laboratoire de Max Mathews ˆ la AT&T Bell Telephone dans les annŽes 60-80.

Cette interdisciplinaritŽ (technologies, sciences de l'information et de la communication, aspects humains perceptuels et sociaux) est Žgalement une des bases du laboratoire ATR au Japon.

Il bŽnŽficie d'un soutien privŽ important avec une centaine de sponsors internationaux parmi lesquels : Microsoft, Lego, Yamaha, Siemens, Nike, Seiko, Motorola, Ericson, FranceTelecom... Parmi les applications industrielles, il faut citer les outils de robotique dŽveloppŽs dans l'Žquipe de Papert (pŽdagogid, Logo) et fabriquŽs commercialement par Lego.

http://www.media.mit.edu


L'Žquipe Informatique Musicale du LMA ˆ Marseille

Cette Žquipe, dirigŽe par J.C. Risset, est trs liŽe ˆ la recherche scientifique (laboratoire propre du CNRS). Il y est menŽ une activitŽ de recherche scientifique et aussi de crŽation (activitŽ revendiquŽe comme test de la pertinence des recherches). Du c™tŽ de la recherche scientifique, s'y effectue surtout une activitŽ du type SPI (connaissance des processus de synthse, analyse-synthse-transformation par ondelettes et Gabor, Žtudes acoustiques) mais aussi des Žtudes sur la perception des sons musicaux (illusions auditives). Actuellement l'Žquipe comprend deux opŽrations de recherche (OR): l'OR Informatique musicale vise directement la crŽation musicale; l'OR ModŽlisation s'oriente vers des recherches appliquŽes ˆ la lutherie et ˆ d'autres secteurs non artistiques.


-> forte incidence scientifique et artistique

-> faible incidence Žconomique
Par ailleurs, l'Žquipe a des difficultŽs, institutionnellement, ˆ maintenir la recherche artistique comme objectif de son travail, le poids des objectifs et mŽthodes en mŽcanique et en psychophysique gŽnŽrale Žtant trs fort.


L'ACROE

L'ACROE est un centre de taille moyenne au programme trs homogne, trs liŽ ˆ la recherche scientifique publique, mais ˆ financement majoritairement "culture".



-> trs forte incidence scientifique,
-> faible incidence Žconomique et artistique,

Le succs de l'ACROE dans le domaine des rŽalitŽs virtuelles, la robotique et le multisensoriel suscite des demandes du milieu scientifique. Lˆ encore, un problme essentiel et quotidien est le tiraillement entre recherche et production artistique, avec un trs fort poids de l'objectif de production scientifique, poids dŽlicat ˆ justifier compte tenu des financements majoritairement "culture".


RŽcemment une activitŽ artistique en liaison avec des artistes du ZKM Karslruhe tend ˆ rŽŽquilibrer les aspects scientifiques, techniques et artistiques..
Une des spŽcificitŽs de l'ACROE est qu'il est le seul centre de recherche franais qui mne de front depuis sa crŽation une recherche musicale et une recherche en arts visuels et en cinŽma.

II.3. Une deuxime observation

La France se caractŽrise par :

• le peu de petits laboratoires universitaires et assimilŽs

• l'absence totale de financements privŽs

• le non-recouvrement entre l'activitŽ principale des centres en recherche et/ou en crŽation et les missions principales de leurs tutelles directes.



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