La description tournante On décrit un objet - ou une abstraction - que l'on nomme. Et on passe au suivant. Ça peut être : « l'odeur du réséda », « la connivence », « le castor », ou, comme dans l'exemple suivant, une montre.
Indicatrice fidèle des flics intérieurs
La conscience définitive de la fuite du temps. Cette approche de Ponge qui nous fit arrêter notre regard pour prendre « le parti des choses » fut un temps d'agrandissement de notre vision.
Mais vous ne connaissez peut-être pas Ponge. Voici le début de :
LA BOUGIE « La nuit parfois ravive une plante singulière dont la lueur décompose les chambres meublées en massifs d'ombre.
Sa feuille d'or tient impassible au creux d'une colonnette d'albâtre par un pédoncule très noir.
Les papillons miteux l'assaillent de préférence à la lune trop haute qui vaporise les bois... « Le Parti-Pris des Choses » Dans cette tonalité précieuse, nous avons vécu des moments délicieux de rédactions et de lectures attentives et un peu enchantées. Voici une de nos créations :
« LA DERNIÈRE FEUILLE DU PÊCHER » « Au bout ténu d'une rougeur émincée, elle palpite comme pour échapper au commun destin. Elle se raccroche et résiste en se crispant de toute sa force. Mais cet effort même la précipite car elle fait ce qu'il ne fallait pas faire comme toutes ses soeurs le firent. Et c'est leur commun destin de céder par excès de résistance. Lentement, elle se décompose, pénétrant en terre par les caprices du ciel. Au printemps, sa matière remonte par l'intérieur de l'arbre et constitue à nouveau au même endroit, ou ailleurs, celle qu'elle était déjà devenue. » On peut vivre longtemps dans ces territoires. Et nous y avons vécu longtemps. Mais il nous est arrivé d'approcher la poésie d'une autre façon ; en fabriquant des images. Nous avons tâtonné longtemps. Nous avons essayé en particulier la demi-phrase tournante. Elle démarre comme une technique de rire supplémentaire mais ne reste pas longtemps à ce stade.