5. L'APF distribue les cartons rouges
L'Association des paralysés de France (APF) a organisé en octobre dernier une campagne nationale de sensibilisation sur l'accessibilité de la ville.
Des panneaux-silhouettes de personnes en fauteuil, verts pour les lieux accessibles, jaunes pour les moyennement accessibles et rouges pour les lieux inaccessibles. Du 8 au 14 octobre derniers, l'APF a distribué bons et mauvais points dans plusieurs grandes villes de France à l'occasion d'une semaine nationale de sensibilisation baptisée “Accéder7exister”. Des lieux précis préalablement testés, ont ainsi été “marqués” dans sept situations de la vie quotidienne : transports et voirie, cabinets médicaux, commerces de proximité, établissements scolaires et lieux de travail, structures sportives et de loisirs, administrations et institutions, logements. L'APF s'est également appuyée sur une étude réalisée en mai dernier auprès d'un échantillon représentatif de 424 personnes handicapées adhérentes de l'association, qui a fait ressortir que l'inaccessibilité était ressentie comme la première des discriminations subies par les personnes en situation de handicap (voir encadré).
La première des discriminations
A Paris, mise au banc d'essai avec près de 350 silhouettes placées dans cinq quartiers. Le restaurant Hippopotamus place de la Bastille, le cinéma MK2 du boulevard Beaumarchais, l'université Paris-III le tramway porte de Versailles, entre autres, se sont vu décerner une silhouette verte, tandis qu'un cabinet médical de la Bastille, le téléphone public rue de Rivoli ou encore le métro Hôtel de ville, par exemple, ont écopé d’une silhouette rouge. A Lyon, la journée d'action a donné lieu à une scène cocasse : les deux Maisons du Rhône, gérées par le conseil général et censées éviter aux personnes handicapées de se rendre pour leurs démarches à la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) si elles s'en trouvent trop éloignées, se voyaient habillées tout de rouge !
A 2 643 jours de l'échéance 2015, où, selon la loi du 11 février 2005, tout devra être accessible, l'APF a mobilisé ses délégations dans plus de 85 départements pour inviter l'ensemble de la société à s'engager dans une démarche déterminée et responsable, et exprimer de nouveau ses revendications : rénovation des espaces publics, de la voirie et des équipements publics ; limitation des dérogations à l'obligation de mise en accessibilité ; mesures d'incitation fiscale ; accès facilité au logement ; mise en accessibilité des établissements scolaires et des lieux de travail ; réelle liberté de déplacement…
MC
www.accéder7exister.org
Les personnes handicapées jugent l'accessibilité en France*
50 % des personnes interrogées estiment que la première difficulté réside dans les problèmes d'accessibilité des transports et des lieux publics.
30 % jugent prioritaire la mise en accessibilité des services et structures de santé.
42 % estiment que rien n'a changé dans leur quotidien en matière d'accessibilité depuis la loi du 11 février 2005.
Les personnes interrogées ont ensuite été invitées à noter entre 0 et 10 le niveau d'accessibilité de différents lieux.
Les commerces ont obtenu la note 6, les administrations 4,8, les cabinets de médecine générale 5…
La meilleure note est allée aux supermarchés (7,4) et aux hôpitaux (7,1). La plus mauvaise note aux moyens de transport urbains (3,8) et aux tribunaux (3,9).
* Source : APF, mai 2007.
6. UNSA : Militer pour l'accessibilité
L'Union nationale des syndicats autonomes (UNSA) veut placer l'accessibilité parmi les revendications des organisations syndicales.
« Comment arriver au tout, partout, pour tous ? » Autour de cette question d’accessibilité, la commission handicap de l’UNSA, présidée par Jean-Claude Montagne, a organisé au printemps dernier un colloque intitulé “Citoyens en situation de handicap – Vivre dans la cité ?”. Dans le cadre d'ateliers “accessibilité”, des militants syndicaux, des élus, des représentants de partis, d’associations, d’administrations et d’entreprises ont débattu pour dégager des pistes de travail et des actions.
Dans l’atelier “hébergement”, animé par Jean-Claude Montagne, il a été dit que des logements accessibles devraient être construits en petites unités au sein d’immeubles, de résidences, de quartiers. Les représentants d’associations devraient chaque fois être intégrés dans la conception et le suivi des projets au sein des commissions d’accessibilité, afin d’éviter les oublis. Mais pour faire vivre la loi, leur formation et la prise en charge de leurs frais de déplacement doivent être assurées. « Construire pour les plus handicapés, c’est construire pour tous », ont-ils conclu. Dans l’atelier “transports”, animé par Raymond Côte, secrétaire national de l’UNSA Fonctionnaires, le groupe a particulièrement insisté sur la notion de chaîne de l'accessibilité, la considération des handicaps non visibles et l’harmonisation de la signalétique entre les transporteurs. A ce propos, la mise en place d’une charte nationale de l’accessibilité dans le transport ferroviaire a été évoquée. Le dernier atelier, “sports, loisirs et culture”, animé par Marie-Lucie Gosselin, médecin scolaire et membre de l’UNSA Éducation, est revenu sur l’enjeu de la scolarisation des enfants handicapés, qui influence positivement les représentations des autres enfants sur les capacités des personnes handicapées. L’ouverture de centres de loisirs mixtes (enfants valides et handicapés) par la mairie de Paris s’inscrit dans cette optique.
Peser sur les pouvoirs publics et privés”
Lors d'une table ronde intitulée “De la loi de février 2005 à la réalité : les conditions d’accessibilité”, les intervenants ont souligné les points de discrimination sur lesquels l’action syndicale pouvait porter et ont convenu de la nécessité d’une transversalité des actions à mettre en place : les personnes handicapées ont trop fait les frais des problèmes inhérents à la centralisation ou à la décentralisation. En ce sens, l’envoi par le gouvernement d’un Guide pratique de l’accessibilité à tous les maires de France a été considéré comme très positif.
« L’UNSA doit faire de l'accessibilité et de l’autonomie dans l’accès au travail des personnes handicapées le centre de son action, en partenariat avec les associations », a estimé Martine Vignau, conseillère nationale UNSA.
« Nous demandons une réforme du Conseil économique et social européen pour y intégrer organisations syndicales et associations », a déclaré Alain Olive, secrétaire général de l'UNSA. « Avec le souhait d’approfondir la réflexion sur le handicap, de renforcer la formation des militants et de développer des partenariats pour peser sur les choix des pouvoirs publics et privés. »
Gaëlle Desportes
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