8. Marseille : un tramway 100 % accessible
Grâce à la concertation, le tramway marseillais offre une plus grande accessibilité à la cité phocéenne.
En octobre 2002, selon un sondage Sofres, 89 % des marseillais étaient favorables à la construction d’un tramway. En fonction depuis juillet 2007, sa cote de popularité a certainement encore grimpé, notamment du côté des personnes à mobilité réduite. Car selon ses concepteurs, ce tramway est 100 % accessible. Comme ses équivalents grenoblois et strasbourgeois, le tramway marseillais est écologique (aucune pollution), rapide, silencieux, confortable et esthétique. Mais au-delà de l'esthétique, sa réussite réside dans son accessibilité.
A l’extérieur, sur la face avant du tram, le nom de la destination est affiché en jaune sur fond noir. Lisibilité à 60 mètres. A chacune des 26 stations, l’accès aux rames a été spécialement étudié. Les revêtements de sol utilisés permettent de distinguer les espaces de la station : bandes podo-tactiles et teintes spécifiques sur le bord des quais. Les rames disposent d’un plancher bas intégral, accessible de plain-pied depuis le quai. L’espace seuil-quai est ainsi réduit. Chaque rame comporte quatre portes doubles électriques, coulissantes (largeur d’ouverture 1,305 m) et deux portes simples (0,80 m).
Pour la première fois en France, des boutons spécifiques pour les utilisateurs de fauteuils roulants, placés à l’intérieur dans des zones spécifiques et à l’extérieur en position basse (boutons entre 50 cm et 70 cm du sol) avec un pictogramme particulier, commandent l’ouverture des portes. Celle-ci se fait sur une temporisation plus longue afin de pouvoir entrer et sortir plus confortablement. Un dispositif sonore et visuel signale la fermeture des portes. Grâce à plusieurs caméras, le conducteur surveille toutes les opérations. Les emplacements réservés prioritairement aux utilisateurs de fauteuils roulants (UFR) sont équipés d’un appui sciatique. La pente est de 4 %. Pour la sécurité des utilisateurs, un bouton d’appel d’urgence et une liaison téléphonique directe sont installés à ces emplacements. Ce tramway est le seul à ce jour à posséder ce dispositif. Chaque rame est équipée de six panneaux lumineux d’information, qui indiquent la position du véhicule, le nom de la prochaine station et d’autres informations utiles concernant le réseau.
(intertitre) Des réunions, encore et encore…
Pour parvenir à de tels résultats, les discussions ont débuté il y a plusieurs années. Autour de la table, la Communauté urbaine Marseille-Provence-Métropole (direction de la voirie, direction des transports), la ville de Marseille (service municipal des handicapés et inadaptés), la RTM (Régie des transports de Marseille), des commerçants, des associations... Hélène Bessone, directrice APF 13 (Association des paralysés de France), se souvient de ces réunions parfois mouvementées. « A l’origine nous ne faisions pas partie du comité de pilotage. Heureusement cela s’est réglé. Il était impensable que nous ne soyions pas partie prenante d’un tel projet. Nous avons même un temps menacé de bloquer l’inauguration si ce tramway ne nous convenait pas. Nous n’en sommes pas arrivés là. Ces réunions se sont révélées fructueuses. Ainsi, à l’occasion d’un des tests de la maquette en taille réelle, une personne en fauteuil a basculé. Le ressaut a ainsi pu être corrigé. Par la suite, un devers trop important à une station a été rectifié. Les ingénieurs, les techniciens..., dont nous ne mettons pas les qualifications en doute, étaient persuadés de savoir ce qui convenait aux personnes à mobilité réduite. Nous n’avions évidemment pas la même perception du handicap. Cela n’a pas toujours été simple, mais nos préconisations ont été le plus souvent prises en compte et nous sommes finalement assez satisfaits. »
Un constat sensiblement identique pour Rétina France. « Ces réunions ont été très riches », souligne Raymond Filippi, délégué départemental de l’association. « Les revendications de chacun ont été écoutées et cela a permis d’avancer tous dans le même sens. Les problèmes étaient très souvent interdépendants. Par exemple, un plancher bas intégral est un plus, ainsi que pour les mamans et leurs poussettes et les personnes âgées. Ces échanges ont également été l’occasion pour beaucoup de participants de découvrir le handicap et, plus encore, les handicaps. Et c’est déjà un grand pas. Nous aurions évidemment préféré des portes qui s’ouvrent automatiquement, et qui aient des couleurs plus franches, mais globalement nous sommes satisfaits. Nous allons continuer à suivre le dossier, pour éviter que le provisoire ne dure. »
Ainsi, le repérage sur le sol aux endroits prévus pour traverser n’est pas encore réalisé. Comme les conducteurs, pour le moment, ne connaissent pas tous l’intégralité des secrets de conduite de l’engin, il n’est pas toujours aisé de se tenir debout. Et cela même lorsque l’on a 20 ans et toutes ses facultés. Quant aux deux composteurs installés sur chaque quai, l’un face aux rails et l’autre au bout du quai dos aux rails, donc dangereux, car il y a un risque de basculement pour les personnes en fauteuil, ils seront à terme embarqués dans les rames.
Les trottoirs en profitent…
Pour Didier Garnier, président de la commission accessibilité au conseil général, ce tramway est une véritable chance. « La ville a été mise à bas pendant les travaux, ce qui nous a fait gagner cinq à huit ans au niveau des aménagements. D’importants tronçons de trottoirs ont par exemple dû être remontés. Parallèlement, les trottoirs des arrêts de bus (coût : 3 000 euros par station) connaissent peu à peu le même sort. » Cette volonté vise l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite d’une part significative du réseau à l’horizon 2010. Si l’accessibilité est une priorité, et bénéficie d’une volonté politique forte de la part de la Communauté urbaine Marseille-Provence-Métropole, il aura tout de même fallu attendre le 4 juillet 2007, après une inauguration en grande pompe, pour que le tramway nouvelle génération emprunte de nouveau les rues de la cité phocéenne. Avec ce tramway, la deuxième ville de France comble enfin (un peu de) son retard au niveau des transports.
Hélène Dorey
Le tramway, un formidable déclencheur
Il n’y a plus une grande ville qui ne fasse le pari du tramway. Qu’il soit parisien ou, bientôt, niçois, il est accessible, car les avis des personnes concernées ont été largement pris en compte. Le tramway est considéré comme un élément du réseau de transports d’une ville, un maillon à part entière de la chaîne et il est de ce fait à l’origine d’aménagements. Pourquoi en effet prendre un tramway, si une fois parvenu à destination il n’est plus possible de se déplacer ? Trottoirs agrandis et surélevés pour accueillir des bus, places de stationnement créées, travaux de signalisation dans les stations de métro, mise en place de services de minibus… Une fois de plus, tout le monde y gagne.
Le tramway en quelques chiffres
- Dimensions : une rame (5 par tramway) mesure 33 m de long et 2,4 m de large
- Places : 42 assises et 158 debout, avec deux emplacements pour les fauteuils roulants
- Pratique : la ligne T1-T2 fonctionne 7/7j. Elle peut transporter 55 000 voyageurs chaque jour
- Fréquence : une rame toutes les 4 minutes en heures de pointe et toutes les 8 minutes en heures creuses
- Vitesse moyenne : 20 km/h
- Longueur du tracé : 11,6 km
- Coût global : 800 millions d’euros
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