I- etat des lieux et positions en présence / Current



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1- Introduction


Nous, brésiliens, voyons le FMI comme une institution puissante, compétente et riche. Mais sa puissance devient fragilité quand il s’agit d’apporter de bonnes solutions à nos problèmes particuliers. Sa compétence devient ignorance dès qu'il s'agit d’analyser les racines historiques et conjoncturelles de nos problèmes. Et sa richesse devient précarité dès que nous proposons des solutions viables aux questions qui nous angoissent.
En réalité, politiquement, le FMI se présente comme une institution associée aux puissants, aux oligarchies et aux élites financières qui ne veulent pas des changements structurels qui menaçent leurs privilèges. Techniquement, les modèles utilisés par les fonctionnaires du Fonds sont monopolisés par le néolibéralisme et sont assez éloignés de nos besoins et des besoins de tous ceux dont la pauvreté ne constitue que la contreface de la richesse du Nord.
Si l’on pense aux modèles de stabilité monétaire, la réponse du Fonds est toujours la même : l’inflation est provoquée par le déficit public. Il ne s'intéresse pas aux origines de ce déficit ou alors il considère que l’inflation est provoquée par un excédent de la demande par rapport à l’offre, et propose de réduire la demande, avec réduction des salaires et réductions des dépenses de l’Etat. Réduction de salaires dans des pays où ceux-ci sont dix fois plus faibles que ceux des pays du Nord... Réduire les dépenses de l'Etat en augmentant les taux d’intérêt, revient à réduire les frais sociaux et les investissements stratégiques pour la croissance économique. En réalité, chez nous, ces programmes conduisent à de très fortes baisses du pouvoir d’achat de la population supérieures, fréquemment, à 30% (Mexique, Brésil, Argentine, etc)
A l’heure actuelle, à la suite d’une crise en Turquie, le FMI propose encore les mêmes solutions – déréglementation, privatisations, ouverture du marché, etc – sans tenir compte du niveau de chômage et de pauvreté. Palomo Garrido, professeur à Madrid, pose la question :
“Est-ce le besoin de déréglementation qui provoque la crise ? ou bien les crises qui rendent propices la déréglementation ?” [G.Palomo]
En effet, on se rend compte partout dans les pays périphériques, que le FMI est incapable de nous proposer des programmes conduisant à la croissance, au développement, à l’amélioration réelle des conditions de vie. Son idéologie, consomatrice, individualiste, ne sert qu’aux élites nationales et étrangères, au détriment de nos valeurs communautaires et de notre désir, historique, de libération et de justice sociale.

2- Des exemples historiques dans les rapports FMI / Brésil


Dans les années 1950, le Fonds s’est opposé à l’industrialisation brésilienne et au Plan de Juscelino Kubitschek. Il a fallu rompre avec le FMI pour mettre en place les industries qui allaient permettre au Brésil d'occuper le rang de 8ème économie industrielle du monde. Dans les années 1970, il a fallu s’éloigner du Fonds Monétaire pour poursuivre l'industrialisation, implanter des industries de biens d'équipement et compléter l’infrastructure des ports et des télécommunications.

Le troisième, et tragique moment, a succédé au relèvement des taux d’intérêt nord-américains et à la crise généralisée d’endettement qui en a découlé. Pour des contrats qui avaient été réalisés avec des taux d’intérêt, valeur réelle, entre 1 et 4%, nous avons dû effectuer des remboursement soumis à des taux réels situés entre 9 et 14%. Politiquement aussi, nous étions fragiles, puisque le régime changeait : des militaires vers les civils, des industriels vers les banques. De plus, le président qui devait prendre le pouvoir en toute légitimité, de par son histoire et son passé, est mort la veille de sa prise de pouvoir, alors que son successeur ne disposait pas du même patrimoine politique.


Le programme du FMI pour les années 1980, au Brésil, a eu comme résultat – pas nécessairement volontaire – l’hyperinflation. Une hyperinflation provoquée par le décalage entre le service de la dette et les recettes publiques. En 1988, les transferts vers le paiement de la dette représentaient 70% des recettes fiscales. Il fallait fermer les établissements publics en annonçant la faillite de l’Etat brésilien, et de son système de Sécurité, ou bien procéder à des émissions. Qu'aurions-nous fait si la décision nous était revenue ? C’est une belle question à laquelle personne ne répond objectivement.
Les interventions suivantes du FMI au Brésil ont eu beaucoup de succès, du point de vue des élites associées au grand capital financier et spéculatif. Quelques chiffres pourront être utiles pour juger du succès du programme néolibéral supporté, financé, appuyé par le Fonds Monétaire. La dette mobilière, publique, a doublé en pourcentage du PIB, la dette étrangère a plus que doublé en dollars, le solde commercial est devenu négatif, le déficit de transactions courantes est passé de 10 à 50% des exportations brésiliennes. Les prix des services publics privatisés – et dénationalisés - ont été multipliés (200, 300, 600, 800%), les salaires ont été contenus, les impôts payés par les travailleurs ont doublé. Exception est faite aux exportations et avec des taux généreux aux mouvements de capitaux et aux applications financières ! Il n’est pas difficile de reconnaître vainqueurs et perdants .... Toujours les mêmes !
Le solde primaire du budget de l'Etat est assez important, au Brésil. Mais après le paiement des intérêts il se transforme en déficit opérationnel et s'accroît jusqu'à dépasser les limites de Maastrich, malgré les programmes du Fonds Monétaire axés sur la supériorités des marchés, le “libre”échange, la libre circulation des capitaux, les dénationalisations /privatisations, l’augmentation des taux d’intérêt qui facilitent la multiplication rapide des encours de la dette, etc.

3- Les Caractéristiques Désirables


Partout aujourd’hui le FMI est critiqué. A droite, on dit qu’il remplace le libre marché et que celui-ci serait plus efficace s’il jouait librement. A gauche, on accuse le FMI de toujours prendre position aux côtés des plus puissantes de la planète. Deux questions bien distinctes se posent: le FMI doit-il exister ou pas, c’est-à-dire faut-il un organisme du type FMI avec les fonctions qui lui sont assignées depuis Bretton Woods, rattachées à la surveillance du système monétaire internationale, une sorte de Banque Centrale Mondiale ? Si la réponse est positive, il convient alors de s'interroger sur les caractéristiques de l’action du Fonds Monétaire : doit- elle se maintenir inchangée, ou bien faut- il y introduire de profondes réformes ?
Bien évidemment, il est difficile, aujourd’hui, de penser à un système monétaire international absolument libre de régulation. Mais il suffit de voir se qui se passe dans les systèmes nationaux de paiements où la Banque Centrale délègue les fonctions de “clearing” à des banques privées. Si cela est réalisable au niveau national, pourquoi pas au niveau mondial ? Peut-être les grosses banques pensent-elles déjà à un tel système où les règles de fonctionnement seraient formulées par des syndicats et des fédérations de banques. Il y aurait une surveillance, mais une surveillance privée, concentrée sur des agents aux services des banques les plus puissantes.

Ce système, pas libre mais géré par les grosses banques, n’est pas impossible à mettre en place, mais il serait indésirable, je le crois. Au début il n’y aurait pas de grandes différences avec le système actuel, si est vrai ce que l’on dit : que le FMI agit toujours dans le sens préféré par le capital financier et bancaire. A la suite, je pense que la situation deviendrait insoutenable, il y aurait une dictature des banques exercée sur le capital productif et sur les pays périphériques ne disposant pas de banques nationales – ce qui est à peu près le cas argentin. Finalement, on peut penser qu’il y aurait également, après quelques temps, de sérieux conflits entre des agents financiers portés au poste de “gouverneurs du monde”, des conflits fondés sur des questions d’argent et de pouvoir. On pourrait arriver à la “guerre totale” devant laquelle les gouvernements seraient absolument dépourvus de pouvoir, ceux des pays endettés en premier lieu.


La deuxième solution devrait porter sur les caractéristiques de l’action du FMI. Et là nous aurions un terrain propice au débat, un débat complexe puisqu’il devrait porter sur l’idéologie, sur les théories économiques, sur un diagnostic du passé proche, sur les rêves et les utopies de demain. Les difficultés seront immenses, d’une dimension qui paraîtra au premier abord supérieure à nos connaissances, à nos forces et à nos possibilités. Envisager le problème avec cette optique, c’est presque une invitation à l’immobilité et il faut en avoir conscience. Mais c’est un débat pareil que nous devons commencer d’urgence, si nous voulons éviter la première option – la dictature des grosses banques sur le système monétaire international.
Avec toutes les critiques formulées à l'égard du Fonds Monétaire, il me paraît impossible de ne pas s'interroger sur les réformes à mener pour adapter son action aux revendications déjà exprimées dans les rues des grandes villes du Nord. Il faut changer les normes et les caractéristiques principales attribuées au FMI.
Sans aucun doute, le premier axe devra porter sur la démocratisation du Fonds Monétaire International, en le séparant du Département du Trésor nord-américain et des organismes similaires du G7. A première vue, démocratiser signifie séparer poids du vote et pouvoir économique, dans les instances de décision du FMI. Comme dans l’économie sociale française, il faudra adopter la règle suivant laquelle chaque pays détient une voix, un vote, indépendamment de son pouvoir économique international et de sa contribution au capital du FMI. C’est le premier pas pour faire du FMI un service mondial collectif, qui sert et qui appartient à tous, compte tenu que le Système Monétaire International est lui-même un bien collectif qui ne peut appartenir à un seul agent ou pays, individuellement, sans qu’il y ait préjudice pour l’ensemble, pour chacun et pour tous à la fois.
Une seconde voie est celle de la pluralité idéologique, la seule compatible avec la démocratie et la paix mondiale. Il y a 15 jours à peine, la Documentation Française a publié l’extrait d’un article de Jean-Yves Grenier, “Penser la monnaie autrement”. Cet article rend compte de recherches en cours en France, suivant lesquelles la monnaie ne peut pas être considérée du seul point de vue des trois fonctions économiques que l’économie classique lui a assignées. Il faut la voir, à l’origine, comme un élément des rapports sociaux, comme un lien social où des rapports de pouvoir sont soumis à un principe d’autorité, l’expression d’un point de vue “totalisant”. Ce n’est pas le moment de discuter cette conception, je voudrais seulement donner un exemple qui peut être utile pour soutenir l’idée de la pluralité idéologique dans toutes les questions qui touchent la monnaie et le système monétaire. Il y a des points de vue différents là dessus, et il faut en tenir compte dans toutes les analyses et les modèles concernant le système monétaire.
Enfin, il faut que le FMI dispose d’autonomie financière vis-à-vis des banques privées mais aussi des ministères des finances et des banques centrales des pays les plus riches. Il doit disposer des moyens d’intervention sans appel à des tiers, ce qui relève pas d'une simple question d’argent, de capital. L’autonomie que nous proposons est la capacité de faire face, par ses propres moyens, aux problèmes qui lui sont directement confiés par statut, sans usurpations des fonctions propres aux Etats nationaux.

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