IV. 3. 4. 5. 1. Maintien chez les 10/11 ans
En ce qui concerne le maintien de la référence, on trouve l'ordre de préférence suivant :
Pronom personnel sujet (56%) > Ellipse (26%) > Article + nom simple ou disloqué ou nom propre (11,5%) > Pronom relatif (6%).
Comme nous venons de le souligner, l'emploi de ces formes répond aux exigences de la tâche et aux besoins des auditeurs.
En pourcentage, les ellipses suivent les pronoms personnels sujet. Ces ellipses sont de natures variées :
- anaphore zéro avec coordination par et, et par mais 42% (25)
(135) 10;06f 1- 001 il prit la grenouille
002 et rentra chez lui. -
- anaphore zéro avec juxtaposition de deux clauses au moins 15% (9)
(136) 10;02b 3b 010 maintenant - il ouvre la fenêtre /
011 l'appelle dehors. -
- infinitive 12% (7)
(137) 11;06f 6b 020 le petit garçon voit une taupe
021 sortir du trou. -
- adverbiale de but (pour + infinitif) 12% (7)
(138) 11;05c 5- 008 il alla danZ un bois / -
009 pour essayer de la: trouver. 030
- adverbiale de manière (gérondives (6), participiales (1)) 12% (7)
(139) 10;03t 3a 009 et le petit garçon i cherche de partout, -
010 en criant
- adverbiales de cause (à force de + inf. (1), participiales (1)) 5% (2)
(140) 11;08g 7- 033 après euh: le chien en remuant l'arbre à force d'aboyer
032 et remuant l'arbre,
034 et ben i tombe euh - le nid de: de guêpes d'abeilles, -
- autres 3% (2)
Le premier constat à faire concerne la domination des anaphores zéro dans les productions des enfants de 10/11 ans. Ces anaphores représentent plus de la moitié des ellipses avec 57% des occurrences exactement. Une majorité d'entre elles sont coordonnées par et (42% contre 15% de juxtaposition) et sont utilisées pour marquer un lien étroit entre les clauses qu'elles lient et par là même les événements qu'elles mettent en rapport. À côté de ces anaphores zéro, il nous faut mentionner cinq autres types d'ellipses qui viennent ajouter un certain nombre d'informations à l'action de la principale. En effet, par les adverbiales, les narrateurs encodent les notions sémantiques de but, de manière et de cause. Ces formes montrent à la fois une complexification des états de choses ainsi que leur hiérarchisation. Enfin, nos données révèlent une capacité toujours croissante des enfants de 10/11 ans à faire le lien entre les actions de plusieurs participants et par là même, à changer de perspective en promouvant le patient d'une action dans le rôle d'agent de l'action. C'est en effet ce que représentent les sept occurrences de la catégorie "infinitive".
Pour ce qui est des relatives, on distingue cinq catégories qui sont les suivantes :
- ya + art. + nom (introduction) + qui 50,5% (6)
(141) 10;07g 1- 002 il y a euh: - euh un chien et une grenouille
003 qui est dans un bocal / -
- ya + art. + nom (réintroduction) + qui 8% (1)
(142) 10;08n 2a 004 ya la grenouille
005 qui s'en va.
- complément d'objet direct (réintroduction) + qui 8% (1)
(143) 11;08g 10a 052 i voit le chevreuil
053 qui se lève / 010
- complément d'agent (réintroduction) + qui 8% (1)
(144) 10;06v 8- 021 mais le petit garçon fut bientôt renversé - par le chien
- et leZ abeilles
022 qui le poursuivaient. 010
- complément de lieu (introduction) + qui 25,5% (3)
(145) 11;05c 12a 023 euhm iZ entendent quelque chose d'un tronc d'arbre,
12b 024 qui était par terre. 020
Les données montrent une majorité de propositions relatives après des formes présentationnelles (58,5%). On relève également trois formes de promotion représentées par les trois dernières catégories, signe d'une complexification des formes syntaxiques utilisées. Les relatives sont utilisées dans des fonctions aussi bien "discursives générales" que "narratives" (Dasinger & Toupin, 1994). Du côté des relatives à fonction discursive générale, les relatives introduisent ou réintroduisent des référents déjà mentionnés en les caractérisant de manière plus précise. Pour ce qui est des relatives à fonction narrative, on en relève quatre qui introduisent les personnages principaux ainsi que quelques cas qui lient les actions des personnages principaux à ceux des personnages secondaires, et font par là même avancer la trame narrative (fonction de "continuation" chez Dasinger & Toupin, 1994), (cf. exemple 144).
Enfin, on peut se demander ce que représentent les 11,5% d'utilisation de formes nominales dans la fonction de maintien, puisqu'une telle utilisation entraîne un sur-marquage de la référence ? Nous pouvons remarquer que dans seize cas sur dix-huit, c'est-à-dire dans près de 90% de cas, les formes nominales sont utilisées à un changement d'image (146), ce qui tend à confirmer l'emploi de ces formes dans une fonction de structuration de l'histoire basée sur le découpage en images.
(146) 11;05c 7- 013 le ptit chien - fit tomber: euh la la cru: - che.
014 euh tandis que le: petit garçon chercha - euh la la grenouille dans un arbre. 040
8- 015 il le i euh le petit garçon trouva dans l'arbre - une: une chou= une chouette / -
Toutefois, il est nécessaire de nuancer quelque peu cette conclusion, dans la mesure où on peut également noter à des changements d'image l'emploi de formes moins explicites pour le maintien de la référence, comme le montre l'exemple suivant :
(147) 10;02b 7- 026 le petit chien pendant ce temps a fait tomber l'essaim. -
8- 027 maintenant il [chien] est poursuivi par leZ abeilles / -
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