Réponse de Rachid HAMDADOU
Ingénieur territorial, Responsable de la Direction des Bâtiment de la Communauté Urbaine de Cherbourg dans la Manche (50)
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Qu'est-ce qui vous semble judicieux dans la démarche HQE actuelle et que vous jugez bon de conserver?
La mise en œuvre d’une « traçabilité » lors des processus de définition programmatique, de conception de l’ouvrage de sa construction puis de son exploitation, axée sur les problématiques de l’environnement.
La dualité complémentaire QE et SME
Un référentiel de cibles structuré sur les 4 thèmes
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Qu'est-ce qui vous dérange dans la démarche HQE actuelle et que vous aimeriez changer?
Le mot « démarche » qui semble évoquer un cheminement plus qu’un processus devant atteindre des objectifs évaluables.
La formule « HQE » elle-même, qui sous entend que seuls les acteurs qui adoptent cette étiquette construisent en prenant en compte l’environnement, alors que l’éco-construction, l’habitat sain, la qualité de l’architecture induit cette « HQE » de fait.
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Qu'est-ce qui vous plait dans l'association HQE?
La motivation de certains de ses membres.
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Qu'est-ce qui vous dérange dans l'association HQE?
Son enfermement dans un système qui se développe sans prise en compte de ses contradictions. Comment vérifier par exemple la cohérence d’un scénario environnemental et notamment les cibles valorisées pouvant avoir des effets négatifs sur d’autres cibles ? Des choix sur les cibles énergie/confort et matériaux naturels peuvent avoir une influence, par exemple, sur la qualité de l’air.
La complexité du système d’évaluation de la qualité environnementale basé sur des référentiels des caractéristiques HQE® (notamment des échelles qualitatives).
Cela semble utopique et en tout cas technocratique.
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Pensez-vous qu'une certification de la qualité environnementale soit nécessaire ?
Oui !
Rachid HAMDADOU
29 juin 2005
Réponse de Françoise LELOUVIER
Services techniques municipaux Ville de Saint-lô (50)
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Qu'est-ce qui vous semble judicieux dans la démarche HQE actuelle et que vous jugez bon de conserver?
Les objectifs de la démarche sont clairement définis. L’organisation des cibles me parait assez pertinente et facilement communicable. La conduite à tenir semble au départ évidente et incontournable…
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Qu'est-ce qui vous dérange dans la démarche HQE actuelle et que vous aimeriez changer?
La récupération commerciale et les produits estampillés « HQE® ».
La nécessité de justifier tout choix HQE® alors que ce devrait être le contraire.
On devrait justifier tout choix contraire à la démarche !
La difficulté de l’évaluation des cibles, qui est inévitable mais très lourde à gérer avec les outils trop précis et trop complexes du référentiel HQE®).
La notion de surcoût, sous-coût qui est trop arbitraire (le bâtiment dit « classique » c’est quoi ???)
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Pensez-vous qu'une certification de la qualité environnementale soit nécessaire ?
Non, je ne crois pas à la certification qui serait une course au label avec les pressions et dérives que cela engendre.
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Quelle forme souhaiteriez-vous donner à cette certification ?
Je propose que tout bâtiment neuf désormais réalisé en opposition avec la démarche (énergivore, mal orienté, non respectueux de l’environnement, réalisé avec des matériaux au rabais et polluants…) soit labellisé « NON-HQE ».
Françoise LELOUVIER
29 juin 2005
Réponse de Michel Frémont
Directeur de la Société Coopérative d’Intérêt Collectif Les 7 Vents du Cotentin
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Qu'est-ce qui vous semble judicieux dans la démarche HQE actuelle et que vous jugez bon de conserver?
La philosophie, l’état d ‘esprit qui permet de remettre en cause les certitudes habituelles sur la démarche de construction.
C’est bien une démarche de management plutôt qu’un label à coller à la porte du bâtiment !
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Qu'est-ce qui vous dérange dans la démarche HQE actuelle et que vous aimeriez changer?
La tendance opportuniste de bon nombre de fabricants de matériaux et autres qui souhaitent prouver que certains matériaux traditionnels sont HQE® (les dalles PVC par exemple).
La pression électoraliste de certains projets qui n’ont de HQE® que la volonté de mettre une étiquette promotionnelle.
Le coté excessif des procédures qui risquent de pervertir l’esprit.
L’arrivée sur ce marché prometteur et porteur d’un nombre important de gens qui se prétendent AMO et qui ne font que reprendre un marché porteur sans aucune vision globale. Comme souvent, lorsque cela devient porteur, le risque de détournement existe.
Après la franche rigolade à propos de la démarche HQE®, on va voir arriver la franche récupération. Lorsque cela deviendra une norme (tendance CSTB), ce sera mort.
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Qu'est-ce qui vous plait dans l'association HQE?
La grande diversité des acteurs, les compétences et l’ouverture de ceux qui ont mis en place cette démarche.
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Qu'est-ce qui vous dérange dans l'association HQE?
Le sentiment depuis les Assises de Reims en mars dernier d’un dérapage possible, en particulier vers un discours de plus en plus normatif, perdant de vue la démarche de management qui est à mon avis essentielle.
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Pensez-vous qu'une certification de la qualité environnementale soit nécessaire ?
Le problème, c’est qu’il faut à la fois éviter les projets HQE® « bidons » qui servent d’outils promotionnels à certaines structures peu motivées, et aussi le coté « on coche des cases pour avoir des bons points ».
Certifier la méthode de management pour avoir le certificat, c’est possible, mais j’aimerais être sûr que certains lobbies du bâtiment n’en profitent pas pour pervertir le fond.
C’est la volonté sincère du Maître d’Ouvrage et de l’architecte qui permet d’avancer sur les projets. Dès que la motivation est faible pour l’un des deux acteurs, on va vers un projet « soft ».
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Quelle forme souhaiteriez-vous donner à cette certification ?
Une démarche de management définissant des règles de réflexion pour éviter d’oublier des points importants. Il faut éviter que cela devienne un catalogue de règles genre « RT 2000 », un truc très simple en 110 volumes…
Michel Frémont
29 juin 2005
Développement durable :
N’oublions pas les enjeux fondamentaux !
Le réchauffement climatique est en route et ses conséquences dépendront de notre capacité à les anticiper. En France, la politique de l'autruche est encore de mise, mais les choses bougent, comme le prouve le premier rapport publié récemment par l’ONERC3 (Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique). Un document édifiant, préparé par un organisme national dont on ne soupçonnait même pas l’existence la semaine dernière, alors qu’il a été créé il y a 4 ans par la loi du 19 février 2001 tendant à conférer à la lutte contre l’effet de serre et la prévention des risques liés au réchauffement climatique, la qualité de priorité nationale.
Allons-nous vers une décroissance volontaire et conviviale ou vers une dictature ?
Les ressources fossiles s'épuisent. Quand on annonçait il y a 2 ans en conférence que le baril de pétrole serait à 60 dollars en 2005 et à 100 dollars avant 2008, on nous riait au nez. Aujourd'hui on est à 60 dollars et les 100 dollars seront atteints avant 2008 (cf. le dernier numéro de Courrier International n°764 du 23 au 29 juin 2005, qui consacre son dossier au pétrole. Le titre « Pétrole, 2006, le début de la fin - Comment nous vivrons sans essence ? »).
Oui, comment vivrons-nous sans le pétrole et ses dérivés ?
Car dans une économie carbonée reposant principalement sur l'or noir, les conséquences de sa disparition sont incalculables. Dans le meilleur des cas, on redécouvrira l'économie locale, c'est-à-dire que notre yaourt ne voyagera plus sur 2500 kilomètres comme il le fait aujourd’hui avant d'arriver sur notre table, et on ira le chercher dans la région, voire dans les villages alentours. Seulement avant d'en revenir là, il y aura des guerres pour les ressources à l'extérieur et une économie du rationnement à l'intérieur, et cette politique autoritaire ne peut être que l'œuvre d'un pouvoir fort, et même très fort.
C'est bien là le véritable enjeu et deux scénarios s’offrent à nous:
- ou bien nous allons en conscience vers la sobriété et une forme de décroissance conviviale où l'enrichissement de chacun provient des échanges immatériels, c'est-à-dire que nous acceptons de lâcher prise sur la consommation de biens matériels,
- ou bien les « khmers verts » seront les prochains gouvernants et la démocratie aura vécu.
Les créatifs culturels : conscients des enjeux, mais confiants dans l’avenir
Nous sommes la génération charnière entre ceux qui ont dilapidé la terre-mère et l'ont souillée et ceux qui vont naître sous des hospices bien sombres. Les quadras que nous sommes vont être aux manettes dans les deux décennies qui viennent et notre dilemme sera de composer avec le réchauffement climatique et l’épuisement des ressources: en gros entre la peste et le choléra.
Dans ces conditions, seuls des hommes et des femmes parfaitement « centrés », qui auront cessé d'avoir peur et seront prêts à agir, pourront éclairer le chemin. Ces « créatifs culturels » sont à la fois conscients des enjeux et confiants dans l’avenir, car convaincus que c'est le changement de conscience des individus qui transformera la société et non l'inverse.
Christian Charignon
3 juillet 2005
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