Les présents textes traitent principalement du Népal, de l'alpinisme, de l'himalayisme



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UN QUART D’HEURE DE RECREATION :




CONNAIT-ON JAMAIS UN PAYS !:

Je suis venu pour la première fois au Népal il y a presque trente ans, cela fait quinze ans que j’y réside en permanence, j’ai vécu à Pangbotché dans le Khumbu. Là, à la demande du maire et des élus, je me suis marié avec Danzi, portant chuba et en respectant les coutumes sherpas. J’ai écrit plus de 1000 pages sur ces Sherpas. Pourtant, je suis loin de tout savoir. Ah ! la belle phrase « «  Si je savais la millième partie de tout ce que je ne sais pas ! » ». La semaine dernière nous sommes allés au mariage d’une cousine – in law pour moi - et j’ai été surpris de voir que la salle était divisée en deux groupes. Demandant des explications, j’ai appris que les cérémonies de mariages sherpas n’étaient pas tout à fait les mêmes dans le Solu et le Khumbu : dans ce mariage, le marié est du Solu, la cousine, elle, est du Khumbu. J’adresse ce fait divers aux spécialistes français du Népal en espérant qu’il les fera réfléchir à l’étendue de leur sapience et les incitera à plus de modestie.


NOMBRE DE SHERPAS :

Ils sont environ 3000 dans le Khumbu, ils seraient 30.000 dans le Solu. Si on se base sur l’évolution des stations dans les Alpes, le chiffre dans le Khumbu devait aller en augmentant. Combien sont-ils dans la cuvette de Kathmandu, en période normale et non l’hiver où ils y viennent nombreux ? Combien y a-t-il de Sherpas disséminés dans l’Est népalais, région de Taplejung ? Autour de Pokhara ? Dans certaines régions de trek ? J’ai écrit dans le livre Sherpas bouddhistes qu’ils étaient 40.000 à 50.000, quel est le nombre juste ? J’ai mentionné qu’une étude statistique gouvernementale donnait le chiffre de 129.771, chiffre faux car il comprend des Bothés, des faux sherpas, les Sherpas-Tamangs du Langtang ou d’ailleurs


LES COOLIES, RESSOURCES HUMAINES NEPALAISES :

Il y a des révolutions, il y a des réformes, chaque génération a sa dimension. Les épistémès ne durent que le temps d’une génération, des mots changent d’orthographe, de sens… Mais comment baptiser ces changements d’appellation qui se produisent tout à coup sans aucune nécessité ? Certains m’indisposent et c’est pourquoi j’ai refusé l’utilisation de Pays émergeants, de Pays en voie de développement, pour conserver celui de Tiers monde qui parle mieux à ma sensibilité. Toutefois, un de ces changements d’appellation m’a réjoui : il y avait avant, dans les entreprises, le patron et le Personnel. Cela semblait logique, pourtant, un jour, on imagine la fierté de celui qui a introduit ce changement, le mot Personnel a été remplacé par les mots ressources humaines. Or le mot personnel avait un sens se rattachant à l’individu, à sa dignité, à son besoin de défense face à un chef du personnel représentant la partie adverse, alors que le mot ressources a un sens très simple, il est lié au mot exploitation. On exploite des ressources. Des ressources sont faites pour être exploitées. Connerie d’énarque ou tentative d’humour ? Patience ! Quelques changements de ce type et on parlera bientôt d’humour français. En attendant doit-on utiliser ce mot, doit-on l’associer aux mots équitables, solidaires, durables, pour les porteurs des treks et expé. ? Des ressources durables, bien que l’espérance de vie de ces coolies soit courte, ça en jette.


UN APOPHTEGME A RETENIR :

Nous savons tous l’importance qu’à l’esprit de contradiction dans ce qui dicte nos façons de penser, dans ce qui nous fait agir. La lutte pour une idée s’accompagne presque toujours du besoin de combattre, voire de détruire, l’idée contraire. Ceci est évidemment vrai pour les opinions politiques et religieuses… Pour celles se rapportant à l’écologie également, combien d’écologistes sont contre les chasseurs avant d’être pour la défense des animaux. C’est pourquoi j’ai écrit l’apophtegme suivant que je considère comme ayant une portée philosophique au moins égale à celle du fameux : << Je pense donc je suis. >> de Descartes. Le voici :



Certains sont pour ce qui est contre,

D’autres sont contre ce qui est court,

Ce qui fait un joyeux décompte,

Avec ceux qui sont cons tout court.

Il peut être utilisé dans maintes situations à la place d’un mantra bouddhique. Il est, par exemple, conseillé de le réciter tout bas lorsque l’on assiste à une discussion de trekkeurs à l’étape, ou lorsqu’un trekkeur raconte à ses collègues de bureau la haute spiritualité qui l’a soudain envahie lorsqu’il a commencé de faire le deuxième tour du stupa de Bodnath.


PHILOSOPHIE DE BAS BAS NIVEAU. RESERVEE A DES TREKKEURS PEU EXIGEANTS :

Ainsi, Descartes a écrit :



<< Je pense donc je suis. >>

s’il avait baragouiné le français il aurait écrit:



<< Je pense donc jé souis. >>

Mais s’il avait fait un trek, si au cours de ce trek il avait attrapé la tourista, il aurait pu écrire :



< Je pète donc j’essuye. >>

YVES ET CHRISTOBAL :

Les mots qui précèdent avaient à voir avec la philosophie, ceux qui suivent se rapportent à la philharmonie. Mais, eux, sont de haute volée. Ils sont écrits pour Yves Exbrayat, directeur de la Maison de la montagne de Grenoble et Christobal Raylat de la s.a. Chorten, patron de l’hebdomadaire Road book et réalisateur de films, avec lesquels j’accomplis récemment un difficile travail d’acteur dans le Khumbu. Christobal est un individu possédant d’exceptionnelles qualités, une grande sensibilité, c’est un maître dans l’art de capter puis d’assembler des images. Hélas ! C’est un être totalement fermé à la musique corporelle, imperméable à tous les types de mélodies que lui jouent les sphincters de ses collaborateurs : grêles ariettes de l’intestin du même nom, aubades du grand colomb, menuets du jéjunum, contrepoints de l’iléon, tous ces récitals qui égaillent, font croire à l’existence de l’âme, et parfument l’air sans odeur et rare qui règne à ces altitudes. Il n’entend pas ou ne veut pas entendre ! Il ne saura jamais rien du bonheur subtil qui naît de la possession de tubes et de réservoirs régulièrement vidangés, luisants de propreté. L’homme n’est pas qu’un être pensant, l’expression n’est pas que verbale aurait pu écrire Rabelais dans sa subtile et exhaustive analyse << Des trente et une manières de se torcher le cul. >> De longues journées passées en altitude, de nombreuses heures de réflexion, de multiples échanges avec des amis compétents m’ont conduit à cette pensée. J’ai été heureux de découvrir en Yves un être sensible à ces choses, un véritable artiste de l’expression intestinale.



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