Marie LaFlamme Tome 2



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e Jocary sans la payer en retour; Simon lui avait laissé ces pelleteries en cadeau, sans lui dire d’où elles venaient. La baronne ne devait pas être lésée : elle avait acheté ces peaux à Simon pour qu’il disparaisse à jamais.

  • Pour être juste, je devais les lui racheter. Il n’y avait pas de raison qu’elle soit privée d’un bénéfice parce que la mar­chandise avait été volée chez ton oncle. Elle avait besoin de cet argent. Tenir salon est très onéreux et elle a subi quelques revers après le départ de Michelle Perrot chez le marquis de Saint-Onge.

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  • Mais ta baronne n’est pas sotte ! Elle savait bien que Simon les avait volées ! Elle était complice de recel !

Emile Cléron grimaça ; il n’aimait pas le ton outragé qu’employait Victor.

  • L’important est que tu aies retrouvé tes peaux, non ? Ton oncle était mort quand la baronne me les a montrées. Je n’aurais rien pu empêcher. Si je t’en avais parlé plus tôt, tu aurais voulu les lui reprendre.

  • C’était le bien de mon oncle ! Et le mien !

  • Mais si la baronne n’avait pas eu con­fiance en moi, tu n’aurais jamais revu tes pelleteries ! Je ne pouvais tout de même pas la trahir !

Victor fixa longuement son ami et sou­pira : il savait qu’Emile était un filou. Pouvait-il espérer qu’il dénonce la baronne ?

  • Je te remercie et te rembourserai dès que je le pourrai. Emile Cléron devint tout rouge et dit d’une voix tremblante que Victor était un sot ou un méchant pour humilier ainsi un ami; il lui don­nait ces peaux. Il n’avait pas voulu nuire à la baronne. Ni à Victor. Cette solution lui


paraissait la seule équitable pour tous les deux.

  • Mais pas pour toi, protesta Victor, gêné. Tu as déboursé...

  • Tu m’as sauvé la vie l’an dernier.

Victor serra son ami dans ses bras, ému

de sa générosité.

  • Je pourrais t en vouloir de m’avoir caché longtemps ce secret, mais ma tante sera si heureuse. Elle vendra ces peaux dès aujourd’hui pour acheter de nouveaux tissus chez M. Brissac. Les chapeaux de feutre épais ne sont plus de saison. Il faut que sa boutique soit bien approvisionnée si elle veut conserver sa pratique.

  • Elle refuse toujours de vendre?

  • Elle est plus têtue que jamais ! Elle me rappelle Marie ! Emile Cléron leva les yeux au ciel; il y avait bien huit jours qu’il n’avait entendu parler de Marie et il s’était mis à espérer que Victor aurait succombé aux charmes d’une Parisienne. Elles étaient si jolies en ce début d’avril ! La clémence du temps exacerbait leur coquetterie ; elles portaient avec une grâce joyeuse, presque puérile, des robes de damas, de crêpe, de

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gourgoureau et des rubans brodés, des écharpes d’armoisin et de gaze, des den­telles aux motifs exotiques. Elles avaient au fond des yeux, au coin des lèvres, des désirs d’amour et de bijoux, de promenades en forêt et de dîners d’apparat, de jeux et de taquineries, d’été avant l’été. De la sou­brette à la comtesse, de la lingère à la bour­geoise, elles embellissaient Paris. Même si Emile Cléron n’était pas allé plus loin que Chantilly, il était persuadé qu’aucune femme au monde n’égalait la Parisienne.

La Nantaise Marie LaFlamme devait être pourtant une beauté dépareillée... Et Simon Perrot un fort bel homme pour qu’une femme le préfère à Victor et que la baronne l’ait mis dans son lit.

  • A quoi ressemble Simon ? demanda Emile en emballant les pelleteries pour les apporter à Louise Beaumont.

Victor sursauta comme si Emile l’avait piqué avec une des grosses aiguilles qu’Octave Beaumont utilisait naguère pour coudre la feutrine.

  • Pourquoi veux-tu le savoir ?

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  • Je me demande ce qu’il avait pour plaire à la baronne. Sais-tu qu’elle soutient qu’il est toujours à Paris? Victor cessa de respirer, attendant la suite.

  • La baronne l’a vu place de Grève. Et I a aperçu rue de Montmorency. Et rue du Roi-de-Sicile.

  • C’est à côté de chez elle !

Emile hocha la tête, pensif.

  • Elle m’a dit que Simon détroussait des passants depuis qu’il n’était plus geô­lier au Grand Châtelet. Qu’il n’irait jamais décharger les gabares sur les rives de la Seine, qu’il ne serait ni porteur d’eau, ni marchand ambulant, ni apprenti boucher même s’il avait un goût pour le sang. Elle ne me l’a pas avoué, mais je pense qu’elle a peur de lui. Crois-tu qu’il s’attaquerait à elle?

  • Non, Simon aura voulu l’effrayer par plaisir.

Victor donna un coup de poing dans le ballot de fourrures en disant qu’il ferait payer ses outrages à Simon.

  • Je lui ferais avaler les poils de ces bêtes, si je le pouvais ! Il souleva le ballot, qu’il cala sur son dos tandis qu’Emile lui

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ouvrait la porte, le devançait pour le guider dans l’escalier mal éclairé.

  • Je t accompagne ! On se prêtera cette charge d’âne !

  • C est inutile, retrouvons-nous plutôt rue du Pas-de-la-Mule pour souper. Merci, mon ami, je n’oublierai pas.

Victor s’éloigna d’un pas vif malgré sa charge ; il était impatient de voir la joie de Louise Beaumont.

Emile, lui, traîna autour du Palais où l’on faisait parfois de bonnes affaires jus­qu’à ce que le soleil embrase le pont des Tuileries. Du Pont-Neuf, Emile Cléron pouvait voir les sinistres tours du Grand Châtelet, et il devinait les meurtrières, les lourdes portes, les barreaux aux fenêtres, si serrés qu’ils empêchaient la lumière de pénétrer dans les geôles; il lui sembla que ce n’était pas le soleil mais le sang de tous les prisonniers qui rougissait les murs de pierre. Il tenta de repousser cette image en tournant son regard vers l’église Saint- Germain-l’Auxerrois, mais il se demanda alors à quoi pensaient les prisonniers qui entendaient carillonner ces célèbres cloches.

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Songeaient-ils que c’était le glas qui sonne- rait bientôt pour eux? Il frissonna, rebou­lonna son pourpoint et décida d’aller chasser ces idées noires devant une chope de clairet. S’il commençait à imaginer les pires choses, il valait mieux quitter le métier !

Hésitant entre la taverne du Lion d’or
et celle de La Croix de Lorraine, Emile Cléron lira un sou : pile, il irait à la première, face, a la seconde. En se dirigeant vers la Maison de Ville, il empêcha une vieille femme d’être piétinée par un troupeau de bœufs qu’on amenait aux abreuvoirs de la Seine. La malheureuse, à demi sourde, n’avait pas entendu les bêtes s’approcher tandis quelle regardait alternativement les tours de Notre-Dame et un languier qui faisait bêler un mouton. Elle remercia cent fois Cléron, après s’être plainte qu’il y ait autant de bêtes à la ville qu’à la campagne.

  • Quand ce n’est pas les cochons qui vous troussent la jupe, c’est les ânes qui croquent les rubans d’un chapeau ou les chevaux qui hennissent si fort qu’ils vous feraient périr de saisissement ! Savez-vous qu’il y en a plus de dix mille à Paris ?

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Le jeune homme hocha la tête, amusé par la verve de la vieille dame, qui lui confia quelle avait toujours vécu à Paris. Mais cette ville était de plus en plus sale et le bruit vous écorchait les oreilles d'une façon barbare.

  • Vous alliez traverser la Seine ? s enquit Emile.

  • Point du tout, je rentrais chez moi, rue Simon-le-Franc.

  • Nous sommes voisins ! s’écria Emile. Je peux vous raccompagner, si vous le désirez.

L’aïeule acquiesça avec un sourire taquin.

  • Vous devez avoir l’habitude d’avoir des jeunesses à votre bras, ça vous changera !

Tout en trottinant vers la rue Beaubourg, elle expliqua à Emile Cléron quelle lui don­nerait un petit présent, s’il voulait bien l’at­tendre en bas de chez elle. Il refusa, mais elle insista pour le remercier ; après lui avoir fait promettre de ne pas quitter le devant de sa porte, elle disparut cinq minutes. Elle revint avec un miroir gravé.

  • Tenez, je n’ai plus d’agrément à me regarder... Vous le donnerez à votre amie.

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Emile Cléron s’extasiait encore quand la vieille femme referma sa porte; il examina le miroir dans tous les sens, surpris de sa bonne fortune. L’objet, bien qu’ancien, était en très bon état et il en tirerait assurément un prix élevé. Il monta en sifflotant l’esca­lier qui menait à son logis et s’allongea pour faire un petit somme, sage précaution pour garder sa lucidité toute la soirée. Lorsqu’il s’éveilla, il décida qu’il offrirait plutôt le miroir à la baronne.

Le serein mouillait maintenant les lan­ternes nouvellement installées pour décou­rager les attentats nocturnes et Cléron couvrit le miroir de son mouchoir pour le préserver de l’humidité. Il marchait lente­ment, goûtant le parfum de la nuit; il se rap­pelait les paroles de la vieille et savait qu’elle avait raison : Paris puait. La Seine qui char­riait tant d’immondices, les égouts, les trous punais, les excréments de tous les animaux dégageaient des odeurs nauséabondes, mais Emile Cléron ne les sentait pas. Il respirait les fumets des rôtisseries, les fragrances d’iris de Florence ou de violette qui flottaient dans l’air bien après que les femmes étaient




rentrées chez elles, et surtout, surtout! il s’enivrait du parfum d’aventure qu’exhalait la nuit. Les ténèbres embaumaient le mystère, et rien ne ravissait autant Emile que cette impression troublante que tout peut arriver.

Il chantonnait en passant la porte de La Fosse aux lions
: Victor était déjà attablé.

  • Ma tante était si heureuse! Je ne l’avais pas vue sourire depuis la mort de mon oncle. Elle a même accepté l’invitation de M. Joubert à dîner demain.

  • Joubert? Qui tient Le Soulier dort II lui fera peut-être des prix sur ses savonnettes.

Emile Cléron commanda une pinte de bière et montra le miroir à Victor.

  • Penses-tu que la baronne va l’aimer? Victor Le Morhier eut un petit rire moqueur.

  • Par Morgane, je finirai par croire que tu es amoureux ! Emile rougit et se força à rire, mais il avoua à Victor qu’il estimait réellement la baronne.

  • Avec elle, j’ai le sentiment que je pourrais faire de grandes choses !

  • Ne me conte pas tes projets ! dit tout de suite Victor en cognant son verre contre celui d’Emile. Mais bonne chance !

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Ils burent lentement, savourant l’amer­tume de la bière, puis ils commandèrent leur souper : Victor tint absolument à payer l’accommodage des viandes, Emile offrit du bourgogne. Ils étaient peut-être un peu lourds en quittant le cabaret, mais l’air du dehors les revigora : en tournant rue Vieille- du-Temple, Emile Cléron croqua une pas­tille de girofle pour masquer son haleine trouble.

  • Je n’ai plus de raison d’aller chez Mme de Jocary, fit Victor. Michelle est main­tenant chez le marquis de Saint-Onge.

  • Tu peux bien m’accompagner pour cette fois.

  • Serais-tu timide ?

Emile Cléron grogna une réponse et commença à siffler pour se donner une contenance. Il allait frapper à la porte d’Armande de Jocary quand celle-ci s’ouvrit : la servante sortit dans la rue, tremblante, désignant la fenêtre du premier étage.

  • Ils vont se tuer ! C’est sûr ! Au sec...

Emile Cléron lui mit la main sur la

bouche et la ramena à la maison en lui disant qu’il n’y avait plus rien à craindre.

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Tandis que Victor s’élançait dans l’escalier, suivi d’Emile, ils entendirent la baronne hurler. Au moment où ils poussaient la porte de sa chambre, ils virent un homme sortir par la fenêtre, sauter sur la muraille du jardin voisin, manquer de perdre l’équi­libre, se rétablir et rouler dans la rue pour ne plus bouger.

  • Je vais le rattraper ! dit Victor en retra­versant la pièce. Je crois quil s’est blessé en tombant.

Il eut juste le temps de voir le serviteur qui gisait au sol et d’entendre la baronne de Jocary crier que c’était Simon Perrot qui fuyait.

Victor descendit les marches quatre à quatre ; il déboula dans la rue pour voir une silhouette s’enfuir vers la place Baudet. Il courut derrière; Simon ne s’était pas blessé en tombant. Il avait seulement été un peu secoué. Victor ragea, mesurant la distance qui le séparait de son ennemi, redoutant de le voir s’échapper une fois de plus.

Simon entraîna Victor vers la Maison de Ville, puis se dirigea vers le Pont-Neuf. Voyant que l’écart s’amenuisait entre Victor

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et lui, il s’engagea sur le pont, malgré sa crainte d’y rencontrer quelque sicaire. Il n’avait pas fait une toise qu’un homme bondit d’un encorbellement et l’assaillit par-derrière, le tenant à la gorge tandis qu’un deuxième et un troisième le déles­taient des bijoux qu’il venait de prendre à la baronne. Il sentit la lame d’un couteau s’enfoncer dans sa chair. Il était trop épuisé par sa course pour se débattre quand les hommes le jetèrent à la Seine.

Victor, qui s’était arrêté en entendant crier Simon, le vit tomber à l’eau. Il se pré­cipita sur la rive, mais la rivière avait déjà emporté Simon Perrot.

La crainte d’être attaqué à son tour poussa Victor à revenir vers la Maison de Ville, mais il serait resté longtemps à méditer sur le cercueil marin de Simon Perrot. Il était furieux d’avoir été privé de l’affrontement : tout s’était passé trop vite. La mort de son ennemi ne le réjouissait même pas ; Simon lui avait encore échappé. Son cœur battait douloureusement quand il repassa par la place de Grève, et il le com­primait toujours de sa main gauche quand

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il arriva chez la baronne. Il raconta ce qu’il avait vu. Armande de Jocary gémit, mais Emile Cléron comprit qu’elle pleurait la perte de ses bijoux.

  • Que s’est-il passé ici ? demanda Victor.

  • C’est Jacquot ! Simon l’a assommé ! Je rentrais pour me reposer quand j’ai entendu des cris...

  • Etes-vous certaine que c’était Simon Perrot? demanda Victor. Je ne l’ai pas bien vu.

  • Moi si, dit la baronne en ricanant.

Elle ouvrit sa main et lui tendit une

médaille.

  • Je l’avais donnée à Simon Perrot. Il l’a perdue en se battant. Son crime est signé ! Ah ! J’aurais voulu le tuer de mes propres mains !

  • Moi aussi, murmura Victor, d’un ton las. Moi aussi.

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Chapitre 25

D

epuis le 15 avril, Marie descendait
presque tous les jours au quai de


Champlain pour voir les glaces du fleuve
s’entrechoquer. Elle avait l’impression que
le Saint-Laurent muait, que sa peau de givre
était devenue trop étroite, qu’il allait jaillir
de son lit et engloutir la soixantaine de
maisons de la basse-ville. Elle le comparait
à une créature fabuleuse, indomptable, qui
ruait chaque jour davantage; elle s’ima-
ginait que l’écume qui montait du fleuve
sortait des naseaux d’un dragon qui aurait
grandi au fond du Saint-Laurent durant
les longs mois d’hiver. Elle éprouvait une
curieuse jubilation à entendre le fracas des
glaces, elle aurait aimé être au cœur de ce
tumulte et qu’il soit encore plus fort. Le
fleuve qui marche se libérait et elle l’enviait.
Elle attendait le retour de Guillaume avec
une impatience inquiète, ne sachant plus
comment agir avec Boissy.


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Marie avait été très discrète sur «l’ac- cident » qui lui était arrivé en face de chez Sébastien Liénard. Quand Michel Dupuis et Marcel Toussaint lui avaient reparlé de l’évé­nement, elle avait soutenu que son souvenir était vague, quelle n’était plus du tout certaine d’avoir entendu un coup de feu. D’ailleurs, aucun Indien n’avait attaqué Québec, comme l’avait prédit Germain Picot. Alors, pourquoi s’en faire? Elle avait touché ses gages sans dire un mot à Boissy même s’il avait coupé de moitié la somme qu’il lui allouait depuis l’Epiphanie, et elle n’avait pas réclamé de nouvelles pelleteries. Tout ce qu’elle désirait maintenant, c’était demeurer chez Boissy jus­qu’à l’arrivée de Guillaume ou d’un vaisseau. Elle pourrait peut-être s’engager chez un nou­veau maître en attendant qu’on lui accorde le droit de délivrer les femmes ?

Elle méditait sur les chances de modifier sa situation quand un rire tonitruant la fit sursauter ; elle se retourna en espérant que ses vœux étaient exaucés, que Guillaume était de retour.

Oui! C’était lui! Merci, mon Dieu! Il avait maigri mais son sourire était toujours

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moqueur. Elle cria « Guillaume ! » en lui sautant au cou.

  • Tiens, tiens, vous seriez-vous languie de moi ?

  • Toujours aussi fier de vous, Guillaume?

  • J essaie d’être aussi modeste que vous, ma chère...

Ils éclatèrent de rire, heureux de se retrouver tels qu’ils s’étaient quittés à l’automne. Guillaume avait craint d’être embarrassé de revoir Marie, après une si longue séparation, mais il était maintenant rassuré. L’aisance avec laquelle elle se pen­dait à son bras montrait qu elle ressentait la même joie que lui. Durant ses longs mois d’absence, il avait souvent pensé à Marie ; il avait pourtant revu plusieurs fois Klalis durant l’hiver et il n’avait jamais ressenti auprès d’une femme un tel plaisir, une telle communion. Quand il faisait l’amour avec l’Iroquoise, il avait le sentiment de mourir pour mieux renaître. La jeune femme le vidait de sa lassitude pour lui insuffler une force magique. Il lui avait demandé une fois si l’épais breuvage qu’il buvait parfois avec elle avant leur union n’avait pas quelques

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