Valoriser les fonds est un moyen efficace de porter les collections à la connaissance du milieu professionnel, et d’attirer puis de fidéliser son public.
Entreprendre des actions et mettre en valeur les bénéfices retirés par le public et la bibliothèque permet aussi de convaincre la direction d’un S.C.D. de débloquer des crédits.
Les S.C.D. valorisent généralement leurs fonds selon leurs spécificités, ou en fonction des disciplines d’excellence de l’université.
Certains « espaces audiovisuels » d’exception concourent cependant directement à l’image des S.C.D., comme à Paris 8 Saint-Denis et à Rennes 2.
Les collections font aussi l’objet d’efforts de communication hors du S.C.D., auprès du monde universitaire et des bibliothèques.
Elles sont signalées sur le SUDOC, les catalogues informatisés et les sites Internet des bibliothèques, mais sont aussi rendues visible par des animations culturelles159.
De telles manifestations ont un impact important sur la visibilité et le succès des fonds et des services.
Elles peuvent se tenir dans l’université. La section de Dunkerque de la BULCO organise ainsi des quinzaines thématiques, au cours desquelles l’espace audiovisuel diffuse une sélection de films en continu sur un poste de consultation, et met une filmographie sur le thème retenu à la disposition du public.
Les animations peuvent aussi être liées à des événements régionaux ou nationaux auxquels participe le S.C.D., voire impliquer des déplacements. Le service audiovisuel du S.C.D. est porté à la connaissance de nouveaux publics et d’autres professionnels. Les partenariats établis à cette occasion avec des institutions ou établissements culturels renforcent la communication faite autour des activités audiovisuelles du S.C.D. et parfois de l’université.
Certains S.C.D. font appel à des associations, des fournisseurs de vidéogrammes ou des cinémas fixes ou itinérants pour les aider à monter leurs projets. Les intervenants gèrent les questions techniques et juridiques, organisent les manifestations et animent les projections-débats.
En interne, le retour d’information effectué sur les actions menées vers l’extérieur est fondamental pour valoriser les fonds et légitimer les actions entreprises.
Cette valorisation ponctuelle se double d’une signalisation permanente des fonds dans des manuels destinés au personnel, aux enseignants et aux étudiants, des brochures et des dépliants, sur les pages du site Internet et de l’Intranet du S.C.D. voire de l’université, sur l’O.P.A.C. Dans la bibliothèque, la valorisation passe par l’usage de la signalétique et des visites organisées. Dans les collections en libre accès, les vidéogrammes se remarquent sur les rayonnages grâce à leurs boîtiers.
La valorisation des fonds a des conséquences sur les usages des enseignants, sensibles aux possibilités pédagogiques offertes par les images animées dans certaines disciplines.
Les S.C.D. interrogés s’accordent tous pour affirmer que les documentaires sont plus difficiles à valoriser que les fictions. Aussi un effort plus important leur est-il consacré à travers des expositions thématiques reliées à des enseignements universitaires.
La B.I.U.M. monte ainsi des expositions en ligne très attractives pour les usagers comme pour le public extérieur au S.C.D.
Les documentaires sont également rendus visibles à côté des fictions grâce aux étagères de nouveautés et aux présentoirs thématiques. Ces présentoirs peuvent être situés dans les espaces d’accueil de la bibliothèque, comme à Paris 3, dans les salles des diverses disciplines, ce qui est en projet à Paris 13 Villetaneuse, ou directement dans les « espaces audiovisuels » comme à Paris 8 Saint-Denis qui propose à la fois un présentoir et un catalogue critique « Vu et lu ».
La présence de catalogues papier de photocopies de jaquettes dans les collections en accès indirect a également un effet attractif sur les usagers.
La qualité et la réussite de la valorisation des fonds dépendent des moyens mis en œuvre, de la compétence et de la volonté du personnel en la matière, et du soutien apporté par la direction du S.C.D.
Les indicateurs de réussite sont la hausse de la fréquentation, des consultations et des emprunts, l’augmentation de l’intérêt de la direction du S.C.D. pour les fonds audiovisuels et par conséquent de la part de budget allouée aux images animées. Dans les « espaces audiovisuels », l’intérêt suscité auprès des collègues du S.C.D. témoigne également du succès remporté.
A Paris 8 Saint-Denis, l’inscription de la documentation audiovisuelle dans les axes de développement prioritaires de la politique documentaire du S.C.D. témoigne de l’intérêt porté à ce fonds par la direction160. Ce succès interne, les moyens consacrés à l’équipement et à la documentation, et la réputation du fonds, ont provoqué une demande grandissante du personnel du S.C.D. pour effectuer des heures de service public dans l’espace audiovisuel.
Malgré de remarquables réussites, la valorisation des fonds par les S.C.D. reste encore timide. Le sentiment d’agir de façon mercantile est souvent perceptible, sauf lorsque le fonds est valorisé lors d’un événement qui dépasse le S.C.D., par exemple dans le cadre de festivals, parfois très médiatisés.
Les S.C.D. reconnaissent ne pas suffisamment valoriser leurs fonds et leurs compétences. Ils semblent ne pas suffisamment maîtriser les techniques de communication pour assurer une valorisation efficace et pour l’assumer.
Notre société est saturée d’images. Pourtant, les collections audiovisuelles des S.C.D. sont inégalement reconnues et signalées.
Très diverses, elles relèvent de démarches isolées.
Les écarts de moyens et la différence d’environnement d’un fonds à l’autre ne favorisent pas la mise en commun des connaissances et des compétences.
La présence de bibliothèques universitaires dans les associations professionnelles, bien qu’assez répandue, reste encore discrète.
La valorisation des fonds et des services et la formalisation de réseaux professionnels constituent donc deux enjeux pour les fonds audiovisuels des S.C.D.
Aujourd’hui, le développement des technologies pédagogiques et des ressources numériques en ligne valorise la documentation audiovisuelle et lui accorde un poids nouveau dans l’équilibre des collections.
Les images animées offrent des accès dynamiques à la connaissance, et adaptés à un contexte technologique en constante évolution. Fixées sur des supports matériels comme sur des espaces virtuels, elles prennent part à l’évolution technique et juridique des métiers des bibliothèques.
Conscients des faiblesses comme du potentiel des fonds audiovisuels en S.C.D., les bibliothécaires poursuivent aujourd’hui quatre objectifs principaux : adapter l’offre documentaire, matérielle et les services aux besoins évolutifs du public étudiant ; légitimer l’usage des images animées auprès des enseignants et des chercheurs ; obtenir une reconnaissance professionnelle proprement universitaire dans le monde des bibliothèques ; sensibiliser plus généralement la communauté professionnelle aux questions audiovisuelles.
Nous pouvons relire sous ce nouveau jour les mots écrits par Dominique ROCHE en 1996 dans le BBF161 : « Il reste (…) beaucoup à faire pour que les bibliothèques soient le moteur documentaire d’ensemble de l’université, audiovisuel inclus. Il faut mobiliser les administrations de tutelle, adapter les produits audiovisuels à la demande pédagogique, mobiliser les enseignants, assurer des formations. Ceci afin d’agrandir le marché, de faire évoluer les mentalités, et de se défaire de la malédiction liée à l’image trop souvent perçue comme une alternative d’un système éducatif défaillant, alors qu’il en est l’une des composantes, une richesse […] parmi d’autres ».
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