M. BEFFARA, président de séance - Merci, Madame CROSNIER.
Monsieur FREZOT, pour le groupe PS-PRG, vous avez la parole.
M. FREZOT - Monsieur le Président, chers collègues, pour le groupe Socialistes et Radicaux, tout d’abord, je me réjouis que l’ensemble des groupes politiques plébiscitent ce projet. Pour le Vice-président qui l’a porté, c’est un grand plaisir, de même que pour notre Région puisque, comme cela a été dit, c’est un projet de pôle d’envergure internationale pour la recherche et le développement.
Cet état des lieux rappelle les 30 créations d’emploi de chercheurs qui ont eu lieu : des emplois pérennisables. Chaque fois que l’on a, dans des secteurs aussi vifs que la recherche, des compétences aiguës développées, on sait que ces personnes sont employables dans le bassin très rapidement et que l’on participe à développer celui-ci.
Le projet PIVOTS, du fait qu’il est en lancement, me rappelle l’adoption de notre projet sur le très haut débit. Nous avions exposé dans cette assemblée, lors de l’avant-dernière session, la participation de la Région Centre à son installation, soit en partenariat public-privé, soit en délégation avec tous les Conseils généraux de la région Centre. Nous disions qu’il s’agissait des tuyaux et que ce que l’on y mettrait serait bien plus significatif.
Nous avions également évoqué la télémédecine et la culture numérique.
Tout cela sera bien plus impactant en termes d’emploi, bien plus important pour les habitants du territoire et ce projet PIVOTS est au cœur de cette problématique de très haut débit. Il s’agit de capteurs numériques qui vont récupérer des données environnementales et les envoyer en temps réel à des serveurs qui pourront créer de la valeur ajoutée, puis les distribuer.
C’est de la création de richesse possible uniquement parce que nous avons réussi le très haut débit.
Concernant le programme PIVOTS, toute la chaîne de valeur est mise en cohérence par la Région Centre-Val de Loire.
Tout d’abord, on a un volet d’innovation sur les composants : les capteurs numériques.
Ensuite, on a un aspect absolument crucial du projet qui concerne la bancarisation des données environnementales. C’est un défi immense pour demain, car nous aurons de plus en plus de données publiques.
La Commission européenne nous invite à rendre ces données environnementales accessibles à tous, donc publiques, et il s’agit de les structurer et de les gérer. Ce n’est pas le tout d’en avoir à disposition, il faut pouvoir les gérer. Dans ce projet, il s’agit de développer des formats d’interopérabilité, des modes d’échange entre les systèmes d’information, pour pouvoir exposer ces données numériques environnementales. Là aussi, si les collectivités ne s’en occupaient pas, ce serait un vain mot.
Derrière tout cela, il y a une création de valeur qui concernera le croisement de toutes ces données environnementales ou publiques mises à disposition en France. Cela signifie que, demain, les données environnementales que le projet PIVOTS permettra, pourront être croisées avec des données INSEE, sous des formats interopérables, qui créeront de la valeur ajoutée pour des entreprises s’intéressant à l’impact de variables environnementales sur une certaine population.
À mon avis, on est vraiment dans ce qu’il y a de plus noble dans l’intervention sur l’emploi et sur la politique économique.
La Région Centre ne se contente pas d’aider l’emploi dans l’urgence, même si elle le fait là où c’est nécessaire. Elle participe également à structurer ce qui sera la recherche et l’emploi de demain, en prévoyant ce qui a été dit, par exemple, dans les années 1970 : une personne travaille sur du matériel, dix sur des systèmes d’information, cent sur des logiciels. C’est identique : pour une personne qui travaille sur les tuyaux du très haut débit, dix autres créeront des formats d’échange et de mise à disposition de données et cent, derrière, créeront de la valeur ajoutée sur ces données.
Cette marque de la Région Centre, que nous contribuons à construire, est extrêmement importante.
Le rôle que prend la Région Centre est essentiel : elle utilise sa responsabilité de collectivité territoriale pour faire ce que personne d’autre dans le privé, typiquement, ne pourrait faire, c'est-à-dire contribuer à faire que la Région Centre-Val de Loire soit une marque en matière d’emploi, d’intelligence et de bon-vivre demain.
Je souhaite répondre très rapidement aux mentions faites par d’autres groupes s’agissant du contenu technique et sur la prétendue carence en matière de technique. C’est très simple, ce projet avait été refusé la première fois parce qu’il n’apportait pas les garanties nécessaires en matière de solidité et de contenu technique, donc il a été proposé à nouveau. C’est tout à l’honneur de la Région Centre que de l’avoir fait.
Concernant le financement, la question a été posée par le groupe UPRC. C’est très simple : 17 millions d’euros sur les trois ou quatre projets. La Commission permanente du mois de mai exposera très clairement la répartition pour chaque projet. Rien n’est occulte, c’est seulement que ce n’est pas encore fait ; c’est en cours, mais ce sera publié d’ici un mois.
Enfin, en matière de contaminants et de capteurs, il s’agit d’une autre compétence, d’un autre sujet que celui de cet appel « Ambition Recherche-Développement 2020 ». Il s’agit de la législation française sur les installations classées et les directives européennes, donc tout ce qui concerne les polluants et leur impact est cadré par autre chose que nos projets. Ce n’est pas tout à fait dans le sujet.
Merci.
M. BEFFARA, président de séance - Merci, Monsieur FREZOT.
Y a-t-il d’autres demandes d’intervention pour les groupes ?
Madame SOULLIE, vous avez la parole.
Mme SOULLIE - Merci.
On ne peut que se féliciter de voir ce programme, qui avait été écarté dans un premier temps, retrouver sa place dans les projets de financements régionaux.
Il s’appuie sur des secteurs de la recherche présents dans le territoire mais qui ont, cela a été dit, une réputation d’excellence dans leurs domaines respectifs et, qui plus est, qui ont l’habitude de travailler ensemble. C’est extrêmement important.
Ainsi, un partenariat a été évoqué : BRGM, INRA, le pôle DREAM et l’Université, soit une somme de compétences. Il existe également un partenariat public/privé avec la société Antéa, située à OLIVET. Nous avons donc une dimension toute particulière, dont nous pouvons espérer beaucoup.
Trois remarques, cependant.
La première porte sur les évolutions exposées dans le document qui conditionnent l’accompagnement du projet. Certaines peuvent être recevables mais pour d’autres, il est permis de s’interroger.
Le comité stratégique indépendant : indépendant de qui et de quoi ? Pour moi, cela relève plutôt du Comité Théodule. Nous l’avons vu, de nombreux acteurs sont impliqués et c’est l’une des richesses de ce projet. Il n’est pas nécessaire, me semble-t-il, d’ajouter des acteurs extérieurs. Il y aura suffisamment d’aspects différents, traités sous diverses formes, pour avoir une approche qui ne soit pas monolithique.
La deuxième remarque porte sur une affirmation – je cite – : «définir son positionnement exact par rapport aux plateformes », qualifiées de « similaires ». C’est certainement justifié, dans un souci d’optimisation, ce qui se conçoit. Nous sommes dans une période de pénurie de moyens et c’est recevable dans de nombreux domaines, mais je ne crois pas que ce soit applicable dans celui de la recherche.
Ce n’est pas pour autant – cela me semblerait beaucoup trop facile parce que des recherches sont effectuées dans un domaine donné – que des réponses définitives seront apportées. De plus, dans le monde de la recherche, la confidentialité, pour ne pas dire le secret, est la règle. Savoir ce qu’il se passe dans un laboratoire perçu comme concurrent ne fait pas partie de la culture maison, si je puis m’exprimer ainsi.
La troisième remarque porte sur le financement ; nous l’avons évoqué à différentes reprises. Il a été précisé récemment, lors d’une réunion, que la Région mettrait au moins autant que l’État, c’est-à-dire 10 millions d’euros. Pas besoin de calculette pour savoir que 10 plus 10, cela fait 20. Le document présente un budget de 16,65 millions d’euros, donc quelque 3 millions d’euros de moins que ce qui avait été annoncé.
Je vous pose la question : le projet est-il revu à la baisse ou des contraintes budgétaires se sont-elles ajoutées à celles que je viens de vous exposer ?
Je vous remercie.
M. BEFFARA, président de séance - Merci, Madame SOULLIE.
Madame BENMANSOUR, vous avez la parole.
Mme BENMANSOUR - Ce rapport fait le point des deux premiers projets recensés et propose d’en choisir un quatrième.
Je vais donc m’arrêter sur l’état des lieux du programme d’avancement des programmes « Biomédicaments » et « Lavoisier ».
Bien entendu, un an ne permet pas d’avoir des résultats scientifiques mais la mise en place de ces deux programmes a permis une réelle dynamique dans les partenaires mis en place.
Je voudrais répondre à Moïsette CROSNIER concernant les « Biomédicaments » et le principe de précaution.
Vous avez raison, dans le passé, le distilbène a provoqué des stérilités chez les enfants nés de mamans en ayant absorbé. Dans les années 1960, il y a également eu la thalidomide qui a provoqué des handicaps assez importants.
Néanmoins, depuis, il y a eu des résultats, des avancées et la société progresse. Le principe de précaution est de plus en plus mis en place au niveau de l’Agence nationale de santé et du médicament. Pour qu’un médicament puisse avoir une AMM (une autorisation de mise sur le marché), il y a la recherche en premier lieu, puis des essais cliniques assez poussés, suivis d’une troisième phase : le principe de précaution, parfois poussé à l’extrême parce que des médicaments sont mis de côté, alors qu’ils peuvent apporter certaines solutions. Bien entendu, il y a des risques, et il y en a toujours, mais si nous voulons avancer, nous n’avons pas le choix.
Bien entendu, ces médicaments subissent toujours une quatrième phase, que l’on appelle pharmacovigilance : certains sont suivis. C’est toujours ce que l’on appelle le bénéfice/risque.
Je ne sais pas comment cela se déroule dans les autres recherches, mais en ce qui concerne les médicaments, il y a eu une avancée : c’est précis, les études ont lieu et les principes de précaution sont mis en place. Bien qu’il existe encore quelques risques, c’est mieux que lors des années 1970, au moment du distilbène ou du thalidomide, qui ont donné lieu à la pharmacovigilance.
Ces études existent et auront lieu si ces biomédicaments se transforment en médicament, donnant lieu à une AMM.
Pour en revenir à l’état des lieux, durant une année, des actions de communication et de diffusion des savoirs ont été mis en place, notamment avec des conférences, des colloques et des diffusions de films à destination des collégiens et des lycéens, dans le cadre des projets biomédicaux. Je trouve important que la population, les citoyens s’approprient les projets et connaissent ce qui se fait dans la région.
Pour l’avenir, le groupe IMT met une évaluation des besoins de formation, adaptée aux nouvelles mutations. C’est bien puisque, si ces projets se développent à l’avenir dans la région, il faut une connaissance, un savoir : c’est donc un bon point que de mettre en place une formation.
On peut se féliciter que les projets aient donné lieu à des recrutements : 14 pour « Biomédicaments » et 24 pour « Lavoisier ».
Des chercheurs étrangers sont attendus. Ils viendront renforcer la dynamique du programme. Les échanges font la diversité, on ne peut que s’en féliciter.
En ce qui concerne ce qui avait été dénommé les « emplois précaires », il est important de préciser que ces projets permettent d’obtenir un engagement des établissements sur une hausse de postes permanents. Par ailleurs, la dynamique associée aux subventions Région et aux postes en CDD va aider les établissements à obtenir des moyens attribués au niveau national.
Les collaborations entre les laboratoires de recherche et les entreprises se sont renforcées ; c’est ce que nous souhaitons. De nouveaux projets partenariaux apparaissent et se mettent en place. Dans le programme « Lavoisier », 70 petites et moyennes entreprises ont été identifiées pour collaborer et participer à ce projet. Par conséquent, une dynamique est lancée.
La force du dispositif « Ambition Recherche-Développement » est cette collaboration entre les centres de recherche et les entreprises, ainsi que le soutien de la Région. L’AMI a commencé à jouer le rôle de levier pour renforcer la dynamique. De nouveaux projets démarrent et attirent de nouveaux financements publics et privés. On ne peut que s’en féliciter.
Merci.
M. BEFFARA, président de séance - Merci, Madame BENMANSOUR.
Madame BOISSY, vous avez la parole.
Mme BOISSY - Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les conseillers, chers collègues, voici mon intervention.
À un moment où la concurrence entre les pôles de recherche scientifique devient de plus en plus prégnante, et partant du principe que la recherche est à la fois vitrine scientifique de notre région Centre et moteur du développement économique de nos entreprises et de nos territoires, nous ne pouvons que nous féliciter du soutien régional à la recherche et à l’innovation.
Ce dispositif, permettant une augmentation significative du nombre de chercheurs et de projets, et donnant une très forte lisibilité de la recherche en région Centre, pourrait favoriser l’objectif des 70 000 étudiants à l’horizon 2020.
Objectif ambitieux, certes, mais qui connaît malgré tout quelques difficultés, notamment en matière d’accueil et de logement ; toutefois, ce n’est pas le sujet ici.
C’est donc une action intéressante qui peut s’ajouter à la nécessaire politique mise en place par notre Région, concernant l’enseignement supérieur ; c’est un point positif.
Pour les deux premiers projets, vous ne présentez qu’une première estimation dans votre document, à mon avis, très peu détaillé ; c’est dommage.
Je note cependant que plusieurs sociétés d’envergure internationale ont fait le choix de développer des filiales dans notre région grâce aux résultats obtenus. Cela démontre bien l’efficacité de cette politique, notamment sur l’emploi. Des entreprises, bénéficiant pour leur développement de la recherche, que nous soutenons, sont donc attirées par une implantation dans notre région.
Ce programme d’actions doit donc être une réussite, car il encourage la recherche et l’innovation, dans des domaines reconnus d’importance, et élève significativement le niveau scientifique de notre région, contribuant fortement au rayonnement international de nos entreprises locales et de nos territoires.
Aussi, nous devons avoir de votre part toutes les garanties de réussite de ces projets, car c’est un pari gagnant-gagnant qui renforce tout à la fois les partenariats, le niveau d’excellence de notre recherche, la compétitivité de nos entreprises et l’attractivité de nos territoires, en favorisant l’émergence de nouveaux projets et de nouvelles équipes.
Néanmoins, si j’ai été relativement enthousiaste dans ma première partie, j’ai quelques inquiétudes sur la conduite financière et la politique mise en place à long terme par la sélection d’un programme supplémentaire.
Le programme PIVOTS, dont l’excellence ne fait aucun doute, doit bénéficier, comme les trois autres projets, d’un financement pérenne, ce qui, en l’absence de chiffres et compte tenu du contexte, reste pour moi une interrogation. En effet, lors des premières discussions, puis lors du vote par cette même assemblée du plan « Ambition Recherche-Développement 2020 », selon la communication du 2 mars 2012, il me semblait que la Région avait fait le choix d’accorder à cette politique un budget de 20 à 30 millions d’euros, avec un engagement autour de 10 millions d’euros par projet. L’appel à projets ayant été maintenu ouvert, nous avons intégré un troisième projet « Cosmétosciences » en décembre 2014 au plan ARD 2020.
Or, comme lors de la session de décembre 2014, votre proposition de sélection d’un nouveau projet ne présente aucun prévisionnel. L’avis du CESER souligne que la sélection d’un nouveau projet entraîne de facto un financement soit supplémentaire, soit différent.
Il n’est pas de mon propos, je tiens à le préciser, de rejeter un nouveau projet dont je mesure tout à fait les enjeux au niveau scientifique et économique mais bien de demander, préalablement à cette décision, la garantie que la Région (et ses partenaires) dispose bien des ressources financières nécessaires à la bonne marche des projets qu’elle soutient. Le projet PIVOTS, estimé à 16,8 millions d’euros dans sa globalité, mérite toute notre attention et certainement quelques éclaircissements quant à son budget prévisionnel de financement.
En conclusion, de mon point de vue, il serait tout à fait regrettable que les trois projets en cours, au titre de l’ARD 2020, à savoir « Biomédicaments », « Lavoisier » et « Cosmétosciences » – ce dernier a été rattaché à ce programme ; nous avons d’ores et déjà enregistré les résultats des deux premiers –, ainsi que l’accompagnement du projet IntelPat (Intelligence des patrimoines), décidé à titre expérimental, se voient pénaliser par un élan de générosité ou d’optimisme que la Région ne pourrait assumer.
M. BEFFARA, président de séance - Merci, Madame BOISSY.
Dernière oratrice inscrite : Madame LEVELEUX-TEIXEIRA, vous avez la parole.
Mme LEVELEUX-TEIXEIRA - Merci, Monsieur le Président.
Je voudrais me réjouir du fait que l’on parle beaucoup d’enseignement supérieur et de recherche aujourd’hui. On l’a fait ce matin au travers de l’évocation du CPER et des bâtiments et cet après-midi au travers des actions concrètes menées par la Région pour développer nos capacités de recherche ; il s’agit d’un dispositif que nous avions salué lorsqu’il a été mis en place : « Ambition Recherche-Développement 2020 » qui a l’avantage de travailler sur la durée.
(Monsieur Jean-Marie BEFFARA, Premier Vice-président, rend le fauteuil de la présidence à Monsieur François BONNEAU, Président du Conseil régional)
Ce qui pose le plus souvent problème en matière de recherche est d’avoir des financements sur de courtes durées. En l’occurrence, l’AMI sécurise les financements sur six ans au moins, ce qui permet d’avoir une profondeur de champ, de faire évoluer les projets et de les mener de manière sereine.
Ce projet PIVOTS, qui nous est proposé aujourd’hui au vote et qui a soulevé l’enthousiasme général – ce qui est positif –, n’est pas complètement nouveau, contrairement à ce que j’ai entendu. C’est la reconfiguration, la redéfinition d’une partie du projet « CET au Centre ». Je serais tentée de dire, comme Lavoisier, qu’en matière de projet, « rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme » et que c’est aussi le résultat d’un dialogue que la Région a su développer avec les porteurs de « CET au Centre ».
Ce projet PIVOTS me semble avoir des points forts, dont certains ont déjà été soulignés. Je voudrais attirer l’attention sur un ou deux qui me paraissent importants.
L’excellence scientifique a été soulignée. À ce sujet, nous n’avons pas trop d’inquiétudes, même si nous ne sommes pas forcément capables, en tant que conseillers régionaux, de comprendre absolument tout ce qu’il va se passer autour de PIVOTS. Nous voyons bien l’orientation générale.
La richesse des partenariats publics/privés a également été remarquée. C’est important, cela fait partie des éléments forts mis en avant lors du lancement de l’AMI.
Le projet PIVOTS m’intéresse particulièrement parce qu’il est global. Il envisage la question des évaluations de l’environnement de manière la plus générale possible depuis le départ, c'est-à-dire au travers des capteurs, ce qui permet de prendre conscience, connaissance de l’environnement de manière extrêmement fine, jusqu’à l’étape ultime, donc la remédiation et le traitement des pollutions éventuelles observées. Ce travail va de l’amont vers l’aval, ce qui me paraît être une bonne méthode scientifique.
Ce projet PIVOTS est intéressant aussi parce que, contrairement à ce que l’on fait trop souvent, il n’oppose pas, de manière un peu bêtasse, la recherche fondamentale et la recherche appliquée. On a parfois tendance à dire : « Il y a la recherche fondamentale en laboratoire qui produit de la matière première et la recherche appliquée qui produit de la valorisation économique. » Là, c’est un projet global, contenant de la recherche fondamentale et de la recherche appliquée parce que l’une ne marche pas sans l’autre. Tout le monde en est d’accord mais c’est parfois mieux de le rappeler, surtout dans ces temps où l’on a parfois tendance à tout simplifier.
Je voudrais souligner que le projet PIVOTS est intéressant aussi parce qu’il a une dimension sociétale, qui ne m’a pas échappée.
Il est vrai que c’était peut-être l’un des points un petit peu faible de l’AMI (on se le dit entre nous !) : les sciences humaines et sociales n’étaient pas forcément représentées à hauteur de leur importance intellectuelle et sociale majeure.
Le projet PIVOTS assume cette dimension sociétale et le fait de façon claire. Il se produit une attente autour des questions d’environnement, une demande de connaissance et d’information citoyenne. J’ai lu avec beaucoup de plaisir que cette demande sociale était prise en compte par ce projet et qu’il y avait la volonté de permettre aux citoyens d’avoir les informations les plus dignes de confiance, les plus solides, les plus sérieuses pour se faire leur opinion sur leur environnement qui, encore une fois, est leur santé ; c’est quand même de cela aussi dont il est question.
Pour toutes ces raisons, je vais dans le même sens que les propos précédents : c’est un excellent projet, c’est une excellente méthode et tout concourt à faire de PIVOTS un axe fort de la recherche en région Centre-Val de Loire.
Merci.
M. le Président - Monsieur le Vice-président, vous avez la parole.
M. RIEHL - Je vous remercie de toutes ces appréciations. J’ai bien fait de venir !
Je vais essayer de répondre à tous les points soulignés.
Pour la notion d’appel à manifestations d’intérêt, surnommé AMI par tout le monde, il faut bien savoir que l’on est dans le schéma de travailler à court, moyen et long terme.
Les appels à manifestations d’intérêt sont la troisième phase du processus, de manière que, dans notre démarche, dans le temps, nous n’ayons jamais de rupture entre :
-
les appels à projets immédiats, que l’on connaît sous le nom d’appels à projets régionaux, etc., qui se développent régulièrement tous les ans ;
-
les projets à un peu plus long terme, définis également sous cette forme ;
-
les AMI, qui aboutiront puisqu’on parle de six ans ; nous devons donc être opérationnels à six ans sur des projets.
J’ai aussi entendu, et cela me fait plaisir : « Il faut que nous ayons une garantie de réussite. » Nous lancerions tous les projets de ce genre en étant sûrs de leur réussite et demain matin, nous pourrions créer le nouveau projet Bill Gates ou le changement de la société ! Non, nous faisons tout pour aller dans une dimension qui nous paraît opportune, qui devrait nous permettre d’être en avance mais, dans aucun projet, on ne peut garantir la totalité du succès. Il reste toujours un domaine d’incertitude, il faut en être conscient : c’est celui de la recherche et de l’innovation. Néanmoins, les choix sont pratiqués de manière à nous donner le maximum de chances pour y aller.
En ce qui concerne la connaissance du dossier, Monsieur NOVELLI, vous avez dit : « Même sans le connaître, je suis prêt à voter pour. » C’est satisfaisant mais il est vrai que la connaissance complète du dossier est un domaine de complexité. Je suis persuadé que toutes les personnes dans la salle pourraient le comprendre en détail mais peut-être avec un certain temps de réflexion et d’étude.
Je suis prêt, je l’ai déjà fait dans certains sujets voici quelques années, à faire une réunion uniquement sur un projet pour vous dire exactement tout ce qu’il contient. Cela ne peut pas se faire dans une assemblée comme celle-ci. Il est vrai que c’est un peu plus technique et un peu plus compliqué. Nous essayons d’ailleurs, au sein de la commission, dont certains d’entre vous font partie, de transmettre le maximum d’informations, tout en restant dans les limites de ce que nous pouvons faire.
Derrière, cela a été cité par Madame CROSNIER et par d’autres, nous avons le CoRIT composé de 40 personnes. La présidente, qui présidait préalablement la recherche de l’ANR de France, permet aujourd’hui que nous ayons des personnes de la Région et de l’extérieur.
Tout à l’heure, j’ai entendu dire aussi qu’il ne fallait pas trop se mettre dans la situation « on est assez grand dans la Région, on est assez grand chez nous, d’ailleurs on va même se juger nous-mêmes, ça va être encore plus simple ». Il faut éviter cet écueil.
Ceux qui siègent avec moi dans ces différentes institutions, Madame CROSNIER ou autres, s’aperçoivent que, lorsque l’on réunit le CoRIT, ils ne sont pas tendres entre eux. Les experts sont capables, devant tout le monde, de casser s’ils ne sont pas d’accord.
Cela amène au sujet suivant : oui, c’est vrai, nous avons démarré un dossier en disant que nous aurions trois ou quatre projets. Nous aurions pu dire : « Le départ est là, tout commence là et pas dix minutes après ni avant, c’est à ce moment-là ! ». La démarche retenue n’a pas été celle-là. Elle a été la suivante : « Présentez vos projets et nous nous donnons la possibilité de vous dire : "Cela nous paraît intéressant mais pas sous cette forme, donc modifiez et retravaillez sur le projet." »
Cela amène à la réponse qui s’appelait initialement « CET au Centre » et qui est devenu le projet PIVOTS. Le projet « CET au Centre » était complexe. La première fois qu’il a été exposé, je me souviens que nous nous posions des questions, avec François BONNEAU, sur la compréhension même de son aboutissement et surtout sur la dimension et la largeur du spectre sur lequel nous étions, qui rendait d’ailleurs un manque de productivité par rapport à l’argent mis sur place. En effet, si nous avions besoin de 100 millions d’euros pour tout faire, nous faisions fonctionner les services et l’ensemble des chercheurs de l’université, sans forcément obtenir les résultats attendus. Je rappelle qu’il faut que nous ayons dans nos projets un démarrage de recherche, d’innovation, de formation, de lien avec le tissu économique et les pôles de compétitivité. Un lien complet doit exister, pas simplement une partie de tout cela.
C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de changer.
Il me semble avoir entendu Madame CROSNIER dire : « Il fallait tant de chercheurs à un moment donné. » Je ne vous cache pas que le nombre de chercheurs dans les deux projets existant dans le territoire, « Lavoisier » et « Biomédicaments », 24 et 14 actuellement, est une belle réussite, sachant qu’une partie d’entre eux sont permanents. Dans la phrase, il était dit : « Il faudra que l’on embauche une quinzaine de chercheurs dès 2013. » Or, vous avez lu le dossier dans le détail et vous avez vu que les projets n’avaient commencé qu’en 2014, donc il était difficile de les embaucher avant.
Oui, on le sait, ces projets ne démarrent pas forcément à la vitesse requise. C’est classique dans le monde de la recherche. J’en discutais avec Monsieur HECKMANN à mes côtés : dans l’ensemble des dossiers, la vitesse n’est pas toujours la même, ce qui explique également le financement.
Quand nous avons parlé d’un financement initial, en 2012, il s’agissait de 30 à 40 millions d’euros pour faire fonctionner ces trois ou quatre projets. Comment allions-nous faire si nous dépassions ? Nous nous apercevons que nous dépasserons la durée, donc nous n’aurons pas d’impossibilité de réaliser l’ensemble des projets.
Par ailleurs, d’autres choix ont été opérés ; cela a été vaguement dit, en passant.
Un projet n’a pas été retenu. Il est pourtant très intéressant et mérite que l’on s’y attache : « l’intelligence du patrimoine ». Tout le monde se demande ce qu’il est devenu. Il existe toujours, nous l’avons simplement basculé dans les appels à projets court terme ou régionaux. Nous l’avons financé à raison de 1 million d’euros au démarrage. Nous ferons le bilan de l’expérimentation et nous ne disons pas que nous n’irons pas plus loin avec eux, cela présente un intérêt certain.
Ensuite, au niveau des grands groupes pharmaceutiques, on retrouve, dans le projet Cosmétosciences, par exemple, puisqu’on en a parlé, la démarche d’aller d’un bout à l’autre, du pôle de compétitivité à l’école d’ingénieurs qui vient de commencer à CHARTRES et qui s’appuie sur Cosmétosciences. Il y a vraiment tout le domaine et toute la ligne qui permet d’aller jusqu’au bout du processus.
J’ai aussi entendu tout à la fin la notion de concurrence avec d’autres. Non, la compréhension qu’il faut avoir est la suivante : qui s’oriente sur ce projet PIVOTS, en dehors de l’endroit où nous sommes ? Il est nécessaire de voir d’abord si nous ne sommes pas en concurrence frontale et que nous ne faisons pas exactement la même chose que d’autres. Ce n’est pas le cas, mais nous savons qu’à ce niveau, il y a deux endroits où ils se sont développés, un en Allemagne et l’autre en Rhône-Alpes, même si cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de petits laboratoires de recherche qui font des travaux sur des points particuliers. Nous pourrons trouver une certaine complémentarité avec ces deux lieux dans nos relations au démarrage de notre projet.
Nous devons effectivement tout travailler, en en tirant le bénéfice aussi bien pour eux que pour nous, dans la dimension dans laquelle nous voulons aller.
Je pourrais répondre ensuite à toutes les questions, par exemple, concernant le Ripault ou les risques que nous avons. Vous savez que, lorsque nous lançons un projet, puisque l’on a parlé de déménagement, nous avons tous les risques possibles.
On peut faire l’énumération des risques éventuels : un déménagement, un changement de ceci ou de cela, où va-t-on trouver l’argent ? Si nous perdons la compétence générale, comment pourrons-nous continuer ? Cependant, la vie n’est pas de trouver toutes les solutions pour ne pas faire ; elle est, au contraire, de les trouver toutes pour démarrer, avec la certitude que l’on va dans le bon sens. La pérennité se fait non pas sur les changements brutaux qui peuvent survenir mais sur l’intelligence des humains qui sont dans cette salle et de leurs successeurs, assurant la continuité des projets qui présenteront un intérêt dans notre société.
Il faut avoir cette confiance et ne pas essayer d’élever des barrières systématiques pour ne pas faire, sous prétexte d’un risque ; nous ne ferions jamais rien. Nous devons continuer dans cette démarche en prenant toutes les garanties.
Un sujet a été abordé, qui est structurel dans le monde des chercheurs : on parle chaque fois du problème de gouvernance. Or, dès que je parle des projets AMI, je dis qu’il y a ce problème. C’est toujours le cas dans le milieu des chercheurs ou dans le monde universitaire, car ils ont tendance à s’isoler par clan ou par pôle, sans forcément trouver des éléments de coordination.
Chaque fois, nous imposons la façon de gouverner les projets, de manière qu’ils soient gérés comme un projet d’ensemble et non comme une somme de petits projets particuliers qui ne se parlent pas. Cela a été le cas dans les quatre dossiers mais nous n’avons plus de problèmes de gouvernance pour les deux qui fonctionnent aujourd’hui. Il en sera de même pour celui-là parce que nous imposerons la même démarche, pour que nous ayons vraiment un projet dans son ensemble.
Voilà les points essentiels.
Par ailleurs, j’ai entendu parler de millefeuille mais je ne répondrai pas trop parce que ce n’est pas le cas. D’autant plus que la stratégie mise en œuvre correspond aussi à la stratégie européenne définie de la spécialisation intelligente, c’est-à-dire que nous sommes exactement dans le même schéma que ce qui est prévu à tous les niveaux de la société.
Nous ne nous additionnons pas pour faire des choses différentes, nous sommes dans la même démarche continue, en partant d’ici jusqu’au niveau européen. Le projet de 16,765 millions d’euros, qui est noté ici, n’est pas financé uniquement par la Région puisque nous avons dit que nous ne mettrions pas une telle somme sur un projet. De fait, à l’intérieur de celui-ci, si vous avez lu le dossier, une quinzaine de projets sont agréés par l’Europe. L’argent vient aussi des fonds européens FEDER et de l’État, comme vous avez pu le voir ce matin dans le CPER.
Aujourd’hui, si toutes ces institutions sont d’accord pour financer, c’est parce que nous sommes dans la même logique d’orientation et de politiques à mener.
Il n’y a pas d’inquiétudes à avoir à ce sujet.
Un point de détail a été cité : nous avons impliqué le Studium dans l’ensemble des projets. Les chercheurs étrangers viennent et nous estimons en avoir assez rapidement une dizaine. C’est d’autant plus important que le fait que des chercheurs étrangers viennent sur un projet permet aux chercheurs français de se rendre dans les pays. L’image de notre Région sur le plan international se développe ainsi par rapport à la compétence de recherche et aux spécificités définies aujourd’hui dans le projet PIVOTS.
Je suis convaincu, comme nous tous, y compris les membres de la commission au niveau du CoRIT, que nous avons affaire à un bon projet, d’envergure et qui va aussi dans le domaine sociétal.
Il me semble que cela a été dit par Corinne LEVELEUX-TEIXEIRA, nous sommes vraiment dans le domaine sociétal et environnemental. On touche l’habitant dans tous les domaines et c’est peut-être la première fois que le projet AMI peut aller au plus près de l’habitant. Je pense que ce projet ne peut que faire plaisir à tout le monde.
Je vais m’arrêter là ; sinon, ils vont trouver que je vais prendre toute la journée ! Peut-être que c’est la passion qui m’anime de temps en temps.
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