Submersions fertilisantes comprenant les travaux



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Mais si ces ouvrages sont praticables, sur des cours
d’eau torrentiels et à fortes pentes, dont on a à re-
douter surtout les corrosions, on ne saurait y son-
ger dans une vallée large, et à faibles pentes; qui,
d’elle-même se transforme dans ses crues en une
immense réserve d’eau ; dont l’effet est d’amortir
leurs effets nuisibles, pour toute la région inférieure.

La création de digues insubmersibles amènerait


la suppression immédiate de ce réservoir naturel ; et
des accroissements de vitesse, d’une conséquence
désastreuse, notamment pour la partie inférieure de
la vallée, de Trévoux jusqu’à Lyon inculsivement.

L’élévation générale du plan d’eau ne serait pas


moins dommageable. Quelle serait en effet la si-
tuation des villes, immédiatement riveraines de la
Saône; telles que : Auxonne, Saint-Jean-de-Losne,
Verdun, Châlon, Tournus, Mâcon, Belleville, Tré-
voux, etc., qui dans le système actuel de libre expan-
sion des crues sur une zone de plus de 600 kilomè-
tres carrés ont déjà une partie de leurs rues envahies
par les crues extraordinaires?

Ce qui n’est aujourd’hui qu’une gêne deviendrait


une calamité. En effet, toutes les villes citées plus
haut, retirant de grands profit de la navigation flu-
viale, par suite des facilités d'embarquement et de
débarquement, leurs établissement les plus considé-
rables se trouvent sur les quais et même jusqu’aux
bords de la rivière.

Enfin, dans le système dont il s'agit, plus de


50.000 hectares de prairies se trouveraient privées
de l’amendement naturel, qui représente plus de
moitié de leur valeur.

L’établissement d’un système de digues longitudi-


nales insubmersibles dans la vallée de la Saône, qui
exigerait une dépense de 25 à 30 millions serait donc
encore plus nuisible qu’utile. Autant vaudrait pro-
poser l’endiguement du Nil dans la basse Égypte.

Des digues longitudinales submersibles ou des di-


gues transversales ne résoudraient pas mieux la ques-
tion.

Quant à l’idée des réservoirs artificiels à établir en


dehors de lazone d’inondation, ce serait une concep-
tion dérisoire, puisqu’ils ne pourraient qu’aggraver
le mal tout en occasionnant une énorme dépense. En
effet de Verdun à Lyon la vallée de la Saône dans les
fortes crues procure l’emmagasinement naturel d’un
volume d’eau de un milliard à un milliard et demi
de mètres cubes. —Dans quelle partie de ce bassin
pourrait-on établir des réservoirs artificiels capables
de contenir seulement la centième partie de cette
énorme masse d’eau ?

Ce que l’on peut faire de mieux est donc de s’en


tenir à ce qui existe; puisqu’avec des dépenses énor-
mes, en supposant même qu’il puisse y être pourvu
on ferait évidemment plus de mal que de bien.

Résumé.—D’après les détails fournis dans les deux
paragraphes précédents on voit que les inondations
ordinaires de la Saône s’étendent sur un périmètre
de plus de 600 kilomètres carrés (60.000 hectares) et
sur des terrains qui pour les dix-neuf vingtièmes sont
actuellement en nature de prairies naturelles; que
dès lors ces inondations envisagées au point de vue
agricole sont toujours profitables, quand elles ont
lieu dans la saison d’hiver; tandis qu’elle peuvent
être nuisibles si elles ont lieu au printemps ; et même
désastreuses si, comme en juin 1856, elles surviennent
au milieu de l’été.

Mais cet état de choses est évidemment plus avan-


tageux que nuisible à la production de cette riche
vallée; puisque ces inondations, arrivassent-elles
même une fois tous les sept ans, ne compense-
raient pas à beaucoup près, les plus-values réalisées
par le fait des submersions utiles, des six autres
années.

Malgré leur nature un peu trop argileuse les


eaux de la Saône, dans ses crues, sont riches de beau-
coup de substances utiles à la végétation; et l’on ne
peut évaluer la plus-value qu’elles procurent aux
prairies, à moins de 110 à 120 francs par hectare et
par submersion.

D’après la grande étendue de la zone d’inondation


on voit de suite qu’il s’agit ici d’un intérêt très-
important.

Au surplus l’immense production fourragère dé-


montrée tant par le nombre des bestiaux élevés ou
engraissés dans cette vallée, que par l’exportation ré-
gulière des foins sans diminution du rendement des
prairies est la meilleure preuve à donner de l’exis-
tence d’une cause permanente d’amendement du sol,
qui sans cela serait depuis longtemps épuisé.

Sur la grande étendue où elles se produisent les


submersions naturelles de la vallée de la Saône ne
sauraient être aménagées, comme on peut le faire
dans certains cas, quand il s’agit de superficies dix à
douze fois moindres.

En un mot il faut accepter la situation telle qu’elle


est ; c’est-à-dire se borner à profiter des bénéficesqu’elle procure, en se résignant à supporter les
dommages, heureusement assez rares, des inonda-
tions d’été ; et en considérant les années corres-
pondantes comme années de jachère-, en dehors
desquelles il reste encore un bénéfice net bien con-
sidérable.

Laissons donc ici les choses telles que la Provi-


dence les a faites. Laissons les villes intéressées
compléter les quelques travaux de défense, restant
à établir, pour les mettre complètement à l’abri des
dommages sérieux; même dans les grandes inonda-
tions.

Laissons surtout les immenses prairies de la vallée


de la Saône conserver le bénéfice d’un amendement
naturel, qui représente plus de moitié de leur valeur.

CHAPITRE XXIII.

CRÉATION ET EXPLOITATION DES ROSELIÈRES OU MARAIS ROSELIERS.

I. — Considérations générales.


Définitions.

Il est probable que peu de personnes connaissent


l’importance récemment acquise, dans quelques lo-
calitésdu midi de la France, parla culture du roseau.
Les détails donnés dans ce chapitre montreront
qu’elle peut en avoir une plus grande encore.

Un autre motif nous déterminait d’ailleurs à entrer


dans ces détails ; c’est le rapport intime qui existe
entre la création des roselières et les opérations de
colmatage.

Définitions. — Dans son acception générale, le
mot marais désigne généralement une lande humide
entrecoupée de flaques d’eau, dont le niveau s’abaisse
ou qui même se dessèchent entièrement, pendant
l’été. De sorte qu’en cet état les marais sont à la fois
insalubres et à peu près improductifs.

C’est pourquoi l’administration publique a le droit


et le devoir de faire cesser, par tous les moyens pos-
sibles, le préjudice qu’ils causent aux contrées envi-
ronnantes.

Dans le cas le plus ordinaire, ces marais propre-


ment dits ne produisent que quelques touffes de

joncs, des presles, des carex et autres plantes mau-


vaises qui ne peuvent servir de fourrage. Leur peu
d’abondance ne permet môme pas de les exploiter
comme litière.

Le foin que ces marais produisent, en petite quan-


tité, ne peut donc être employé qu’à des embal-
lages.

C’est pourquoi le revenu desdits marais ne varie


guère que de S à 6 fr. au minimum jusqu’à un
maximum de 15 à 18 fr. par hectare. Encore faut-il
dans ce dernier cas, qu’il y ait des facilités particu-
lières de transport.

I1 n’y a de commun que le nom entre ces espaces


aussi insalubres qu’improductifs et ceux qui sont
consacrés à la production du roseau, que d’après ses
utilisations actuelles, dans certaines régions, on peut
regarder comme constituant une véritable culture
spéciale.

On désigne sous le nom de Marais roseliers les


emplacements dans lesquels on entretient, à l’aide
des moyens convenables, une abondante végétation
de roseaux, et de quelques autres plantes aquatiques,
qui sont aujourd’hui dans une partie du midi de la
France, un produit de plus en plus recherché. Les
rose Hères qui ne sont pas insalubres et donnent de
bons revenus n’ont donc plus de rapport avec les
marais proprement dits. Mais c’est sans doute parce
que la plupart d’entre elles ont été établies sur l’em-
placement de ces derniers qu’elles en ont conservé le
nom.

Il en est de même, au surplus, pour plusieurs


autres cultures. Ainsi les anciens marais communaux
du Cotentin (Manche), aujourd’hui colmatés, et
devenus d’excellents herbages, d’une valeur de 5 à
6,000 fr. l’hectare, continuent à être désignés, dans
le pays, sous le nom de Marais.

Aux abords de Paris, de Lyon et de plusieurs


autres villes, les jardins maraîchers et la culture ma-
raîchère empruntent aussi leur nom aux anciens
marais, dans l’emplacement desquels ils se trouvent
établis, mais dont il ne reste plus de traces.

Emploi des roseaux et autres plantes aquatiques,
récoltées dans les roselières. —
Voici les principaux
motifs qui expliquent l’intérêt de plus en plus grand
qu’on attache aujourd’hui à l’exploitation roselière
et à son extension dans les localités présentant, à
cet égard, des conditions favorables.

Dans toute la région du midi de la France, la cul-


ture des céréales étant beaucoup plus restreinte que
dans le nord et le centre, les pailles et les engrais
d’étable n’y existent aujourd’hui qu’en quantités
très-insuffisantes. En outre, d’après l’extension illi-
mitée qu’a prise depuis un certain nombre d’années
la culture de la vigne, notamment dans les départe-
ments des Bouches-du-Rhône, du Gard et de l’Hé-
rault, non-seulement sur les coteaux, mais dans les
plaines, on n’y voit plus de céréales et dès lors l’obli-
gation d’entretenir la fertilité de cet immense vi-
gnoble fait attacher une importance de plus en plus
grande à l’emploi d’un produit végétal, qu’on peutrécolter, en partie comme fourrage, mais surtout
comme litière fournissant ensuite un engrais riche,
qui semble particulièrement adapté à cette destina-
tion.

De là la valeur élevée qu’ont acquise certains ma-


rais, naturellement placés dans les conditions favo-
rables à ce genre de production. De là aussi les tra-
vaux qui ont été faits, par des propriétaires ou des
associations, pour transformer en marais roseliers
des emplacements qui ne pouvaient le devenir que
par ce moyen.

Conditions à remplir. — A part des cas d’excep-
tion, basés sur la réunion assez rare des conditions
hydrométriques, nécessaires à remplir, le marais
roselier ne s’obtient qu’à l’aide des eaux courantes ;
et c’est ce qui constitue principalement la spécialité
de cette culture.

Plus ces eaux sont limoneuses, plus la production


du roseau est abondante, et par conséquent son ex-
ploitation lucrative.

Quant à la culture proprement dite, elle est nulle;


puisque cette plante croît spontanément et se mul-
tiplie d’elle-même, soit par semis, soit par rejets ou
drageons, du moment où elle se trouve placée dans
un milieu qui lui convient.

Récolte. — La récolte peut se faire au printemps
et à l’automne, et l’on obtient alors un véritable
fourrage, suffisamment tendre, pour pouvoir être
consommé par tous les bestiaux, soit vert, soit sec.

Mais dans la région des vignobles du midi de la

France, pour lesquels on recherche surtout ce pro-
duit, comme engrais spécial, on préfère avoir une
récolte plus abondante, sauf à n’en faire consommer
qu’une faible partie comme fourrage. Et alors on ne
fauche les roseaux qu’une seule fois, en automne,
ordinairement du 15 septembre au 15 octobre.

Les bassins étant alors mis à sec, le sciage se fait


à la faux ordinaire, comme pour la récolte de toutes
les plantes fourragères. Les roseaux sont mis en
bottes de 6 à 10 kilog., déposés sur les rives et
chargés sur des voitures ou sur des bateaux.

On voit donc que les bassins destinés aux rose-


lières doivent remplir exactement les mêmes condi-
tions que ceux d’une opération de colmatage; puis-
qu’il s’agit d’y maintenir, pendant un temps plus ou
moins long, une hauteur d’eau de 0m,60 à 0m,80,
avec faculté de les mettre à sec à volonté. Ces bas-
sins, d’une étendue variable de 25 à 50 hectares,
ne sont formés que par de petites turcies ou digues
en terre et graviers, comportant dans leur couron-
nement quelques déversoirs rustiques du genre de
ceux qui ont été décrits dans les chapitres précé-
dents, traitant des colmatages de la Savoie.

Les prises d’eau alimentaires et les aqueducs de


vidange sont également dans les mêmes conditions.

Les roselières, convenablement alimentées, ne


sont pas insalubres; puisque l’eau qui y est introduite
et maintenue à un niveau presque constant, y produit
l’effet d’un véritable avivement.

Si la mise à sec, pour effectuer la récolte, avaitlieu en juillet ou août, il est probable que les grandes


superficies de vase, mise à l’air à cette époque, pour-
raient donner lieu à un développement de miasmes.
Mais l’administration n’autorise cette opération qu’à
partir de la deuxième quinzaine de septembre; et
même plus tard; alors on n’a rien à redouter pour
la santé publique.

Quand des roselières ne reçoivent leur alimenta-


tion principale qu’en hiver, on peut aisément sup-
pléer au chômage d’été par l’introduction, même à
l’aide de machines, de la petite quantité d’eau né-
cessaire pour compenser l’effet de l’évaporation, et
alors le niveau ne s’abaissant que peu ou point, il
n’y a également rien à craindre. — Dans le cas
où les bassins resteraient complètement sans eau,
à partir du milieu d’avril, le sol s’y trouvant suf-
fisamment ressuyé, au moment des chaleurs, serait
également inoffensif.

Le roseau ne cesse pas pour cela de végéter avec


force et l’on a même remarqué qu’étant ainsi alterna-
tivement submergé et à sec sa qualité comme engrais
n’en est que préférable.

Il y aurait d’ailleurs un moyen bien simple de


pouvoir récolter ce produit à toute époque de l’an-
née sans jamais avoir à craindre d’insalubrité. Ce
serait d’employer, sans mise à sec, le faucard qui
est d’un usage général, sur les canaux de naviga-
tion.

Alors il n’y aurait plus de sujétions. La récolte


pourrait se faire, deux fois par an, sur des roseaux

encore jeunes et tendres, et ayant dès lors, comme


fourrage, une valeur plus grande que quand il est
devenu dur. Elle serait d’ailleurs plus expéditive et
plus économique. Il y aurait donc avantage sous tous
les rapports. Nous pensons, en conséquence, que
l’application de ce procédé peut amener des résultats
très-utiles.

Produits. — D’après l’abondance extraordinaire
des produits, quand les conditions favorables se trou-
vent remplies, la valeur des emplacements propres
à cette culture est arrivée aujourd’hui à un chiffre
très-élevé. Selon les situations et les usages locaux,
on peut faire soit deux coupes moyennes, soit une
seule coupe, alors très-considérable. Ces roseaux,
avec de bonnes eaux, arrivent communément à
3m,00 et 3m,50 de hauteur, étant d’ailleurs aussi
serrés que les tiges de blé, dans un champ en par-
fait état de production.

On peut admettre qu’en vert, elle représente


moyennement plus de 60.000 kilogr. de matière
végétale, ayant pour caractère distinctif d’être très-
riche en azote.

Dans beaucoup de pays qui manquent entière-


ment de prairies, les sommités des roseaux sont con-
sommées en vert par les bêtes à corne, et même par
les chevaux, pour lesquels elles représentent une
nourriture à la fois substantielle et salubre. Mais la
principale destination dudit produit consiste à être
mis, durant quelques jours, comme litière sous les
bestiaux, pour être ensuite employée comme engrais ;

et spécialement dans les vignobles où il produit le


meilleur effet.

Dans les conditions ordinaires, pour la région du


Midi qui nous occupe, la valeur locative d’un hec-
tare de roseaux, en bon produit, ne varie guère que
de 80 à 120 fr. ; ce qui, au taux de 4 p. 100, repré-
sente, en capital une valeur de 2.500 fr. ; tandis que
les marais ordinaires ou non roseliers sont partout
offerts au prix de 200 à 400 fr. l’hectare. Encore
faut-il qu’ils soient situés d’une manière favorable
pour l'exploitation du peu de litière qu’ils pro-
duisent.

Dans quelques cas exceptionnels les marais rose-


liers, abondamment alimentés, avec des eaux très-
riches et placés près des voies de communication,
ont un produit locatif annuel qui peut aller jusqu’à
400 fr. l’hectare. Mais ce n’est pas la règle géné-
rale. Et le produit moyen de 100 fr. l’hectare est
déjà bien remarquable. D’autant plus qu’il n’y a pas
de frais de culture, et généralement pas d’impôt fon-
cier, sur cette nature de propriétés.

Nous allons examiner maintenant la situation ac-


tuelle de l’exploitation roselière dans les départe-
ments où elle est pratiquée et où son principal em-
ploi a lieu dans l’intérêt de l’industrie viticole.

II. — Roselières cio la Savoie et de la Haute-


Savoie.

Savoie. — La transformation spontanée des bas-
sins de colmatage, dépendant de l’eridiguement de

l’Isère, en roselières, a donné un résultat remar-


quable qui a créé, pour la continuation des travaux,
une ressource importante, sur laquelle ni l’adminis-
tration sarde, qui a établi ces travaux, ni l’adminis-
tration française, qui les a continués, n’avaient d’a-
bord nullement compté.

Ainsi qu’on l’a déjà vu, dans le chapitre XII, le


revenu provenant de l’adjudication annuelle des ro-
seaux, nés dans les bassins de colmatage, au fur et à
mesure de leur mise en activité, a été toujours en
progrès. Ce revenu, qui n’était d’abord que de quel-
ques milliers de francs, porte actuellement sur en-
viron 400 hectares des domaniaux, soumis progres-
sivement, depuis 1861, à un colmatage régulier, et
atteint déjà à un produit moyen de 75 fr. par hectare ;
soit ensemble 30.000 fr.

Comme les frais annuels comprenant le personnel


et les travaux d’aménagement intérieurs ne s’élèvent
pas à plus de 10.000 fr., il reste au profit du trésor
un excédant de 20.000 fr. qui atteindra incessam-
ment à 25.000 fr. et représentera alors l’intérêt à
5 p. 100 des 500.000 fr., prix d’acquisition des do-
maniaux.

Chaque année au mois de septembre une adjudi-


cation publique a lieu par les soins de l’ingénieur
et du receveur de l’enregistrement, et sur une mise
à prix préalable des roseaux, désignés dans le pays
sous le nom de blaches.

Un cahier de charges, affiché dans les communes,


fixe au mois d’octobre l’époque de la coupe et de

l’enlèvement des blaches, et les diverses précautions


prescrites pour ces opérations.

L’adjudication a lieu par bassins, avec publicité


et concurrence, et le prix en est payé comptant
entre les mains de l’agent des domaines, qui y
assiste, ainsi que l’ingénieur d’arrondissement.

Le revenu actuel ne représente pas, à beaucoup


près, la valeur totale que l’on pourra retirer de ce
produit spécial, sur les 1.000 hectares de terrains
domaniaux', rachetés en 1860 au gouvernement
sarde; puisque d’une partie produit moyen par hec-
tare va toujours en croissant et paraît devoir atteindre
incessamment le chiffre de 80.

Alors sur les 1.000 hectares, actuellement en voie


de colmatage, ce revenu accessoire, tout à fait indé-
pendant de l’accroissement de valeur foncière, arri-
vera ainsi au chiffre de 80.000 fr.

les frais de personnel et d’entretien res-

tant d’ailleurs limités à environ. . . . 10.000 fr.

Nous rappellerons d’ailleurs une observation déjà


faite au sujet de cette abondante végétation aqua-
tique, dans les bassins de colmatage. C’est qu’elle
accélère extrêmement l’opération principale en pro-
voquant le dépôt des limons, d’une manière bien
plus rapide qu’il ne se ferait dans les mêmes bassins
dépourvus de végétation; surtout à cause de l’action
très-nuisible des grands vents, qui en agitent la sur-
face.

L’important vignoble qui occupe les coteaux de

la rive droite de l’Isère, entre Albertville et Mont-
meillan, et dont plusieurs contrées donnent des vins
de qualité supérieure, diminuait depuis longtemps
de produit, faute de moyen d’amendement. On se
demandait où s’arrêterait cette décroissance, dans
un pays où les engrais et le sol végétal lui-même
sont aussi rares qu’en Savoie.

Les blaches, produit éventuel, et dans tous les cas


simple accessoire des bassins de colmatage, sont
donc, pour les habitants de ces pauvres villages,
d’un intérêt hors ligne. Et il faut bien qu’il en soit
ainsi pour que, dans un pays où l’argent est encore
bien rare,' on se détermine à payer 75 fr. à 80 fr.
pour la récolte d’un hectare de ce produit, dont il y
a peu d’années l’emploi utile était à peine connu.
On le regarde aujourd’hui comme indispensable
au vignoble qui, par son usage, paraît gagner à la
fois, sous le rapport du produit et même de la qua-
lité. Il est donc plus que probable que, soit sur les
1.000 hectares de domaniaux, soit sur la totalité des
5.000 hectares environ de terrains colmatables, ap-
partenant à divers, le vœu du pays sera d’en conserver
plus de 1.000 hectares à l’état de blachères; sauf à
établir, pour celles-ci, une sorte de rotation; en les
conservant sur les bassins, en voie de colmatage, ou
à l’état de colmatage inachevé. Car une fois arrivés
à l’état d’atterrissement complet, leur valeur, qui
atteindra à environ 5.000 fr. l’hectare, n’y permettrait
plus cette culture transitoire, qu’avec désavantage.

Dans l’état actuel des choses, une blachère ayant

à peine 0“,10 à Om, 1S d’atterrissement, tel qu’il ré-
sulte du dépôt obtenu dans une première campagne,
mais fournissant une abondante récolte de roseaux,
vaut, d’après son revenu locatif, de 2.000 fr. à
2.S00 fr. l’hectare.

La création inespérée de cette nouvelle et im-


portante ressource a donc été pour cette contrée
un fait en quelque sorte providentiel. Tout récem-
ment préservés des fièvres (1), qui, en anéantis-
sant leurs forces, leur enlevaient leurs dernières
ressources, les habitants de cette vallée bénissent
aujourd’hui le gouvernement impérial qui, en si
peu de temps, a trouvé le moyen d’y opérer, sous
ce double rapport, une complète transformation.
Jls voient en un mot l’aisance et le bien-être suc-
céder pour eux à la maladie et à la misère.

Haute-Savoie. — Le véritable succès obtenu par
l’abondante production de roseaux d’excellente qua-
lité dans les bassins de colmatage de la vallée de
l’Isère (Savoie) et la grande utilité qu’on en retire
pour le vignoble de cette région a fait vivement dé-
sirer aux propriétaires de la Haute-Savoie de pouvoir
jouir du même avantage.

Mais il n’existe point jusqu’à présent de roseîières


dans cette localité. Car on ne peut mentionner que

(1) La transformation de l’état sanitaire se trouve aujourd’hui con-


statée par un fait irrécusable. Un pharmacien, établi à Saint-Pierre
d’Albigny, vendait annuellement pour 4.500 à 5.000 fr. de quinquina et
de sulfate de quinine. En 1865 cette consommation était tombée à moins
de 200 fr.

pour mémoire la petite quantité de roseaux, et autres


plantes aquatiques, qui se récoltent comme engrais,
dans la partie marécageuse que traverse le cours d’eau
passant au village de Faverges pour se jeter dans le
lac d’Annecy. Cependant ils y sont très-recherchés ;
et les marais qui les produisent ont autant de valeur
que les bonnes terres arables du pays.

Ce produit est tellement estimé, même pour l’a-


mendement des cultures ordinaires, que des pro-
priétaires intelligents s’entendent avec les usiniers,
dans le but d’obtenir, moyennant indemnité, des
submersions d’hiver, sur des champs ou des prairies
situés en contre-bas du niveau des biefs, et à l’aide
desquelles ils provoquent la production de ce pré-
cieux engrais végétal, qui leur donne plus de profit
que la récolte habituelle des mêmes terrains.

Une des causes pour lesquelles l’amélioration du


cours de l’Arve, à l’instar de ce qui a été fait sur
l’Isère, en Savoie, est si vivement désirée dans la lo-
calité, est surtout l’espoir que l’on avait de pouvoir
constituer, sur la région submersible existant le long
de ce torrent, et qui comprend plus de 2.000 hec-
tares, un système de colmatage, dont le premier
résultat sera de donner une abondante production
roselière.

Malheureusement, les détails circonstanciés donnés


ci-dessus, dans les deux chapitres consacrés à cette
vallée, prouvent qu’elle est, quant à présent, au point
de vue des matériaux charriés dans les crues, d’un
régime tellement torrentiel qu’aucun travail d’endi-

guement régulier n’y peut être entrepris, avec chance


de succès, tant qu’on n’aura pas agi préalablement
sur la cause même du mal, c’est-à-dire sur les lits
de déjection, soit de l’Arve supérieur, soit de ses
trois principaux affluents.

L’amélioration, tant désirée, se trouvera donc,


pendant quelque temps encore, retardée par cette
cause, qui est ici un cas de force majeure. Mais il
est probable que l’on finira par triompher de ces
grandes difficultés. Et alors le département de la
Haute-Savoie n’aura plus rien à envier à ceux de la
Savoie et des Alpes-Maritimes, en faveur desquels le
gouvernement vient de faire exécuter tout récemment
des travaux de même nature, qui ont été couronnés
d’un plein succès.

III. — Roselières des Bouches-du-Rhône


et de l'Hérault.

Bouches-du-Rhône. — Malgré l’étendue assez no-
table de cette culture dans l’arrondissement d’Arles,
le département susdit ne produit pas assez de ro-
seaux pour l’amendement de son vignoble; et les
propriétaires sont obligés d’en tirer d’assez grandes
quantités du département du Gard, principal centre
de cette production, dans tout le midi de la France.

Le marais dit des Chanoines, situé à environ


6 kilomètres d’Arles, entre le chemin de fer et la
rive gauche du canal de navigation, ceux des Saliers,
de Rousty et autres, dans l’île de la Camargue pro-

duisent en effet des plantes aquatiques, en assez


grande abondance.

Mais la plupart de ces marais ne recevant les sub-


mersions que d’une manière accidentelle, ne don-
nent que le triangle (1), ne servant que comme
litière ; tandis que ceux qui sont suffisamment arro-
sés produisent le roseau proprement dit, dont les
sommités sont un très-bon fourrage et dont le sur-
plus fournit l’engrais végétal, si recherché aujour-
d’hui dans toute cette région.

Ici, comme partout ailleurs, le fumier provenant


des végétaux aquatiques, toujours riches en azote,
est particulièrement employé pour les vignes.

Par le seul fait de l’introduction d’un courant


d’eau limoneuse, sur un marais ordinaire, ou sur
un emplacement quelconque, convenablement en-
touré de bourrelets, une abondante production de
triangle se produit d’elle-même dès la deuxième an-
née; et’ elle représente un revenu de 30 à 35 fr.
par hectare. Mais dès la troisième et surtout à la qua-
trième année le roseau se montre, et se substitue
bientôt à toutes les autres plantes. C’est alors que
le marais roselier atteint toute sa valeur qui, suivant
l’abondance et la qualité des eaux, correspond à
un revenu locatif de 80 fr. à 120 fr. par hectare.

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