Submersions fertilisantes comprenant les travaux


part de l’État, à raison de



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part de l’État, à raison de moitié des avantages que
les propriétés avaient acquises, par suite de l’endi-
guement.

Les plus-values, réglées sur cette base, dans les


formes prescrites par la loi du 16 septembre 1807,
ont été fixées ainsi qu’il suit :

Dans le département de la Seine-


Inférieure à . . 1.288.934f,14

Dans celui de l’Eure à 2.511.286f,96

Ensemble 3.800.221f,10

Ce qui prouve que l’estimation des nouvelles prai-


ries, au moment de ce décompte, n’a été portée
qu’à une somme inférieure à. . . 7.600.000 fr.

c’est-à-dire à moins de 1.000 fr. l’hectare.

Or, puisque dès le commencement de l’année
1865 elles étaient estimées, d’après leur valeur lo-
cative, à environ 2.500 fr., on voit que lesdites es-
timations ont été faites dans le plus grand intérêt
des propriétaires, et que l’État n’a réclamé qu’une
somme inférieure à celle à laquelle il pouvait pré-
tendre.

Mais il est hors de doute, comme il était facile de


le prévoir, que ces prairies continuent de s’amé-
liorer, d’année en année, et peuvent être considé-
rées comme ayant acquis, en moyenne, dès la fin de
1866, une valeur d’au moins 3.000 fr. l’hectare,
en attendant qu’elles arrivent, très-prochainement,
à 4.000 fr. Cela peut donner la mesure de l’impor-
tance qu’on doit attacher à cette partie du résultat
obtenu par l’endiguement ; c'est-à-dire à la con-
quête immédiate de 8.600 hectares de prairies de
première qualité, dont les produits, en se dévelop-
pant progressivement, vont offrir une immense res-
source à l’agriculture de cette région.

Supposons, comme il a été dit plus haut, que sur


une dépense totale d’environ. . . 13.600.000 fr.

on mette à la charge de la navi-

gation , si considérablement amé-

liorée, seulement 5.000.000

U restera au compte des dites
prairies une somme de. .... . 8.600.000 fr.

Soit une dépense de 1.000 fr. par hectare;

Or en ne les estimant qu’à leur valeur, encore
incomplète aujourd’hui, de 3.000 fr., c’est une
plus-value nette de 2.000 fr. par hectare, et pou-
les 8.600 hectares de 17.200.000 fr.

Quel est le pays dans lequel on pourrait ne pas


poursuivre, avec empressement, une conquête agri-
cole d’un aussi grand intérêt !

C’est ce qui explique les considérations présentées


dans le paragraphe suivant, qui forme la conclusion
du présent chapitre.

Questions relatives au prolongement des
digues. —
On a vu dans le paragraphe précédent
que par suite de craintes exprimées, dans l’intérêt
du port du Havre, l’administration supérieure hésite
à autoriser le prolongement de l’endiguement ac-
tuel , même sur les 2 kilomètres restant entre le
débouché de la Rille et Berville-en-Mer; encore
bien qu’il soit démontré, par les rapports de MM. les
ingénieurs, que ce prolongement, regardé par eux
comme indispensable, pourra seul compléter et
maintenir les avantages, si notables, déjà obtenus,
au point de vue de la navigation par les travaux an-
térieurs dans tout le parcours entre Rouen et le
Havre.

Ne traitant ici la question qu’au point de vue agri-


cole, nous pensons que le port du Havre n’a rien à
redouter du prolongement des digues, non-seule-
ment sur les 2 kilomètres restant à établir entre la

Bille et Berville, mais même jusqu’à une distance


beaucoup plus grande.

Les motifs de cette opinion sont les suivants :

Plus on prolonge les digues, plus on diminue l’é-
tendue des bancs mobiles de sables vaseux, rejetés,
non par la Seine, mais par la mer, et qui sont la
seule cause des obstructions, nuisibles à la naviga-
tion.

La conservation de ces bancs ne peut, dans aucun


cas, être considérée comme une cause de sécurité
pour un port.

Dans la même région, ceux de Dieppe, de Fécamp,


de Trouville, etc., n’ont pas de bancs semblables à
leurs abords, mais des falaises et des plages de galets
à talus rapides; et cependant ils ne sont pas me-
nacés d’ensablement.

Si par un vaste endiguement convenablement di-


rigé on supprimait la totalité des bancs mobiles de
la baie de Seine, le port du Havre se trouverait dans
la même situation que ceux qui viennent d’être
cités ; ses intérêts seraient donc entièrement sauve-
gardés.

Ce système consisterait à prolonger suivant le tracé


des lignes ponctuées, indiquées sur le plan, la digue
de la rive droite, du phare de Berville jusqu’au
Havre; celle de la rive gauche depuis le même point
jusqu’au port de Trouville.

La longueur développée de ces nouvelles digues


serait d’environ 43 kilomètres.

En supposant qu’elles ne procurent aucun avan-

tage nouveau à la navigabilité de la basse Seine elles
auraient pour conséquence la conquête de tous les
bancs mobiles de la baie; et leur transformation im-
médiate en prairies, de qualité égale à celles déjà
conquises.

L’étendue de ces nouvelles prairies serait d’en-


viron 9.000 hectares. Leur valeur portée seulement
à 2.500 fr., dans les premières années, représente-
rait en nombre rond un total de 22.600.000 fr.

La dépense de l’endiguement,


même eu admettant des bases plus
élevées que pour celui d’amont,
c’est-à-dire environ 200 fr. par
mètre courant, ne dépasserait pas 8.600.000

Ce qui laisserait une plus-value


nette de 14.000.000 fr.

Comme la majeure partie de l’étendue de ces


bancs mobiles, existant à la partie inférieure de la
baie de Seine, ne constitue pas des propriétés pri-
vées, mais des lais de mer, appartenant à l’État,
l’entreprise dont il s’agit pourrait être concédée.

Nous pensons qu’elle ne serait pas moins profi-


table à la navigation qu’à l’agriculture.

CHAPITRE XVII.

TRAVAUX d’ENDIGUEMENT ET DE COLMATAGE PROJETÉS DANS
LA VALLÉE DE L’ARVE (HAUTE-SAVOIE).

I. — Situation hydrographique.

Le plan général (PI. XII) représente une portion
de la vallée de l’Arve d’une longueur d’environ
36 kilomètres, traversant les territoires de Sallan-
clies, Cluses et Bonneville. — C’est la partie la plus
intéressée à l’exécution des travaux dont il s’agit.

M. l’ingénieur Faraguel, auteur d’un des projets


d’amélioration qui vont être examinés, a donné la
description suivante du cours du torrent dont il s’a-
git, depuis sa source jusqu’au Rhône.

Cours de l’Arve. — « Le torrent de l’Arve est
un des principaux affluents du Rhône supérieur. Il
prend sa source à 2.360 mètres au-dessus du niveau
de la mer, au col de Balme, sur le faite de la chaîne
secondaire qui limite le bassin du Rhône, en amont
du lac Léman.

« Faible ruisseau à son origine, mais longeant


dans la vallée de Chamonix le pied de la grande
chaîne du mont Blanc, l’Arve devient bientôt un
cours d’eau important, en réunissant les eaux qui
découlent des glaciers dont cette chaîne est couverte.

Le glacier du Tour, celui d’Argentière, la Mer de


glace, d’où sort l’Arveyron, véritable rivière lui-
même, les glaciers des Bossons, de Taconnaz, du
Borgealet et de la Gria, lui apportent successivement
leur tribut. Grossi de toutes ces eaux, l’Arve, arrêté
par un contre-fort appelé le mont Lachat, aban-
donne la direction de la grande chaîne pour se jeter
dans la gorge de Servoz, où elle bondit de cascade
en cascade et d’où elle ne sort qu’à Chedde, à l’en-
trée de la plaine de Passy et de Sallanches. C’est
pendant son passage dans cette gorge qu’il reçoit
à Servoz, sur sa rive droite, le torrent de la Diosaz,
qui coule entre la chaîne de Brévent et des Aiguilles
rouges et celle des Fiz, et qui lui amène les eaux du
versant sud-est du Buet, point culminant de la
chaîne secondaire où le Giffre prend naissance.

« A la sortie de la gorge de Chedde, où sa pente


est moyennement de 7 centimètres par mètre, l’Arve
entre dans une vallée ouverte, qui s’étend jusqu’au
pont de Saint-Martin sous Sallanches et où son ré-
gime et ses pentes se modifient nécessairement. Ce
bassin constitue proprement le lit de déjection du
torrent, dont les dépôts formeut un cône immense,
qui s’étend depuis la sortie de la gorge jusqu’au
pont des Plagnes, un peu en amont de l’embouchure
du Donnant. — La longueur de ce cône est de plus
de 3 kilomètres, sa hauteur de plus de 60 mètres, et
la penfe du lit y diminue successivement depuis
5 centimètres jusqu’à 1 centimètre par mètre. Du
pont des Plagnes au pont de Saint-Martin, les pentesencore fortes ne sont cependant plus que de 7, puis
de G millimètres par mètre.

« C’est dans ce bassin et sur sa rive gauche, un


peu au-dessous du pont des Plagnes et de l’extré-
mité du grand cône de déjection, que l’Arve se gros-
sit des eaux du Bonnant. Ce torrent, parti du col
du Bonhomme, encore plus élevé que le col de
Balme, coule au pied du prolongement de la chaîne
du mont Blanc et recueille les eaux des glaciers si-
tués au delà du contre-fort du mont Lachat, dont
les principaux sont ceux de Bionassay, du Miage, de
la Frasse et de Trélatête. Aussi, dans les fontes de
neiges et pendant les pluies chaudes, le débit de
cet affluent est presque égal à celui de l’Arve lui-
même.

« Au pont de Saint-Martin, la vallée se resserre et


forme jusqu’à Cluses, sur une longueur de 15 à
16 kilomètres, un étroit bassin où les cultures n’oc-
cupdht plus qu’une largeur moyenne de 3 à 400 mè-
tres. Dans ce parcours, la pente se maintient à
6 millimètres environ et la rivière ne reçoit que les
eaux qui descendent directement, des versants.

« A partir de Cluses, l’Arve entre dans un large


bassin qui s’étend jusqu’au pont de Bellecombe, sur
une longueur de 25 kilomètres, et où sa pente n’est
plus que de 3 puis de 2 millimètres par mètre.
Il reçoit dans ce parcours un certain nombre d’af-
fluents, dont deux seulement, le Gifl're et le Borne,
ont un bassin assez étendu et un débit assez consi-
dérable pour influer sur son régime.

« Le Giffre vient se jeter dans l’Arve, sur la rive


droite, à 8 kilomètres au-dessous de Cluses; il des-
cend des pentes du Buet, par deux branches qui
embrassent cette chaîne de manière à recueillir
toutes les eaux que fournissent ses glaciers. Ainsi
l’Arve, accru du Bonnant et du Giffre, est formé des
écoulements de tous les glaciers qui couronnent le
grand massif central des Alpes. C’est dire d’avance
que le régime de ce torrent doit être la consé-
quence de cette constitution particulière et exige une
étude spéciale, qui sera développée dans la suite de
ce mémoire.

« Le Borne se réunit à l’Arve, sur la rive gauche,


à 7 kilomètres au-dessous du confluent du Giffre et
à 1 kilomètre en aval du pont de Bonneville. Ce tor-
rent, qui prend sa source au pied de sommités d’une
altitude considérable, en descend avec des pentes
excessives entre deux versants à fortes déclivités, en
sorte que toutes les eaux qui tombent dans ce bassin
arrivent avec une extrême rapidité dans la gorge qui
le termine, et de là s’élancent avec impétuosité dans
la vallée de l’Arve, où elles ont formé un cône de
déjection, de 3 kilomètres de longueur.

« Au-dessous du pont de Bellecombe, la vallée de


l’Arve se resserre jusqu’au pont d’Élrembières; à
partir de ce dernier point, la rivière prend son cours
dans la plaine du Rhône et elle va se jeter dans ce
fleuve à 2 kilomètres au-dessous de sa sortie du lac
Léman. Pendantce parcours, où sa pente moyenne est
un peu inférieure à 2 millimètres par mètre, ellere-

çoit de nombreux affluents, parmi lesquels on ne


peut citer que le Menoge comme ayant une certaine
importance.

« La longueur du cours de l’Arve est de 97 kilo-


mètres; la superficie de son bassin est de 1.900 kilo-
mètres carrés; l’altitude de son confluent dans le
Rhône est de 373 mètres, et par conséquent sa
chute totale, sur toute l’étendue de son cours, est de
1.987 mètres.

« La longueur du cours du Bonnant est de 22 ki-


lomètres; la superficie de son bassin est de 140 ki-
lomètres carrés.

« La longueur du cours du Giffre est de 42 kilo-


mètres; la superficie de son bassin est de 430 kilo-
mètres carrés,

« La longueur du cours du Borne est de 30 kilo-


mètres; la superficie de son bassin est de 160 kilo-
mètres carrés,

« Ainsi qu’on l’a déjà fait remarquer, l’alimentation


de l’Arve et de ses principaux affluents par les gla-
ciers et les neiges éternelles qui recouvrent lessom-
mitésoù ils prennent leur origine doitconstituerpour
ces cours d’eau un régime spécial, différent à bien
des égards de celui des rivières que l’on est habitué
à observer. C’est du milieu de novembre au milieu
d’avril qu’ont lieu les basses eaux; alors, à moins
de circonstances exceptionnelles, toutes les vapeurs
se condensent en neiges sur les hauteurs et sur les
versants élevés, les glaeiers ne fournissent qu’un
tribut presque insensible, et le débit est à son mini-

muni. Mais, aussitôt que la température s’élève, les


neiges et les glaces commencent à fondre, et le débit
va toujours croissant, jusqu’aux mois de juillet et
d’août, où il atteint son maximum, pour décroître
ensuite pendant les mois suivants.

Régime des crues. — «Les crues de l’Arve peu-
vent se produire en toute saison ; il suffit pour les
amener d’une pluie abondante, qui dure quelques
heures, sous l’influence d’un vent venant de l’une
des aires du sud. La fonte des neiges se joint alors
aux eaux du ciel, la rapidité des pentes a bientôt
conduit toutes les eaux dans le fond des vallées, et
une crue se déclare presque instantanément. Mais
c’est surtout au mois de juin, à l’époque où la fonte
des neiges est. la plus forte, et aux mois de sep-
tembre et d’octobre, quand déjà de nouvelles neiges
se sont accumulées sur les hauteurs et viennent à
fondre, sous l’influence d’une pluie chaude, qu’ont
lieu les plus fortes crues.

« Le caractère distinctif de ces crues est principa-


lement dans leur peu de durée.—En moins de vingt-
quatre heures, on les voit s’élever jusqu’à leur maxi-
mum suivant une progression régulière, et décroître
de la môme manière et avec la même rapidité; tou-
tefois, les eaux ne redescendent pas de suite à leur
niveau primitif ; et ce n’est que peu à peu que le gon-
flement qui succède à la crue s’efface et que le ni-
veau se rétablit. L’explication de ces faits est des
plus simples. La chute de la pluie sur les sommités
ne peut pas avoir lieu sans y amener un refroidisse-

ment qui bientôt la transforme en neige; à partir


de ce moment, la crue s’arrête et entre aussitôt dans
sa période de décroissance. On comprend, d’ail-
leurs, que toutes les eaux ne pouvant pas arriver
avec la même rapidité dans le fond des vallées, celles
qui se trouvent retardées produisent le gonflement
qui succède à la crue et qui diminue peu à peu avec
l’affluence de ces eaux. Indépendamment de ces cir-
constances, le retour de la nuit et le froid qui l’ac-
compagne, dans les grandes altitudes, suffirait seul
pour amener un temps d’arrêt et de décroissance
dans les crues. C’est ainsi que dans les mois d’août
et de septembre 1852, où les crues se sont produites
avec une fréquence et une intensité extraordinaires,
au lieu de crues permanentes et toujours grossies
par suite de leur durée, on n’a observé qu’une suc-
cession de crues pour ainsi dire journalières et par
conséquent réduites par l’effet de leurs décroissances
alternatives. Sans ces circonstances favorables, les
crues de l’Arve atteindraient des hauteurs prodi-
gieuses, tandis qu’elles n’excèdent pas, au pont de
Bonneville, la hauteur de 2m,50. Cet effet de la dif-
férence de température entre le jour et la nuit est
tellement marqué, qu’il occasionne chaque jour une
crue distincte due à l’activation de la fonte des neiges
par les rayons solaire. Ces crues journalières sont
presque insensibles dans la saison froide et pendant
les basses eaux; mais elles sont très-marquées pen-
dant l’été, car elles produisent une variation de ni-
veau de 20 a 30 centimètres.

« Les fortes crues ordinaires sont celles qui attei-


gnent la hauteur de lm,80 à 2 mètres, au pont de
Bonneville; elles se produisent tous les deux ou
trois ans. Les crues extraordinaires sont celles qui
excèdent 2 mètres et peuvent aller jusqu’à 2m,50 ;
elles n’arrivent qu’une fois dans chaque période de
dix ans environ. Quant aux crues inférieures à lm,80,
il s’en produit plusieurs chaque année.

« Les crues de l’Arve se propagent avec une grande


rapidité; ainsi dans celle du mois de septembre der-
nier, dont la marche, concordant avec celle des
affluents, n’a pas été troublée dans sa vitesse de pro-
pagation, les intervalles des observations des maxi-
mum, à partir de celui qui a été relevé au pont des
Plagnes, ont été de deux heures jusqu’au pont de
Saint-Martin, de quatre heures jusqu’au pont de
Cluses, de cinq heures jusqu’au pont de Bonneville
et de sept heures jusqu’au pont de Bellecombe. Tou-
tefois, on ne peut pas déduire de ces chiffres la me-
sure exacte de la vitesse de propagation de chacun
de ces points à celui qui le suit, car les observations
n’étant faites que d’heure en heure, les maximum
réels ont pu tomber dans l’intervalle de deux obser-
vations, ce qui amène une assez grande incertitude
sur la valeur des durées accusées. Tout ce qu’il est
permis de conclure avec une assez grande approxi-
mation, c’est que la vitesse de propagation des crues
est de sept heures environ, depuis le pont des Pla-
gnes jusqu’au pont de Bellecombe, pour une distance
de 47 kilomètres, ou de l'“,87 par seconde.

Matériaux charriés. — « Les eaux de l’Arve,
comme toutes celles qui descendent des glaciers,
sont presque toujours chargées d’un limon qui leur
donne une couleur blanchâtre caractéristique, et ce
n’est qu’à l’époque de leur plus bas étiage qu’elles
coulent à peu près claires et transparentes. Dans les
crues, outre l’épais limon qu’elles amènent avec
elles, elles charrient une masse considérable de ma-
tériaux de toutes grosseurs, qui y roulent de toutes
les sommités, qu’elles arrachent aux moraines des
glaciers et qu’elles entraînent dans leur course im-
pétueuse au fond des gorges resserrées. Une circon-
stance particulière augmente considérablement la
quantité de matières dont ces eaux sont alors char-
gées. La montagne qui forme le versant droit de la
vallée, entre Servoz et Chedde, appartient, depuis
son pied jusqu’à une très-grande hauteur, à l’assise
supérieure du lias, désignée sous le nom lias bleu.
Comme on le sait, cette formation est composée de
couches d’argiles schisteuses, alternant avec d’autres
couches de calcaire argileux; elle est donc de la
plus facile décomposition, sous l’influence des agents
atmosphériques; les bancs calcaires se divisent et
tombent en fragments, et les schistes argileux pro-
duisent une sorte de terre, d’un bleu sombre et
presque noir. Il s’est ainsi formé, entre la rive droite
de l’Arve et les flancs escarpés de la montagne, un
énorme dépôt, composé des divers détritus de cette
roche; la base de ce dépôt tend, par l’effet du poids
de toute la masse et par le glissement produit par

les infiltrations, à s’avancer dans le lit de l’Arve,


dont les eaux impétueuses en corrodent continuelle-
ment le pied, tandis que le sommet est entretenu
par les éboulements des escarpements supérieurs. A
chaque crue de l’Arve, ses eaux entraînent une
masse considérable de ces détritus, dont les parties
solides roulent jusqu’au point où les vitesses devien-
nent insuffisantes pour les faire mouvoir, dont les
parties fines les chargent d’un épais limon qui leur
communique une couleur noirâtre et qu’elles por-
tent au loin.

« A partir de leur sortie de la gorge de Chedde,


les eaux, coulant avec des pentes de moins en moins
fortes, abandonnent successivement les matériaux
entraînés jusque-là. Les blocs les plus volumineux
s’arrêtent an sommet même du cône de déjection, à
la surface et jusqu’à l’extrémité duquel les autres se
distribuent en raison de leur volume, décroissant.
Déjà, entre le pont des Plagnes et le pont' de Saint-
Martin, les dépôts ne sont plus formés que de galets
dont le plus grand diamètre n’excède pas 20 à
25 centimètres. Au-dessous de Cluses, il n’arrive
plus que des cailloux de 5 à 6 centimètres de gros-
seur, et il en serait ainsi jusqu’à Bellecombe si le
Giffre et Je Borne n’amenaient avec leurs eaux des
galets de plus forte dimension. Le Giffre coule sur
un cône de déjection dont la pente est de 5 milli-
mètres par mètre et la longueur de 3 kilomètres; au
sommet de ce cône il dépose les blocs qu’il roule et
des galets de 30 centimètres de diamètre. Vers le

milieu du cône les dépôts ne sont déjà plus formés


que de galets de 13 centimètres de diamètre, et en-
fin ceux qu’il amène dans l’Arve n’ont pas une gros-
seur supérieure à 10 centimètres. Le Borne est en-
digué, depuis la sortie de sa gorge jusqu’à l’Arve, et
a une pente de 1 centimètre par mètre; par l’effet
de cette pente et de ce resserrement, il possède une
force d’entraînement considérable et amène dans
l’Arve des galets de 20 à 23 centimètres de diamètre.

« Tous les matériaux ainsi déposés dans l’Arve


subissent dans les crues un mouvement de progres-
sion sans lequel le lit s’exhausserait indéfiniment;
ils s’usent, se brisent et diminuent de volume à me-
sure qu’ils avancent; les plus gros disparaissent en
s’enfonçant dans le lit, et c’est ainsi que s’établit et
se maintient la distribution qui vient d’être signalée.
Tous ces matériaux sont d’ailleurs mêlés de sable
et de menus cailloux, provenant de leur usure et de
leur destruction.

« Traînant ainsi dans les crues une masse énorme


de matières, les eaux, selon qu’elles en abandonnent
une partie, en un point ou en un autre, par l’effet
d’une diminution de vitesse ou d’un abaissement de
niveau , sont rejetées tantôt d’un côté, tantôt de
l’autre, et occupent des largeurs immenses dans les
plaines qu’elles traversent et dont elles corrodent le
sol avec une facilité d’autant, plus grande qu’il est
lui-même formé d’anciens dépôts accumulés par les
siècles. A chaque crue le lit change de place, des
terrains en pleine culture sont emportés et recouverts

de galets, et des espaces considérables sont voués pour


de longues années à la stérilité et à l’abandon. »

On conçoit donc sans peine que l’on ait dû se pré-


occuper d’un tel état de choses. Et l’on a pu voir,
par les chapitres précédents, en ce qui touche les
vallées de l’Arc et de l’Isère, ainsi que celle du Var,
combien, à toutes les époques, le gouvernement sarde
s’est montré désireux de pouvoir concourir à la so-
lution des questions de cette espèce.

II. — Projets successifs.

Il paraît que dès l’année 1770, des études avaient
été ordonnées pour un projet d’endiguement. Mais
il n’y fut pas donné suite. Ce n’est qu’à partir
de 1816, époque de la réunion de la Savoie au
royaume de Sardaigne, que l’on commença à s’oc-
cuper sérieusement de cet objet.

En ladite année on fit construire, sur les fonds de


l’État, quelques tronçons de digues, destinées plutôt
à la défense des routes qu’à celle des propriétés ;
mais ce n’est qu’à la date du 4 décembre 1820 que
les plans d’un avant-projet d’endiguement général
de l’Arve ont été présentés par l’ingénieur Bard, alors
attaché au service de la province du Faucigny, et qui
y est resté employé jusqu’à la lin de l’année 1845;
un rapport du même ingénieur, en date du 4 dé-
cembre 1821, complète ce premier travail.

Le projet d’endiguement s’étendait depuis le pont


de Chedde, jusqu’à l’entrée de la gorge de Belle-

combe, sur une longueur totale de 50.333 mètres,


divisée en quatre sections : la première, de Chedde
au pont de Saint-Martin sur 9.367 mètres; la
deuxième, du pont de Saint-Martin à celui de Cluses
sur 16.901 mètres; la troisième, du pont de Cluses
à celui de Bonneville sur 14.145 mètres; et la qua-
trième , du pont de Bonneville à Bellecombe, sur
9.920 mètres.

Le système d’endiguement proposé dans ce projet


consistait en digues longitudinales, formées d’un mur
à pierres sèches, avec enrochement de défense, mais
sans aucune chaussée d’appui en remblai ; la hau-
teur du mur était fixée à 2"',30 dont 0m,30 de fon-
dations ; son épaisseur était de 1m,50 à la base et de
0m,97 au sommet, de sorte que le fruit extérieur
était du quart environ de la hauteur. Le cube de l’en-
rochement était de lm,12 par mètre courant de di-
gues. L’auteur du projet considérait d’ailleurs l’ab-
sence d’une chaussée derrière les digues comme
très-avantageuse, en ce que cette disposition per-
mettait la filtration des eaux troubles, au travers de
la maçonnerie, à pierres sèches, et devait faciliter
ainsi le colmatage des terrains.

Les largeurs assignées au lit étaient les suivantes :

1° Entre Chedde et le confluent du Bonnant. 42m

2° Entre le Bonnant et le pont de Saint-


Martin 56m

3° Entre le pont de Saint-Martin et le con-


fluent du Foron, sous Scionzier . . . . i . . 62m


Celle fixation était motivée sur les résultats de


l’expérience acquise et sur les observations faites
pendant une forte crue, survenue en 1830.

La longueur totale de l’endiguement étant de


50.333 mètres, celle des digues des deux rives de-
vait être par conséquent de 100.666 mètres. — A
cette époque il n’existait encore que quelques por-
tions de digues irrégulières, construites pour la dé-
fense des routes, ou pour celle de quelques points
plus particulièrement menacés ; tels que l’embou-
chure du Bronze, un peu en amont de Bonneville, et
les abords de cette ville. De plus quelques parties de
berges se trouvaient naturellement défendues, soit
par leur élévation, soit par leur propre constitution;
la longueur totale de ces parties déjà endiguées, ou
pouvant se passer de défense, était évaluée à 19.575
mètres. 11 restait donc à construire pour les deux
rives une longueur totale de digues de 81.091 mètres.

Le prix du mètre cube de maçonnerie à pierres


sèches ou d’enrochement, compris tous terrasse-
ments accessoires de fouilles de fondations et d’ou-
verture de nouveau lit, était évalué à 6f,10. Par
suite, le prix du mètre courant de digues était de

24f,156 pour un cube de 3m,96 ; et la dépense


totale pour 81.091 mètres de digues était évaluée à
1.958.934f,20, non compris une minime somme
à valoir de 9.257f,30, qui fait ressortir définitive-
ment l’estimation à 1.968.191f,50.

Quant au chiffre des plus-values à obtenir sur les


diverses catégories de terrains intéressées à l’opé-
ration, il ne s’élevait qu’à 1.967.325 fr.

C’est-à-dire qu’il était inférieur de 866f,50 au


montant des dépenses prévues à cette époque.—
Cette dépense devait se répartir dans des proportions
déterminées, entre l’État, la province, les 21 com-
munes intéressées et les propriétaires riverains.

Décisions administratives. — Bien que le projet
dont il s’agit laissât beaucoup à désirer, sous le rap-
port des estimations, il fut sanctionné par divers
actes administratifs qui sont les suivants:

1° Les lettres patentes du roi Charles-Félix, en


date du 15 octobre 1824, qui statuent: sur l’attri-
bution des portions de l’ancien lit, conquises ou à
conquérir sur les eaux; sur le règlement des indem-
nités de terrains ; et nomment une commission spé-
ciale
chargée de résoudre les questions soulevées à
ce sujet;

2° Les lettres patentes du 14 décembre 1824, qui


placent dans les attributions de cette commission
toutes les contestations pouvant résulter de l’exé-
cution des travaux :

3° Une ordonnance de l’intendant du Faucigny,


du 10 mars 1824, statuant, quant aux propriétaires

intéressés aux travaux des lre, 3e et 4e sections,


sur le mode de répartition de la dépense mise à lçur
charge.

Premiers travaux. — C’est dans le courant de
l’année 1824 que les premiers travaux d’endigue-
ment ont été entrepris, d’après un projet présenté
le 10 mars 1824; ce projet s’appliquait à la con-
struction de quatre tronçons de digues, répartis en
divers points, et d’une longueur totale de 2.200 mè-
tres. L’estimation des dépenses s’élevait à la somme
de 63.482 fr., ce qui fait ressortir le mètre courant
de digues à 26f,86, y compris tous travaux acces-
soires.

Par la présentation de projets successifs, les tra-


vaux ont continué ainsi jusqu’en 1838 ; mais on s’é-
tait bien vite aperçu que les dépenses excédaient de
beaucoup les estimations primitives, et, dès le 22 fé-
vrier 1828, on reconnaissait la nécessité de réduire
l’endiguement aux parties où il est d’une indispen-
sable nécessité.

On n’admettait plus alors qu’une longueur de


43.739 mètres de digues, restant à construire; les-
quelles étaient estimées à la somme de 1.799.581 fr.;
chiffre peu inférieur à celui déjà indiqué plus
haut pour la dépense afférente à l’endiguement gé-
néral.

Les digues exécutées de 1824 à 1838 ont été con-


struites suivant des profils variables; tantôt on s’esl
tenu au profil de l’avant-projet, tantôt à celui du
projet du 10 mars 1824, tantôt on a formé la digue

d’un massif de pierres, à parement vertical du côté


de la berge, et à talus à 45 degrés du côté des eaux,
sans enrochement au pied et sans chaussée de rem-
blai. Elles occupent une longueur totale de 26t,800m.

Pendant que ces travaux s’exécutaient sur l’Àrve,


l’endiguement du Borne, commencé depuis près
d’un siècle, avait été repris dès 1818 et exécuté de-
puis la gorge où il roule ses eaux jusqu’à son con-
fluent dans l’Arve, sur une longueur totale de
3 kilomètres. Seule, dans la grande courbe de rac-
cordement avec l’Arve, la digue de la rive droite res-
tait à construire, à cause des discussions soulevées
au sujet de son tracé.

A partir de la fin de 1838, d’autres projets furent


encore présentés pour la continuation de l’eudigue-
ment général. On doit citer notamment celui de
l’ingénieur Bard, rédigé en date du 19 décembre de
ladite année, et ayant pour but la construction de
22.050 mètres de digues nouvelles. —Les dépenses
étaient évaluées à la somme de 948.622 fr.

Ce qui faisait ressortir le mètre courant à 43 fr.

La dépense faite pour la constru ction de 17.319 mè-
tres de digues, établies de 1824 à 1838, s’élevait à
664.000 fr. —Ce qui faisait ressortir le mètre cou-
rant au prix de. ...... 35f,64

Les 9.250 mètres de digues restant à construire


devaient donner lieu à une dépense de 425.500 fr.
(soit 46 fr. le mètre).

Ainsi l’endiguement terminé serait, revenu à


2.039.162 fr. — Encore bien que, relativement aux

prévisions de l’avant-projet, on eût réduit la lon-


gueur totale de 32.472 mètres, c’est-à-dire à
48.619 mètres au lieu de 81.091 mètres.

A partir de cette époque, des discussions et récla-


mations réitérées eurent lieu ; soit de la part des in-
téressés, soit de la part de l’administration supé-
rieure, et l’on ordonna provisoirement la suspension
des travaux.

Au commencement de l’année 1840, la situation


des digues construites était la suivante : — entre le
Bonnant et Saint-Martin, d’assez grandes longueurs
de digues partielles, ne se reliant pas entre elles,
mais défendant les parties les plus menacées; —
entre Cluses et le Giffre, quelques tronçons isolés;
— depuis le Giffre jusqu’au Côrman, en aval de
Bonneville, endiguement continu sur 7.943 mètres
de longueur; sauf de petites lacunes, aux abords du
pont de Bonneville.

Des réclamations étaient toujours produites contre


le système d’endiguement adopté; par les proprié-
taires riverains de l’Arve, qui avaient eu à subir de
graves dommages, à la suite de la grande crue, des
16 et 17 novembre 1839. Cette réclamation attri-
buait la non-réussite de l’entreprise et les dom-
mages de l’inondation aux trop grandes sinuo-
sités du tracé, et à l’excédant de largeur du lit, qui
en amenait l’exhaussement successif. — D’autres
réclamations demandaient, au contraire, la reprise
et la continuation des travaux. — De nouveaux sys-
tèmes étaient proposés.

11 fut nommé alors successivement plusieurs com-


missions d’inspecteurs généraux du corps du génie
civil, dans le but d’examiner la situation des tra-
vaux déjà exécutés et les moyens à prendre pour
pouvoir adopter, dans la continuation de l’endigue-
ment, un système définitif.

A la suite de ces investigations, M. l’ingénieur en


chef Mosca, alors attaché à la direction des travaux
de l’Isère, décrits dans les chapitres précédents, fut
chargé des nouvelles études à faire à partir de la tin
de l’année 1842.

Dans le rapport à l’appui de son projet, présenté à


la date du 28 janvier 1843, cet ingénieur en chef a
fait ressortir tous les inconvénients qui étaient ré-
sultés :

1° Du défaut d’ensemble dans le système des tra-


vaux , les digues déjà établies ne l’ayant été que par
tronçons interrompus, sans observation d’un plan
d’ensemble;

2° De l’excédant de largeur du lit, qui y amène


des accumulations de graviers et un continuel ex-
haussement;

3° Des interruptions fréquentes dans les travaux


qui ont produit à chaque crue des affouillements et
des dépôts irréguliers, à l’extrémité de chaque por-
tion de digue restée inachevée;

4° De l’inutilité des défenses, construites dans


quelques parties de la vallée, où le cours des eaux
peut être maintenu facilement au pied du coteau, à
l’aide de simples épis en pierre.

Ces dispositions ayant été adoptées par l’admi-


nistration supérieure, M. Mosca fut chargé de la
rédaction d’un projet général dans ce sens, et ce
projet fut présenté en date du 25 janvier 1844.

Mais le conseil permanent (conseil général des


ponts et chaussées) y ayant introduit de nombreuses
modifications, de nouveaux projets furent présentés.

Ils n’ont été eux-mêmes adoptés, en janvier et


en août 1847, qu’avec certaines modifications. Et
en même temps de nouvelles études étaient encore
ordonnées, relativement aux largeurs à donner au
nouveau lit et à la suppression des épis ou éperons,
contre l’adoption desquels l’opinion des proprié-
taires intéressés se prononçait énergiquement.

D ailleurs , les moyens d’exécution n’existaient


pas ; ce qui ouvrait une libre carrière à tous les nou-
veaux systèmes que chacun présentait à son point de
vue particulier.

Les 19 janvier et 26 mai 1849, des mémoires


proposant l’abandon des digues continues et le re-
tour aux digues transversales (ou orthogonales) furent
de nouveau adressés à l’administration.

On prétendait : que ce système occasionnait une


moindre dépense d’exécution, une diminution notable
dans les dépenses d’entretien, et surtout présentait
une grande facilité pour régler, par tâtonnement, la
largeur la plus convenable au régime du torrent, par
le seul fait de l’augmentation ou de la diminution
des éperons. On alléguait enfin qu’il était plus con-
venable, pour amener sans frais l’exhaussement pro-

gressif des terrains par le dépôt des limons dans les


bassins compris entre les digues transversales.

Placée ainsi en présence de ces opinions contra-


dictoires des intéressés, qui dans tous les cas de-
vaient supporter une forte part des dépenses, l’ad-
ministration ne savait quel parti adopter.

Mais pendant toutes ces tergiversations, de fré-


quentes avaries dans les parties anciennes del’endi-
guement exigeaient des réparations très-coûteuses.

Dommages et réparations. — A la tin de 1849, les
digues continues aux abords de Bonneville s’étant
trouvées endommagées par les crues, survenues de-
puis leur construction, et l’insuflisance de leur hau-
teur étant reconnue, il a été rédigé, le 7 mai 1850,
un projet pour leur réparation ; les travaux adjugés
en 1851 ont été terminés en mai 1853. — Les dé-
penses se sont élevées à, , 9.849 fr.

D’autres réparations urgentes des digues, com-


prises entre le Giffre et Corman, ont encore été exé-
cutées de 1856 à 1857. —La dépense s’est, élevée
à 112.000 fr.

Ces réparations sont indépendantes de la construc-


tion de quelques tronçons de nouvelles digues éta-
blies, de 1854 à 1856, entre Cluses et le Giffre pour
la défense du village de Liriez et de son terriloire. —
Dépense d’environ. ......... 20.000 fr.

Ces dépenses obligatoires, réparties, en vue de


l’urgence, sur des points isolés, ne faisaient pas faire
un pas à la question principale, relative au choix

d’un système définitif, laquelle restait toujours en-


tourée d’incertitude.

Nous ne croyons pas utile de suivre plus long-


temps la série de projets successivement présentés
et abandonnés pour donner la préférence, alternati-
vement au système des digues continues ou à celui
des digues transversales; puisqu’en définitive aucun
deces systèmes n’a pu jusqu’à présent obtenir une
préférence décisive.

Nous mentionnerons donc de suite l’un des der-


niers de ces projets, présenté le 6 mai 1856 par
M. l’ingénieur en chef Imperatori :

Le système proposé est celui des digues continues


pour les lre et 2e sections et pour la 3e, sur 3 kilo-
mètres à partir de Cluses ; et des digues orthogonales
pour le reste de la 3e section et pour la 5e.

La largeur du lit, au niveau de l’étiage, est fixée


à 36 mètres dans la 1re section, à 40 et 45 mètres
dans la 2e, à 50 mètres dans la 3”, à 92 mètres de-
puis l’origine de la 4e section jusqu'à 338 mètres
au-dessus du pont de Bonneville : à 80 mètres de
ce dernier point jusqu’au confluent du Borne, à
112 mètres jusqu’à l’extrémité de la 4° section, et à
87 mètres entre les pignons des dignes orthogonales
de la 5e section.

Les digues longitudinales sont formées d’une


chaussée en remblai, revêtue d’un perré en pierres
sèches de 0m,50 d’épaisseur moyenne, défendu à
sa base par un enrochement de 2 mètres cubes par
mètre courant; elles ont 3 mètres de largeur au

sommet et des hauteurs de 2“,20 pour la lre sec-


tion, de 2m,46 à 2“',70 pour la 3' section, et de
2m,90 pour la 4e section, sauf aux abords du pont de
Bonneville, où cette hauteur est portée à 3m,26.

L’estimation de la dépense pour les 1”, 3e, 4e et


5e sections s’élève à 1.404.000 fr., dont 144.000 fr.,
pour la P", 586.000 fr. pour la 3°, 142.000 pour la
4e, et 532.000 pour la 5e. Pour la 2e section, qui
est traitée à part, la dépense monte à 170.455 fr.

La répartition de la dépense est proposée sur les


bases suivantes : 5 vingtièmes ou un quart à la charge
de l’État ; 5 vingtièmes ou un quart à la charge de
la province ; 1 vingtième à la charge des communes,
et 9 vingtièmes à la charge des propriétaires inté-
ressés.

Par sa délibération du 12 juillet 1856, le conseil


permanent a exprimé l’avis qu’il y avait lieu d’ap-
prouver ce projet et de mettre les travaux en adju-
dication.

Cette délibération a servi de base à la loi du


13 juillet 1857, qui avait constitué l’association
entre l’État, la province et les propriétaires inté-
ressés, et réglé le concours de chacun de ses mem-
bres.

Tout se trouvant ainsi réglé et arrêté, on a tenté,


à deux reprises, une adjudication générale des tra-
vaux des 1m, 3e, 4e et 5° sections; mais ces tentatives
ont été vaines, il ne s’est, pas présenté de soumis-
sionnaires, ét les entrepreneurs ont allégué l’insuf-
fisance des prix pour motiver leur abstention.

Par suite de cette situation, un détail estimatif,


modifié équivalant à un nouveau projet, fut présenté
le 17 octobre 1857, faisant ressortir la dépense ré-
duite au chiffré de 1.726.000 fr.

L’auteur du projet a déclaré, en môme temps,


qu’il s’expliquait la répulsion des populations contre
l’adoption des digues, ou épis, orthogonaux, ne per-
mettant pas l’établissement d’un chemin de fer, pour
le transport des matériaux, et occasionnant, dès lors,
des frais très-considérables. Il a proposé, en consé-
quence, d’en revenir à l’adoption des digues conti-
nues ,
comme on avait déjà été obligé de le faire,
aux abords de Sallanclies.

Ces observations ayant été prises en considération,


un nouveau projet fut encore rédigé dans ce sens, en
date du 2 avril 1848; les digues continues y sont
partout substituées aux digues orthogonales. — Les
dépenses étaient évaluées à 2.020.000 fr.

Par délibération du 24 avril 1858, le conseil gé-


néral des ponts et chaussées y donna son approba-
tion , en exprimant, toutefois, l’avis qu’il y avait
lieu de maintenir les sept derniers couples d’épis
orthogonaux dans la 5' section.

C’est à la suite de cette délibération qu’a été ren-


due, en date du 17 avril 1859, une seconde loi, li-
mitant le concours de l’Etat dans les dépenses à une

somme invariable de 525.487*,51

à répartir sur les budgets de 1860 à 1863.

C’est le 15 mars 1860 qu’a eu lieu l’essai d’adju-


dication des travaux d’après ces derniers projets et

sur la mise à prix de 1.856.000 fr.; mais celte nou-


velle tentative a été aussi infructueuse que les pré-
cédentes, et aucun entrepreneur n’a présenté de
soumission. A ce moment l’annexion de la Savoie à
laFrance était imminente et occupait tous les esprits ;
il n’est pas étonnant que, devant les incertitudes de
l’avenir et les modifications possibles de la légis-
lation, nul n’ait voulu se lancer dans une entreprise
aussi considérable.

Nouveaux dommages, nouvelles réparations.—Les
derniers travaux entrepris par les ingénieurs sardes
avant l’annexion ont été nécessités par les dommages
résultant de la crue extraordinaire du 1er novembre
1859. Les eaux, sortant avec impétuosité de la gorge
de Chedde, ont fait irruption sur la rive droite et se
sont ouvert un nouveau lit à travers la plaine qui
s’étend jusqu’à l’origine de l’endiguement, un peu
en amont du pont de la Carbottaz. Plus bas, à 1 kilo-
mètre au-dessus du pont de Saint-Martin, elles ont
rompu les digues de la rive gauche, et se sont jetées
dans la plaine, où elles ont pris leur écoulement jus-
qu’à la chaussée de la route, qui les a arrêtées et
ramenées sous le pont; toutes les matières entraî-
nées par les eaux se sont arrêtées subitement et le
lit a été comblé au ras des digues, depuis la brèche
jusqu’auprès du pont. Enfin, de nombreuses brèches
ont été ouvertes dans les digues entre le Giffre et
Corman.

Une partie seulement de ces désastres ont pu être


réparés par la fermeture des brèches, les plus ur-

gentes, aux abords de Bonneville, et par l’établisse-


ment d’une portion de digue sur la rive droite, à la
partie de la gorge de Chedde, pour intercepter le
nouveau lit que les eaux s’étaient ouvert dans la
plaine.

Ces travaux n’ont été terminés qu’après l’an-


nexion, et leur dépense, s’élevant à 36.756f,47, n’a
été soldée, sur un crédit spécial, qu’en février 1863.

Le chapitre suivant a pour but de faire connaître


la reprise des mêmes études par l’administration
française, à partir de 1861.

CHAPITRE XVIII.


SUITE DES PROJETS D’ENDIGUEMENT ET DE COLMATAGE POUR

L’AMÉLIORATION DE LA VALLÉE DE L’ARVE (HAUTE-SAVOIE).

I. — Reprise des étxxdes à par-tir de l'annexion
de la Haute-Savoie, en 1860.


Décrets organiques.— Un premier décret impérial
du 17 décembre 1860 a déclaré l’utilité publique
des travaux dont il s’agit.

Il vise les lois sardes, précitées, des 13 juillet 1837


et 17 avril 1859, réglant l’association entre l’Etat,
la province de Faucigny et les propriétaires inté-
ressés; et leurs parts contributives dans les dépenses.

L’art. 3 décide que l’État contribuera pour moitié


dans la dépense des travaux; tant à titre de subven-
tion qu’à raison de l’intérêt que lesdits travaux pré-
sentent pour la conservation des routes.

En vertu de l’art. 4, est déclarée dissoute l’asso-


ciation établie par la loi du 17 juillet 1837 pour les
travaux de l’Arve.

Enfin l’art. 8 déclare qu’il sera pourvu à la con-


tinuation des travaux, au moyen d’une ou plusieurs
associations à établir, conformément aux disposi-
tions de la loi du 16 septembre 1807.

Un second décret du 22 décembre de la même


année institue quatre syndicats pour concourir, avec

l’État, à l’exécution des travaux d’endiguement et


de régularisation du cours de l’Arve; conformément
aux dispositions des lois des 4 pluviôse an VI, 14 flo-
réal an XI et 16 septembre 1807.

Ce décret se réfère également à ceux des 27 août


1807 et 27 décembre 1812, relatifs aux marais de
Beaucaire (Gard) et aux marais de l’Authie (Pas-
de-Calais).

Les divers litres de ce second décret organique


concernent : la formation du syndicat; l’institution
d’une commission spéciale, conformément aux arti-
cles 42 et suivants de la loi du 16 septembre 1807;
les travaux, leur mode d’exécution et de payement,
la rédaction des rôles et leur recouvrement. Ils sont
conformes aux clauses ordinaires des règlements de
même nature, dont la rédaction est à peu près uni-
forme. Nous n’avons donc pas à les analyser ici.

Les quatre syndicats, institués par le décret du


22 décembre 1860, comprennent dans la vallée une
longueur de 30.386 mètres.

Elle est répartie ainsi qu’il suit :



1er syndicat. — De l’embouchure du Bonnantau
pont de Saint-Martin, près Sallenches 6.289"


Ensemble 30.386“

Les diverses dispositions prescrites par le même
décret, en ce qui concerne : la nomination des di-
recteurs, celle des membres des commissions spé-
ciales, la liquidation des comptes de l’ancienne as-
sociation, ont été d’ailleurs exécutées.

Il s’agissait donc avant tout de pourvoir à de nou-


velles études; et elles ont été entreprises, dès le
mois d’octobre 1861, sous la direction de M. l’ingé-
nieur Faraguet. C’est à la suite desdites études qu’à
été présenté le projet analysé dans le paragraphe
suivant.

II. — Projet de M. l’ingéniexxr Faraguet.

Voici dans quels termes cet ingénieur a exposé
les bases générales de son projet, dans un mémoire
très-développé, présenté en date du 10 novembre
1863, à l’appui du projet susdit.

Système d'endiguement. — « L’époque des crues,
provenant des fontes de neige, et survenant ordi-
nairement au mois de juin, explique suffisamment
la préférence qui a toujours été donnée, dans la
vallée del’Arve, aux digues continues insubmersibles.
Seules en effet elles peuvent mettre la récolte à l’abri
de dommages qui se renouvelleraient presque an-
nuellement. Mais, si l’on peut se proposer de con-
tenir ainsi les crues ordinaires n’excédant pas 2 mè-
tres à l’échelle du pont de Bonneville, il y aurait
certainement témérité de vouloir renfermer de même
les crues extraordinaires; car, outre que la hauteur

n’en est pas limitée et peut excéder toutes les prévi-


sions, la suppression defemmagasinement des eaux,
résultant de l’endiguement même, aurait pour effet
d’en relever considérablement le niveau et de né-
cessiter un exhaussement correspondant des digues ;
et dès lors un accroissement considérable de dé-
pense. 11 convient donc, tout en adoptant un système
de digues continues, insubmersibles aux crues ex-
traordinaires, d’y ménager des déversoirs pour per-
mettre aux eaux excédantes de ces crues de se ré-
pandre et de s’emmagasiner dans la plaine, comme
elles le faisaient librement avant l’exécution des tra-
vaux. Cette disposition entraîne nécessairement l’o-
bligation de rattacher les digues longitudinales au
pied du coteau par des digues transversales insub-
mersibles, destinées à mettre obstacle aux courants
longitudinaux, qui, en s’établissant dans les plaines
soumises à l’inondation, y causeraient des dommages
considérables. Indépendamment de cet objet, les di-
gues transversales ont encore pour effet de permettre
le dépôt de limons fertiles dont les eaux sont si for-
tement chargées dans les crues extraordinaires et de
produire ainsi le colmatage et l’exhaussement gé-
néral des terrains. Quant à la rentrée des eaux dans
leur lit après les crues, rien n’est plus facile que de
l’obtenir, il suffit pour cela de ménager vers la partie
inférieure des bassins des vannes de décharge desti-
nées à leur livrer passage. Les crues extraordinaires
n’arrivant qu’à des intervalles d’environ dix ans et
presque toujours pendant l’été, ou à la fin de l’au-

tourne, après l’enlèvement des récoltes principales,


ces inondations ne peuvent avoir pour les terrains
que d’assez faibles inconvénients, compensés d’ail-
leurs par l’exhaussement et l’amélioration résultant
du dépôt des limons; c’est même ainsi que les ter-
rains bas et marécageux qui existent dans la vallée,
notamment le long des digues existantes, pourront
être fertilisés et rendus à la culture, au grand avan-
tage de la propriété privée et de la salubrité pu-
blique.

Tracé de l'axe. — « Le système d’endiguement
étant ainsi déterminé, on a eu ensuite à s’occuper
du tracé de l’axe, en plan. Pour faciliter cette opéra-
tion ainsi que celle du tracé des digues transversales,
on a déterminé, au moyen des profils en travers, et
rapporté sur les plans les courbes du terrain prises
à des hauteurs constantes au-dessus du niveau de
l’étiage et à des intervalles de lm,50 à partir de ce
niveau. Ces courbes d’égal niveau ont été tracées
sur les plans, avec des cotes indiquant leur hau-
teur et comprises entre parenthèses, quand le ni-
veau est inférieur à celui de l’étiage.

« Le périmètre de l’inondation est également in-


diqué, pour chaque section. Ces courbes accusent
nettement le relief du terrain par rapport au niveau
de l’étiage et permettent de reconnaître facilement les
parties les plus déprimées de la vallée, où il convient
de fixer l’emplacement du lit des eaux. Elles servi-
ront encore à faciliter la classification des terrains,
dont elles déterminent le risque d’inondation à raison

de leur plus ou moins grande élévation. Toutefois,


tant pour cet objet que pour la rédaction des projets
définitifs, il sera convenable de les rectifier en les
rapportant au nouvel étiage qui devra s’établir par
suite de l’exécution des travaux.

« On ne peut pas penser à apporter aucune mo-


dification au tracé des digues déjà existantes, qui est
d’ailleurs, en général, convenable et bien développé;
les sinuosités qu’il présente aux abords de Bonneville
étaient en partie commandées par la position de
cette ville et par le confluent du Borne; il est seu-
lement à regretter qu’on ne les ait pas diminuées
par une meilleure disposition du tracé en amont;
mais la question est trop engagée maintenant, et les
dépenses qu’entraînerait une modification seraient
trop considérables pour qu’il soit possible d’entrer
dans cette voie. On a donc dù regarder Taxe de T en-
diguement comme déterminé, par les digues exis-
tantes, dans toute la partie aval du 1er syndicat et
sur la longueur entière du 3e syndicat.

« Pour la partie amont du 1er syndicat et pour la


longueur entière des 2e et 4' syndicats, l’axe de l’en-
diguement a été tracé de manière à placer le lit, au-
tant que possible, dans les parties les plus basses de
la vallée, à utiliser la plus grande longueur possible
du lit actuel, à obtenir des courbes bien développées
n’offrant pas d’obstacles à l'écoulement des eaux, et
à permettre le raccordement des nouvelles digues
avec les anciennes.

« Dans le 1er syndicat, malgré les termes du décret

du 22 décembre 1860, qui en fixe l’origine à l’em-
bouchure du Bonnant, on a regardé comme néces-
saire de reporter la tête des digues à 450 mètres en
amont du pont de la roule départementale n° 11,
dit des Plagnes, afin de les rattacher à un point fixe
et d’éviter qu’elles puissent être tournées par les
eaux, dont la direction vers le pont sera facilement
assurée au moyen de quelques ouvrages de défense
exécutés en amont. A partir du pont, l’élévation des
terrains de la rive droite n’a pas permis de venir se
raccorder directement avec les digues existantes et
a nécessité une déviation sur la gauche, qui est d’ail-
leurs sans inconvénient à raison des grands rayons
des courbes de raccordement.

« Dans le 2e syndicat, on s’est dirigé en ligne droite


du vieux pont au pont neuf de Cluses, et un peu en
aval on a infléchi le tracé vers la droite, afin de le
maintenir dans le lit actuel et d’utiliser en même
temps, sinon comme construction, du moins comme
point d’appui, une vieille digue en mauvais état éta-
blie sur la rive gauche. Au droit de l’embouchure
du Giffre et sur le point de s’engager dans la direc-
tion rectiligne des digues du 3e syndicat, on n’a pas
cru qu’il fût possible de maintenir l’inflexion du lit
actuel, et, malgré le déblai considérable à effectuer
dans les dépôts du Giffre, en s’est décidé à une rec-
tification du lit qui a paru indispensable pour con-
server aux eaux toute la force d’impulsion nécessaire
au charriage des matériaux amenés par le Giffre.

« Dans le 4' syndicat, à la sortie des digues, il a

fallu s’engager à travers les dépôts, que les eaux ont
accumulés en ce point par suite de la perte de vitesse
résultant du changement brusque de section, et ce
n’est que plus loin qu’on a pu rejoindre la direction
du lit pour s’y maintenir jusqu’à l’entrée de la gorge
en amont du pont de Bellecombe. »

En dignement des affluents. — Cet ingénieur fait
ensuite remarquer que, pour le succès de l’entreprise,
les affluents de l’Arve doivent être eux-mêmes con-
tenus entre des digues, se rattachant à des berges
solides et invariables, sans quoi la digue principale
courrait toujours le risque d’être tournée, dans les
crues des affluents, qui prenant alors leurs cours
à travers la plaine, y causeraient les plus graves
dommages. Mais il ajoute que selon l’importance et
le régime de ces cours d’eau l’endiguement dont il
s’agit réclame, pour chacun d’eux, des dispositions
particulières.

Pentes et débits. — L’auteur du projet a calculé


les pentes qui résulteront du nouvel équilibre devant
s’établir par l’endiguement. Il a trouvé que, dans le
premier syndicat, les pentes actuelles, qui sont de
0m,0077 du pont des Plagnes en amont de Carboîtaz
et de 0m,00577 de ce point à Saint-Martin, ne seront
pas modifiées puisqu’on se propose de maintenir la
largeur actuellement existante entre les digues.

Mais, sur les trois autres syndicats, le resserre-


ment des eaux, entre les digues, aura pour effet d’a-
mener un abaissement du fond du lit, de Cluses à

l’embouchure du Giffre, et de produire, en cet en-


droit, une pente régulière, évaluée à 0m,0031 par
mètre, sur une longueur de 7.169 mètres.

Le même calcul a été fait, de proche en proche,


pour toutes les subdivisions du cours de l’Arve, et
également pour ses affluents, qui sont beaucoup
plus considérables. Ces pentes sont de 0m,018 pour
le Bonnant, de 0m,0056 pour le Giffre et de 0m,0085
pour le Borne.

La fixation des largeurs du lit et celle des hau-


teurs correspondantes des digues exigeraient l’ob-
servation des crues extraordinaires; mais celle du
31 août 1860, qui aurait pu fournir des renseigne-
ments précis, n’a pu être que très-incomplétement
étudiée, et l’on a dû, en conséquence, recourir aux
documents laissés par les ingénieurs sardes, sur les
crues antérieures qui n’ont été régulièrement obser-
vées qu’à partir de 1856.

Les hauteurs de ces crues ont varié généralement


entre 2 mètres et 2m,25. — Celle du 17 septembre
1852, signalée comme la plus forte, a atteint 2",50.
Dans la période de 1854 à 1856, la plus forte crue a
eu lieu le 29 mai de celte dernière année et ne s’est
élevée qu’à lm,70. — La crue extraordinaire du
1er novembre 1859 paraît avoir dépassé de 0m,30 au
pont de Bonneville, celle du 17 septembre qui, jus-
qu’alors, avait donné le maximum de hauteur.

Quant aux débits de l’Arve, et surtout de ses


affluents, ils n’ont pu être calculés qu’approxima-
tivement, parce que les formules d’hydraulique ne

s’appliquent pas exactement à des eaux entraînant


avec elles des masses énormes de limons et de ma-
tériaux de toute nature.

En procédant, autant que possible, à l’aide d’ob-


servations directes, on est arrivé pour les débits de
l’Arve, dans les plus fortes crues, aux résultats sui-
vants :

Entre le Bonnant et le pont de Saint-


Martin 391"

Entre le pont de Cluses et de Giffre. . 545"

Entre le Giffre et le Borne 1.045"

De là à Bellecombe 1.258"

Dans les mêmes circonstances le Giffre, entre le
pont Marignier et l’Arve, débite 345 mètres, et le
Borne, entre la route impériale et l’Arve, 176 mè-
tres.

Le débit du Bonnant, qui approche de celui de


l’Arve, peut être évalué à 200 mètres.

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