Submersions fertilisantes comprenant les travaux



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Causes probables. —Nous avons déjà eu l’oc-
casion de faire remarquer, dans le chapitre précédent,
en traitant des travaux de cette grande opération,
que plusieurs prises, situées notamment entre Saint-
Pierre-d’Albigny et l’ancienne frontière, après avoir
bien fonctionné, pendant les premières années, en
fournissant aux bassins d’atterrissement, chacune un
écoulement d’eau trouble d’environ 5 mètres cubes
par seconde, avaient graduellement diminué de débit;
de sorte que dans la campagne de 1860, elles ne
fournissaient déjà plus qu’à peu près 2 mètres cubes
par seconde.

Mais ce n’est point là un fait isolé, puisqu’il s’est


manifesté de proche en proche dans toute la partie
inférieure de l’endiguement, d’une manière presque
générale.

Quand nous avons visité ces travaux, dans l’au-


tomne de 1864, sur les trente-six prises établies de-
puis 1854, à travers les digues perreyées, pour le
service de quatre-vingts bassins, situés du confluent

de l’Arc à la limite du département, vingt de la partie


inférieure avaient cessé de fonctionner (en eaux
moyennes).

Leurs seuils qui devaient être recouverts, d’au


moins 0",50 de hauteur d’eau, se trouvaient de 0m,2
à 0m,35 en contre-haut de la surface de la rivière,
durant ces mêmes crues moyennes.

Cet état de choses étant resté définitif, on conçoit


qu’il en résulta une grave perturbation dans les
résultats du colmatage, puisque les vingt prises deve-
nues sans emploi ne pouvaient être reportées, en
amont, qu’avec des frais assez considérables, et avec
une perte de temps, qui retardait nécessairement la
mise en valeur de tous ces terrains, domaniaux et
autres, situés à la partie inférieure du périmètre.

Ce fait est d’autant plus regrettable qu’il n’y avait


rien à désirer en ce qui touche, soit le débit des
eaux alimentaires, soit leur richesse en limons;
ceux-ci représentant environ 0“,002 du volume
total.

Si seulement trente prises eussent pu fonctionner


simultanément, à raison de 5 mètres cubes par
seconde, ce qui est leur débit normal, elles eussent
fourni ensemble un volume d’eau trouble de 150 me
très cubes par seconde, — et cela représentait, pour
une campagne de deux cents jours, plus de cinq
millions
de mètres cubes de limon fertile, à repartir
annuellement sur l’ensemble des terrains à améliorer
dont la superficie peut s’évaluer approximativement à
6.000 hectares.

C’est pourquoi, d’après le projet général, dressé


en 1850, parles ingénieurs sardes, on espérait pou-
voir achever l’opération dans une durée de cinq ou
six ans.

Mais une éventualité imprévue vint déranger ces


prévisions.

Les deux grandes entreprises de colmatage ancien-


nement connues en Toscane, celles du Val de Chiana
et des Maremmes avaient eu lieu : l’une principale-
ment à l’aide des affluents du cours d’eau principal;
l’autre au moyen de grandes dérivations, amenées
d’une certaine distance, pour combler des bas-fonds
et exhausser le sol de très-vastes marais.

Dans les vallées de l'Isère et de l'Arc, c’était pour


la première fois que l’on avait à combiner l’endigue-
ment préalable d’un torrent, à fond mobile, avec le
colmatage des zones immédiatement riveraines d’un
nouveau lit; ayant ici, comme nous l’avons déjà
remarqué, le caractère d’une canalisation artifi-
cielle.

Pour emprisonner les crues de l’Isère, dans un lit


unique de 130 mètres de largeur, subsistué à une
vallée de 700 à 800 mètres de largeur, dans laquelle,
auparavant, elle pouvait se répandre en liberté, il a
fallu donner au revêtement intérieur des digues une
solidité extraordinaire. Et, en effet, des blocs du
volume de 1/4 à 1/3 mètre cube, en moyenne, et
pesant de 500 à 700 kilogrammes chacun, sont les
matériaux auxquels on a eu recours pour ces enro-
chements, devenus par la perfection successivement

apportée à leur construction, comparables à de véri-


tables perrés. Les matériaux plus petits, même mal-
gré leur enchevêtrement, les uns dans les autres,
sont bientôt déracinés et entraînés, par les crues.
En un mot, ce n’est qu’en donnant à ce revêtement
véritablement cyclopéen, une énorme résistance que
l’on a pu assurer sa stabilité.

S’il eut été possible d’établir un semblable ouvrage


sur le fond de ce nouveau canal, il eut été à l’abri
des affouillements.

La hauteur ordinaire des crues, observée en 1854,


eut encore été la même, en 1864, et dans les années
suivantes.

Mais sur un fond mobile formé d’îlots de petits


graviers, entrecoupés d’anciens lits, comment eût-il
été possible que l’état de régime se trouvât longtemps
maintenu ?

Ces graviers, qui pouvaient n’éprouver que de


faibles déplacements, avec des vitesses anciennement
limitées à lm,75 ou 2 mètres au plus, devaient néces-
sairement être entraînés sous l’action de vitesses
presque doubles; telles qu’elles sont aujourd’hui en
temps de fortes crues ; toutes les eaux étant encais-
sées dans ce nouveau canal qui forme un ht entière-
ment artificiel.

En un mot si les seuils des vingt prises inférieures,


des bassins de colmatage (rive droite et rive gauche de
l’Isère) se trouvent aujourd’hui comme suspendus
à 0m,25 et 0m,30 au-dessus du niveau des eaux
moyennes, au lieu d’être d’une égale quantité au-

dessous, il est difficile de ne pas admettre que les
graviers, qui, sur de grandes profondeurs, forment
le fond de ce nouveau lit, ont été successivement
entraînés vers l’aval, de manière à amener un abais-
sement correspondant du lit, et par conséquent
du plan d’eau ; abaissement qui, dans une durée
de dix ans, est arrivé a être aujourd’hui d’en-
viron 0m,60, — soit moyennement de 0"‘,06 par
année.

Ces mêmes seuils sont d’ailleurs des repères in-


variables qui ne permettent pas d’attribuer ce fait à
une autre cause que celle énoncée ci-dessus, — Les
énormes accumulations de graviers qui, dans la pé-
riode correspondante, ont fait invasion dans la partie
française de la vallée de l’Isère, et y ont si considé-
rablement aggravé les dommages de la crue de 1839,
sont une nouvelle preuve, à l’appui de cette expli-
cation, la seule qui nous semble admissible.

Quant aux moyens d’obvier à l’inconvénient qui


résulte de cet état de choses, pour une grande partie
des bassins de colmatage de la Savoie, ils ne sont ni
difficiles, ni très-dispendieux; puisqu’ils se réduisent
à reporter les prises d’eau, plus en amont; mais c’est
là, néanmoins, une éventualité regrettable; attendu
qu’elle accroîtra beaucoup la durée normale de la
bonification. Alors les résultats, cités plus loin, et
qui sont déjà très-remarquables, eussent, sans cela,
été véritablement magnifiques.

Filtrations. — Nous avons eu sous les yeux les

nombreuses et vives réclamations formulées par les


provinces, communes et propriétaires, compris dans
les taxes relatives à l’endiguement de l’Isère, en
Savoie; taxes qui sont reconnues aujourd’hui avoir
atteint un taux beaucoup trop élevé; puisque, dans
certains cas, elles équivalaient à la valeur intégrale
des propriétés, avant les travaux.

Dans lesdites réclamations, qui remontent surtout


à l’époque comprise entre 1853 et 1855, on se pré-
valait non-seulement du chiffre excessif de la con-
tribution; mais de ce que, jusqu’alors aucune amé-
lioration réelle n’avait été apportée à la situation
ancienne desdites propriétés. On y disait notam-
ment : « les filtrations ont succédé aux inondations et
la culture n’en est pas mieux assurée. »

II est incontestable qu’à l’époque susdite, corres-


pondante aux premières années de l’endiguement,
les eaux de l’Isère, à chaque crue, bien que ne sur-
montant pas les digues, mais atteignant, par suite
de l’encaissement forcé, dans ce nouveau lit, une
hauteur de 5 à 6 mètres au-dessus de l’Étiage (ce
qui n’avait pas lieu avant, par suite de leur libre ex-
tension), se transmettaient, par filtration, à travers
les bancs de graviers et venaient endommager toutes
les propriétés, situées derrière ces digues, à un ni-
veau inférieur.

Ce fait était inévitable, au moins dans les pre-


mières années du nouveau régime. Car ces digues,
protégées à leur pied, par de simples enrochements
ne reposant, partout, que sur des bancs de graviers

entièrement maigres, et dès lors d’une grande per-


méabilité, laissaient, nécessairement, pendant les
crues, une certaine quantité d’eau pénétrer dans les
terres riveraines.

Mais dès la deuxième année de l’existence des di-


gues, on remarquait une atténuation notable de ces
tiltrations, par suite de l’étanchement naturel occa-
sionné par les limons.

De plus une expérience curieuse, que nous avons


vue reproduire sous nos yeux, en septembre 1866,
durant une crue de l’Isère, a démontré que dans les
bassins de colmatage, la couche d’atterrissement,
même incomplète et atteignant à peine à 0 ,15 d’é-
paisseur, était un préservatif contre lesdites filtra-
tions.

En effet, toutes les prises de colmatage étant fer-


mées, on voyait les fossés,creusés en terrain naturel,
non seulement se remplir d’eau par l’effet de la crue,
mais hausser et baisser avec elle ; tandis que dans les
bassins d’atterrissement, bien que d’un niveau infé-
rieur, on ne voyait pénétrer aucune filtration.

Il est donc hors de doute que les eaux, encore


surabondantes dans quelques parties delà vallée, n’y
sont pas amenées par les canaux de colmatage, dont le
lit se trouve toujours naturellement étanché.

Au surplus ce dommage, par les filtrations, a été


sans cesse en diminuant, et ne provoque plus au-
jourd’hui, à beaucoup près, les mêmes réclama-
tions que celles qui ont eu lieu de 1855 à 1861.

II. — Dépensés.

On a vu, dans l’un des paragraphes précédents
qu’en 1823, la dépense générale de l’endiguement
ne devait s’élever qu’à 6.517.652 fr.

Mais en réalité ces prévisions ont été de beaucoup


dépassées.

Dans la discussion du budget, à la cbambrs des


députés, en 1854, le chiffre total en a été établi de
la manière suivante :

Dépenses faites de 1829 à 1845.. 3.790.880',32

Id. de 1845 à 1853 3.958.210 ,10

Id. en 1854 824.261,30

Total 8.573.351',72

Dont :


A la charge de l’État 5.814.157',28

A la charge dés communes et des proprié-

taires intéressés . 2.159.194',44

A cette époque, on-espérait pouvoir réaliser, plus


tard, une valeur de près de trois millions, par l’alié-
nation des 1.660 hectares de domaniaux, restant
entre les mains de l’État. Mais cela supposait qu’on
aurait pu vendre ces terrains, à un état déjà très-
amélioré, et au prix d’environ 1.800 fr. l’hectare.

Tandis qu’on a vu plus haut qu’à l’époque de la


remise de la Savoie à la France, en octobre 1861, il
ne restait plus que 1.015 hectares, repris pour en-
viron 500.000 fr.

Quant aux 645 hectares aliénés,


dès 1856, ilsavaient produit moinsde. 250.000 fr.

En définitive l’administration n’ayant retiré que


740.000 fr. des 1.660 hectares de domaniaux, vendus
par suite de force majeure, tandis qu’ils étaient seule-
ment en voie d’amélioration, le sacrifice du gouver-
nement sarde sans la dépense générale indiquée ci-
dessus reste liquidé à. . » . . . . 5.074.157 fr.

Ce sacrifice n’eut pas été à beaucoup près aussi


lourd, si les circonstances eussent permis d’attendre
la bonification à peu près complète desdits terrains.

On peut s’assurer, par les détails donnés au pa-


ragraphe suivant, que les 1015 hectares de terrains
domaniaux rachetés en octobre 1861, par le gouver-
nement français à un prix moyen inférieur à 500 fr.
ont, aujourd’hui, une valeur effective qui dépasse
1.500 fr. l’hectare.

(Chiffre qui servait de base aux prévisions primi-


tives de la commission royale, dès l’année 1823.)

Si donc le gouvernement sarde eut été en position


de différer, jusqu’à l’époque actuelle, la valeur des
1.660 hectares de domaniaux qu’il avait portés à l’ac-
tif de l’entreprise, il en eut retiré 2.490.000 fr.

Ce qui, nonobstant les augmen-


tations, eut réduit le sacrifice, du
trésor à 3.324.157 fr.

plus-values successives. — C’est à partir de la
campagne de 1862 qu’a eu lieu la reprise des travaux
de colmatage, par l’administration française.— L’en-
diguement général presque entièrement achevé n’exi-

geait que quelques travaux complémentaires ; et l'en-


tretien, proprement dit, restait à la charge de l’en-
treprise Chiron, jusqu’à la tin de 1864.

Mais le travail du colmatage, dont toutes les prises


d’eau étaient d’ailleurs construites, se trouvait, au
contraire, à peine ébauché.

Ainsi que nous l’avons exposé précédemment, les


travaux des vallées de l’Arc et de l’Isère, quoique très-
judicieusement conçus, n’avaient donné à l’adminis-
tration sarde, de 1854 à 1861, que des résultats
onéreux. Et d’après les difficultés financières, on ne
pouvait en prévoir l’achèvement, que dans un avenir
très-éloigné.

Les communes et les propriétaires riverains épuisés


par une contribution excessive, surtout découragés,
par les dommages récents que leur avaient causés,
d’abord les inondations, puis ensuite les filtrations,
se montraient pleins de méfiance sur le succès défi-
nitif de l’opération; et dans tous ces cas, ne secon-
daient, en aucune manière les efforts du gouverne-
ment.

Depuis la reprise des travaux par l’administration


des ponts et chaussées, les choses ont bien changé
de face.

Avec un personnel restreint, ne coûtant pas plus


de 13 à 14 mille fr. par an, l’opération du colma-
tage, à partir de 1862, a marché avec une régularité
remarquable. Et les progrès de l’atterrissement, dans
le périmètre domanial, ont été aussi rapides que
possible.

On peut s’en assurer, eu jetant les yeux sur les


chiffres relevés chaque année, pour établir la valeur
estimative des diverses classes de ces terrains.

Bien que ces chiffres soient déjà satisfaisants, nous


pensons qu’ils restent très-au-dessous des valeurs
réelles, et c’est ce que nous espérons pouvoir démon-
trer par les observations suivantes.

Mode d'évaluation. — Ces estimations ont été
faites avec soin, en tenant compte non-seulement
des différentes natures de sols et de culture, mais
aussi des plus ou moins d’avancement du colmatage,
alors à peine ébauché.

Pour cela, on a adopté les bases suivantes, sur


lesquelles nous allons présenter, plus loin, quelques
observations.

Estimations


par hectares.

Terrains dont le colmatage achevé ..... 1.000 fr.


C’est en appliquant à ces estimations, les superfi-


cies correspondantes à chacune d’elles que l’on est
arrivé, pour les 1.015 hectares de terrains doma-
niaux, rachetés, en 1861, parle gouvernement fran-
çais, au chiffre total de 502.700 fr.

(1) Nom local des Sosalières, en Savoie.

Ce qui fait ressortir le prix moyen de l’hectare,
à 495 fr.

Ces bases étant aussi conformées que possible à la


situation des terrains, à ladite époque, on peut ad-
mettre que les domaniaux dont il s’agit ont été payés
ce qu’ils valaient.

Mais comme, depuis cette époque, on a procédé


sans interruption à la continuation du colmatage,
ayant pour but l’amélioration définitive desdits ter-
rains, il a été produit au mois d’octobre de chaque
année par MM. les ingénieurs locaux, à partir de 1861,
un rapport général sur les progrès de l’opération.
Chacun d’eux est accompagné d’un État présentant
ces estimations partielles comme il vient d’être dit.

En partant de la situation primitive résultant de


l’État estimatif du mois d’octobre 1861, voici com-
ment se résument (en nombres ronds) les résultats
fournis par les situations suivantes, jusqu’en 1866,
inclusivement.

DATES.

ESTIMATIONS

PLUS-VALUES

totales.

par hectar.

totales.

par hectar.

31 octobre

1861

502.700'

495'

(Prix d’acqi

lisitiou).

Id.

1862

590.000

581

87.290'

86'

Id.

1863

705.650

695

203.000

200

Id.

1865

920.000

906

417.200

411

Id.

1866

1.250.000

1.231

747.150

736

A la seule inspection de ce résumé, ou peut voir,

de suite, que les plus-values se sont maintenues, de-


puis 1861, dans une proportion toujours croissante;
qu’en moins de cinq ans, les terrains en question
ont déjà atteint près de deux fois et demie leur
valeur primitive; de sorte que dans trois ans au plus
elle se trouvera triplée.

Mais nous avons deux observations essentielles à


faire sur çes plus-values, à savoir :

1° Qu’elles sont non-seulement nettes de tous frais,


mais qu’elles comportent un revenu accessoire ou
supplémentaire, qui est dès aujourd’hui de plus de
20.000 fr. par an, et qui tend à s’accroître de jour
en jour;

2° Que leur évaluation est au-dessous de la réa-


lité.

Le revenu accessoire provient de ce qu’aussitôt que


les bassins de colmatage sont mis en activité, il s’y
constitue spontanément une abondante végétation de
roseaux, et autres plantes aquatiques, très-recher-
chées comme fourrage, litière, et engrais ; et qui ont,
dès la troisième amibe, des valeurs locatives de 70 à
80 fr. par hectare, sans coûter ni culture ni entre-
tien quelconque.

En appliquant le prix moyen de 75 fr. au produit


annuel des roseaux aujourd’hui en exploitation ré-
gulière sur environ 400 hectares de ces domaniaux, en
voie de colmatage, on obtient le revenu annuel de
30.000 fr.; qui a été effectivement atteint, dans les
adjudications pour la campagne de 1866; mais qui
s’accroît d’année en année.

Les travaux neufs étant presque entièrement ter-


minés et les dépenses afférentes au service des
agents secondaires, attachés à cette opération, n’at-
teignant pas aujourd’hui 10.000 fr., l’état profite,
chaque année, d’un boni de 20.000 fr., à titre de
revenu éventuel pouvant devenir bien plus impor-
tant ; encore bien que cette éventualité inespérée
soit restée tout à fait en dehors des prévisions ; lors
de la rédaction des premiers projets, qui remontent
à 1823.

Nous avons donc été fondé à dire que les plus-


values foncières qui se constituent rapidement sur
les 1.015 hectares de domaniaux, non-seulement
sont nettes de tous frais, mais accompagnées d’un
revenu préalable, ou accessoire, qui lui-même s’ac-
croît chaque année.

Quant à la seconde observation touchant l’insuf-


fisance des estimations, dans ces états successifs, et,
notamment dans celui d’octobre 1866, elle doit pa-
raître évidente d’elle-même.

En effet, d’après la rareté et l’excellente qualité


des terrains d’alluvion, dans la vallée de l’Isère
(Savoie), ceux d’entre eux qui sont dansles meilleures
conditions se vendent communément de 4.500 à
5.000 fr. l’hectare.

Aussitôt qu’ils seront suffisamment exhaussés et


assainis, par le seul fait de quelques fossés d’égout-
tement, les domaniaux, dont il s’agit, auront au moins
la même valeur, puisqu’ils auront le double avantage :
1“ d’être des terrains entièrement neufs; 2° d’être

submersibles, à volonté, ou irrigables, en été comme


en hiver. — Or lesdits terrains, dont la plus grande
partie ont déjà reçu une couche de 0"',l 5 à 0”',25 de
limon, sont plus qu’à moitié atterris, et doivent, par
conséquent, avoir acquis dès aujourd’hui une valeur
de plus de 2.000 fr. l’hectare.

Mais ce qui confirme surtout cette opinion d’une


manière palpable, c’est que, dans leur situation ac-
tuelle, qui peut être transitoire ou définitive, c’est-à-
dire à l’état de roselières, ils valent dès aujourd’hui
plus de 2.000 fr., par cela seul qu’ils ont, en
moyenne, un revenu locatif de 75 fr. par hectare.

Ainsi, indépendamment de la valeur finale qu’ils


atteindront, après leur complet atterrissement, et
qui sera celle des meilleures terres de la vallée, du
moment où ces 1.000 hectares resteraient exploités
en roselières leur revenu locatif, net de tous frais,
étant de 75.000 fr., leur valeur vénale excéderait
deux millions, c’est-à-dire le quadruple du prix d’ac-
quisition.

Au prix définitif, qui dépassera probablement


4.000 fr. (puisque nul cas de force majeure, on
doit l’espérer, ne viendra en précipiter la vente), le
trésor réalisera un grand bénéfice. — Et cela sans
compter les revenus accessoires ou préalables qu’il
aura encaissés, pendant huit à dix ans.

Ce décompte, parfaitement exact, et dont les


moindres détails ont été par nous-même vérifiés
sur les lieux, établit que par le rachat des 1.015
hectares de domaniaux repris, en 1861, au prix

d’environ 500 fr. l’hectare, le gouvernement français


a fait en réalité une excellente affaire; puisque d’ici
à trois ou quatre ans, il pourra én rétirer huit fois
prix déboursé.

Si nous avons consacré des détails assez étendus


à rendre compte de ce simple épisode de la grande
enlreprise dont il s’agit, c’était dans le but d’éta-
blir : qu’une opération de colmatage quand elle
est bien conçue et bien exécutée tout en rendant un
immense service à une contrée, atteinte de l’insalu-
brité, peut aujourd’hui donner des bénéfices, à la
fois plus élevés et surtout plus certains qu’aucune
opération industrielle, quelle qu’elle soit.

Quant au calcul correspondant, pour l’entreprise


envisagée dans son ensemble, on ne put le présenter
que d’une manière approximative; mais on s’appro-
chera beaucoup de la vérité en le résumant ainsi qu’il
suit :

Sur un périmètre total de 6.000 hectares (en nom-


bre rond) de terrain à bonifier, il y avait, primitive-
ment, 1.660 hectares de domaniaux, dont 360 hec-
tares ont été aliénés, prématurément, et à vil prix,
en 1856. — Mais ils ont passé dans la catégorie des
terrains privés qui vont recevoir, successivement,
leur amélioration complète, à l’instar des 1.015 hec-
tares des domaniaux cédés à l’administration fran-
çaise.

Dans un délai assez rapproché, et avec les mêmes


ressources dont on dispose actuellement, ces 6.000
hectares se trouveront entièrement mis en valeur.

— fl est probable que l’on en conservera environ 1 /3


en roselières, qui donnent un revenu exempt de tous
frais.

Soit donc 2.000 hectares valant 2.500fr. l’un
ou ensemble 5.000.000 fr.


Les 4.000 hectares restant se trouvant com-
plètement améliorés, assainis et en terrain
neuf, propre à toutes les cultures, y compris
la culture maraîchère, vaudront moyenne-
ment 4.000 fr. l’hectare; et ensemble, au mi-
nimum 15.000.000


Total 20.000.000 fr.

La valeur primitive de ces terrains n’attei-
gnait pas.... 1.200.000
fr.

Les travaux de l’endiguement
ont coûté 8.000.000


Ceux de colmatage ( prises
d’eau, canaux d’amenées et tra-
vaux intérieurs) n’atteindront
pas au chiffre total de 800.000


A déduire 10.000.000 fr.

Par conséquent l’opération se résume en
une plus-value générale, ou bénéfice net, de
dix millions, ci 10.000.000 fr.

Mais n’oublions pas de remarquer que, dans le


cas actuel, comme on va le voir aussi dans l’entre-
prise analogue qui est l’objet des trois chapitres sui-
vants, Yendiguemenl seul, quand même il n’y eût
pas eu de terrains à conquérir, par colmatage, était
impérieusement réclamé, comme mesure de salubrité
publique. — Et aussi dans l’intérêt de grandes voiesde communication, représentant ici un intérêt de
premier ordre (1).

La dépense était donc déjà suffisamment justifiée.


Mais nous, voyons de plus que, par la bonification
agricole, évaluée ci-dessus, plutôt au-dessous qu’au-
dessus de sa valeur réelle, toutes les dépenses de
l’endiguement se trouveront couvertes, avec un excé-
dant minimum de dix millions, c’est-à-dire de plus
de 100 p. 100 des dépenses susdites.

En terminant ce résumé, nous ferons remarquer


que, dans un petit nombre d’années, on aura terminé
le colmatage et l’assainissement de tous les terrains
improductifs et insalubres, existant le long de l’en-
diguement de l’Isère.— On pourra, sans doute, con-
tinuer de leur procurer, sous forme de simples
submersions périodiques, un précieux moyen d’a-
mendement annuel, équivalant à au moins 150 fr.
par hectare.

Mais la conquête proprement dite des terrains à


reconstituer par voie de colmatage se trouve res-
treinte ici à des proportions, relativement minimes
d’après le volume d’eau dont on peut disposer.

Dans quelques années, l’exhaussement nécessaire


sera obtenu. Et à partir de ce moment, l’Isère conti-
nuera d’emporter, chaque année, au Rhône et à la
mer, plus de 5 millions de mètres cubes de limons
fertiles valant au moins six millions de francs.

(1) Le chemin de fer Victor-Emmanuel, une route impériale et une


route départementale sont établis sur les digues de l’Isère (Savoie).

Dans le cas actuel, c’est donc le terrain qui manque


au colmatage.

On verra, par les documents fournis dans la suite


de cet ouvrage, qu’il existe en France, des localités
dans lesquelles se trouvent réunies, à la fois, d’abon-
dantes et précieuses ressources, au point de vue du
colmatage et d’immenses étendues de terrains infer-
tiles et insalubres, disposés de la manière la plus
favorable pour en utiliser le bienfait pendant plus
d’un demi-siècle.

Vallée de l'Arc.— Les descriptions qui précèdent
s’appliquent presque exclusivement à la vallée de
l'Isère.

Sur une moins grande échelle des travaux ana-


logues ont été exécutés sur-les deux rives de l'Arc.
Mais l’endiguement n’y est pas continu; de sorte
qu’au point de vu du colmatage, on n’a pu obtenir
que des résultats partiels.

C’est pourquoi nous n’avons pas cru devoir entrer


dans des détails particuliers sur les travaux faits
dans cette dernière vallée.

CHAPITRE XIII.

TRAVAUX o’ENDIGUEMENT ET DE COLMATAGE SUR LA RIVE GAUCHE
DU VAR (ALPES-MARITIMES).

I — État ancien de la vallée.



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