Submersions fertilisantes comprenant les travaux



Yüklə 1,65 Mb.
səhifə11/21
tarix27.12.2018
ölçüsü1,65 Mb.
#86914
1   ...   7   8   9   10   11   12   13   14   ...   21

Situation hydrographique. — Le plan général
(PL VIII) représente la partie inférieure du cours
du Var, ayant son débouché à la mer, à environ
10 kilomètres à l’ouest de la ville de Nice.

Par la seule inspection de son bassin, d’étendue


très-restreinte, mais ayant plus des trois quarts de
son étendue dans une région montagneuse à pentes
très-escarpées, on comprend de suite que son régime
doit être essentiellement torrentiel.

Les eaux du Var sont presque constamment limo-


neuses ; et dans les grandes crues la proportion des
limons terreux, qui est moyennement d’environ
0,003 du liquide, va quelquefois jusqu’à 0,003.

La vallée du Var, depuis la roche rouge (1), située


un peu au-dessous de la Roquette-Saint-Martin, jus-
qu’à la mer, présente un développement de 22.800
mètres sur une largeur moyenne de 1.500 à 2.000
mètres.

C’est sur toute cette superficie que les eaux du
torrent se creusaient un lit nouveau à la suite de
chaque grande crue.

Cependant contenues, le long de la rive droite,


par des terrains escarpés, et sur la rive gauche, par
une forêt séculaire, que les lianes rendaient impé-
nétrable; ces eaux sont restés maintenues dans de
certaines limites, qui semblent avoir peu varié, pen-
dant plusieurs siècles.

C’est ainsi que la plaine de Nice, fôrmée par la


brusque inflexion des coteaux du versant oriental,
un peu avant d’arriver à la mer, s’est conservée,
jusqu’alors, sous l’abri tutélaire de cette défense
naturelle. — Mais l’espace occupé par le cours infé-
rieur du Var n’en était pas moins cinq ou six fois
plus grand qu’il n’était nécessaire pour son libre
écoulement. Tous les calculs établissent, en effet,
qu’une largeur effective de 300 mètres, et même de
250 mètres, était bien suffisante.

La forêt du Var, incessamment réduite, d’un côté


par l’action des eaux, de l’autre par les envahisse-
ments de la culture, se trouva, vers la fin du siècle
dernier, tellement diminuée que les propriétaires
riverains, justement alarmés, se virent obligés de se
défendre, à frais communs, contre les corrosions.

Ces travaux privés furent d’abord régis par des


ordonnances du sénat de Nice ; mais elles tombèrent
en désuétude, devant l’occupation française, en 1792.

L’année suivante, la construction du grand pont


en charpente, destiné à faciliter les communications
entré les deux rives, exigea l’abattage d’une grande
partie de la forêt. — Alors les terres inférieures de
la vallée furent protégées par une digue transversale,achevée sous le premier empire, et qui, d’après cela,
conserva toujours, depuis, le nom de Digue Napo-
léon
ou de Digue des Français.

Cette digue garantissait à la fois les terres situées


à l’aval de la vallée et la chaussée qui conduisait au
pont, mais elle laissait sans défense une grande
étendue de terrain, qu’il était indispensable de pro-
téger, par d’autres moyens.

Plus tard, le 27 août 1825, il y eut entre la France


et la Sardaigne, un traité fixant à 500 mètres la lar-
geur du Var, d’une rive à l’autre; et laissant, à cha-
cune des parties contractantes, le soin d’exécuter,
sur sa propre rive, les travaux de défense, qu’elle
jugerait convenables.

L’intérêt de la conservation du territoire était bien


plus grand sur la rive gauche que sur la rive droite,
en grande partie protégée, soit par l’escarpement
naturel des coteaux, soit par des épis et endigue-
ments partiels remontant, pour la plupart, à une
époque très-reculée.

On ne doit donc pas s’étonner que les intéressés


de la rive gauche, et surtout la ville de Nice, aient
été constamment préoccupés de cette grave situation.
Aussi chaque fois qu’il a été question d’entreprendre
un travail, dans ce but, le conseil municipal de cette
ville et ceux des autres communes intéressées, ont
constamment émis des avis favorables; en offrant,
de plus, de concourir, par des sacrifices notables, à
l’exécution des travaux.

Tout le monde reconnaissait, en effet, que l’endi-

guement de la rive gauche du Var était l’œuvre la
plus désirable, et même la plus urgente dont on pût
s’occuper, dans l’intérêt du pays.

En effet, elle tendait non-seulement à accroître la


superficie cultivable du territoire et par conséquent
les moyens d’existence et de travail pour les classes
ouvrières; mais cette entreprise offrait l’unique
moyen de garantir, contre les corrosions du Var,
cette plaine si fertile, dont le sol a une valeur d’au-
tant plus élevée, qu’elle doit seule subvenir à la pro-
duction des fourrages, céréales, cultures maraîchères
et autres produits, qui ne peuvent croître dans la
partie montagneuse, formant la plus grande partie
de cette province.

On invoquait, en outre, la grande importance des


mêmes travaux, comme permettant la création de
voies de communications, directes et faciles, qui
manquaient absolument entre le chef-lieu et les
communes rurales, et dont l’établissement favorise-
rait aussitôt le développement des intérêts agricoles.

Enfin, on reconnaissait unanimement la nécessité


d’opposer une barrière définitive aux corrosions
croissantes du Var, qui se portait, de plus en plus,
sur la plaine de Nice, en entraînant le sol cultivable,
pour laisser à la place des graviers ou des marais,
dont la funeste influence, accrue par la chaleur ex-
trême de ce climat, se manifestait de la manière la
plus inquiétante pour la santé publique. Finalement
ici, plus encore qu’en Savoie, et indépendamment
de toute conquête agricole proprement dite, l’opéra-

lion dont il s’agit avait trois buts principaux, savoir :

1° La défense d’un territoire précieux qui se trou-
vait menacé d’une destruction plus ou moins pro-
chaine.

2° La cessation des fièvres paludéennes, consé-


quence inévitable de la dévastation de la vallée.

3° L’établissement de voies de communication,


manquant totalement sur les points les plus impor-
tants de ce territoire.

II. — Historique de l’entreprise.



Premiers projets. — Aussitôt après la Conven-
tion intervenue entre les gouvernements de France
et de Sardaigne, pour la fixation de la largeur du
Var, il fut présenté divers projets relatifs à l’endi-
guement de ce torrent, du côté de Nice.

Dès l’année 1826, une compagnie génoise sollici-


tait l’autorisation d’établir une digue, de Saint-Sau-
veur jusqu’à la mer; mais elle ne lui fut pas accordée.
Il en fut de même d’une seconde demande analogue,
présentée, l’année suivante, par des propriétaires
locaux.

En 1829, l’intendant général de la province de


Nice essaya d’organiser, entre les propriétaires inté-
ressés à la défense des terrains, contre les crues du
Var, un syndicat (1). Mais cela donna lieu aussitôt à
de vives réclamations, et cette idée fut bientôt aban-
donnée.

C’est ce qui détermina le gouvernement sarde à


mettre au concours un projet général d’endigue-
ment. 11 fut présenté treize projets, parmi lesquels
celui de M. Gardon, ingénieur en chef de la province
de Nice, reçut la préférence. 11 comprenait une levée
de 3m,50 de hauteur et de 7 mètres de largeur, au
couronnement, avec talus à 43°. Du côté du torrent,
elle devait être revêtue d’un enrochement général,
représentant un cube de 43 mètres par mètre cou-
rant. L’existence de carrières convenables, à proxi-
mité des travaux, facilitait d’ailleurs l’exécution de
ce projet.

Le roi de Sardaigne l’approuva par lettres patentes


du 13 avril 1837, qui en ordonnaient l’exécution,
en dix ans; sous la direction d’un ingénieur de
l’État, et à la condition que les terrains à conquérir
par colmatage seraient vendus, au fur et à mesure
de leur mise en valeur, pour rembourser le trésor
des fonds qui auraient été avancés, ou empruntés,
y compris un intérêt de 3 p. 100.

Des intrigues locales firent d’abord écarter suc-
cessivement les divers demandeurs qui se présentè-
rent pour obtenir la concession de ces travaux. —
Mais par lettres patentes du 23 mai 1844, le roi
Charles-Albert, d’après l’adhésion du conseil muni-
cipal de Nice et celle d’une délégation des proprié-
taires riverains du Var, institua une commission
spéciale
(1), autorisée à passer le contrat de cession

de l’entreprise, avec MM. Boisset, de Jussieu et com-


pagnie, aux clauses et conditions stipulées dans leur
soumission, en date du 20 mars de ladite année,
pour l’exécution du projet Gardon.

Cet acte fut rédigé le 29 juillet 1844. Les clauses


principales étaient les suivantes :

L’administration cédait aux concessionnaires en


toute propriété :

1’ Toutes les terres en friche existant le long de


l’endiguement projeté, avec les arbres qui s’y trou-
vaient;

2° Tous les terrains, en graviers, à conquérir sur


la rivière ;

3° Le droit d’exploiter la carrière de Saint-Mar-


tin, pour l’extraction des blocs destinés à l’enro-
chement ;

4° Une subvention de 590.000 fr.

à payer savoir :

Par le syndicat du Var


et la ville de Nice 480.000 fr. j


administrative, créée en pareil cas, était chargée, sous le contrôle des


ministres de l’interieur et des finances, de veiller à l’exécution des con-
trats, en matière de travaux publics, avec tous les pouvoirs nécessaires
pour résoudre les questions contentieuses qui s’y rattachaient.

Un cautionnement de 100.000 fr. devait être versé,


à la caisse provinciale, pour garantir les engagements
pris par les concessionnaires

En outre, ceux-ci prenaient à leur charge toutes


les éventualités et même les dommages résultant de
force majeure.

Les propriétaires intéressés, ainsi que les conseils


municipaux des communes sus désignées, avaient
adhéré, unanimement, a ces dispositions.

Tout semblait donc concourir à placer cette im-


portante entreprise dans de bonnes conditions.

Les travaux commencèrent le 11 février 1845,


avec un ensemble de plus de 400 ouvriers. — Ils
devaient être terminés en cinq ans, conformément
à l’une des clauses du cahier des charges.

Mais ne disposant, personnellement, que de res-


sources insuffisantes, les concessionnaires se virent
bientôt obligés de recourir au crédit.

Ici commence l’intervention de M. Villain, ancien


avoué, alors propriétaire à Paris, jouissant d’une
fortune indépendante; qui, on ne sait comment, se
trouva engagé dans cette affaire, au succès de laquelle
il porta un énorme préjudice, tout en y sacrifiant la
majeure partie de son avoir.

Il s’était engagé à verser immédiatement une

somme de 550.000 fr.

moyennnant abandon, à son profit de 25 p. 100,


dans les bénéfices, à réaliser.

M. Fleuriet, ingénieur de la compagnie, s’engagea,


de son côté, il exécuter les travaux pour la somme

de 1.700,000 fr. et à les achever dans le délai pres-


crit.

M. Guillaume, alors ingénieur en chef du dépar-


tement du Var, ayant été consulté, comme arbitre,
par les parties intéressées, estima que, dans ces con-
ditions, le bénéfice, sur les travaux, devait être de
136.000 fr.

Après ces mesures préalables, l’acte d’association


fut passé le 1“ avril 1845.

L’apport des concessionnaires était représenté :


1° par environ 150 hectares de terrains; 2° par la
subvention de 540.000 fr., y compris 50.000 fr.,
d’arbres de la forêt.

De son côté, M. Villain s’était engagé à verser :

Dans le courant de la première
année 250.000 fr.

Dans le courant de la seconde. . . 300.000

Ensemble 550.000 fr.

Avec intérêt à 5 p. 100, à partir du jour du ver-


sement.

Les bénéfices de l’entreprise paraissaient assurés;


car elle avait à son actif :

1° 1.500 hectares de terrains es-


timés 1.426‘,80, ci 2.140.200 fr.

2° La subvention 540.000

3° La vente des arbres.. .... 50.000

Ensemble 2.730.200 fr.

Le prix des estimations étant de. 1.700.000 fr.

il devait rester, comme bénéfice net, 1.440.200 fr.


à partager dans les proportions suivantes :

A 75, aux concessionnaires,

A 25, au sieur Villain.

En prévision d’un bénéfice exceptionnel, celui-ci


conçut alors l’idée d’écarter ses coïntéressés, afin de
pouvoir s’attribuer seul les profits à retirer de l’opé-
ration. Les moyens qu’il employa pour arriver à ce
but furent plus ou moins loyaux, plus ou moins
habiles. Mais il n’y eut qu’une voix dans le pays pour
attribuer au sieur Villain tous les embarras de l’en-
treprise.

Pour donner une idée exacte de ce qui se passa,


dans cette première phase des travaux du Var, nous
croyons devoir citer textuellement quelques passages
d’un rapport, rédigé, en date du 14 août 1860, par
l’un des vice-présidents de la commission spéciale,
qui avait à connaître de toutes les contestations.

« L’avidité de M. Villain, une fois éveillée, ne


s’arrêta plus. Il commença par réclamer la totalité
du bénéfices alloué à l’entrepreneur des travaux, et
M. Fleuriet, fatigué par des chicanes de toute espèce,
se détermina à abandonner l’entreprise.

« Ainsi maître du terrain, ce propriétaire se pro-


cura un matériel considérable, en souscrivant des
obligations à long terme, et il ne paya plus les ouvriers
que mensuellement, à l’aide d’une sorte de papier-
monnaie, souscrit par lui, également à terme; et il

alla même jusqu’à leur vendre, en détail, les denrées


alimentaires, qu’il se procurait par des marchés en
gros, payables à longue échéance.

« Le plan du cessionnaire de la concession parais-


sait être d’exécuter les travaux, sans bourse délier;
mais à l’aide d’opérations de crédit, et des fonds de
la subvention. C’est pourquoi il s’était mis résolû-
ment à l’œuvre, en s’improvisant comme directeur
des travaux.

« M. Villain, en arrivant à Nice, s’était donné


pour un capitaliste, disposant d’une fortune de
2 millions. Il désirait, disait-il, consacrer à cette
entreprise son temps et toute sa fortune.

« Après ces belles paroles l’étonnement fut grand


lorsque, danslemoisde juillet 1849, ce particulier de-
manda, à la commission administrative, l’autorisation
de contracter un premierempruntde 300.000 fr., en
donnant, comme hypothèque, le terrain endigué,
depuis la Roche-Rouge jusqu’à Roquegourbière,
c’est-à-dire le long des 130 hectares, alors garantis
par un premier tronçon d’environ 9 kilom. de digue,
incomplètement construit.

« Pour justifier sa demande il invoqua : les évé-


nements politiques, qui alors agitaient toute l’Europe,
à la suite de la révolution de 1848; les sacrifices qu’il
avait déjà faits pour ne pas laisser les ouvriers sans
ouvrage, dans les moments d’effervescence; finale-
ment,, l’impossibilité où il se trouvait de vendre ou
de grever d’hypothèque ses immeubles propres, sans
passer par des conditions trop onéreuses, résultant

de la crise financière. — A l’en croire, les dépenses


auraient déjà atteint le chiffre de. . 1.200.000 fr.

non compris 394.000

déjà touchés sur la subvention.

Ensemble 1.594.000 fr.

« Par décision de la comission du 28 juillet 1849,
l’autorisation fut accordée, et l’emprunt fut couvert
jusqu’à concurrence de 200.000 fr.

— Mais la commission fut bientôt à même de re-


connaître que le produit de cet emprunt, non appli-
qué à la reprise des travaux, recevait un emploi
contraire sa destination.

« Arrêté dans cette manœuvre, et à bout d’expé-


dients, le sieur Villain dut reconnaître son impéritie.
Ilproposa donc d’abandonner ladirection des travaux ;
moyennant quoi il pourrait contracter un nouvel
emprunt dont le produit serait alors consacré, exclu-
sivement, à la continuation de l’entreprise, sous la
surveillance d’un conseil d’administration, et par un
entrepreneur de son choix.

« Sous cette garantie, que l’on devait croire effi-


cace, et avec l’autorisation de la commission royale
administrative, un nouvel emprunt de 1.500.000 fr.
fut contracté, près d’une maison de banque de
Francfort, et l’emploi en fut réparti entre divers
articles du passif antérieur; et de manière qu’il
restait, pour l’achèvement des travaux, une somme
effective de 1.104.000 fr.

« Pour garantie de cet emprunt, le sieur Villain


engagea tout l’actif de la concession, représentant
une valeur de 3.393.721 fr.

« Ce traité fut bien accueilli, par l’opinion publi-


que. On y voyait le salut de l’entreprise. Mais c’était
un vain espoir. Car ayant eu, immédiatement, des
contestations avec le banquier de Francfort, celui-ci
fut obligé d’arrêter l’émission des obligations et de
resteindre l’avance à 585.000 fr., déjà versés.

« Alors, sans plus d’hésitation, le sieur Villain


suspendit les travaux.

« L’administration consentit cependant à accorder


des délais. Mais après plus d’une année d’ater-
moiements la déchéance fut enfin prononcée le
19 mars 1852.

« Le 6 mai suivant, l’administration fit prononcer


le séquestre général de toutes les propriétés de la
concession. — Alors, mettant en œuvre tous les
moyens de procédure, M. Villain interjeta appel,
devant la cour des comptes de Turin, dont il obtint,
le 30 juin 1852, un arrêt suspensif, qui ordonnait,
en même temps, une visite des lieux, faite contradic-
toirement, dans le but de constater : 1° le montant
des travaux, déjà exécutés ; 2° le temps nécessaire
pour achever l’entreprise. — Le même arrêt fixait
un délai de cinquante jours, à dater de la significa-
tion de la sentence, pour reprendre les travaux; à
défaut de quoi, il serait procédé ainsi que de droit.

« Le 27 janvier 1853, un nouvel arrêt de la Cour,considérant que la clause résolutoire stipulée dans


l’acte de 1844 n’était point applicable aux terrains
déjà endigués, déclara que le contrat ne pouvait être
résolu. — Mais il autorisa, en même temps, la
commission spéciale à faire procéder, d’office, par
voie d’enchères régulières, à l’achèvement de la
digue, aux risques et périls de M. Villain, sauf aux
parties, en cas de désaccord, à se pourvoir devant les
tribunaux.

« Le 26 octobre 1853, ce particulier obtint de la


commission spéciale un traité, par lequel ladite
commission, et pour elle laville de Nice, se chargeait
de l’achèvement des travaux et du payement de tout
le passif; avec abandon au profit du sieur Villain
des 2/3 des bénéfices ; plus le payement d’une pen-
sion de 5.000 fr. à lui desservir, pendant dix ans. —
Ce traité reçut l’approbation du conseil municipal
le 31 décembre 1853.

« Mais à peine était-il signé que le sieur Villain,


dès le 29 janvier suivant, en demanda l’annulation,
en prétendant que le maintenir serait consacrer sa
ruine. — Il présenta un autre projet; en joignant, à
l’appui, un bilan, qui fut immédiatement reconnu
fictif; puisque 535.715 fr. montant de ses nouvelles
inscriptions hypothécaires n’y étaient pas compris,
sans que l’on ait jamais pu découvrir les créances
auxquelles les inscriptions servaient de gage.

« Depuis lors les complications de l’affaire ne


firent que s’accroître. En effet, par un nouvel arrêt
du 29 mars 1855, la Cour des comptes chargea l’in-génieur Moglio de dresser un nouveau cahier des
charges, pour la mise aux enchères de l’achèvement
de la digue, d’après le contrat de la concession du
29 juillet 1854; mais en y introduisant une modifi-
cation assez importante, qui consistait dans la sub-
stitution d’un perré maçonné, à l’enrochement pri-
mitif; et en prescrivant d’autres variantes, dont la
dépense, dûment estimée, devait rester à la charge
de la commission.

« Par arrêt du 8 juillet 1856, la Cour déclara :

« 1° Que le sieur Villain avait droit à une indem-
nité pour la construction du perré;

« 2° Que la commission spéciale était autorisée


à faire procéder, par voie d'enchères régulières, à
l’achèvement de l’endiguement, selon le nouveau
cahier des charges, rédigé par l’ingénieur Moglio,
le 26 octobre 1855;

« 3“ Que dans ce cahier des charges, il serait in-


troduit un article portant réduction du couronne-
ment de la digue a 5m,75 de largeur, au lieu de
7 mètres, et que la partie déjà construite serait ré-
duite à cette largeur, aux frais de M. Villain.

« Personne ne se présenta aux enchères, ainsi


d’ailleurs que tout le monde s’y attendait.

« C’est alors qu’intervint un nouvel arrêt de la


Cour, en date du 16 février, prononçant la résolution
définitive du contrat du 29 juillet 1844; — et sub-
stituant la commission spéciale à tous les droits, actifs
et passifs de l’entreprise — lui laissant la faculté de
disposer, selon qu’elle l’entendrait, moyennant paye-ment, à leur juste prix, de tous les travaux utiles, et
eu égard au temps où ils avaient été exécutés ; avec
intérêts, à partir de cette époque, sauf déduction en
capital, et intérêts des sommes provenant de l’em-
prunt Schmidt, et. de toutes autres sommes qui
seraient légitimement dues aux fournisseurs et ou-
vriers, lesquelles resteront à la charge delà commis-
sion.

« Le même arrêt prescrivait aussi la déduction du


prix reçu par le sieur Villain des terrains conquis et
déjà vendus par lui, avec intérêts, du jour du paye-
ment, selon qu’il serait établi, par un rapport d’ex-
perts.

« D’autre part, la commission spéciale chargea


M. Diana, ingénieur en chef de la prçvinee de Nice,
d’exécuter un nouveau plan d’endiguement en tenant
compte du surplus de terrains à conquérir, en vertu
de la nouvelle convention, à conclure entre les gou-
vernements de France et de Sardaigne, pour la ré-
duction de la largeur du Var à 300 mètres (au lieu
de 500 mètres admis précédemment). »

C’est au milieu de ces complications, dont il était


le seul auteur, que mourut M. Villain, laissant à sa
famille et à ses créanciers une situation des plus em-
barrassées.

Mais ces embarras retombent aujourd’hui, en


grande partie, sur l’administration française; puis-
que lors de l’annexion du comté de Nice, à la France,
en 1861, il a été promis : que le gouvernement de ce
dernier pays se chargerait, non-seulement d’achever

dans un bref délai le travail de l’endiguement du


Var, mais de prendre à sa charge la liquidation de la
première entreprise, que l’on estime devoir exiger
une somme d’environ 1.500.000 fr.

La longueur de digue, comprise dans le premier


projet, et incomplètement exécutée, ainsi qu’il vient
d’être dit, était de 11.166 mètres

Outre, les travaux complémen-


taires de cette première section, il
restait à exécuter, pour la prolonger
jusqu’à la mer, une longueur de. . 11.634mètres

On trouvera dans les chapitres suivants, la des-


cription des travaux qu’il a fallu exécuter pour as-
surer l’achèvement de cette grande entreprise, tou-
chant, aujourd’hui, à son terme.

Si dans la description donnée ci-après desdits


travaux, nous sommes entré dans des détails éten-
dus, sur tout ce qui se rattache à la partie technique,
c’est qu’ils nous paraissent devoir servir de type à
ceux du même genre qu’il serait désirable de voir
entreprendre dans d’autres localités où l’intérêt ter-
ritorial ainsi que la salubrité se trouvent aussi très-
gravement menacés.

Ces détails sont, en partie, extraits des rapports


de M. l’ingénieur en chef Delestrac, chargé, à partir
de 1862, de la rédaction du projet de la nouvelle
digue.

CHAPITRE XIV.

TRAVAUX D’ENDIGUEMENT ET DE COLMATAGE SUR LA RIVE GAUCHE
DU VAR (ALPES-MARITIMES). — DÉTAILS TECHNIQUES.

I. — Endigueraient.



Yüklə 1,65 Mb.

Dostları ilə paylaş:
1   ...   7   8   9   10   11   12   13   14   ...   21




Verilənlər bazası müəlliflik hüququ ilə müdafiə olunur ©muhaz.org 2024
rəhbərliyinə müraciət

gir | qeydiyyatdan keç
    Ana səhifə


yükləyin