Submersions fertilisantes comprenant les travaux


Largeurs du lit et hauteur des digues. —



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Largeurs du lit et hauteur des digues. —

Dans le premier syndicat on a maintenu la largeur


actuelle de 50 mètres, entre le pont des Plagnes et
Carbottaz, afin de prévenir les affouillements que le
resserrement du lit aurait pu produire sous l’influence
d’une pente de près de 8 mètres par kilomètre, et de
la vitesse d’écoulement qui doit en résulter, laquelle
est d’environ 5 mètres par seconde.

Cest pourquoi l’auteur du projet a fixé à 2 mètres


la hauteur des digues neuves à construire, dans cette

partie, atin de parer ainsi aux éventualités pouvant


résulter d’un exhaussement accidentel du lit.

Quant aux digues existantes, comme leur hauteur


actuelle est d’environ 3 mètres par suite de l’affouil-
lement qui s’y est produit, il n’y a proposé aucune
modification. — Il en est de même pour la portion
de 2.912 mètres de longueur, en amont du pont de
Saint-Martin, où le lit a une largeur normale de
36 mètres et une pente de 0“,0058 par mètre; ce
qui correspond à une vitesse d’écoulement de 5"‘,30
par seconde; et à une hauteur d’eau de lm,68 au-
dessus de l’étiage. — En effet, les digues ont, en ce
point, une hauteur qui décroît depuis 3 mètres à
la partie d’amont, jusqu’à 2”,80 au pont de Saint-
Martin.

Mais le débouché insuffisant de ce pont, qui n’a


que 27m,40 et présente un rétrécissement brusque
du quart de la section normale, donne lieu à un
remous excessif, qui n’explique que trop le désastre
survenu en ce point, lors de la crue du 1er novem-
bre 4 859, alors que les digues n’avaient que 2m,30
de hauteur ; à la suite de cette crue, le lit s’est trouvé
comblé de graviers et cailloux jusqu’au ras des di-
gues, qui ont, en outre, été rompues à 900 mètres
en amont du pont. — C’est pourquoi on a porté
leur hauteur, près du pont susdit, à 3“,50 en les
raccordant par une rampe continue avec celle de
2“,70 qui est celle des digues existantes, à 1.425
mètres en amont.

Le même mode de calcul ayant été appliqué sur

les trois autres syndicats, en choisissant entre les
diverses combinaisons possibles de la largeur du lit
et de la hauteur des digues celles qui ne font varier
les vitesses d’écoulement que dans des limites res-
treintes et ne produisent pas des changements brus-
ques dans les hauteurs d’eau, l’auteur du projet a
pu arrêter un tableau général, qui met en regard :

1° Les longueurs des diverses subdivisions du


cours d’eau, depuis le vieux pont de Cluses jusqu’à
la gorge de Bellecombe, sur un parcours de 24.431
mètres ; — 2° les pentes par mètre ; — 3° les débits
par seconde ; — 4° les largeurs correspondantes du
lit au niveau de l’étiage; — 5° les hauteurs d’eau
au-dessus de l’étiage; — 6° les vitesses par seconde.

D’après ce tableau les pentes, par mètre, varient


entre un minimum de 0m,0018, depuis 340 mètres à
l’amont du pont de Bonneville jusqu’à 2.120 mètres
à l’aval du confluent du Borne, et un maximum de
0“,003, entre Cluses et le confluent du Giffre.

Les débits par seconde s’accroissent depuis 545 mè-


tres en amont du Giffre jusqu’à 1.258 mètres en aval
du Borne. — Les largeurs du lit varient, dans les
mêmes circonstances , depuis 50 mètres jusqu’à
112 mètres. — Les hauteurs d’eau, depuis 2m,05
jusqu’à 2m,86; — et enfin les vitesses d’écoulement
sont décroissantes depuis 4“,32, aux environs de
Cluses jusqu’à 3m,58, à la gorge de Bellecombe.

Quant aux deux affluents entièrement torrentiels,


savoir le Giffre, compris au projet pour une longueur
de 1,206 mètres, et le Borne pour une longueur de

1.015 mètres, leurs pentes sont: pour le premier de


0m,0057 et pour le second de 0m,0085 par mètre;
ce qui explique comment ils contribuent si puis-
samment aux encombrements du lit de l’Arve, par
la masse des graviers qu’ils y entraînent.

C’est d’après ces résultats que les hauteurs des


digues au-dessus de l’étiage, ont été fixées à 2m,60
pour les subdivisions du cours de l’Arve, comprises
entre Cluses et le Giffre, à 3 mètres pour la subdi-
vision suivante; à 3m,50 aux abords du pont de Bon-
neville; enfin, à 5 mètres jusqu’à l’entrée de la gorge
de Bellecombe.

Ces digues présenteraient ainsi, au-dessus du ni-


veau des crues extraordinaires, des hauteurs fran-
ches, ou revanches, de 0m,55 à 0m,44, que l’auteur
du projet a considérées comme suffisantes pour parer
à toutes les éventualités.

Une des dispositions caractéristiques du projet,


dont il s’agit : consiste dans l’établissement de 40 à
50 déversoirs de superficie, de 20 mètres de largeur
chacun; dont la crête serait réglée au niveau des
fortes crues ordinaires de l’Arve, dans les diverses
sections. Cette disposition était adoptée dans le
double but : 1° de diminuer le danger des rup-
tures; 2° de procurer le colmatage et l’exhaussement
des parties basses de la vallée au moyen des dépôts
correspondants aux écoulements ainsi obtenus.

Des turcies ou digues transversales étaient d’ail-


leurs projetées, derrière l’endiguement principal ,
pour faciliter cette opération.

L’ensemble des dépenses relatives aux travaux


compris dans cet avant-projet, y compris les indem-
nités de terrains, évaluées à 200.000 fr., s’élevait
au chiffre total de 4.000.000 fr.

On évaluait la superficie totale des terrains devant


profiter de l’opération à 2.762h

Répartis ainsi :

Terrains en culture 1.63lh

ld. en graviers, sable, 2.762h

broussailles. . . 1.031h

La valeur desdits terrains étant approximative-
ment, pour la première catégorie, de. 3.500 fr.

Pour la seconde, de 600 fr.

La valeur estimative des terrains intéressés s’éle-
vait à 6.677.000 fr.

et le bénéfice devait se trouver accru après le col-


matage, puisque les terrains actuellement incultes
auraient alors une valeur au moins égale à celle des
terrains cultivés.

Tel était le système général de l’avant-projet pré-


senté le 10 novembre 1863, par M. l’ingénieur
Faraguet.

Discussion de ce projet. — Il a été soumis à.
l’examen de M. Tavernier, alors ingénieur en chef
de la Haute-Savoie, qui n’en a pas adopté les dispo-

sitions ; et a exposé dans un rapport très-développé,


en date du 31 mars 1865, ses vues personnelles, à
l’appui d’un autre système de travaux.

L’analyse rapide de cette dernière étude pourra


faire juger du travail considérable qu’elle a dû
exiger.

Rappel des projets antérieurs. — Passant d’abord
en revue les nombreux projets antérieurs et les pre-
miers endiguements partiels, établis de 1824 à 1826,
M. Tavernier montre que les résultats n’ont point
répondu aux espérances, conçues à cette époque;
puisque, à peine construits, ces travaux ont été
gravement endommagés par l’action des eaux; de
sorte, qu’en présence de ce fait, les projets ulté-
rieurs n’ont plus eu pour objet que des travaux
partiels.

« A la fin de 1838, on avait déjà dépensé


664,000 fr. pour la construction de 17k,300m de
digues, pour lesquelles on annonçait une dépense
finale de 1.612.662 fr.

« Pendant vingt-deux années, de 1838 à 1860, on


n’a exécuté, en fait de travaux neufs, qu’une portion
de digue de 350 mètres aux abords du pont de Bon-
neville (rive gauche); et quelques tronçons isolés
entre Cluses et le Giffre ; des essais d’éperons, ou
digues orthogonales, aux abords de Bonneville, et
3,900 mètres d’endiguement, sur les deux rives, en
amont du pont de Saint-Martin.

« On a, de plus, exhaussé et réparé, à deux reprises


différentes, de 1851 à 1852 et de 1855 à 1857, lesouvrages de la section comprise aujourd’hui dans le
troisième syndicat; mais sans arriver à les établir
dans des conditions normales; car ils ont encore été
surmontés, sur un grand nombre de points; et for-
tement avariés dans la crue de 1859.

« En résumé, à l’époque de l’annexion, il avait


été dépensé une somme totale de 1.105.000 fr.
dont 714.000 fr. en travaux neufs pour construction
de digues longitudinales, et 191.000 fr. en grosses
réparations. — La situation des travaux est encore
aujourd’hui ce qu’elle était alors.

Dans le premier syndicat, du confluent du Bon-


nant au pont Saint-Martin, les deux rives sont en-
diguées sur 3,900 mètres de longueur, en amont de
ce pont. — Dans le deuxième, entre Cluses et le
confluent de Giffre, quelques tronçons isolés, en
mauvais étal. — Dans le troisième, sur environ
8 kilomètres, les deux rives sont défendues, mais
par des digues insuffisantes et plus ou moins dé-
gradées.
« Le lit de l’Arve parait avoir subi aux abords de
Bonneville, un exhaussement notable sous la double
influence de l’étranglement formé par le pont et
de l’obstruction du lit, en aval, par les dépôts du
Borne, qui a rompu, en 1859, la digue de la rive
gauche.

« Quant aux éperons, et couples de digues ortho-


gonales qui avaient été construits, comme essai dans
cette même partie du cours de l’Arve, ils ont été
anéantis, par la crue de 1852. Cet insuccès n’a pas

peu contribué à faire naître la répulsion manifestée


par les populations intéressées contre l’adoption de
ce système.

« Mais ce sont, en réalité, des empêchements


financiers qui ont forcé le gouvernement sarde à
suspendre la continuation des travaux ; en présence
de l’impossibilité reconnue d’obtenir le payement de
la contribution mise à la charge des propriétaires
intéressés. »

Objections diverses.— Après avoir fait remarquer
que le projet Faraguet s’élève à 4.000.000 fr., non
compris les travaux de colmatage, qui ne paraissent
pas pouvoir être séparés de ceux de l’endiguement,
M. Tavernier fait remarquer : que le projet, plus
complet, par lui présenté, s’élevant à. 4.200.000 fr.
ne résoudra pas davantage la question économi-
que ; puisque cette dépense n’est point en rapport
avec les ressources des propriétaires syndiqués, qui
doivent supporter les neuf vingtièmes de cette dé-
pense.

Passant ensuite à l’examen du système dudit


projet, M. Tavernier appuie principalement les mo-
difications qu’il propose sur les observations sui-
vantes :

« Le système du projet présenté par l’ingénieur


consiste dans l’adoption des digues insubmersibles,
continues ; modifié par l’emploi de déversoirs régu-
lateurs;
et d’un nombre égal de bassins de dépôt,
limités par des turcies ou digues transversales, in-
submersibles. — L’espacement de ces levées est

déterminé, pour chaque partie du cours de la rivière


par une dénivellation a 2 mètres mesurée sur le
profil en long.

« En ce qui concerne l’adoption des déversoirs,


cette disposition, envisagée au point de vue de l’atté-
nuation des crues, est bonne si l’on admet que les
déversoirs fonctionneront régulièrement, sous une
hauteur d’eau variable de 0m,00 à 0m,50. Mais, en
réalité, les réductions du débit maximum seraient
très-restreintes. — Il n’est donc guère permis de
compter sur un moyen d’action dont l’efficacité doit
être mise en défaut, par le seul fait de l’approfon-
dissement du lit, dans les parties supérieures des
sections endiguées. Et il serait à craindre que les
parties inférieures, où le fond doit subir, au con-
traire, un exhaussement ne fussent atteintes, dans
une crue extraordinaire, par la masse totale des
eaux reçues en amont, avec l’aggravation résultant
de l’excédant de vitesse, par suite du resserrement
du lit. — Par l’effet de cette action, des masses
énormes de graviers, déplacées et charriées par les
eaux, peuvent venir s’arrêter en présence du moin-
dre obstacle obstruer le lit et amener la submersion
des digues. — Ces mouvements de fond, qui parais-
sent être le résultat inévitable d’un double endigue-
ment insubmersible, continu, ont eu aux abords de
Saint-Martin, des conséquences désastreuses en 1859;
puisqu’une grande brèche, dans la digue de rive
gauche a déterminé le comblement du lit sur une
longueur de plus de 1 kilomètre, en amont du pont,

et l’irruption du torrent à travers la plaine de Sal-


lenches, qu’il a dévasté. »

Par suite de ces observations, M. Tavernier a cru


devoir combattre le système des déversoirs; faisant
observer, en outre, qu’avec leur hauteur de 2m,50
au-dessus de l’étiage, ils seraient soumis, lors de leur
fonctionnement à l’action d’une chute redoutable
qui les exposerait nécessairement à de graves avaries
et donnerait lieu à des brèches, par lesquelles les
eaux entreraient dans les bassins avec une grande
impétuosité. Il conclut, en conséquence, que l’em-
ploi deces déversoirs ne seraient pas sans danger;
tandis que leur action, comme régularisation des
crues, serait des plus incertaines. — Il fait remar-
quer encore qu’ils seraient inefficaces au point de
vue du colmatage des terrains bas situés derrière les
digues; par cela-même qu’ils ne peuvent fonctionner
que dans les crues extraordinaires; c’est-à-dire une
fois à peu près tous les dix ans, et encore pendant
un temps très-court. — Enfin un autre inconvénient
de leur emploi serait une augmentation très-notable
de dépenses par suite de la nécessité de divers ou-
vrages spéciaux, augmentation qui serait de près
d’un million.

Amené ainsi à reconnaître la nécessité d’un com-


plément d’études, M. l’ingénieur en chef Tavernier
a pensé qu’il convenait de rechercher une solution
plus économique, sujette à moins de chances et de
mécomptes; et surtout qui n’engageât pas l’avenir
d’une manière aussi irrévocable.

Proejct Tavernier. —, Après avoir discuté suc-
cessivement toutes les méthodes applicables â i’en-
diguement des cours d’eau torrentiels et en s’ap-
puyant, notamment, des résultats obtenus : dans les
vallées de l’Isère et de l’Arc, au moyen de digues
continues insubmersibles ; dans le Valais et la vallée
du Fier, au moyen d’éperons ou digues orthogonales,
destinés à fixer le lit d’étiage, M. Tavernier combat
ces divers modes, qu’il ne considère pas comme
susceptibles de donner des résultats durables et il
arrive ainsi à formuler les bases d’un système parti-
culier, qu’il regarde comme spécialement approprié
au régime de l’Arve et qui consiste, principalement,
dans les dispositions suivantes :

Il y aurait un lit majeur et un lit mineur; avec


accroissement progressif des largeurs, à partir d’un
certain niveau.—On éviterait les inconvénients d’un
tracé rectiligne, comportant une disposition symé-
trique; vu qu’avec cette disposition le courant est
sujet à dévier, sous l’influence d’une foule de cir-
constances qu’il est impossible de maîtriser, et exerce
tour à tour contre les deux rives des actions aux-
quelles il est nécessaire d’opposer des revêtements
d’une grande solidité, pour prévenir les érosions et
les désordres qui en résultent.

Cette instabilité inhérente aux tracés rectilignes


est démontrée, d’ailleurs, par l’état habituel des
cours d’eau naturels; puisque, hors des parties où
ils coulent entre deux parois inattaquables ils décri-
vent, toujours, une succession de courbes opposées;

le thalweg se trouvant fixé généralement près de la


rive concave.

On adopterait en conséquence un tracé curviligne.


— En effet là où la rive concave est élevée, et suffi-
samment résistante, la rive convexe, même en ter-
rain peu solide, n’est point attaquée; et dans la
plupart des cas est accompagnée d’une plage, se pro-
longeant jusqu’à l’étiage. — D’après l’auteur du
projet ce fait indique, de lui-même, la voie dans la-
quelle on doit chercher un procédé d’endiguement
satisfaisant à ces deux conditions essentielles : de
fixer invariablement le lit mineur, et de laisser aux
crues une expansion suffisante pour modérer leur
action sur les rives. — Le tracé curviligne serait
donc alors la règle, et le tracé rectiligne l’excep-
tion.

A ce principe général viennent se rattacher toutes


les dispositions secondaires du projet. C’est ainsi
qu’on y détermine successivement ce qui concerne :
1°la fixation delà rive concave, accompagnée d’une
digue directrice, insubmersible; 2 la constitution
de la rive convexe, ou rive régulatrice ; 3° l’ouver-
ture d’un lit unique, avec barrage des bras secon-
daires ; 4° des dispositions spéciales aux inflexions
de l’axe ; 5° l’admission restreinte des épis transver-
saux dans le système actuellement appliqué au cours
du Rhône supérieur, dans le Valais.

Enfin on fait ressortir, comme principal avantage


de ce système l’obtention d’un colmatage à courant
libre,
et par étages successifs, par le seul fait de l’é-

tablissement sur la rive convexe d’une série de di-


gues basses, en galets, maintenues par des clayon-
nages, et qui recevront des exhaussements succes-
sifs, au fur et à mesure des progrès de l’atterrisse-
ment.

Dans le savant travail présenté par M. Tavernier


la détermination de tous les éléments principaux de
ce mode spécial d’endiguement est justifiée par le
calcul et des équations; notamment en ce qui con-
cerne la fixation du lit mineur, les hauteurs de la
digue submersible, la profondeur moyenne, la forme
des sections transversales, etc.

C’est à la suite de cette étude approfondie que cet


ingénieur en chef a présenté, comme procédé pra-
tique d’application de son système, les divers types
de digues représentés pl. XIII.

Dépenses d'exécution.— Dans le système du projet
dont il vient d’être donné une analyse très-succincte
les dépenses s’élèveraient à. . . . 4.200.000 fr.

et seraient réparties ainsi qu’il suit :

Endiguement. . . 2.700.000 fr.

Colmatage 1.350.000

Acquisition de ter-
rains 150.000

Total pareil 4.200.000 fr.



Superficie des terrains intéressés. — D’après les
données fournies dans le rapport à l’appui du même

projet, ces superficies seraient réparties ainsi qu’il


suit :


III. — Conclusion.

C’est dans cet état que la question relative aux
travaux d’endiguement et de colmatage, dans la
vallée de l’Arve se trouve renvoyée à l’administration
supérieure, qui n’a pas encore pris de décision.

Les détails fournis plus haut donnent lapreuve que,


d’après le régime exceptionnel du cours d’eau dont
il s’agit, la question technique offre de très-grandes
difficultés ; mais la plus grande de toutes est la ques-
tion financière; puisque si, comme semblent l’indi-
quer les deux derniers projets analysés ci-dessus, la
dépense devait s’élever au moins à 4.000.000 fr., il
est hors de doute que, d’après leurs ressources de
plus en plus restreintes, par les désastres causés à
chaque grande crue, les propriétaires intéressés ne
pourraient supporter la charge qui leur incombe;
c’est-à-dire payer les neuf vingtièmes de cette dé-
pense; soit au minimum 1.800.000 fr.

Comme, d’un autre côté, il est impossible que


l’État subvienne seul à un travail de cette nature, on
se trouve ainsi contraint de renoncer à poursuivre,

quant à présent, du moins, l’idée d’un projet gé-


néral d’endiguement et de colmatage, pour cette
vallée.

En présence des grandes difficultés résultant du


régime, tout à fait torrentiel, de l’Arve et de ses
affluents, il est probable que l’on devra se borner
d’abord à des mesures partielles, destinées à préve-
nir les dommages les plus graves; et à arriver pro-
gressivement, s’il se peut, à modifier le régime des
crues actuelles.

Il est hors de doute, notamment qu’il devra être


procédé dans le plus bref délai possible à une rec-
tification du cours du Borne, qui vieut aboutir, à
angle droit, dans le lit de l’Arve, un peu au-dessous
de Bonneville et y verse des masses énormes de gra-
viers et galets ; cause principale des dommages souf-
ferts dans cette localité.

Cette rectification, indiquée sur la PI. XII, aurait


à peu près 5 kilomètres de longueur et reporterait
le confluent d’une distance à peu près égale de l’a-
mont à l’aval : de sorte que, par cette modification,
la principale cause des obstructions du lit principal
aurait cessé d’exister.

Une rectification analogue, mais d’une dépense


moindre serait à exécuter sur la rive droite, en ce
qui concerne le confluent du Giffre, autre affluent
torrentiel qui se jette dans l’Arve, également à augle
droit, dans la partie de son cours, comprise entre
Cluses et Bonneville.

Quelques essais de murs à sec et de digues bassesayant donné sur certains points de bons résultats


pour la dépense des propriétés privées, il est pro-
bable que l’on jugera convenable de les continuer
sur une plus grande échelle.

Au surplus, la question est toujours à l'étude, et


l’administration supérieure se préoccupe vivement
de la situation défavorable dans laquelle se trouve
cette vallée.

CHAPITRE XIX.

AMÉLIORATION PAR COLMATAGE DD DOMAINE DD PONTET,
DÉPARTEMENT DE VADCLDSE.


Observations préliminaires. — Jusqu’à pré-
sent nous n’avons traité, dans cet ouvrage, que des
entreprises d’intérêt collectif, ne pouvant être effec-
tuées qu’avec le concours de l’État. Mais dans un
grand nombre de localités, des opérations de colma-
tage peuveut être exécutées par les propriétaires, soit
comme procédé de dessèchement, soit comme mode
de création d’une couche végétale sur des landes ou
graviers entièrement stériles.

Il paraît donc utile de citer parmi les applications


remarquables du colmatage celle qui a été réalisée,
depuis quelques années, avec un plein succès, aux
frais d’un simple particulier.

Cette application est celle qui a eu lieu de 1844 à


1862 sur le domaine du Pontet, dans les environs
d’Avignon, par M. Thomas aîné, propriétaire et
manufacturier.

Ce territoire, à la fois aride et marécageux, était


cité pour la mauvaise qualité du sol, formé en grande
partie de cailloux roulés. On sait qu’il existe sur la
rive gauche du Rhône de grandes étendues de ter-
rains analogues ; à peine cultivables, et par consé-

quent sans valeur, qui portent dans le pays le nom


de garrigues.

Situation de la propriété avant et après les
travaux. —
Le domaine dont il s’agit se trouve sui-
le territoire du Pontet, petite commune située à en-
viron 4 kilomètres au nord d’Avignon, près de la
rive gauche du Rhône. Ce domaine reçoit du côté de
l’est les eaux de divers canaux dérivés soit du canal
Crillon, soit directement de la Durance.

Le sol naturel, sur une grande étendue, ne pré-


sentait que des terrains arides et caillouteux, en na-
ture de garrigues, entrecoupés de marais. Il ne pou-
vait que très-difficilement être mis en culture avec
profit, par suite du trop peu de richesse du sol et
du manque d’engrais.

Avant l’amélioration notable qu’a reçue le canal


Crillon,
de 1845 à 1850, avec subvention du gou-
vernement, cette dérivation était dans l’état le plus
déplorable.

Ni sa section ni sa pente n’étaitent réglées. Les


eaux n’y étaient distribuées que d’une manière irré-
gulière, et généralement avec de longues interrup-
tions.—Parsuite de l’absence de canaux collecteurs,
qui auraient dû être ouverts, préalablement, le peu
d’irrigations qui s’effectuaient à cette époque, ver-
saient le surplus de leurs eaux dans les parties basses
des terres dépendant du hameau du Pontet, où elles
restaient stagnantes, en y causant une très-grande
insalubrité.

Telle était la situation, si défavorable, de cette


localité lorsque M. Thomas a entrepris une série
successive de grandes améliorations dont la plus no-
table est le colmatage, exécuté par lui, avec un plein
succès dans un délai d’environ douze années, sur
une superficie déplus de 120 hectares, avec l’emploi
d’un faible volume d’eau.

Les propriétés sur lesquelles M. Thomas a opéré


des transformations qui les ont fait passer de la der-
nière classe à la première, dans les évaluations du
cadastre, ont été acquises par lui, d’un grand nombre
de particuliers. Sauf deux ou trois grands corps de
ferme ou d’usines, toutes les parcelles étaient extrê-
mement divisées. On comprend dès lors que pour
former un tout avec tant de parties, il a fallu faire
des sacrifices pécuniaires, et que ce n’est qu’à force
d’activité et de persévérance qu’on a pu procéder à
des travaux qui auraient trouvé un obstacle insur-
montable dans le morcellement.

La nature du sol, inaccessible aux alluvions ferti-


lisantes du Rhône, était un composé de cailloux
roulés, plus ou moins mélangés de parties friables.
Le sous-sol, à une profondeur de 0m,25 à 0m,60 est un
poudingue, formé de ces même graviers, assez com-
pacte ou assez mêlé d’argile pour être imperméable.
Plus élevé que le Rhône, mais plus bas que les
collines voisines et que les terres arrosées par la
Durance, ce sol, dont la surface est inégale, recevait
dans ses dépressions les filtrations des eaux supé-
rieures, qui s’y arrêtaient sans écoulement suffisant;

tandis que les parties hautes avaient tous les incon-


vénients de la sécheresse. Des vignes, quelques
oliviers, des prairies marécageuses, et quelques
chétifs bouquets de bois, étaient donc toute la pro-
duction de ces terrains, à demi stériles.

Des fièvres intermittentes rendaient le séjour du


Pontet aussi insalubre qu’il était naturellement peu
agréable. M. Thomas voulut non-seulement assainir
ses propriétés, mais encore les transformer en terres
de première qualité. —Le problème pouvait paraître
difficile à résoudre; mais la seule inspection des
eaux, chargées de riches limons qui se déposaient
sans utilité, fut pour M. Thomas une sorte de révé-
lation de tout le parti que Ton pouvait en tirer. Il
ne pouvait concevoir qu’on laissât sans les utiliser,
dans ce but, les eaux limoneuses de la Durance, qui
porte en pure perte à la mer tant d’éléments pré-
cieux.

Les irrigations faites avec ces mêmes eaux amélio-


rent les terres, mais avec lenteur. Ce propriétaire
intelligent voulut aller plus vite; et à cet effet, il
employa le colmatage, qui, jusqu’à lui, n’avait été
appliqué dans le pays que sur une très-petite
échelle.

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