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L’ancien évêque des Arméniens de France assure l’intérim du Patriarcat arménien-catholique



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L’ancien évêque des Arméniens de France assure l’intérim du Patriarcat arménien-catholique

La Croix

1/7/15 - 17 H 22

Mgr Grégoire Ghabroyan, 80 ans, évêque émérite de l’éparchie de Sainte-Croix de Paris des Arméniens, est devenu administrateur du Patriarcat arménien-catholique de Cilicie après la mort du patriarche Nersès Bédros XIX Tarmouni, jeudi 25 juin.

Selon le canon 127 du Code des canons des Églises orientales, c’est en effet « le plus ancien (…) parmi les évêques qui sont membres du synode permanent » qui, en cas de vacance, assure les fonctions d’administrateur de l’Église patriarcale. C’est à lui que revient la tâche d’organiser l’élection du prochain patriarche.

Né en 1934 à Alep (Syrie), Mgr Ghabroyan a étudié au petit-séminaire de l’Institut du clergé patriarcal de Bzommar (Liban) puis au collège des Frères maristes de Jounieh (Liban) et enfin, à Rome, au collège léonien arménien et à l’Université pontificale grégorienne.

Ordonné prêtre en 1959 pour l’Institut du clergé patriarcal de Bzommar (ICPB), il avait été nommé en 1977 exarque apostolique pour les catholiques de rite arménien résidant en France. En 1986, l’exarchat apostolique était élevé au rang d’éparchie – sous le nom de Sainte-Croix de Paris des arméniens – et Mgr Ghabroyan en devenait le premier évêque.

Il s’était retiré 2013 à l’âge de 78 ans. Mgr Jean Teyrouz lui avait alors succédé.

http://www.la-croix.com/Urbi-et-Orbi/Actualite/Carnet/L-ancien-eveque-des-armeniens-de-France-assure-l-interim-du-Patriarcat-armenien-catholique-2015-07-01-1330066

http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=89860


    1. GENOCIDE

Pour en finir avec le génocide !

L'Orient Le Jour



YOUSSEF MOUAWAD

02/07/2015

Le crime de génocide étant imprescriptible, la tragédie de la famine libanaise (1915-1918) semble devoir être portée devant une juridiction internationale afin que la justice puisse enfin se prononcer. Faut-il, en l'espèce, constituer un tribunal ad hoc ou se porter devant une institution comme la Cour pénale internationale (n'était-ce l'obstacle rédhibitoire de l'article 11 du Statut de Rome de 1998 sur la compétence ratione temporis) ? Mais ce n'est pas là notre propos.

Posons-nous plutôt la double question lancinante de savoir s'il s'agit bien d'un génocide (qualification juridique précise) et si l'Empire ottoman en porte la responsabilité.

Au lendemain de la Grande Guerre, le patriarche maronite Élias Hoayek affirma que la famine avait été « organisée par l'ennemi », Edmond Rabbat fit état d'une « famine voulue, méthodiquement poursuivie », et George Antonius n'hésita pas à dire : « ... there lay a deliberate motive which was vindicative. » Trois locuteurs de poids et un argument massue ! Ainsi donc, l'intention génocidaire serait incontestable et les Ottomans auraient procédé de manière systématique pour éradiquer les Libanais. Or, rien n'est moins sûr, tant au niveau de la réalité historique qu'à celui de la responsabilité criminelle.

La qualification juridique de la disette, ordonnancée ou non par les responsables turcs, relève de toute évidence de la compétence de ceux qui font profession d'historien et de juriste. Les hommes de lettres, toutes obédiences confondues, doivent en effet se retirer de l'avant de la scène. Ni les élégies de Gibran Khalil Gibran ni celles de Mikhaïl Naaimeh ne sont d'intérêt à ce stade, encore moins les déclarations tonitruantes d'historiens autoproclamés, « the self-styled historians », comme s'amusait à les désigner Kamal Salibi.

Une digression peut-être éclairante : reportons-nous à la tragédie que vit le territoire de Gaza, l'état d'Israël ayant imposé un blocus terrestre et maritime empêchant l'approvisionnement de cette bande du littoral. Les Gazaouis qui souffrent de pénurie ainsi que les ONG internationales n'ont pas crié au génocide ; ils ont été plus précis (et ce faisant, plus habiles) en ciblant les mesures draconiennes prises par l'État hébreu et en les qualifiant de crimes contre l'humanité. Et ce fut de bonne guerre, car ce n'est pas en prétendant qu'une chose est une autre devant un tribunal international que l'on fait avancer sa cause, si valide soit-elle. À moins qu'on ne soit les adeptes d'une justice poétique, celle des histrions qui flattent les instincts grégaires...

Après la digression, essayons-nous à une comparaison. La nation arménienne plaide le génocide en affirmant que la décision d'extermination a été prise entre le 20 et le 25 mars 1915 au cours de diverses réunions du Comité central unioniste, que l'ordre de déporter les populations autour du lac de Van fut donné par le Conseil des ministres le 13 mai 1915 et que le ministre de l'intérieur Talaat pacha a ordonné, en date du 22 février 1916, la liquidation des survivants en Anatolie et sur les bords de l'Euphrate(1). La version officielle turque récuse bien entendu ces faits ; elle considère grosso modo que les actes incriminés ne constituent pas un génocide et que les mesures prises par Istanbul le furent dans l'exercice d'un « droit légal d'imperium, comme tout autre État, face à la rébellion des Arméniens »(2).

Dans le litige ininterrompu entre les antagonistes, les Turcs ont également récusé la véracité des fameux télégrammes de Talaat pacha(3). Bref, il y a matière à débattre et tout se joue autour de la question de savoir s'il y a eu aux dates susmentionnées une intention délibérée de mise en œuvre de la solution finale.

Pour ce qui est du Mont-Liban, nous n'avons rien de consistant à verser au dossier de l'instruction, sinon le nombre élevé des victimes et leur mémoire occultée ! Ah ! si simplement les vains plaideurs pouvaient nous dire la date arrêtée par Jamal pacha pour imposer le blocus alimentaire au Mont-Liban. Était-ce avant ou après « l'expédition de Suez » ? Avant ou après l'invasion des sauterelles ?

Car pas plus les historiens sérieux que les cabotins ne peuvent établir l'intention génocidaire, même si la décision de Jamal pacha est humainement injustifiable et qu'une population exsangue en a subi les conséquences désastreuses. Convenons, par ailleurs, que le fait d'avoir ordonné la distribution de denrées, à certains points précis de sa carrière, pour marquer sa satisfaction ou faire preuve de générosité ostentatoire ne peut en aucun cas atténuer sa responsabilité de proconsul, maître incontesté du Arabstan. Si la décision de l'embargo terrestre n'avait pas été prise, le Mont-Liban aurait certes souffert de la famine à l'instar des autres provinces syriennes, et peut-être même plus sévèrement, mais jamais sa population n'aurait été décimée de la sorte.

Il n'empêche que cette indifférence criminelle du pacha à l'égard d'une population dont il avait la responsabilité ne peut constituer, au vu des données dont on dispose, le crime de génocide. Jusqu'à ce jour, la preuve qu'il a agi « sciemment » pour liquider partiellement ou totalement la population chrétienne n'a pas pu être apportée. Par ailleurs, si la parole était donnée à la défense comme dans tout procès équitable, Jamal pacha aurait pu justifier l'accaparement des récoltes par les nécessités de la guerre, ses propres troupes n'arrivant pas de quoi se nourrir correctement !(4) Écoutons plutôt l'historienne Linda Schatkowski Schilcher qui n'a guère décelé dans cette tragédie une possibilité de génocide, elle qui a creusé dans les archives allemandes et autrichiennes, à savoir celles des alliés des Turcs. Dans les raisons qu'elle avance pour expliquer le fléau de la disette, elle insiste plutôt sur les récoltes insuffisantes, sur le blocus maritime des flottes alliées, sur les pratiques criminelles des accapareurs et sur la désorganisation générale qui prévalait dans « Bilad al-Cham ».

Or, en ce moment de commémoration du centenaire de la Grande Guerre, certains esprits vaillants veulent instrumentaliser la famine. Ils se croient investis d'une mission historique. Ils veulent en découdre avec les néo-Ottomans ; une attitude pas très saine mentalement. Alors qu'il faut éviter la surenchère et interroger modestement les faits vérifiables. En domaine historique, mieux vaut tâtonner que claironner.

À ce stade donc, on peut à la rigueur plaider le crime contre l'humanité, mais le génocide, que nenni !



Youssef MOUAWAD

1- Cf. Raymond Kévorkian, «Scénario pour une extermination », « L'Histoire », février 2015, n° 408, pp. 38-49.


2- Col. Dr. Yucel Aktar, « Documents », volume III, p.V
3- Sinasi Orel et Sureyya Yuca, « Les "télégrammes de Talat pacha", fait historique ou fiction », Société turque d'histoire, 1983.
4- Mais alors, quelle raison a pu amener Jamal pacha à cibler le Mont-Liban et à lui avoir fait subir un régime alimentaire de défaveur ? Peut-être craignait-il un soulèvement armé de la population chrétienne majoritaire dans cet espace géographique et réputée francophile ? Un problème crucial d'approvisionnement en denrées aurait détourné les Libanais de leurs rêves belliqueux, faisant ainsi l'économie d'une expédition militaire turque. Mais ce n'est qu'une conjecture.

http://www.lorientlejour.com/article/932482/pour-en-finir-avec-le-genocide-.html

http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=89845


    1. ARMENIE

Poutine et le nouveau casse-tête arménien




Les Echos

Jacques Hubert-Rodier / Editorialiste diplomatique Les Echos | Le 01/07 à 06:00

Depuis une dizaine de jours, des dizaines de milliers d'Arméniens manifestent à Erevan, faisant redouter au Kremlin une nouvelle révolution de couleur, après l'Ukraine et la Géorgie. Ces manifestations baptisées « Erevan électrique » visent à protester contre la hausse de 17 % des prix de l'électricité. Mais, souligne le « Wall Street Journal », d'autres questions sont au centre des revendications dans un pays où le taux de chômage est encore à 17 % (38,5 % en 2001). Car elle vise aussi la domination économique de la Russie, la corruption et le clientélisme dans cette ancienne république soviétique devenue indépendante en 1991.

La compagnie Réseaux d'électricité d'Arménie est, elle-même, une filiale du monopole russe Inter RAO dont le président n'est autre qu'Igor Setchine, un proche de Vladimir Poutine. Dimanche, le président arménien Serge Sarkissian a dû faire marche arrière en suspendant la hausse des prix et son protecteur russe a annoncé une aide militaire de 200 millions de dollars à l'Arménie qui a un différend avec l'Azerbaïdjan à propos de l'enclave arménienne du Haut-Karabagh. Pour Poutine, l'enjeu est élevé car la Russie stationne chez son allié arménien quelque 3.000 soldats et s'assure ainsi une tête de pont vers le Caucase méridional. Ce qui lui permet de renforcer son contrôle sur la mer Caspienne et l'Asie centrale. Pour le journal, les Etats-Unis et l'Europe doivent jouer un rôle pour contester la domination russe en encourageant les mouvements pro-occidentaux. Mais l'Europe se refuse à ouvrir clairement sa porte aux pays du partenariat oriental (Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie notamment) et Washington fait la sourde oreille. Avec le risque de pousser toute la région dans les bras de Poutine.

J. H.-R.

http://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/021175731501-poutine-et-le-nouveau-casse-tete-armenien-1133299.php

http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=89859



De nouveaux leaders veulent relancer les protestations

NAM


Les manifestants qui continuent à occuper une avenue centrale d’Erevan ont choisi dans la nuit de mardi à mercredi de nouveaux dirigeants qui se sont engagés à relancer leur campagne pour l’annulation de la hausse controversée des prix de l’électricité.

Le mouvement civique en cours, surnommé “Erevan électrique“, avait baissé de rythme depuis que son organisateur initial, un groupe de jeunes appelé “Non au pillage“, a exhorté les manifestants à débloquer l’avenue du maréchal Bagramian dimanche.

Les dirigeants de “Non au pillage“ avaient averti qu’une autre vague de répression violente de la police viendrait si les manifestants ne cessaient pas. Ils avaient indiqué que la campagne devrait maintenant prendre des formes différentes. Ils avaient également souligné la concession importante faite par le président Serge Sarkissian, samedi dernier.

La plupart des manifestants ont rejeté l’appel, conduisant “Non au pillag“e à renoncer à la responsabilité de nouvelles actions. La participation à la manifestation a visiblement baissé lundi et mardi, avec seulement jusqu’à plusieurs milliers de participants avant minuit.

Les jeunes manifestants ont formé une nouvelle direction comprenant 15 activistes peu connus. Le plus connu d’entre eux est Davit Sanasarian, membre de l’opposition Zharangutyun. Sanasarian, qui est aussi un membre de l’assemblée municipale de la ville, a clairement indiqué qu’il participait à “Erevan électrique“ en son nom personnel.

“Notre première tâche est de démêler cette situation désorganisée“, a déclaré Sanasarian. “Il n’y a pas de leaders ici. Il n’y a que les personnes qui feront le travail acharné“.

“Nous devons passer plus de temps ici que les autres citoyens, parce que nous sommes responsables de ce qui se passe ici“, a t-il dit.

Les nouveaux dirigeants ont formé mardi soir des équipes distinctes de militants qui traiteront de l’ordre public sur l’avenue, des relations publiques ainsi que des aspects économiques et juridiques des revendications du mouvement. “Chaque équipe aura un représentant qui présentera des propositions à la direction du groupe de citoyens qui, à leur tour, travaillera sur ces propositions et vous les soumettra“, a dit l’un d’eux, Narek Ayvazian, à la foule restant sur l’avenue maréchal Bagramian.

Les nouveaux dirigeants mettent davantage l’accent sur les discussions publiques, offrant à chaque manifestant une chance de parler et de proposer des actions concrètes. Sanasarian a insisté pour que chaque décision prise soit soutenue par la plupart des manifestants.

Il ne sait pas encore si le nouveau groupe va chercher à intensifier la pression sur les autorités arméniennes en élargissant les protestations ou en ajoutant des exigences politiques à leur ordre du jour. L’un des dirigeants, Hmayak Mkrtchian, l’a dit : “Même un demi-pas en arrière signifierait une défaite pour nous.“

Pendant ce temps, la police arménienne hier a à nouveau menacé de forcer la fin des manifestations, en disant qu’elles n’ont pas été acceptées par les autorités municipales et qu’elles “limitent de façon disproportionnée les droits constitutionnels des citoyens et d’autres intérêts publics.“ Elle a également exhorté les manifestants à se rassemblé ailleurs dans le centre de Erevan.

Plus tôt dans la journée, le Premier ministre arménien Hovik Abrahamian et un responsable de la police ont demandé aux parents de ne pas laisser leurs enfants mineurs passer des nuits sur le site des protestations.

jeudi 2 juillet 2015,
Claire ©armenews.com

Reprinted with permission from RFE/RL Copyright(c)2007 Radio Free Europe / Radio Liberty, Inc.1201 Connecticut Ave, t N.W. Washington DC 200

http://www.armenews.com/article.php3?id_article=113676

http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=89872



    1. TURQUIE

Turquie: Ismet Yilmaz élu président du Parlement




RFI

Publié le 02-07-2015

Le candidat de l'AKP, parti au pouvoir, Ismet Yilmaz, a été élu mercredi 1er juillet président de l’Assemblée nationale après avoir recueilli 258 voix contre 182 pour son adversaire du CHP (social démocrate). Pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir, l’AKP a été mis en minorité lors du scrutin législatif du 7 juin dernier, et doit chercher à former une coalition.

Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

Tout le monde convient d’une chose : le nouveau président du Parlement, ancien ministre de la Défense depuis 2011, Ismet Yilmaz, est la personne la plus atone possible pour ce poste. Soutenu par l’abstention du groupe ultranationaliste MHP, Ismet Yilmaz passe pour un test de confiance de l’AKP au pouvoir vis-à-vis du MHP, qui semble prêt à soutenir un gouvernement AKP, fût-il minoritaire. C’est l’alliance la plus naturelle, entrevue de longue date.

Pourtant, le Premier ministre actuel Ahmet Davutoglu, qui devrait être chargé de former le futur gouvernement dans les prochains jours, a tenu à souligner que ce soutien du MHP n’était pas forcément un indice sur la nature de la future coalition. Car le parti a des exigences difficiles à remplir, et pourrait se contenter d’un soutien de l’extérieur au futur gouvernement AKP, sans majorité.

Quoi qu’il en soit, l’arithmétique de cette nouvelle chambre instable semble particulièrement hasardeuse et incertaine, et promet quasi certainement un nouveau scrutin législatif anticipé à court terme. Ce qui est l’issue privilégiée par le président Erdogan, qui cherche à se constituer une nouvelle majorité confortable dans les urnes pour effacer son relatif échec du 7 juin, et relancer son projet de présidence forte.

http://www.rfi.fr/europe/20150702-turquie-ismet-yilmaz-elu-president-parlement-erdogan-akp/?aef_campaign_date=2015-07-02&aef_campaign_ref=partage_aef&dlvrit=1448817&ns_campaign=reseaux_sociaux&ns_linkname=editorial&ns_mchannel=social&ns_source=twitter

http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=89842

Turquie : Les élections parlementaires offrent aux Arméniens une voix politique

NAM


Les résultats des élections législatives du 7 Juin en Turquie n’ont pas donné la majorité au parti justice et développement du président Recep Tayyip Erdoğan. Elles ont également diversifié la composition démographique du parlement : l’élection de trois députés arméniens est annoncée comme une percée importante pour le pays et ses relations tendues avec sa minorité arménienne.

Toutes les minorités non musulmanes de Turquie ont vu leur nombre d’habitants s’effondrer depuis la formation de la république laïque en 1923. Malgré les événements de 1915, lorsque des centaines de milliers d’Arméniens ont été abattus, expulsés ou contraints de fuir la Turquie ottomane, le minorité arménienne demeure la plus grande, avec une estimation de 70 000 membres, la plupart d’entre eux vivent à Istanbul.

Pourtant, ces personnes n’étaient pas représentées dans l’assemblée législative du pays - un des signes les plus évidents d’un plafond de verre pour les minorités non-musulmanes. Maintenant, en tant que partie de la société turque elles commencent à pousser pour une Turquie plus inclusive, le plafond est en train de craquer. En conséquence, les questions qui ont longtemps été supprimées ou autrement ignorées pourraient bientôt acquérir une plus grande visibilité dans la politique turque.

« Je suis un Arménien qui veut que la Turquie face à son passé et construire une société égalitaire », a déclaré le parlementaire élu Garo Paylan du parti de la Démocratie populaire pro-kurde (HDP) avant l’élection. “Nous ne voulons pas plus attendre. Voilà pourquoi je vais au parlement pour changer cette situation “.

Pour Garo Paylan, 42 ans, un élément clé de ce changement implique que la Turquie puisse faire face aux événements de 1915 . Les Arméniens affirment que les forces turques ottomanes ont commis un génocide contre la nation arménienne. Les gouvernements turcs successifs ont fortement nié que les événements tragiques de 1915 constituent un génocide.

“Nous ne disposons pas de députés au Parlement qui dit que nous avions subi un génocide“, a déclaré Paylan, en référence à l’effusion de sang de 1915. “Je dis et je le répète [qu’il ya eu un génocide] et je demande à toute la communauté de reconnaître ce génocide. Nous devons faire face à ces crimes pour qu’ils ne se reproduisent plus“.

Jusqu’à récemment, peu de gens en Turquie ont même osé prononcer le mot génocide en public par crainte de représailles.

La sélection de Paylan comme candidat par le HDP pro-kurde a soulevé quelques sourcils. Paylan était parmi trois candidats arméniens pour le parti, mais il a été le seul élu. La stratégie de campagne du parti était d’atteindre au-delà de sa base kurde, sur une plate-forme de pluralisme et de démocratie. Le parti a également choisi un Rom et un candidat LGBT, et une chrétienne assyrienne sortante, qui a été réélu.

Mais cela a été le Parti républicain du peuple (CHP), héritier politique du fondateur de la Turquie, Kemal Atatürk, qui a offert la plus grande surprise de la campagne électorale en sélectionnant une avocate d’origine arménienne Selina Doğan, trentenaire, à la tête de sa liste des candidats d’Istanbul. Le CHP de centre-gauche a de fortes racines nationalistes et étatistes et était associé sous les gouvernements passés avec certains des pires excès contre les minorités non-musulmanes.

Le placement de Doğan en haut de la liste des candidats du CHP a garanti son élection, et était destiné à envoyer un message de changement puissant par la direction du parti. Doğan admet que sa candidature a rencontré une certaine résistance interne. Mais la résistance s’est rapidement dissipée après que le leader du CHP Kemal Kılıçdaroğlu soit intervenu personnellement, a-t-elle ajouté.

Résoudre le préjudice est une priorité pour elle. « Nous ressentons encore des inégalités. Non, ce ne sont pas un sentiment. C“est la vérité - nous ne sommes pas égaux “, a déclaré Doğan à EurasiaNet.org. Elle a affirmé que les non-musulmans souffrent de la discrimination quand il s’agit de possibilités d’emploi dans la bureaucratie gouvernementale, et a promis de lutter contre cette “mentalité.“ Elle a refusé de commenter si elle avait connu une telle discrimination.

Yetvart Danzikyan, rédacteur en chef du journal bilingue turco-arménien Agos, à Istanbul, voit l’élection de candidats arméniens comme “un signe de changement“, mais note que “de nombreux problèmes demeurent.“

“Par exemple, il n’y a pas de loi, mais, en fait, les Arméniens, les Juifs, les Grecs ne peuvent pas être des juges, des officiers militaires ou des policiers,“ a-t-il affirmé.

Paylan et Doğan disent également qu’une interdiction de facto sur l’emploi des non-musulmans reste en vigueur dans les institutions étatiques. Un autre candidat d’origine arménienne élu au Parlement conteste cette notion.

“Maintenant, en ce moment en Turquie, il n’y a pas un seul endroit où un arménien ou toute personne de toute autre religion ne peut pas entrer“, a affirmé Markar Esayan, qui représente le parti Justice et Développement du président Erdogan (AKP).

Esayan, un chroniqueur pour le journal pro-AKP Yeni Safak, insiste pour que le préjudice que lui et d’autres non-musulmans ont dû faire face est une partie de ce qu’il appelle le “fascisme laïque.“ Il croit qu’une telle discrimination a pris fin en vertu du règne de 13 ans de l’AKP, qu’il décrit comme « le parti le plus révolutionnaire » depuis un siècle.

L’AKP, qui a autorisé le retour d’une centaine de propriétés sur des milliers confisqués par l’Etat turc aux minorités non-musulmanes, est maintenant en difficulté afin de construire un gouvernement de coalition avec ses rivaux après avoir échoué à obtenir une majorité absolue dans le 7 Juin.

Pour le député élu Garo Paylan l’élection a rétabli le droit des Arméniens de parler. “Dans Yeşilköy [un quartier d’Istanbul], nous avons eu un cimetière où nos pères et grands-pères étaient enterrés et nous ne pouvions pas demander« Pourquoi prenez-vous nos cimetières [pour un réaménagement] ? Nous ne pouvions même pas poser des questions à ce sujet “, a-t-il raconté.

“Maintenant, nous posons des questions à ce sujet, et nous avons une voix soutenue par les Kurdes, les Turcs,“ a-t-il poursuivi. “C’est un énorme changement.“

Note de la rédaction :

Dorian Jones est un journaliste indépendant basé à Istanbul.

Eurasianet.org

jeudi 2 juillet 2015,
Stéphane ©armenews.com


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