404 la norme linguistique l'occultation du caractère maternel de la langue nationale



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LA NORME LINGUISTIQUE

non prévue et non désirée par l'auteur dans la mesure où quantité de lexè­mes et de tournures qui y seront découverts permettront à divers lecteurs de constater leur sens et leur authenticité québécois, donc régionalistes. Rien n'est parfait comme le signalait le renard du Petit Prince.

La plupart des dictionnaires élaborés en France consignent générale­ment, outre ceux qui y ont cours, les régionalismes des principales com­munautés francophones, en particulier ceux de la Belgique, de la Suisse et du Canada=3. Ainsi, retrouve-t-on dans les dictionnaires généraux des francismes, des belgicismes, des helvétismes ou des canadianismes, le voca­ble québécisme étant complètement ignoré.

Ii nous a paru intéressant d'examiner le sort réservé aux québécismes, du point de vue de leur traitement normatif, à travers trois ouvrages lexico­graphiques représentatifs tant par l'accueil varié dont nos mots et expressions ont été l'objet que par la diversité des maisons d'édition dont ils émanent, lesquelles font preuve de conceptions ou de philosophies lexicographiques originales souvent divergentes.

En ce qui a trait au choix des québécismes intégrés dans les dictionnaires français, le Lexis'={ apparaît comme un classique. En effet, comme la majorité des autres lexicographes, les auteurs se sont bornés à un accueil limitatif et prudent du français marginal, fondé sur l'autorité de la Régie de la langue française d'alors, ce qui signifie en clair qu'on s'est contenté de reproduire la désormais célèbre liste de « canadianismes de bon aloi », sans plus (Lexis, 1975: VIII). Par ailleurs, cette déclaration n'est pas entièrement exacte, étant donné qu'on peut relever, entre autres, le terme joual qui ne figure pas dans la liste de l'Office. Nous avons signalé, plus avant, ce qu'il faut penser de cette plaquette, et le fait que les lexicographes français y recourent systé­matiquement ne peut qu'être inquiétant, étant donné les nombreuses rides qu'a prises cette publication vieille de 12 ans.

Nous ne saurions faire grief aux auteurs du Lexis de ne pas intervenir dans l'existence d'une norme québécoise. Leur attitude se bornant à la non­ingérence et à la non-indifférence sur le plan linguistique, ils se contentent de se retirer derrière la tranquille sécurité des « normateurs » québécois, bien que l'élémentaire esprit critique commande de soumettre ses sources à un examen attentif de même que de s'assurer de la représentativité et de la qualité de la source retenue. Cela dit, tant et aussi longtemps que le Québec ne disposera pas d'une nomme actualisée en matière de langue québécoise 21

23. Il faut entendre, dans la plupart des cas, régionalismes du Québec, étant donné que les acadianismes ou les inuitismes figurent très exceptionnellement dans ces publications.

24. Notre examen a porté sur l'édition de 1975. Nous n'avons pu consulter l'édition de 1979 qu'en bibliothèque seulement; elle reproduit la même liste de canadianismes que la pre­mière édition.

25. Selon les renseignements dont nous disposons, (Office de la langue française élabore présentement une politique linguistique sur la langue québécoise. Au moment de la ré­daction de cet article, aucun document officiel à cet égard n'avait encore émané de cet organisme.

NORME LEXICALE ET CANADIANISMES



émanant d'une autorité reconnue et représentant le consensus de l'ensemble des spécialistes, des diffuseurs de régionalismes comme la maison d'édition Larousse se verront dans l'obligation d'intégrer des listes limitatives et dé­suètes de canadianismes26, lesquelles projettent une image pâlotte, étriquée ou carrément incomplète de la vitalité linguistique du Canada français.

Le Dictionnaire du français vivant, du point de vue de l'intégration des canadianismes, se situe à mi-chemin entre le Lexis et le Petit Robert. u se distingue du premier par sa générosité dans (accueil de formes plus nombreuses et du second par la non-sélectivité des tournures retenues et des niveaux de langue représentés.

Consignant près de 300 mots ou tournures, ce dictionnaire apparaît, avec le Petit Robert, comme l'un des ouvrages lexicographiques français qui fait actuellement une large place aux québécismes27. Cependant, ces termes n'ont pas été intégrés à la nomenclature de l'ouvrage, mais reportés dans une section sur les régionalismes. Cette initiative a suscité de fortes protestations de la part de Québécois vexés de voir refouler en appendice leur particularismes linguistiques, d'autant que ces particularités appar­tiennent à l'une des plus importantes communautés francophones. Ce phénomène est lourd d'enseignement quant à l'attitude de représentants éminents de la langue française face à une attitude «.normative » à appli­quer au vocabulaire québécois, ainsi marginalisé.

Le corpus retenu comporte les inévitables canadianismes de bon aloi, une bonne proportion de termes dont on n'a pas précisé l'origine, des expres­sions stéréotypées, des syntagmes, des anglicismes, etc. Étant donné la grande diversité des phénomènes linguistiques, il eût été particulièrement indiqué de signaler les divers niveaux de langue dont procède chacun des ternes. A l'inverse, on se retrouve en présence d'un magma langagier diffi­cile à cerner. Par exemple, se côtoient des termes aussi différents que bat­ture, brassière, facilités, mappe, sioche, et rue fermée'". A en va ainsi des expressions avoir la chienne, chanter le coq, disposer de son adversaire, virer

26. Le Vocabulaire général de la francophonie, élaboré sous les auspices du Conseil interna­tional de la langue française, présentement en préparation, comprendra une liste d'environ 200 termes constituant un échantillon représentatif du vocabulaire du Québécois franco­phone à l'heure actuelle; cette liste a été élaborée sous la direction de Robert Dubuc. Les critères de sélection ne témoignent pas de préoccupations normatives, sauf exception. Les niveaux de langue retenus (populaire, familier, technique, littéraire) sont ceux qui ont cours généralement en lexicographie. Une fois publiée, cette liste pourra avanta­geusement, sinon être substituée à celle de l'Office, du moins lui servir de complément indispensable.

27. Le Trésor de la langue française, en cours de publication, comporte également de nom­breux québécismes (environ 125 sous la lettre a). S'il poursuit sa politique à ce niveau, il deviendra sans conteste le dictionnaire français où la présence des mots et expressions du Québec sera la plus considérable.

28. On attribue à ce syntagme le sens d'impasse, alors qu'il s'agit, au Québec, d'une voie de communication dont on interdit temporairement l'accès, à l'exception des riverains, afin d'effectuer des travaux de réfection ou d'une autre nature.


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en basse-messe2° ou encore a date, à la job, à pleine tête, etc. Ces divers éléments ne se situent pas au même palier linguistique - nous ne songeons pas à une attitude normative ici - et abandonner l'utilisateur à sa propre interprétation l'incite à considérer toutes ces données de façon équivalente, ce qui constitue une vision erronée du phénomène linguistique québécois. Comme on le constate, c'est moins l'application d'une norme qui est mise en cause ici que l'établissement et l'indication de marques d'usage qui, en dépit de leur caractère normatif fondamental, contribuent à replacer avec précision tel phénomène particulier dans l'économie générale de la langue.

Dernier ouvrage serrant à illustrer le concept de norme en regard des québécismes, mais non le moindre, le Petit Robert se révèle celui qui permet le mieux d'en saisir toute la problématique. Intégrer systématiquement les québécismes au Petit Robert, était une entreprise pleine d'embûches dont Alain Rey, secrétaire général de la rédaction, mesurait pleinement les prin­cipaux écueils: « La description du français hors de France dépasse de loin les objectifs et les possibilités d'un ouvrage réalisé à Paris [... ]. Le choix des canadianismes [. . .] posait de redoutables problèmes » (Petit Robert, 1977: XIX). L'objectif visé consistait à décrire les termes désignant les réa­lités propres au Québec (institutions, coutumes, particularités géographiques), et de faire saisir par le lecteur étranger la valeur de lexèmes susceptibles d'être mal saisis (types habitant pour cultivateur, ouananiche pour saumon d'eau douce, etc.).

Du point de vue normatif, les auteurs ont adopté une position mitoyenne entre l'attitude tout d'une pièce des tenants de l'orthodoxie linguistique qui désirent implanter au Québec le français de Paris, sans aucune conces­sion, et « l'agressivité nationaliste des partisans dujoual » (Petit Robert, 1977: XIX) qui brandissent leur langue comme un étendard flottant bien haut dans la bataille politico-linguistique qu'ils mènent Cette attitude a consisté à s'en remettre aux directives de l'Office de la langue française, « seul3° organisme officiel habilité à y [au Québec] définir une norme du français » (Petit Robert, 1977: XIX), auquel une liste de termes a été soumis pour approbation.

Ici encore les auteurs se sont fondés sur la définition éminemment discutable des canadianismes de bon aloi (voir supra) avec comme consé­quence de donner au stock lexical québécois recensé l'allure d'un glossaire pour francophones non familiers avec la civilisation québécoise. D'où la présence de termes plus ou moins spécifiques à la réalité québécoise comme beurre d'arachide et vidéo, vieillis comme fournaise et vivoir ou en voie de disparition comme poêle.

29. Le sens « virer en queue de poisson » nous paraît étrange. Cf. l'expression: Cela va finir (virer) par (en) une basse-messe, c'est-à-dire, se terminer par un mariage.

30. En dépit du fait qu'il représente officiellement la position du Québec en matière de langue. il convient d'observer que l'Office ne peut établir seul une nomme sans consulter les prin­cipaux intéressés: organismes et ministères à vocation culturelle, linguistes, universités, chercheurs, corps intermédiaires, etc.




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Ici se pose donc, de façon très aiguë, le problème de la norme. Aurait-il fallu retenir exclusivement les termes spécifiques ou faire une large place à ceux qui ont trait à des faits usuels récurrents, que ces derniers soient en harmonie ou non avec le système de la langue? Opter pour la première solution condamne l'auteur de dictionnaire à priver l'utilisateur de l'ouvrage de quantité de termes, par ailleurs importants; s'en tenir à la seconde, c'est risquer de devoir traiter une liste « inflationniste ». D'où la nécessité d'ef­fectuer un choix dicté par des impératifs d'économie et d'espace, mais soumis à des critères strictement élaborés et observés. Ce qui ne fut pas le cas ici:", car on a écarté des termes aussi fondamentaux que balise, baliser, barachois, caribou (boisson), d'autres qui relèvent de nos coutumes ou de notre folldore (chasse-galerie, guignolée), de notre nourriture (cretons, grand-père, pouding chômeur), de nos vêtements (claque, mackinaw, pichou), de nos poissons (malachigan, touladi), de notre vie politique (chefferie, patronage, partisannerie, etc.).

En guise de conclusion à l'examen du Petit Robert et, plus largement, à celui de l'ensemble des dictionnaires français qui comportent des cana­dianismes, nous signalerons une réflexion d'Alain Rey qui nous paraît bien

poser le problème et à laquelle nous souscrivons entièrement. A la suite de la parution du Petit Robert 1978 qui causa certains remous, au Québec, quant



au traitement des « canadianismes » qu'on y retrouvait, Rey signalait que « la polémique [. . .] mériterait une étude approfondie: elle illustre le caractère illusoire d'une norme unique, lorsqu'on a affaire à une langue d'usage inter­

national ou seulement très répandue. L'objectif du P.R1 dans ce domaine est d'aider à la compréhension d'usages non centraux [. . .]. Quelles que soient les réactions épidermiques, et en tenant compte de toutes les opinions, il s'agit de construire, à l'usage de tous les utilisateurs francophones, un modèle pru­demment élargi du français, tenant compte du fait élémentaire et essentiel qu on le parle à Montréal, à liège, à Lausanne [... ]. Ce modèle suppose des études préalables [... ], de nombreuses consultations et la collaboration des commu­nautés concernées » (Rey, 1978: 1415).



Éléments d'une norme lexicale du français québécois

Après avoir observé, par l'examen de quelques ouvrages, comment s'est élaborée et a été appliquée une norme lexicale quant au choix et au classement des québécismes tant chez les lexicographes québécois3z que français, il convient maintenant de poser quelques jalons qui orientent le débat sur la question. Loin de nous l'intention de présenter les diverses réflexions .qui suivent comme des solutions définitives au délicat problème de la nomme lexicale en matière de québécismes, le sujet ayant été fort

31. Avec ou sans le consentement de l'Office!

32. Le terme lexicographe doit être pris, ici, dans un sens très large, étant donné qu'il s'appli­que à la fois à des amateurs de langue (Dunn, Bergeron) et à des chercheurs davantage rompus aux techniques de la fabrication des dictionnaires (Bélisle, Office de la langue française).

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rebattu par le passé, les arguments pour et contre nombreux et solides et les tenants des diverses options farouchement irréconciliables.

Nous désirons uniquement proposer une démarche qui se veut ration­nelle, et surtout exempte de passion (cf. les réactions épidermiques de certains Québécois, soulignées par Alain Rey, à l'occasion de l'intégration des québé­cismes au Petit Robert). Non pas que la question nous laisse indifférent - bien au contraire - mais nous estimons qu'une saine attitude objective et un tant soi peu scientifique s'accommode mal d'une impulsivité de mauvais aloi, pour parodier certains spécialistes. Il s'agit davantage de faire lucidement le point tout en proposant certaines avenues à explorer.

« Normalisation, normatif [il aurait également pu ajouter norme]. Les mots clés de (horreur, pour un linguiste » (Corbeil, 1980: 131). Mais se voiler pudiquement le visage devant la réalité ne résout pas le problème, car la langue ne peut et ne doit pas constituer exclusivement un objet d'analyse descriptive pour le linguiste. Même s'il est souhaitable qu'on se contente de décrire les phénomènes lexicaux d'une langue - le québécois, entre autres -sans intervenir, il y a lieu de prendre conscience de la di­mension sociopolitique de la langue et de l'influence de cette dernière dans l'interaction des divers groupes constitutifs de toute société. Par essence, toute langue implique une nomme, c'est-à-dire un étalon à partir duquel le sujet parlant peut évaluer son propre discours, s'y conformer ou prendre ses distances, sans toutefois pouvoir en nier raisonnablement l'existence. La base sur laquelle repose le concept de norme est celle de la compréhen­sion. En effet, comment aspirer à une communication adéquate, si le code, la convention n'est pas régie par certaines balises ou règles qui en assurent la réalisation?

Le fait que la norme régisse la phonétique, la syntaxe et le lexique n'est plus à démontrer, dans la mesure où l'on reconnaît que le respect de certaines règles dans l'organisation des sons et des mots doit obligatoirement faire partie de toute communication réussie. Si la phonétique et la syntaxe jouent un rôle primordial, le lexique obéit aussi aux impératifs d'une norme, bien que celle-ci se révèle par nature plus souple, la seule condition posée consistant à attribuer un ou des sens précis et constants à chacun des termes. Mais la triple dimension de la langue (lexique, syntaxe, phonétique) ne suffit pas à elle seule à l'expliquer toute et à constituer l'élément essentiel de la norme. Il faut compter avec l'idéal socioculturel ou esthétique. Comme le signale le linguiste Edward Sapir dans son ouvrage classique Le langage, « le langage est un produit de la culture, et non une fonction biologique » (Sapir 1967: 24), donc comporte une dimension humaine.

En conséquence, l'application de la norme soulève - qu'il s'agisse d'une langue internationale ou régionale - l'épineux problème des niveaux de langue, cette notion étant liée à la stratification sociale en classes ou en groupes de différents types. La difficulté fondamentale tient surtout à une distinction très nette des divers niveaux, en raison de l'ambiguïté même


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des différents registres tels que langue soutenue, langue courante, langue familière, langue vulgaire, etc.

Ces données, applicables d'abord à la langue générale -le français universel dans le cas qui nous occupe -, doivent également être prises en considération dans l'examen de la norme qui doit régir les québécismes.

À ce sujet, nous désirons préciser que nous nous plaçons dans une optique universalisante, celle de l'intégration des québécismes dans le français général. En outre, comme il ne s'agit pas de relancer la polémique sur les couches sociales et les institutions reconnues en relation avec le régiona­lisme de bon aloi, nous situons notre position à un niveau très englobant et très général à cet égard.



Voyons maintenant les principaux critères33 qui devraient présider au choix des québécismes et contribuer à réduire de façon significative, sinon à éliminer entièrement, le subjectivisme outrancier qui a souvent présidé au traitement des vocables québécois.

La pierre angulaire de ce faisceau de motifs est, sans conteste, l'usage. En effet, même si un terme est considéré comme un archaïsme en France, s'il continue d'être répandu et utilisé couramment au Québec, nous croyons qu'il mérite d'être conservé. Ainsi, le vocable claque, qui désignait autrefois en France des chaussures de toile à l'aide desquelles on se protégeait de la boue et qui désigne au Canada des couvre-chaussures de caoutchouc. Au lieu d'être écarté, ce terme devrait, au contraire, être admis comme québécisme orthodoxe.

Un principe difficilement attaquable veut que dans chaque pays de langue française, les particularités qui en façonnent l'identité et, par consé­quent, les mots qui les expriment soient reconnus comme authentiques et valables sans restriction. Sont regroupés sous ce critère, les phénomènes climatiques (poudrerie, banc de neige), la flore (épinette, proche), la faune (cacaoui, maskinongé, siffleux), les vêtements (mitaine, nuage, pardessus), la nourriture (tire, grand-père, tourtière), etc.

Dans le cas où un québécisme a vu son sens changer en français général, il devrait être maintenu dans la mesure où son emploi est demeuré répandu ici. A titre d'exemple, le verbe peinturer, au sens de « couvrir de peinture » (signalé par Littré), par rapport à peindre « reproduire par l'art de la pein­ture ».

Rien ne s'oppose formellement à ce que des termes du français général et du québécois, synonymes absolus ou relatifs, soient maintenus, en raison du fait que toute langue comporte et tolère ce phénomène. Il serait absurde que carré-éponge et gant de toilette éliminent notre débarbouillette, que serpillière supplante vadrouille ou que nos cretons deviennent des rillettes.

33. Les quelques altères que nous signalons ne constituent pas nécessairement les seuls qui puissent être invoqués - nous ne visons pas à rexhaustivité - mais nous paraissent les plus fondamentaux.


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Lorsque des termes anglais ont été transposés en québécois pour exprimer les realia ainsi dénommées en français, ces traductions devraient, compte tenu de leur facture et de leur usage, être reconnues à juste titre comme authentiquement franco-québécoises, en prenant en considération la situation linguistique particulière du Québec. II en va ainsi de termes comme magasinage au lieu de shopping, annonceur à la place du français (!) speaker, chèque de voyage au lieu de traveller, fin de semaine préféra­blement à week-end, etc.

À ces principes généraux vient se greffer, qu'on le veuille ou non, la dimension des niveaux de langue. Afin de ne pas donner dans des distin­guos subtils qui ne contribueraient qu'à occulter davantage un domaine si sujet à controverse et à interprétation, nous distinguerons globalement trois groupes: d'abord les québécismes authentiques et indispensables, puis les vocables expressifs d'utilisation locale et, enfin, les formes à écarter.

La première catégorie satisfait à l'ensemble des critères précédemment exposés; les québécismes de ce groupe comblent une lacune dans la mesure où ils désignent de façon particulière un phénomène spécifique au Québec ou qu'ils supplantent la forme française équivalente, anglicisante ou non. A titre d'exemples, mentionnons érablière, achigan, nuage, raquette, traîne sauvage, etc.

Le deuxième groupe comprend les québécismes qui devraient être retenus tant au niveau de l'écrit que de l'oral3; pour le motif qu'ils traduisent bien ce qu'on veut faire entendre comme cambuse, coucher sur la corde à linge, drave et draveur, renoter, trempette, etc.

Enfin, ceux que leur vulgarité ou la redondance qu'ils provoquent avec des termes français incitent à rejeter. Nous sommes conscients qu'un certain subjectivisme entache cette catégorie (où commence et où se termine la vulgarité?), mais nous croyons aussi qu'il faut effectuer un certain élagage sous peine de se retrouver en présence d'un idiome fortement « sabirisé ». n importe que le québécois demeure dans la ligne générale de la franco­phonie. A titre indicatif, des termes ou des expressions comme c'est le fun, y'a rien là, astiner, écrapoutir, chris4 jobbeur, etc., pourraient être mis de côté sans que notre québécité soit mise en péril. Par ailleurs, ils devraient figurer dans tout document de nature strictement descriptive de la langue québécoise.

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