III. Situation actuelle
III.1. Liens avec le secteur universitaire et recherche publique :
En France
Aprs la phase pionnire dans laquel elle a ŽtŽ trs active et la traversŽe du dŽsert qui a suivi, la recherche publique franaise en informatique graphique amorce une phase de grand dynamisme, et le travail en profondeur effectuŽ pendant plusieurs annŽes porte ses fruits:
• plus d'une trentaine de laboratoires affichent une Žquipe stable d'au moins 5 personnes actives. Les programmes sont prŽcis et enracinŽs. Tous les thmes de l'informatique graphique y sont traitŽs. Une bonne partie de ces Žquipes sont de rŽputation internationale.
• Ces Žquipes sont trs actives et trs dynamiques. Depuis deux ans, des postes de professeurs et de ma”tres de confŽrences en informatique graphique ont commencŽ ˆ tre ouverts dans les universitŽs sur tout le territoire.
• L’informatique graphique se structure progressivement de l'intŽrieur : quatre groupes de travail permanents avec colloque et sŽminaires, un p™le "informatique graphique" affichŽ dans un GDR-PRC du MENRT-CNRS, une sociŽtŽ savante, l'AFIG, avec un colloque annuel,
• une forte participation aux projets europŽens et aux appels d'offre nationaux,
• un nombre croissant de formations DEA et DESS et de nouvelles propositions.
A l'Žtranger
Tous les laboratoires d'informatique affichent une activitŽ en informatique graphique.
Un autre style de machines :
Suite ˆ l'Žmergence de l'image et du son de synthse et ˆ la manipulation gestuelle dans l'informatique, on assiste ˆ une mutation du style des machines informatiques : la nouvelle informatique est "ˆ visage humain", sensorialisŽe et communicante. La majoritŽ des Žquipes d'informatique graphique franaise ont pris ˆ temps le virage des nouvelles tendances et affichent les nouveaux mots - clŽs :
• rŽalitŽs virtuelles,
• rŽalitŽs augmentŽes,
• interaction et dialogue.
Faiblesse de la diffusion aval
Le problme du lien avec l'aval n'en est que plus critique en ce qui concerne:
• les usages culturels (liens avec les formations artistiques fondamentales ou appliquŽes, lien avec la production cinŽmatographique, audiovisuelle, multimŽdia, jeux, Žducation...)
• l'influence sur les logiciels commercialisŽs.
-> les laboratoires d'informatique graphique franais n'affichent quasiment pas l'aval culturel.
DŽpendance technologique
L'abandon de toute filire "hardware" par la France et le pouvoir pris par les fournisseurs de terminaux aprs 1980 a fait que la France et l'Europe sont totalement asservies aux machines nord - amŽricaines. Quelques sociŽtŽs, ˆ l'instar de GETRIS Image ˆ Grenoble, ont pu rŽsister pendant de nombreuses annŽes.
MalgrŽ le capital de la France et de l'Europe en matire d'innovation logicielle, l'industrie du logiciel en synthse d'images ne dŽcolle pas.
-> L'informatique graphique est un secteur "technologiquement dŽpendant" et "ˆ Žvolution rapide". Se maintenir sur les rangs suppose des moyens importants tant en matŽriel (les composants "image" sont les plus chers des machines informatiques) qu'en capacitŽ de communication. Les gros groupes sont donc mieux ŽquipŽs en ce qui concerne les relations industrielles et la longŽvitŽ.
4.2. Liens avec le secteur Žconomique et le secteur Žconomique lui - mme :
L'informatique graphique est un composant technologique clŽ de l'informatique communicante ou ˆ visage humain (PC, tŽlŽcommunications, audiovisuel) et dŽcisionnelle (simulation,...). Elle est un composant intŽrieur de toute machine domestique (Communication visuelle et geste graphique - ic™nes et souris ). Elle couvre donc un champ Žconomique trs large. Mais elle se caractŽrise par une forte dŽpendance technologique et une mutabilitŽ trs rapide des procŽdŽs.
Le secteur Žconomique est dominŽ :
• par des logiciels et machines en provenance :
- soit de l'industrie lourde pour la CAO (automobile, aŽronautique...)
- soit de l'industrie de l'audio-visuel
• par quelques grandes marques :
- Silicon Graphics (USA)
-...
• par quelques grandes sociŽtŽs de production
- LucasFilm (USA)
- Pixar (USA)
-...
• par quelques grands produits logiciels
- Softimage (Canada)
- Alias Wavefront (Canada)
- Explore (France)
Note
Il faut noter que :
- Softimage a ŽtŽ crŽŽ par D. Langlois ˆ partir de ses travaux ˆ l'ONFC
- EXPLORE a ŽtŽ crŽŽ par l'Žquipe de l'INA (Jean Charles Hourcade)
La stratŽgie des groupes amŽricains :
• ˆ la sortie des laboratoires universitaires, juste aprs leur thse, les chercheurs voient leurs compŽtences immŽdiatement rŽinvesties dans la production, d'o le bŽnŽfice d’une accŽlŽration scientifique;
• les artistes peuvent travailler directement dans les laboratoires universitaires. Ils utilisent donc directement les dernires innovations (exemple : les modles physiques pour la synthse du mouvement);
• les Žcoles d'art travaillent en collaboration Žtroite avec les laboratoires universitaires et les industriels. Beaucoup ont dŽveloppŽ un secteur New Tech et accueillent des Žtudiants scientifiques.
La stratŽgie des groupes franais :
• peu ouverts sur les laboratoires, stratŽgies internes ˆ l'entreprise;
• peu d'amorage avec les Žcoles d'art;
• un dŽmarrage de la formation professionnelle et des contrats de qualification en entreprise (cf ¤ formations).
Une nouvelle tendance pour les laboratoires :
• La diffusion libre des logiciels de qualitŽ.
III.3. Bref inventaire des actions engagŽes en France en Arts Visuels NumŽriques aprs le Plan Recherche-Image
Les actions du Ministre de la Culture
Dans les dix dernires annŽes, ˆ la suite des actions du Plan Recherche Image et de l'Agence OCTET, une multiplicitŽ d'autres actions ont existŽ, traduisant ˆ la fois la prise de conscience de l'enjeu et un certain flou dans ce qu'il conviendrait de faire et dans quelles voies s'engager prioritairement.
Citons Pierre Musso dans un rapport commandŽ en 1990 par le Ministre de la Culture "Pour un Bauhaus Electronique : la crŽation artistique et les nouvelles technologies" :
" Ce qui domine l'organisation des rapports entre les arts plastiques et les nouvelles technologies, c'est l'absence d'une approche globale, d'un interlocuteur unique pour les divers partenaires... Or la France dispose de nombreux crŽateurs et de multiples projets et initiatives dans ce secteur : il est temps de les valoriser par une mise en synergie, pour leur donner une grande visibilitŽ internationale".
Comme cela a ŽtŽ dŽcrit prŽcŽdemment, le Ministre de la Culture s'est fortement impliquŽ dans ce domaine dans les annŽes 80-82 : en tŽmoigne la crŽation de l'agence OCTET, qui dispara”t vers fin 85 - dŽbut 86.
A la disparition de l'Agence OCTET, les financements du Ministre de la Culture dans ce secteur se partagent entre trois services :
• le CNC, le centre National de la CinŽmatographie;
• la DAP, la direction aux Arts Plastiques;
• la DDF, la DŽlŽgation au DŽveloppement et aux Formations.
La D.D.F.
La DDF s'est surtout orientŽe dans le soutien et dans le dŽveloppement des moyens de formations, et des manifestations "multimŽdia".
Le C.N.C.,
La politique du CNC a ŽtŽ largement dŽcrite dans le paragraphe ci-dessus. En rŽsumŽ, le CNC s'est attachŽ ˆ dŽvelopper l'industrie du numŽrique autour du cinŽma, du dessin animŽ et de l'audiovisuel en gŽnŽral, ˆ dŽvelopper l'information (confŽrences Cartoon en France, Imagina...), ˆ aider des rŽalisateurs et des producteurs ˆ se former aux nouvelles technologies, en particulier le dessin animŽ assistŽ par ordinateur.
La D.A.P.
Les aides de la DAP sont essentiellement des soutiens aux artistes et s'effectuent majoritairement via le FIACRE (allocations aux artistes, crŽdits d'exposition). Les actions du FIACRE en faveur des artistes utilisant les nouvelles technologies sont trs importantes. P. Musso nous indique qu'elles se montaient ˆ 3,2 millions de Francs pour 1989. Cependant, la problŽmatique Art - Science - Technologie n'est pas au cÏur des orientations de la DAP, mme si elle a ŽtŽ affichŽe comme thme d'Žtude en 1995: certains groupes de recherche ont pu en bŽnŽficier. Ce qui fait regretter ˆ Pierre Musso l'absence "d'une grande institution de rŽfŽrence, sorte d'IRCAM pour l'image et les arts visuels" (1990 : "Pour un Bauhaus Žlectronique...", rapport ˆ la mission de la recherche du Ministre de la Culture).
Soutien aux artistes:
La DAP est largement aidŽe par les DRAC (Directions RŽgionales des Affaires Culturelles) qui poursuivent sur les terrains de proximitŽ la politique des organismes centraux.
Les collectivitŽs territoriales, ainsi que de nombreuses institutions culturelles et des associations, ont pour l'essentiel suivi Žgalement cette politique. C'est le cas de beaucoup de lieux en France qui ont crŽŽ des centres des arts ou des pŽpinires d'artistes.
Parmi les entreprises les plus significatives dans ce domaine, nous pouvons citer (sans pouvoir tre exhaustif):
• le MŽtafort d'Aubervilliers
• l'Ecole SupŽrieure d'Art du Fresnoy ˆ Tourcoing dirigŽ par Alain Fleischer
• le CNAT (Centre National Art et Technologie, crŽŽ en 1987 ˆ la Maison de la Culture de Reims)
• le CICV, Centre International de CrŽation VidŽo de MontbŽliard
• les associations d'artistes comme
- ASTARTI,
- Grand Canal (Dominique Belloir et Alain Longuet)
- Ars Technica (Piotr Kowalski)
• le projet CYPRES de Louis Bec et Jean Biaggini ˆ Aix en Provence
• Le projet "Artistes en rŽseau" de Dan Foresta
• le CREACI, Centre de Recherches et d'Etudes en Arts et CrŽation Industrielle, crŽŽ par Patrick Saint Jean ˆ l'ENS-Cachan
• le LACTAMME, ˆ l'Ecole Polytechnique, crŽŽ par Jean Franois Colonna
ainsi que diverses manifestations (IMAGINA mise ˆ part, cf. paragraphe prŽcŽdent) :
• l'exposition Electra au MusŽe d'Art Moderne de la Ville de Paris par Frank Popper en 1983
• l'exposition "les ImmatŽriaux" au CNAC Georges Pompidou par Jean Franois Lyotard en 1985
• la Biennale des Arts Electroniques de Rennes par Jo‘l Bouteville
• la Revue Virtuelle du CNAC Georges Pompidou et du MusŽe d'Art Moderne par Martine Moinot, Christine van Assche et Jean Louis Boissier
• l'exposition "Artifices", de la Ville de Saint Denis et de l'universitŽ Paris 8 par Jean Louis Boissier et Pierre Courcelles en 1990
• le numŽro spŽcial du C.C.I. (Centre de CrŽation Industrielle) "Les chemins du Virtuel - Simulation Informatique et CrŽation Industrielle" par Jean Louis Weissberg et Martine Moinot en 1989
• l'exposition "Passage de l'image" au CNAC Georges Pompidou en 1991
et plus rŽcemment :
• la fondation de la Galerie d'Art en rŽseau @ART+Com Gallery ˆ Paris en 1993 par Jean-Paul Longavesne
• la fondation de ARS MATHEMATICA par Christian Lavigne, Alexandre Vitkine, vŽritable pionnier en France de la sculpture numŽrique, et Tim Duffield en 1993 lors du Computer and Sculpture forum aux USA
• la quatrime Ždition d'INTERSCULPT en 1999 ˆ Paris, soutenue par le SŽnat et la ville de Paris.
•...
Les projets d'artistes se dŽveloppent Žgalement ˆ l'intŽrieur des Žcoles d'art qui, par vocation, incluent de manire trs forte dans leur formation des rŽalisations de projets. Il peut s'agir de projets d'Žtudiants (nous avons vu des projets d'Žtudiants de SupInfoCom, de CFT Gobelins ou de la FEMIS primŽs ou remarquŽs ˆ IMAGINA 1998). Il peut s'agir Žgalement de projets d'enseignants, comme c'est le cas pour Jean-Paul Longavesnes ˆ l'ENSAD.
Le groupe de rŽflexion sur les nouvelles technologies ˆ la DAP
En juin 1993, ˆ la demande de Franois BarrŽ, DŽlŽguŽ aux arts plastiques, un groupe de rŽflexion sur les nouvelles technologies, composŽ de Paul Virilio, responsable scientifique, Louis Bec, Martine Bour, Edmond Couchot, Thierry de Duve, Anne-Marie Duguet, Norbert Hillaire, Piotr Kowalski, Jean Zeitoun, avec l'assistance technique d'Edouard Non, a entrepris de "concevoir les lignes de force d'une politique ˆ court, moyen et long terme mettant en place des structures adaptŽes et proposant des actions dans le champ des relations arts et technologies. Ce rapport, de quelques 300 pages, brosse "un panorama d'un ensemble de problmes posŽs par les nouvelles technologies dans les domaines artistique, pŽdagogique, philosophique, ŽpistŽmologique ... " et cherche "ˆ traiter plus particulirement le territoire de la crŽation artistique dans le domaine des arts plastiques dans le cadre des missions de la DAP : formation, commande publique, crŽation artistique, diffusion, relations avec l'universitŽ, relations avec les milieux industriels, relations internationales."
Dans ce rapport, E. Couchot fait bien appara”tre la plus grande rŽsistance des artistes plasticiens, en comparaison des musiciens, ˆ accepter l'intrusion du numŽrique : pour ces artistes, la peinture restait la rŽfŽrence absolue. Couchot note que ce mouvement a commencŽ ˆ s'inverser lentement ˆ partir d'un progrs de la dŽmocratisation des machines de synthse d'images vers le milieu des annŽes 80. "Ds lors que les questions posŽes par le numŽrique intŽressent plus quelques journalistes, philosophes ou sociologues que les critiques d'art ou les administrateurs de musŽes (dont beaucoup s'interrogent encore sur l'intŽrt de la vidŽo ou la photo)", la majoritŽ des projets (y compris les suites espŽrŽes de ce rapport de 1993) ont ŽtŽ sans lendemain, malgrŽ de nombreuses velle•tŽs de stimulation politique ou technologique (rapport CrŽation et Technologie en 1982, projet d'une Žcole d'art et de technologie dans le Nord-Pas-de-Calais, Groupe de rŽflexion "Nouvelles technologies" de la DAP, etc...)
En contraste avec la tiŽdeur des milieux artistiques, les axes de recherche scientifiques et technologiques mis en avant dans ce rapport, (basŽs essentiellement sur la cognition, le langage, l'intelligence artificielle, les algorithmes gŽnŽtiques et autres processus numŽriques de morphogŽnse), se projettent bien trop en avant par rapport aux thmes scientifiques ma”trisables ˆ cette Žpoque : les mŽthodes numŽriques "conventionnelles" de synthse de formes visuelles (modles gŽomŽtriques de formes, modles cinŽmatiques de dŽformations, modles spectraux de lumire ...) dont on commenait ˆ percevoir qu'elles pourraient se dŽmocratiser, Žtaient en plein essor et pourtant non encore intŽgrŽes ni mme intŽgrables par les artistes, alors que les recherches en intelligence artificielle ou en sciences cognitives apparaissaient (et apparaissent encore aujourd'hui) comme des secteurs trs nouveaux en image numŽrique, et ceci malgrŽ leurs avancŽes et ouvertures fondamentales et la profondeur de leur utilisation dans les projets artistiques citŽs.
Dans ce rapport, Norbert Hillaire brosse en dix-huit points synthŽtiques les principaux problmes qui se posent ˆ la relation entre crŽation artistique et nouvelles technologies : sous-estimation par les artistes des enjeux technologiques et de leur portŽe ŽpistŽmologique, Žcart des "arts technologiques" par rapport au marchŽ de l'art, gožt passŽiste et rŽticence du monde technoscientifique par rapport ˆ ces nouvelles formes artistiques, raretŽ des oeuvres substantielles, position de repli des mŽdiateurs culturels, cožt ŽlevŽ des nouvelles technologies, problmes de la diffusion et de la maintenance des oeuvres, difficultŽ de la pluridisciplinaritŽ nŽcessaire pour apprŽhender le r™le et le devenir de ces nouveaux arts technologiques, problme de l'inadŽquation de la division territoriale et institutionnelle, Žparpillement des manifestations et difficultŽ d'une reflexion de fond suivie, inexistence de la critique d'art en cette matire, nŽcessitŽ d'une articulation nouvelle entre lieux de crŽation et lieux de diffusion, place problŽmatique dans les dispositifs pŽdagogiques et lien mal dŽfini avec les techniques traditionnelles, difficultŽs administratives pour l'accueil de projets artistiques, absence de coordination entre les diffŽrentes sources d'analyse et de recherche, ambigu•tŽ de la relation entre le champ d'expŽrimentation esthŽtique et le monde industriel, dŽclin des avant-gardes et confusions possible entre artistes authentiques et crŽatifs publicitaires.
Sans prŽtendre rŽsumer ici ce volumineux rapport, on souligne un point important, largement repris sous diverses formes dans les diverses contributions : la question des conditions de l'Žmergence d'une "mŽsologie" (nŽologisme qui signifie "sciences des milieux") entre la crŽation artistique et les nouvelles technologies, projet qui ne vise pas une assimilation rŽciproque de l'art et de la technologie, et qui ne cherche pas ˆ faire na”tre un juste milieu, mais qui se prŽsente comme le "lieu d'une singularitŽ" en continuelle redŽfinition, et qui insiste sur la nŽcessitŽ d'une immersion plus profonde de l'artiste dans les milieux technologiques (le contraire de la "salle des Macintosh" dans les Žcoles d'art), bien que cela conduise inexorablement ˆ une redŽfinition des frontires sociales ou intellectuelles.
En ce qui concerne les propositions, ce rapport prŽconise :
En matire d'organisation :
1. la mise en place d'une structure transversale interministŽrielle (huit Ministres sont citŽs) pour laquelle la plus grande souplesse et la plus grande comŽtence est demandŽe;
2. la mise en place au sein du Ministre de la Culture d'une cellule transversale entre les directions associant formation, crŽation, patrimoine, recherche et technologies;
3. l'organisation d'une meilleure transversalitŽ au sein de la DAP, et la mise en place d'un module "technologies" et d'un groupe de rŽflexion;
4. des actions de sensibilisation des responsables des DRAC et des rŽgions;
En matire de pratiques artistiques liŽes aux technologies
1. informer : crŽation d'un rŽseau de ressources;
2. expŽrimenter, rŽaliser : consolider les lieux existants, accueil d'artistes en milieu scientifique, identification de nouveaux lieux, aides ˆ la crŽation et commande publique;
3. diffuser, montrer : aides rŽgulires aux manifestations-clŽs du domaine;
En matire de formation
1. consolider les sites existants, diffuser le matŽriel pŽdagogique;
2. crŽer de nouveaux modules pŽdagogiques;
En matire d'Ždition
crŽation d'une librairie de culture technique au Centre national du Livre.
-> Ces propositions sont restŽes ˆ notre connaissance sans effets.
Diffusion
Dans la mme pŽriode (dŽbut des annŽes 90), deux revues importantes de l'art contemporain consacrent vers la mme Žpoque un numŽro spŽcial sur les nouvelles technologies selon deux approches complŽmentaires, la premire avec un lien trs Žtroit avec l'innovation technologique et la seconde trs liŽe aux prŽocupations artistiques :
• en 1989, les cahiers du CCI Ždite "Les chemins du virtuel : simulation informatique et crŽation industrielle", coordonnŽ par Jean-Louis Weissberg et Martine Moinot;
• en 1991, la revue Art Press Ždite un numŽro spŽcial intitulŽ "Nouvelles technologies : un art sans modle", coordonnŽ par Norbert Hillaire et Michel Jaffrenou, qui propose un ensemble de textes d'orientations politiques et philosophiques ainsi qu'un ensemble de projets d'artistes (textes de N. Hillaire, M. Roman-Monier, B. Stiegler, A. Fleischer, P. Virilio, P. Petit, P. QuŽau, E. Couchot, J-L. Weissberg, J. de Noblet ... et projets de J. Shaw, C. Faure, F. Forest, J-L. Boissier, P. Kowalski ...). Le titre en lui mme indique justement la mutation si difficile ˆ opŽrer pour l'artiste plasticien du dŽbut des annŽes 90 : aprs le dŽpassement de la "galaxie Gutenberg", alors mme que nous n'en sommes qu'ˆ tenter d'intŽgrer la "galaxie Edison" (Courbet : "le cerveau, libre de l'artiste .... doit tre comme une plaque sensible, un appareil enregistreur ..."), faut-il dŽjˆ oublier "le modle"? La mutation ˆ cet art sans modle, semble aussi douloureuse qu'elle l'a ŽtŽ pour Pierre Schaeffer et les fondateurs de la musique radiophonique et de la musique concrte. Le saut proposŽ par les tenants des sciences cognitives - "une plaque sensible aux variations mentales ...(B. Requichot) - est peut-tre conjoncturellement trop important : il justifie a contrario la relative rŽussite de la politique pragmatique menŽe dans le cinŽma et l'audiovisuel.
III.4. Les formations en Arts Visuels NumŽriques
Quatre grands types de filires existent qui pour l'instant n'ont aucune relation :
• les filires universitaires ou assimilŽes en informatique graphique qui recrutent dans le domaine technologique
• les filires des Žcoles d'arts qui recrutent dans le domaine artistique
• des lycŽes professionnels en arts qui recrutent pour l'enseignement professionnel
• les formations privŽes ou les formations liŽes ˆ la taxe professionnelle
III.4.1. Formations universitaires et assimilŽes
Les formations universitaires ou assimilŽes en informatique graphique suivent l'Žvolution des laboratoires de recherche. On peut recenser aujourd'hui en France une dizaine de DEA et de DESS, qui traitent de l'image de synthse. Les enseignements prodiguŽs sont des enseignements purement scientifiques et technologiques : mathŽmatique, informatique et physique de l'image numŽrique en analyse et/ou en synthse. Ces enseignements diffusent progressivement au niveau des formations du second cycle des universitŽs scientifiques et technologiques ou des IUT (Instituts Universitaires de Technologies) dans lesquels s'ouvrent de plus en plus des filires de techniciens multimŽdia.
-> Cependant ces formations ne forment pas particulirement aux pratiques artistiques ni aux mŽtiers de l'art et de la production graphique et audiovisuelle. -> Il n'existe pas ˆ notre connaissance de formation spŽcifique en Art-Science-Techologie dans le domaine des Arts Visuels, qui serait l'Žquivalent du DEA ATIAM en musique.
La formation universitaire ATI - Paris 8
Dans le domaine universitaire, la formation ATI (Arts et Technologies de l'image) fait figure de cas atypique. Cette formation, crŽŽe par Edmond Couchot (artiste et philosophe), HervŽ Huitric (artiste), Michel Bret (mathŽmaticien) et Monique Nahas (physicienne), pour ne citer que les principaux fondateurs, est une formation du second cycle de l'universitŽ de Vincennes. Elle prŽsente un mŽlange trs fort et trs original d'enseignements techniques et artistiques. Elle ouvre ˆ un DEA EsthŽtiques, Technologies et CrŽations Artistiques puis ˆ un doctorat EsthŽtiques, Sciences et Technologies des Arts. MalgrŽ les efforts de ses fondateurs pour faire prendre ˆ la formation ATI l'autonomie et l'ampleur qui leur semblent nŽcessaires aujourd'hui, les tendances "esthŽtiques", plus conventionnelles, freinent ce dŽveloppement. Il est depuis plus de dix ans impossible aux fondateurs de mettre en place une vŽritable formation autonome et dynamique en Arts - Sciences - Technologies.
III.4.2. Les Žcoles d'art en Arts Visuels NumŽriques
A cotŽ des formations universitaires, l'enseignement en Arts Plastiques en France s'effectue dans cinq types de structures qui sont dans des situations trs diffŽrentes en ce qui concerne le numŽrique (cf. sites Internet) (le lecteur peut se rŽfŽrer aux rapports d'activitŽs annuels de la DŽlŽgation aux Arts Plastiques):
• les Žcoles nationales qui relvent directement du Ministre de la Culture
- ENSAD
Ecole Nationale des Arts DŽcoratifs
EPA sous tutelle du Ministre de la Culture
- FEMIS
Fondation dŽpendant du CNC
Association 1901 1998
EPIC en projet
Elle n'intgre que trs peu l'image numŽrique. Une mutation semble en cours actuellement, un peu sous la pression des Žlves
- ENSCI
Ecole Nationale SupŽrieure de CrŽation Industrielle
EPIC sous tutelle du Ministre de la Culture
- ENSBA
Ecole Nationale SupŽrieure des Beaux Arts
- Villa ARSON
Ecole Nationale d'Art de Nice
• les Žcoles d'art rŽgionales reconnues par le Ministre de la Culture
• les Žcoles d'art municipales
• les lycŽes spŽcialisŽs de l'Education Nationale
• les formations liŽes ˆ l'entreprise (AFDAS, Contrats de qualification)
Les Žcoles d'art nationales
Les Žcoles d'art nationales ont ŽtŽ trs soutenues soit par le ministre de la Culture, directement ou via ses organismes relais. Il en est ainsi de l'ENSAD et de ENSCI qui ont suivi de trs prs l'Žvolution des nouvelles technologies en image.
Le parcours de l'ENSAD en image numŽrique nous semblant significatif : L'ENSAD, EPA (Etablissement Public ˆ caractre Administratif) du Ministre de la Culture, a dŽmarrŽ trs t™t avec la synthse d'image (Jean-Franois Delpesennaire et Pierre HŽnon), ds les annŽes 80 par la synthse 3D et le Minitel.
Elle a participŽ ˆ l'expŽrience pilote de VŽlizy sur le Minitel en dŽveloppant du graphisme sur Minitel. Elle a ŽtŽ subventionnŽe sur des fonds recherche par le Ministre de la Culture ˆ l'aide desquels elle a eu une activitŽ de dŽveloppement de logiciels (modŽlisation, animation, rendu) en Žtant hŽbergŽe sur l'ordinateur IRIS 80 du Ministre de la Culture.
Elle a reu un soutien assez important du Plan Recherche Image, de l'INA et des deux sociŽtŽs importantes en France en synthse d'images SOGITEC et TDI. Elle a ŽtŽ une des premires ˆ tre ŽquipŽe de machines Silicon Graphics.
L'arrivŽe des palettes graphiques, le cožt des projets et des matŽriels, puis le raz de marŽe de la micro ont conduit l'Žcole ˆ abandonner la recherche et le dŽveloppement de logiciels et ˆ se reconvertir ˆ la micro 3D et la PAO en utilisant des logiciels du commerce.
Elle est ŽquipŽe aujourd'hui de 200 postes graphiques PC, de vidŽo numŽrique, de photographie ˆ 50% numŽrique et dispose d'une infrastructure rŽseau ˆ 100 Mb.. L'infographie est trs intŽgrŽe dans l'Žcole puisque 50% d'enseignants l'utilisent.
Mais il n'y a pas d'enseignants d'infographie en titre. La recherche a Žgalement ŽtŽ abandonnŽe. Selon Pierre HŽnon, il faudrait que des personnels de type enseignants - chercheurs similaires ˆ ceux des universitŽs puissent se trouver dans de telles structures.
Les Žcoles d'art rŽgionales
Les Žcoles d'art rŽgionales comme comme Rennes, Toulouse, Poitiers, Saint Etienne, Bourges, Limoges, Dijon, Nancy ...etc, font preuve d'un certain dynamisme. Mais elles ne peuvent gure aller au delˆ de l'acquisition de matŽriels et de logiciels. La situation de l'image numŽrique en leur sein, compte tenu de son cožt et de son Žvolution rapide, est donc trs fragile.
Les Žcoles d'art municipales
Parmi les Žcoles d'art municipales, certaines (Grenoble, Marseille, Aix en Provence...) s'ouvrent au numŽrique, mais il faut tenir compte lˆ de la spŽcificitŽ de chacune, la notion d'Žcole (au sens de courant de pensŽe ou de savoir-faire) Žtant trs forte dans le domaines des arts plastiques.
III.4.3. Les lycŽes professionnels en Arts Visuels NumŽriques
Les lycŽes de l'Education Nationale ont statut d'Žtablissements du secondaire. Ils devraient suivre l'Žvolution de ceux-ci en matire de technologies numŽriques. Ils pourraient tre une force motrice dans l'insertion du numŽrique dans les arts visuels.
III.4.3. Les formations sur financements privŽs ou sur taxe professionnelle
Les formations sur financements privŽs fonctionnent avec le soutien des CCI sur des fonds AFDAS ou par des contrats de qualification en entreprise. Sur projet de formation, elles peuvent recevoir Žgalement le soutien du CNC ou du programme europŽen MEDIA.
• SupInfoCom
Ecole financŽe par la Chambre de Commerce et d'Industrie de Valenciennes, sur projets par le CNC, sur taxe d'apprentissage
• CFT Gobelins,
Formations financŽes par la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris
Elles forment aux techniques, machines et logiciels, clŽs en main, en relation trs Žtroite avec les sociŽtŽs utilisatrices (effets spŽciaux, 3D, animation...).
Elles sont donc trs liŽes ˆ l'aval, ce qui leur confre une certaine efficacitŽ. Cette efficacitŽ a pour corollaires des difficultŽs en matire d'anticipation pŽdagogique et une certaine fragilitŽ liŽe ˆ celle de l'Žconomie du domaine.
-> L'ŽvolutivitŽ, le maintien ˆ niveau et surtout la qualification requise par cette activitŽ au sein d'une Žcole d'art, de quelque statut qu'elle soit, requirent que lui soient affectŽs non seulement des moyens matŽriels mais Žgalement du personnel scientifique et technique de haut niveau qui sache conserver le lien avec la recherche et l'innovation.
Quelques formations reoivent le soutien du programme europŽen MEDIA, comme EDA (European Digital Arts) en Allemagne ou la FEMIS en France.
III.5. Les domaines concernŽs : champs disciplinaires, corps de mŽtiers, crŽneaux socio-professionnels...
cf. StratŽgies scientifiques en imagerie numŽrique
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