AVERTISSEMENT
Ce rapport ne prŽtend pas Žtablir un bilan complet d'une activitŽ Art-Science-Technologie prolifŽrante et dispersŽe : il est notoirement incomplet et provisoire - notamment dans ses inventaires (ainsi littŽrature et poŽsie sont pratiquement absentes). Le repŽrage des ressources n'est qu'une premire Žtape dans la constitution d'une base de donnŽes plus ŽlaborŽe. Le signataire du rapport adresse ses excuses aux personnes et groupes oubliŽs ou ignorŽs et leur suggre de lui faire conna”tre leur activitŽ AST.
Le premier tome du rapport, relativement concis, prŽsente une synthse et un corps de propositions. Le second tome comprend des textes plus dŽtaillŽs d'analyse et de documentation. Le rapport comporte des redites qui sont largement volontaires - certains arguments ou exemples importants apparaissent dans plusieurs contextes.
Le rapport peut tre consultŽ sur le site web du Ministre de l'ƒducation Nationale, de la Recherche et de la Technologie. La consultation renvoie ˆ certains sites web relatifs au domaine Art-Science-Technologie (http://www.education.gouv.fr).
Le rapport est dž ˆ un ComitŽ qui a travaillŽ collectivement. Il a paru utile de mentionner les rŽdacteurs de certains textes :
- Tome I :
Propositions d'organisation : Henri Ma”tre et Annie Luciani.
- Tome II :
RepŽrage des ressources - Musique Žlectronique et informatique musicale : historique, faits marquants et situation actuelle : Annie Luciani
RepŽrage des ressources : un survol de l'Informatique musicale : Jean-Claude Risset
RepŽrage des ressources - Arts Visuels et Synthse d'Images : Annie Luciani
RepŽrage des ressources - la situation dans le domaine du traitement de l'image : Henri Ma”tre
RepŽrage des ressources - De l'analyse ˆ la synthse de l'image ; de la forme au geste : Patrick Callet
RepŽrage des ressources - Remarques sur les rŽseaux informatiques; l'art peut inspirer la science et la technologie : Jean-Claude Risset
StratŽgies scientifiques (Musique) : Hugues Dufourt et StŽphanie Glas, participation de Michel Decoust, Claude Cadoz, et Jean-Claude Risset
StratŽgies scientifiques et thmes d'Žtude dans le domaine des Arts Visuels : Annie Luciani
StratŽgies scientifiques - propositions de directions de recherche : Jean-Claude Risset, Claude Cadoz, Hugues Dufourt, Annie Luciani
Les enjeux Žconomiques : Bernard Bovier-Lapierre
Structures juridiques : Henri Ma”tre, Michel Florenzano
Problmes spŽcifiques - quelques cas particuliers : Jean-Claude Risset, Claude Cadoz, Annie Luciani.
Le signataire du rapport tient ˆ rendre hommage au travail considŽrable des diffŽrents membres du ComitŽ, qui ont tous participŽ ˆ des titres divers ˆ sa prŽparation. Les membres du ComitŽ partagent unanimement la conviction de l'importance stratŽgique du domaine Art - Science - Technologie.
INTRODUCTION : EXPOSE DES MOTIFS
Les arts sont trs peu prŽsents en France dans la recherche scientifique et technologique. Il y a ˆ cela des raisons historiques : contrairement au cas de certains pays (les ƒtats-Unis par exemple), les pratiques artistiques et les enseignements artistiques professionnels sont en France absents de l'UniversitŽ, o la place des arts se limite le plus souvent ˆ des Žtudes historiques ou analytiques d’Ïuvres du passŽ.
Pourtant la recherche en art, tout en ayant sa spŽcificitŽ, est bien une recherche de type scientifique et technologique, susceptible de critres de scientificitŽ. Les enjeux du rapprochement de la crŽation artistique et de la recherche scientifique et technologique sont aujourd'hui trs importants ˆ plusieurs Žgards.
La recherche artistique vise bien sžr la crŽation artistique. L'expression artistique ne peut tourner frileusement le dos ˆ son Žpoque et exclure les acquis scientifiques et technologiques de son temps. La chambre noire a dŽterminŽ l'usage de la perspective chez Alberti, Brunelleschi et les peintres de la Renaissance. L'identification des harmoniques par Mersenne et Sauveur sous-tend la thŽorie de la basse fondamentale de Rameau. La photographie a dŽtournŽ les peintres des fonctions de reprŽsentation, ouvrant la voie ˆ l'impressionnisme, au cubisme, ˆ l'art abstrait et ˆ l'hyperrŽalisme. Les nouveaux matŽriaux ont donnŽ lieu ˆ de nouvelles architectures. L'Žlectroacoustique et le son numŽrique jouent un r™le important dans la crŽation musicale d'aujourd'hui. L'enjeu proprement artistique est hautement significatif.
Les exigences de l'art et les connaissances opŽratoires des artistes ont de tout temps - depuis Pythagore et Aristoxne - stimulŽ et inspirŽ la recherche scientifique et l'innovation technologique. Ainsi l'orgue rŽalise la premire sŽparation entre Žnergie et information de contr™le - par l'intermŽdiaire des premiers claviers ; les facteurs d'orgue ont mis en Ïuvre la synthse additive de timbres musicaux des sicles avant Fourier. Les machines ˆ musique sont les premiers exemples connus de programmes enregistrŽs. Selon l'historien britannique Geoffroy Hindley, la notation musicale occidentale a inspirŽ les systmes de coordonnŽes cartŽsiennes. Le concept d'intelligence artificielle a ŽtŽ ŽnoncŽ pour la premire fois vers 1840 par Lady Lovelace ˆ propos de la composition musicale automatisŽe. C'est en vue de la crŽation musicale que Max Mathews a mis en Ïuvre en 1957 l'enregistrement et la synthse numŽrique des sons. L'exploration par des compositeurs des ressources de la synthse des sons a rŽvolutionnŽ notre comprŽhension de la perception auditive. L'invention de certaines machines ˆ peindre doit plus ˆ des artistes qu'ˆ des techniciens. Plusieurs grands logiciels industriels de synthse d'image (Softimage, Explore) sont nŽs dans des institutions ˆ vocation culturelle et artistique (Office National du Film Canadien, Institut National de l'Audiovisuel).
Les enjeux Žconomiques de la recherche artistique sont considŽrables. Les arts alimentent des industries culturelles au marchŽ potentiel trs important. La dŽpense culturelle nationale approche trois cents milliards de francs, comme il est prŽcisŽ dans le chapitre "Les enjeux Žconomiques". Les applications de la recherche en art concernent l'activitŽ artistique professionnelle mais aussi l'Žducation et les loisirs. C'est la recherche en informatique musicale, impulsŽe de faon dŽcisive par des musiciens soucieux d'Žtendre le vocabulaire sonore de la crŽation musicale contemporaine, qui a permis l'Žmergence dans les annŽes 80 de l'industrie des synthŽtiseurs numŽriques. Actuellement le dŽveloppement rapide du numŽrique, de l'informatique et des rŽseaux ouvre de nouveaux champs de dŽveloppement. Les possibilitŽs de l'informatique et du multimŽdia rendent possibles de nouvelles dŽmarches pŽdagogiques et culturelles. Mais il y a des obstacles ˆ l'innovation et ˆ sa valorisation, parmi lesquelles la prŽdominance des gros laboratoires - alors que l'innovation fleurit dans les petites unitŽs - et aussi la difficultŽ de crŽer des entreprises.
De la confrontation entre l'exigence et la capacitŽ crŽatrice et la puissance analytique et technique peuvent na”tre des possibilitŽs neuves et riches. Il est important de faire cohabiter et interagir dans certains lieux une logique artistique, une logique scientifique et une logique technologique. De telles rencontres et interactions existent dans des institutions Žtrangres comme le Media Lab du M.I.T., le C.C.R.M.A. de Stanford, le C.N.M.A.T. de Berkeley, la firme de recherche Interval Research de Silicon Valley, le Zentrum fŸr Kunst und Medium Technologie de Karlsruhe. Mais il est actuellement difficile en France de justifier l'accueil d'artistes dont les pratiques n'ont pas de reconnaissance universitaire. Ainsi un organisme culturel franais voulant rŽaliser un projet artistique impliquant l'informatique a dž faire appel ˆ des informaticiens Žtrangers ayant une expŽrience de travail avec des artistes. Il est tout aussi difficile de lŽgitimer et d'Žvaluer les activitŽs de recherche touchant au domaine de la crŽation artistique, qui n'a pas sa place ˆ l'universitŽ ou dans les organismes de recherche. Bien des difficultŽs que l'on rencontre dans la mise en Ïuvre de la recherche en art se retrouvent pour les recherches trans- ou pluridisciplinaires (ainsi, dans un DEA ou un DESS, on ne peut confier des responsabilitŽs ˆ un industriel sans titres universitaires). Le Ministre de la Culture joue une r™le dŽcisif pour financer certaines recherches, mais il se heurte ˆ des difficultŽs concernant structures et statuts. Il faut donc donner une rŽponse institutionnelle ˆ ce problme de cohabitation.
Le prŽsent rapport approfondit ces attendus et examine les moyens de renforcer la synergie art-science-technologie (AST). Il est articulŽ suivant cinq axes : repŽrage des ressources, Žtude des stratŽgies scientifiques, enjeux Žconomiques, problmes spŽcifiques, structures juridiques et propositions d'organisation. La conclusion avance certaines recommandations.
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