Art science technologie


D - PROBLEMES SPƒCIFIQUES



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D - PROBLEMES SPƒCIFIQUES


L'explicitation des problmes spŽcifiques met en relief plusieurs freins au dŽveloppement des recherches AST : multiplicitŽ des tutelles ; absence de reconnaissance scientifique d'un domaine recoupant plusieurs champs, alors que la recherche franaise est sectorisŽe et cloisonnŽe ˆ l'excs ; tendance dans les UniversitŽs et au CNRS ˆ privilŽgier les grosses unitŽs, alors que l'innovation fleurit souvent dans les trs petites Žquipes (ce fut le cas pour la crŽation d'entreprises comme Intel et Apple) : les Žquipes pointues d'effectif rŽduit et aux capacitŽs pluridisciplinaires spŽcifiques tendent ˆ tre diluŽes, marginalisŽes et banalisŽes dans des Žquipes plus importantes, qui seules retiennent l'attention des directeurs d'Žtablissement ; problmes de valorisation liŽs ˆ la difficultŽ de crŽer des entreprises, mais aussi ˆ des politiques inappropriŽes concernant licences ou brevets.

Problmes spŽcifiques en 10 points


Point 1. Un "existant" ˆ sauver

En France, c'est ˆ la fin des annŽes 60 que le domaine de la recherche en Art-Science-Technologie a commencŽ ˆ prendre son essor dans les milieux de l'Žducation et de la culture. Parmi les ŽvŽnements marquants : 1) la crŽation - sans moyens adŽquats, mais le ver Žtait dans le fruit - de dŽpartements d'arts et de musique dans les universitŽs franaises ; 2) dans la lancŽe de cette crŽation, le dŽmarrage simultanŽ de la synthse d'images dans divers laboratoires universitaires d'informatique et de son usage en art avec notamment le Groupe Art et Informatique de Vincennes, d'o est issu le Groupe Arts et Technologies de l'Image ˆ Paris 8 ; 3) le retour de Jean-Claude Risset en France et la diffusion large du programme Music V, premier programme de synthse de sons modulaire et paramŽtrable ; 4) la crŽation de l'IRCAM et la crŽation ou la reconnaissance de six centres de recherche musicale en France (ACROE, CEMAMu, CERM, CIRM, GMEB, GMEM).



-> Le domaine AST bŽnŽficie donc d'un enracinement en France de plus de vingt ans.

Cependant le seul centre ayant bŽnŽficiŽ par dŽcret d'une pŽrennitŽ institutionnelle et d'une pŽrennitŽ de moyens est l'IRCAM. Pourtant d'autres groupes ont eu plus directement affaire avec une confrontation de terrain, tant vis-ˆ-vis de la recherche et la formation dans les universitŽs que de l'interdisciplinaritŽ (SHS-SPI par exemple).


Nous pensons notamment ˆ la formation ATI (Arts et Technologies de l'Image) au sein de Paris 8, ˆ l'ACROE, au groupe d'informatique musicale de Marseille (Luminy puis LMA). L'action d'Hugues Dufourt (crŽation de l'UMR 9912 "Recherche musicale" et du DEA de Musique et Musicologie du XXe sicle en relation avec l'IRCAM), qui fut le fer de lance d'une politique concertŽe de 1986 ˆ 1992, est aujourd'hui menacŽe : l'UMR 9912 et le DEA doivent tre redŽfinis pour mieux s'articuler ˆ la recherche musicale. Le DEA ATIAM (Acoustique, Traitement du Signal et Informatique AppliquŽs ˆ la Musique) a un problme chronique pour Žquilibrer son budget en dŽpit du soutien du Ministre de la Culture, et sa vocation AST est menacŽe par la pression des critres de "sciences dures". Le chapitre "repŽrages des ressources" propose une liste plus exhaustive et une analyse plus circonstanciŽe.
La soliditŽ des cadres, leur persŽvŽrance, leur implantation sur le terrain, et la richesse de leurs acquis en terme de concepts, de techniques et d'innovations font de ces groupes des points d'ancrage d'une grande force, nŽcessaires ˆ tout dŽveloppement ˆ venir. Mais les acteurs s'Žpuisent ˆ faire survivre des activitŽs et ˆ assurer des fonctionnements ˆ contre courant.

Point 2. La dispersion des forces vives de la troisime gŽnŽration  : De la premire montŽe en puissance au trou de gŽnŽration et ˆ la fuite de cerveaux

L'Žmergence du domaine de 1975 ˆ 1992 a naturellement ŽtŽ suivie d'un effet de diffusion, avec l'augmentation du nombre de personnes formŽes impliquŽes ou dŽsirant s'impliquer dans ce nouveau secteur et qu'il a ŽtŽ impossible de fixer. Jean-Claude Risset, l'IRCAM, l'ACROE, ATI et d'autres ont probablement suscitŽ un nombre assez important de vocations et de personnes formŽes, qu'il est bien entendu difficile de chiffrer. Celles-ci se sont tournŽes par nŽcessitŽ vers des secteurs plus conventionnels (informatique, art, entreprises du son et de l'image...) : mais elles forment une sorte de diaspora sur laquelle il serait important de s'appuyer.


Ceci est d'autant plus important que l'absence de cette gŽnŽration provoque une situation de rupture prŽsentant les dangers d'une nouvelle forme de noviciat visant les gŽnŽrations actuelles, trs attirŽes par les incidences culturelles, mŽdiatiques et artistiques des nouvelles technologies, nŽo-noviciat favorisŽ par leur habiletŽ et leur versatilitŽ.
Il faut noter actuellement une prŽoccupante "fuite de cerveaux" franais dans le domaine de l'informatique musicale: au Canada : Marc-Pierre Verge, Philippe Derogis, Christophe Ramstein qui ont crŽŽ une entreprise dans des conditions extrmement favorables (le dernier nommŽ valorise industriellement des innovations de l'ACROE qui n'ont pu tre valorisŽes en France); aux ƒtats-Unis: Jean Laroche et Jean-Marc Jot chez Emu.

Point 3. Tendances aux grandes unitŽs - Ralentissement de la mutation portŽe par le domaine AST

L'innovation fleurit gŽnŽralement dans les trs petites Žquipes (Cf. Intel, Apple). Or la tendance franaise aux UniversitŽs et au CNRS est vers les grosses unitŽs. Les petites Žquipes pointues aux capacitŽs pluridisciplinaires spŽcifiques tendent ˆ tre diluŽes, noyŽes, marginalisŽes et banalisŽes dans des Žquipes plus importantes. Les grandes unitŽs tendent ˆ monopoliser l'attention des directeurs d'Žtablissement pour les nŽgociations de contractualisation en vue de la rŽalisation d'UMR et d'URA avec le CNRS. La dilution des thŽmatiques AST dans de grandes unitŽs ayant d'autres dynamiques diminue aussi la visibilitŽ de ces thŽmatiques : Cas de l'ACROE au sein de l'UJF ou de l'INPG avec le CLIPS ; cas de l’Equipe Informatique Musicale au LMA ˆ Marseille : voir la prŽsentation du Laboratoire sur le site Internet http://alphalma.cnrs-mrs.fr/.


La lourdeur des unitŽs favorise un certain conformisme et une grande inertie : elle pŽnalise lourdement l'innovation, qui dispara”t en tant que telle si elle est exploitŽe trop tard.
Il en va de mme dans l'industrie : l'inertie et les tendances stratŽgiques des grandes compagnies les pŽnalisent dans l'application de rŽsultats nouveaux - les "start-up" ou les "spin-off" de petit volume sont mieux adaptŽes. Bien sžr les possibilitŽs d'aide aux entreprises, et les passerelles entre universitŽs, recherche publique et domaine privŽ (ŽtudiŽes dans le rapport Guillaume de mars 1998 sur la technologie et l'innovation) sont dŽcisives pour favoriser les transferts. Mais la lourdeur des mŽcanismes administratifs franais joue souvent un r™le asphyxiant.

Point 4. Le partage institutionnel et l'absence ou l'insuffisance d'accords-cadres

Il faut dŽplorer le refus frŽquent des institutions ˆ collaborer entre elles. Les institutions diffŽrentes rechignent ˆ s'engager dans une logique commune, les institutions concurrentielles ˆ dŽpasser leur rivalitŽ fŽodale. Il arrive souvent qu'un projet partagŽ entre deux universitŽs soit moins bien soutenu que s'il est le monopole d'une seule universitŽ (cf. le point 5 ci-dessous). Dans le cas du domaine AST, le partage institutionnel entre les Ministres de l'ƒducation Nationale et de la Culture a renforcŽ les cloisonnements que la dŽmarche transdisciplinaire s'efforait d'Žviter. Ainsi la recherche musicale est soutenue ˆ l'IRCAM par le Ministre de la Culture sans tre reconnue par le DŽpartement SPI du CNRS ; la musicologie est quant ˆ elle reconnue par l'UniversitŽ et le CNRS, mais moyennant des dipl™mes universitaires qui ne prennent pas en compte l'activitŽ proprement artistique : cela accentue de faon regrettable la coupure entre crŽation et savoir.


Peu aprs la crŽation de l'IRCAM, au sein du Centre Georges Pompidou, le ministre de l'industrie et de la recherche, M. Michel d'Ornano, crŽe par dŽcret du 11 mai 1976 un Conseil de la Recherche au secrŽtariat d'Žtat ˆ la culture dirigŽ par Michel Guy. Ce conseil est chargŽ d'Žvaluer et de coordonner les recherches relevant de la culture en liaison avec la DŽlŽgation GŽnŽrale de la Recherche Scientifique et Technique. Une partie importante des recherches pour l'art ont donc par la suite ŽtŽ pilotŽes par ce Ministre ˆ l'aide de fonds du BCRD flŽchŽs pour cet usage. Des postes d'ingŽnieurs de recherche ont Žgalement ŽtŽ crŽŽs.
Le Ministre de la Culture et de la Communication ne possde cependant pas de structures publiques propres susceptibles d'hŽberger ces recherches, mises ˆ part celles qui s'effectuent directement dans ses services - au LRMF ou au LRMH par exemple, dont l'expŽrience de l'association avec le CNRS via des UMR comprenant pour moitiŽ des personnels de formation scientifique Ç dure È (chimistes, physiciens nuclŽaires, informaticiens, photographes, physico-chimistes, opticiens, etc.) et des personnels provenant des secteurs des sciences de l’homme et de la sociŽtŽ (historiens de l’art, conservateurs, bibliothŽcaires, archŽologues, etc.) semble trs positive, sans pourtant aller jusqu'ˆ inclure des artistes vivants. Ces recherches s'effectuent donc plus ou moins directement dans d'autres structures publiques, par exemple des laboratoires universitaires ou des laboratoires CNRS, parfois via des associations 1901. Elles se doivent alors de tenir compte des demandes et des orientations des institutions d'accueil et sont parfois ŽvaluŽes par elles. Ceci est une situation de fait qui s'est installŽe sans cadre institutionnel ni structure d'Žvaluation arrtŽs ni conventionnŽs.
Les moyens de base et les objectifs gŽnŽraux viennent donc d'un ministre et l'accueil et l'Žvaluation d'un autre. Les missions de chacune de ces tutelles Žtant a priori diffŽrentes, les ingŽnieurs et chercheurs sont donc tiraillŽs quotidiennement entre deux types de missions, font double travail et double rendu de manire insatisfaisante, et se trouvent parfois dans des situations de biais programmatique difficiles ˆ gŽrer. Cette situation crŽe aussi des problmes administratifs extrmement lourds, chaque administration refusant de s'engager dans une logique commune avec d'autres administrations. On pourrait en donner des exemples courtelinesques.
Les personnes ˆ mme de nourrir efficacement la dŽmarche AST rencontrent ainsi des empchements dirimants ˆ leur travail et ˆ leur carrire.
Des accords - cadres interministŽriels (Ministre de l'Education Nationale, de la Recherche et de la Technologie / Ministre de la Culture et de la Communication) et inter-institutionnels (associations, CNRS SPI, CNRS SHS ...) seraient nŽcessaires pour formaliser ces situations de fait. Un accord-cadre a ŽtŽ signŽ u dŽbut des annŽes 90 entre le Ministre de la Culture et certains dŽpartements du CNRS, et son actualisation en cours. Cependant, actuellement, les nŽgociations de contractualisations en vue de constituer des unitŽs mixtes sont prŽvues entre UniversitŽs et CNRS sans mention du partenariat possible du Ministre de la Culture. Un accord-cadre plus large avec le Ministre de la Culture (MCC) devrait bien sžr impliquer le Ministre de l'Education Nationale, de la Recherche et de la Technologie (MENRT), de faon ˆ concerner les UniversitŽs.
Un tel accord-cadre devrait prŽvoir un niveau institutionnel intermŽdiaire entre la crŽation d'une UnitŽ Mixte de Recherche (UMR), entitŽ autonome, et la simple mise ˆ disposition de personnels d'un Ministre auprs d'une unitŽ d'un autre Ministre (MENRT et MCC). Comme le remarque Philippe Aigrain (1996), la situation de simple mise ˆ disposition de personnels de recherche Culture dans un laboratoire CNRS nuit ˆ la reconnaissance de la dimension spŽcifiquement culturelle des travaux conduits ; et actuellement les Žquipes Culture rattachŽes ˆ des laboratoires CNRS sont financŽes de faon dominante par le Ministre de la Culture. Aussi devrait-on envisager, comme le propose Aigrain, d'introduire un niveau "Žquipe mixte de recherche", dotŽ de structures lŽgres et souples, mais pouvant recevoir des soutiens spŽcifiques du CNRS (y compris en postes). Ce niveau intermŽdiaire pourrait prŽparer la mise en place ultŽrieure d'UMR si la signification des travaux le justifie.

Point 5. Les DEA "nationaux" et les formations spŽcifiques

Les thmes AST n'ayant offert pour l'instant ni une alimentation en enseignants ou en Žtudiants ni un dŽbouchŽ suffisants, les universitŽs n'ont pas ouvert facilement ˆ leur niveau local des formations spŽcifiques (DEA ou DESS) concernant les thmes AST, sauf les quelques cas particuliers dont il a ŽtŽ question dans le Point 1. De plus, aujourd'hui, la faible motivation qu'elles ont pour ce domaine rend difficile l'acceptation des propositions AST face ˆ d'autres propositions sur des thmes mieux centrŽs.


Les enseignements s'effectuent alors sous forme d'options de DEA existants ˆ l'intŽrieur desquels ils reprŽsentent une force de second plan, donnant beaucoup et en profitant peu, et en Žtant soumis au biais programmatique en termes d'orientation de thses.
S'il a ŽtŽ et s'il est sans doute encore raisonnable d'envisager ˆ l'Žchelle nationale les enseignements pluridisciplinaires dans les domaines AST, pour tirer parti au mieux des ressources, des capacitŽs d'accueil, des motivations, il faut remarquer que les rivalitŽs entre universitŽs et l'autonomie des Žtablissements universitaires crŽent des obstacles trs gnants, certains Žtablissements ne reversant ˆ des DEA qu'une trs faible proportion de la dotation versŽe par le Ministre de l'ƒducation Nationale, de la Recherche et de la Technologie, surtout lorsqu'il s'agit de thmes AST de faible poids. De plus les dotations habituelles aux DEA supposent l'existence d'enseignants en postes, ce qui ne peut tre le cas pour l'instant pour les disciplines Žmergentes AST, surtout dans la mesure o les artistes ne peuvent avoir de statut ˆ l'UniversitŽ (cf. point 6 ci-dessous) : mme si le dŽcompte de l'argent dŽpensŽ est bien moins ŽlevŽ en finanant des heures plut™t que des postes, il ne para”t pas possible d'obtenir l'augmentation de ces dotations en consŽquence de cet Žtat de fait.
D'autre part les enseignements de tels DEA nationaux tendent alors ˆ avoir lieu ˆ Paris, o sont concentrŽes la plupart des ressources : les universitŽs et les Žquipes d'accueil qui ne sont pas ˆ Paris sont pŽnalisŽes, car les Žtudiants qui souhaitent s'y inscrire ou y travailler ont des frais importants mais aucun moyen supplŽmentaire.
Il est donc essentiel que les formations doctorales AST soient dotŽes de moyens propres (personnels, outils informatiques) et qu'elles puissent disposer d'un financement public direct appropriŽ ˆ leurs spŽcificitŽ.

Point 6. HŽtŽrogŽnŽitŽ des statuts des personnels IngŽnieurs du Ministre de la Culture, professionnels...

Les personnalitŽs qui n'ont pas suivi un curriculum universitaire "normal" sont considŽrŽes comme des citoyens de seconde zone dans l'UniversitŽ ou au CNRS. L'UniversitŽ reconna”t difficilement d'autres interlocuteurs que des professeurs - et les responsables de DEA doivent tre "de rang A ou assimilŽs".


C'est notamment le cas des praticiens artistiques, ou des chercheurs qui ont fait carrire dans le cadre du Ministre de la Culture, o il n'y a que des ingŽnieurs et pas de statut de chercheur. De telles personnalitŽs, ne pouvant pour l'instant tre assimilŽes au rang A - mme si leurs travaux et leur rŽputation le justifieraient, et mme s'ils sont habilitŽs ˆ diriger les recherches - ne peuvent se voir confier de responsabilitŽs, par exemple pour la direction d'un DEA. (On notera qu'ˆ la grande Žpoque des Bell Laboratories les chercheurs Žtaient des ingŽnieurs, que ce soit le crŽateur de la thŽorie de l'information Claude Shannon, le pionnier de la communication par satellite John Pierce, le pre de la musique par ordinateur Max Mathews, ou les prix Nobel Brattain, Shockley et Penzies).
En matire d'art, beaucoup d'acteurs de recherche et d'enseignement dŽpendent du Ministre de la Culture. Souvent leurs travaux sont validŽs dans la communautŽ scientifique internationale. Il existe une liste ad hoc Žtablie par dŽcret des "assimilŽs au rang A" : il faudrait pouvoir y faire figurer les ingŽnieurs du Ministre de la Culture pour lesquels ce serait justifiŽ par leurs travaux et leurs responsabilitŽs de fait.
Il est important aussi de soulever la question de la nŽcessaire participation aux enseignements des professionnels des branches concernŽes, dans des conditions certes raisonnables, mais plus fermement qu'ˆ dose homŽopathique. Eux-seuls peuvent dŽfinir et donner une formation favorisant l'employabilitŽ. Ceci se fait naturellement dans des formations tirant leur ressources des fonds de formations permanentes ou sous tutelle des Chambres de commerce et d'industrie (Ecole d'infographistes de SupInfoCom ˆ Valenciennes, ou des CFT-Gobelins ˆ Paris). Cette remarque vaut aussi pour l'accueil d'artistes. Un premier prix de Conservatoire National SupŽrieur est assimilŽ au niveau bac +3 ou 4, ce qui n'est pas convenable. RŽcemment un directeur de maison de la culture mettant en Ïuvre un projet artistique comportant une composante technologique forte a dž faire appel ˆ des informaticiens Žtrangers, faute d'informaticiens franais ayant une expŽrience de travail avec des artistes (interview de Didier Fusillier, directeur de la Maison des arts de CrŽteil, TŽlŽrama n¡ 2512, 4 mars 1998).
Les obstacles administratifs font que dans le cadre d'un colloque, mme s'il concerne les arts, il est bien plus facile de payer des banquets que des musiciens ou des artistes, qui ne sont pas forcŽment affiliŽs aux organismes requis par l'administration. Les rgles comptables en vigueur ne permettent ˆ une personne de facturer des prestations que si elle a "qualitŽ" pour le faire : les critres administratifs pour juger de cette qualitŽ diffrent suivant les Ministres et les Etablissements. Les interventions de musiciens ou artistes sont difficiles ˆ gŽrer au sein de l'UniversitŽ ou du CNRS.

Point 7. La pratique de l'hŽbergement comme politique des universitŽs et grandes Žcoles

Outre le fait historique que l'activitŽ artistique n'est pas prise en compte dans l'ƒducation Nationale et les grands organismes de recherche, crŽant un partage dommageable entre la crŽation et le savoir, il faut noter une orientation souvent frileuse, voire passŽiste, d'instances collectives qui ont souvent favorisŽ le patrimoine reconnu des sicles prŽcŽdents par rapport aux domaines contemporains.


On ne peut strictement parler de non-reconnaissance totale des activitŽs relevant des thŽmatiques AST par les universitŽs, les grands organismes de recherche et les grandes Žcoles. Ainsi l'activitŽ d'informatique musicale, en France, comme dans beaucoup de lieux ˆ l'Žtranger, a pu se dŽvelopper dans certains laboratoires, parfois dans un climat d'acceptation et d'intŽrt. Paradoxalement, ce sont souvent les structures ˆ vocation artistique et culturelle (conservatoires, Žcoles d'art, corporations ...) qui ont le plus freinŽ le dŽmarrage des nouvelles formes de pensŽe et de production artistiques liŽes aux nouvelles technologies.
Mais en fait la politique des grands Žtablissements en matire d'AST s'est souvent limitŽe ˆ une pratique d'hŽbergement sans soutien de la thŽmatique ni considŽration pour ses problmes spŽcifiques. C'est le cas par exemple ˆ l'INPG de Grenoble pour l'ACROE, au LMA ˆ Marseille pour l'activitŽ d'informatique musicale, ˆ l'ENS Paris et l'EHESS pour le DEA Musicologie du XXme sicle, de l'Ecole polytechnique pour l'activitŽ d'informatique graphique du Lactamme, de l'ENS Cachan vis-ˆ-vis du groupe CREACI, de l'Ecole Centrale de Paris pour les recherches sur la couleur et l'image numŽrique.
Cette pratique est Žvidemment non viable ˆ terme. Elle a pu conduire soit ˆ des conflits graves, soit ˆ une sclŽrose par isolement du groupe de chercheurs concernŽs, car elle occulte l'activitŽ et fait obstacle ˆ sa lŽgitimation, ˆ son dŽveloppement quantitatif et ˆ son dŽploiement qualitatif (accueil d'artistes dans les laboratoires universitaires par exemple ...) en les limitant aux pratiques naturelles de l'organisme hŽbergeant.
Accessoirement, mais de manire significative, des questions trs matŽrielles se posent telle que la question de la prise en charge des frais d'infrastructrure, qui soulve ˆ nouveau trs concrtement la collaboration inter-ministŽrielle et/ou inter-institutionnelle.

Point 8. Le problme de la valorisation : publications et brevets

Qu'il s'agisse de valorisation par la publication ou de valorisation industrielle via des brevets et des licences d'exploitation, la situation du domaine AST est spŽcifique.


L'Žvaluation des recherches par les grands organismes passe par une mesure en termes de publications. Dans les domaines concernŽs, les confŽrences et surtout les revues "ˆ comitŽ de lecture" sont rares et peu reconnues. Ce problme est identique pour tous les secteurs naissants, surtout pour ceux ˆ forte composante pluridisciplinaire. Les chercheurs ont une rŽelle difficultŽ ˆ publier, et nombre d'entre eux n'ont pu obtenir de postes de recherche pour cette raison, malgrŽ l'Žvaluation trs positive de leur travaux et de leur compŽtences.
En matire de valorisation via des brevets, depuis une vingtaine d'annŽes, certaines tentatives de valorisation de recherches atypiques ˆ vocation artistique, faites dans le cadre d'organismes publics de recherche, ont avortŽ en raison de cadrages ou d'exigences irrŽalistes de la part des services de valorisation de ces organismes.
La lŽgislation europŽenne qui interdit la valorisation de toute invention ds lors qu'elle a fait l'objet d'une publication est Žgalement dŽfavorable - la carrire des chercheurs dŽpend plus sžrement de publications que de brevets hypothŽtiques ˆ l'application problŽmatique, et une innovation risque d'tre "volŽe" si elle n'est pas publiŽe assez rapidement. Aux ƒtats-Unis, le fait de publier permet au chercheur de prendre date, et il dispose alors d'une annŽe pour dŽposer une demande de brevet. Ce problme gŽnŽral est cependant trs critique en AST car la publication empche de fait le dŽp™t de brevets. Il semble donc que la lŽgislation actuelle dŽfavorise considŽrablement l'Europe sur le plan de la protection de l'innovation et des inventions : on ne voit pas pourquoi les pays europŽens continueraient ˆ se laisser pŽnaliser par cette lŽgislation.
Comme dans beaucoup d'autres domaines de la recherche franaise, la remontŽe des rŽsultats sur les produits (logiciels par exemple) est trs faible.


Point 9. La sous-estimation de la puissance Žconomique du domaine AST

Faisons remarquer ˆ nouveau que depuis le dŽbut des annŽes 70, la recherche en analyse-synthse de la parole a ŽtŽ trs fortement soutenue par des financements publics, alors que ses incidences et sa couverture Žconomiques sont bien plus faibles que celles de la recherche sur le son musical numŽrique : or les retombŽes de cette dernire recherche ont ŽtŽ largement ignorŽes en France au moment mme o elles commenaient ˆ alimenter une industrie musicale aux ƒtats-Unis et au Japon.


Aujourd'hui, ce phŽnomne est au moins dŽcuplŽ : l'Žlargissement des rŽseaux de communications, la diversification des mŽdias, l'explosion prŽvue des cha”nes thŽmatiques et des bouquets de programmes par satellites, ainsi que l'augmentation de la rŽactivitŽ dans la communication mŽdiatisŽe, dŽfinissent un espace ˆ combler en matire d'images et de sons, largement supŽrieur ˆ la capacitŽ de production nationale actuelle. C'est cela qui devrait calibrer ˆ l'avance les prestations en recherche et en formation.
Ce phŽnomne est totalement sous-estimŽ par les organismes publics de recherche et d'enseignement, qui en restent ˆ une vision archa•que en ce qui concerne le dimensionnement Žconomique de l'activitŽ artistique .

Point 10. Participation du DŽpartement SPI du CNRS

Alors que certaines recherches AST ont ŽtŽ unanimement reconnues comme Žtant des recherches de qualitŽ dans le domaine des SPI, qu'elles ont ŽtŽ expertisŽes par le comitŽ d'Žvaluation SPI, que certaines ont ŽtŽ ŽvaluŽes au sein des laboratoires associŽs ou des UMR contractualisŽes avec le SPI, qu'elles trouvent un niveau de publications Žgalement reconnu, alors mme que des UMR bipartites entre le Ministre de la Culture et de la Communication et le CNRS et qui relvent des deux dŽpartements du CNRS SHS et SPI existent dans le domaine de l'architecture, la reconnaissance explicite de ces recherches par le dŽpartement SPI du CNRS et la collaboration entre ce dŽpartement et le Ministre de la Culture et de la Communication posent actuellement des problmes qu'il faut rŽsoudre. En dŽpit de dŽnŽgations officielles, les UMR sont la plupart du temps de grosses unitŽs : comme il est dit plus haut, il serait souhaitable d'introduire un niveau "Žquipe mixte de recherche", dotŽ de structures lŽgres et souples, mais pouvant recevoir des soutiens spŽcifiques du CNRS (y compris en postes).





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