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II. L’Žmancipation de la recherche technologique



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II. L’Žmancipation de la recherche technologique


Il convient d’insister sur la nŽcessitŽ d’Žmanciper la recherche technologique par rapport ˆ la recherche fondamentale. La technologie est l’ensemble des connaissances techniques liŽes ˆ la science contemporaine et contr™lables par la mŽthode scientifique.


Une articulation fŽconde de la recherche et du dŽveloppement ne sera trouvŽe que si l’on abolit la hiŽrarchie des secteurs de compŽtences qui tend encore ˆ subordonner la recherche technologique ˆ la recherche fondamentale. Le systme d’Žvaluation de la recherche pourrait donc tre reconsidŽrŽ car il repose encore sur la primautŽ de la recherche menŽe en amont.


II.1. SpŽcificitŽ de la recherche technique

La distinction entre la recherche fondamentale, recherche appliquŽe et dŽveloppement ne prend pas en compte le secteur spŽcifique de la recherche technique.


La vŽritable distinction [qui doit se substituer ˆ la fausse distinction entre “fondamental” et “appliquŽ”, termes qui ne sont plus trs pertinents] est entre la science (la recherche) qui s’intŽresse aux objets et aux phŽnomnes naturels pour mettre en Žvidence et comprendre les lois de la nature et celle(s) qui s’intŽresse(nt) aux objets fabriquŽs par l’homme. L’homme fabrique des objets, des artefacts ; ces objets et ces artefacts ont des propriŽtŽs, des qualitŽs que l’on ne comprend pas toujours. Comprendre le fonctionnement des ces objets est une dŽmarche symŽtrique de celle qui vise ˆ comprendre les objets et les phŽnomnes naturels. Elle s’applique aux objets fabriquŽs et bien sžr ˆ la fabrication elle-mme des objets.

(Claude Allgre, Assises nationales de l’innovation, 12 mai 1998)



Par recherche technique, on entend l’application d’un savoir scientifique, l’analyse d’objets techniques, notamment les procŽdŽs de fabrication et les mŽthodes de conception. La recherche technique est l’ensemble des connaissances nŽcessaires ˆ la mise au point de procŽdŽs nouveaux reproductibles et commercialisables. Si l’activitŽ d’inventeur tend ˆ la production de nouvelles connaissances techniques, le travail de mise au point permet de s’assurer de la valeur technique du procŽdŽ. La ligne de partage entre invention et mise au point est souvent indŽcise et arbitraire sauf au regard des inventions brevetables.
La recherche portant sur les procŽdŽs de fabrication, qui conduit au dŽp™t des brevets, pourrait devenir systŽmatique, cohŽrente, autonome et ŽvaluŽe. Elle pourrait exister autrement que sous le label trop gŽnŽral de “ recherche industrielle ”.
Il serait Žgalement opportun de distinguer la recherche technique de la recherche de dŽveloppement. Les rŽsultats de la recherche technique ne peuvent tre valablement apprŽciŽs qu’au regard de leurs possibilitŽs d’intŽgration mutuelle : selon Bertrand Gille, il est nŽcessaire de prendre en compte les contraintes qui suscitent l’Žvolution des techniques (dynamique des filires) et les contraintes opposŽes qui rŽsultent de l’invariance de leur organisation (Exemple : les normes, homogŽnŽisation des procŽdŽs et possibilitŽ de conversion mutuelle).
La recherche de dŽveloppement intgre aux choix techniques les ŽlŽments d’un calcul Žconomique. Elle pose le problme du financement et celui d’apprŽciation des risques. La recherche de dŽveloppement comprend une “ technologie de gestion ” de la recherche technique. A ce titre la recherche de dŽveloppement fait partie de l’innovation industrielle tandis que la recherche purement technique prŽsente une relative autonomie.
Les propriŽtŽs de l’innovation industrielle ne peuvent tre conues qu’en fonction des propriŽtŽs d’organisation de l’industrie. D’o la nŽcessitŽ d’envisager, dans leur autonomie relative, les processus historiques d’industrialisation, la constitution d’un cadre micro-Žconomique et macro-Žconomique, l’analyse de la dynamique des systmes techniques, et le lien qui rattache la recherche technique aux sciences du management.
Le dŽveloppement du secteur AST ne relve pas de la seule recherche scientifique et technique. Il ne peut dŽpendre exclusivement de l’intervention de l’Etat en matire de recherche. Il suppose une dynamique de l’Žconomie et une initiative industrielle. Tout au plus peut-on dŽgager certains traits gŽnŽraux du dŽveloppement technologique dont les principes pourraient orienter la mise en place d’une politique industrielle en matire d’AST. Une telle politique pourrait aboutir ˆ l’Žlaboration d’une “ ingŽnierie des immatŽriaux ”.
(Les innovations les plus saillantes concernent le domaine de l'information, qui ne relve pas d'une "physique" habituelle : elle ne dŽpend pas d'un support matŽriel spŽcifique, et elle peut se dupliquer sans perte, ˆ la diffŽrence de l'Žnergie, qui se prte ˆ un bilan ŽquilibrŽ - d'o la notion d'"immatŽriaux", proposŽe par Jean-Franois Lyotard pour une exposition au Centre Pompidou).

III. L’ingŽnierie des immatŽriaux : dynamique des techniques et activitŽs de conception



III.1. L’activitŽ de conception - pour un rŽseau AST – devrait donner une prioritŽ au transfert de technologies.



III.1.1. Le transfert de technologies comme facteur proprement technique de l’innovation

La notion traditionnelle du transfert des connaissances scientifiques et techniques est ˆ dominante hiŽrarchique. L’innovation est encore conue selon un systme vertical descendant de la recherche fondamentale ˆ la recherche appliquŽe pour aboutir au dŽveloppement.

Cette conception linŽaire et hiŽrarchique reflte essentiellement un mŽcanisme non scientifique d’instruction budgŽtaire. Elle a tendance ˆ relŽguer au second plan le facteur proprement technique de l’innovation, qui repose, pour une grande part, sur le transfert de technologies. Si les transferts de technologie vont de soi dans la dynamique de recherche (cf. les diffŽrentes versions d’un logiciel), le phŽnomne qu’ils constituent ne semble pas pleinement spŽcifiŽ ni formalisŽ.


III.1.2. Le transfert de technologies comme ressort heuristique

Si le partage entre recherche et dŽveloppement ressortit encore ˆ la vieille logique du fondement, la notion de transfert de technologies rŽpondrait davantage au va-et-vient de la logique des structures ˆ la logique des pensŽes opŽratoires. Elle atteste la convergence des dŽmarches qui gŽnŽralisent et celles qui approfondissent les liens structuraux. Le transfert de technologies assure la concordance entre plusieurs opŽrateurs distincts, notamment : l’articulation des phases d’une transformation, l’encha”nement ordonnŽ des opŽrations, l’application d’une loi de composition aux opŽrations simples qui entrent dans une opŽration composŽe, la causalitŽ du tout sur lui-mme (rŽcurrence et remontŽe aux logiciels), l’objectivation (la spŽcification du domaine des rgles). L’activitŽ technique est une synthse opŽratoire qui transforme les modles qui lui sont proposŽs par d’autres modes d’action et d’organisation.




III.1.3. Le transfert de technologies comme incitation ˆ la recherche de dŽterminants technologiques communs

Aussi la comprŽhension de ce qui constitue une efficacitŽ productive est-elle loin d’tre ŽpuisŽe. L’hypothse d’une rationalitŽ spŽcifique de la dynamique des techniques est ˆ examiner sur deux points : la nature et la portŽe du phŽnomne de convergence des techniques, l’existence de dŽterminants technologiques communs.


Les dŽterminants technologiques rŽpondent ˆ trois critres :

- le niveau de couplage des modes opŽratoires/relations sectorielles

- le niveau de composition des techniques distinctes dans un mme mode opŽratoire (synthse partielle de techniques Žmanant de domaines trs diffŽrents)

- le niveau, plus fondamental, des points de passage obligŽs de plusieurs techniques dans l’Žlaboration et le perfectionnement d’un procŽdŽ.


La combinaison spŽcifique de procŽdŽs d’origines diverses implique l’identitŽ macro-technique et la diffŽrenciation micro-technique (par exemple, la ma”trise des tempŽratures dans la forge et le soudage).


III.1.4. La dynamique des techniques au point de concours du transfert de technologies et de la rationalitŽ Žconomique

La dynamique des techniques obŽit ˆ la rationalitŽ autonome du transfert de technologies. Elle est aussi fondamentalement subordonnŽe ˆ la rationalitŽ Žconomique. Si les transferts de technologie peuvent certes rŽsulter d’une applicabilitŽ directe de la rationalitŽ Žconomique, ils peuvent Žgalement laisser appara”tre la pesanteur d’autres critres : effets politiques, effets de prestige ou mme “ calculs Žconomiques ” ne retenant pas le seul critre cožt/avantage et pouvant ˆ la limite amener ˆ retenir des solutions qui ne rŽpondent pas ˆ l’optimum technologique (choix du c‰ble coaxial de prŽfŽrence ˆ la fibre optique dans les annŽes 70).




III.1.5. Pour une ŽpistŽmologie des techniques

Ainsi ŽnoncŽe, la gŽnŽralitŽ de tels principes leur ™te tout intŽrt pratique. NŽanmoins il y a un intŽrt pratique ˆ procŽder ˆ l’Žtude critique des principes, des mŽthodes et des rŽsultats de l’activitŽ technique considŽrŽe dans la gŽnŽralitŽ de son fonctionnement.

On notera que le r™le de la mŽmoire technique dans l’Žvolution technique est capitale et ne fait pas aujourd’hui l’objet d’une conscience thŽorique ni d’une formalisation explicite. L’Žvolution s’accŽlre du fait du report formalisŽ des rŽsultats aux principes (remontŽe aux logiciels). Un report non critiquŽ engendre une stagnation des procŽdŽs et une saturation de la filire technique. En revanche, il suscite une Žvolution lˆ o l’intelligence s’applique : d’o la nŽcessitŽ de constituer un patrimoine des techniques.


III.1.6. La recherche des points de convergence obligŽs des techniques et les impŽratifs de la normalisation

La normalisation, en outre, a jouŽ un r™le considŽrable dans l’Žvolution des techniques. Il y aurait un intŽrt pratique ˆ faire la gŽnŽalogie des normes et ˆ analyser les effets structurants et dŽstructurants des normes techniques.


Les incidences Žconomiques du choix d'une norme ou d'un standard peuvent tre considŽrables. L'Žtablissement de la norme MIDI a provoquŽ une explosion de l'industrie des modules sonores numŽriques. Le choix d'une norme peut favoriser tel produit sur tel autre - par exemple tel type de tŽlŽviseur. Souvent plusieurs normes sont concurrentes, et le choix de la norme retenue fait souvent l'objet de combats entre groupes industriels, voire nations (c'est le cas actuellement autour de certaines normes de codage sur supports d'enregistrement). Le dossier technique n'est pas le seul qui entre en ligne de compte. Au moment de la sortie des premiers magnŽtoscopes, la qualitŽ qu'on pouvait obtenir avec le standard Betamax dŽfendu par Sony Žtait bien meilleure que celle donnŽe par le standard VHS: pourtant ce dernier l'a emportŽ. A l'Žpoque Sony ne possŽdait pas de programmes (films) qui lui auraient permis d'imposer commercialement son standard - depuis, Sony a achetŽ CBS.
La recherche des points de convergence obligŽs des techniques pourrait tre l’occasion d’une meilleure dŽtermination des objectifs et des politiques de ma”trise technique.

Il serait Žgalement opportun de procŽder ˆ un inventaire des procŽdŽs technologiques o se rencontrent difficultŽs d’application, efforts de recherche scientifique, technique, industrielle. Une mise en forme des impasses pourrait conduire ˆ la recherche de solutions alternatives ou de moyens de substitution.




III.1.7. MŽmoire technique et pŽdagogie de transfert

Outre une bibliothque des techniques, il faudrait dispenser une pŽdagogie de transfert. Ainsi l’ŽpistŽmologie des techniques pourrait-elle tre intŽgrŽe comme facteur innovant dans le procs technique lui-mme.




III.1.8. Vers une stratŽgie de ma”trise des techniques

Ce n’est pas sortir tout ˆ fait du cadre de cette Žtude que de prendre en considŽration les choix Žconomiques et les principes qui dictent la politique d’autonomie technologique (cožts de financement, exigences du marchŽ international, capacitŽs de production des secteurs de pointe, stratŽgie du capital, division sociale du travail).


Le rapport Guillaume montre ˆ l’Žvidence certains dŽficits dans les stratŽgies de ma”trise des techniques, lacunes aujourd’hui prs d’tre comblŽes par un projet d’ingŽnierie nationale : la fonction de conception s’est totalement dissociŽe de la fonction de production. L’ingŽnierie comprend dans sa dŽfinition l’identification systŽmatique des problmes que la production peut soumettre ˆ la recherche. Un rŽseau AST, centrŽ sur la production, devrait comprendre un secteur autonome en recherche technologique. En outre, l’analyse de l’articulation contradictoire entre la dynamique des techniques et la concurrence Žconomique montre le r™le Žminent de la recherche technologique dans l’Žvolution Žconomique des sociŽtŽs.


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