L'évolution des applications de l'Internet aux activités de développement a pris des formes diverses et a été dynamique depuis que l'Internet est disponible dans la plupart des pays en développement. Les progrès ont été prononcés en Amérique latine, en Asie de l'Est et en Asie du Sud-Est, en Afrique grâce à un niveau élevé du soutien international et dans de nombreux autres pays des régions et sous-régions en développement. Comme le montre la présente étude, ces applications ont tiré un bénéfice considérable des partenariats conclus, non seulement avec des organismes publics mais également avec des organisations non gouvernementales, avec la communauté internationale et de plus en plus avec le secteur privé. Toutefois, les applications qui ont été mises en relief en sont souvent au stade pilote ou de la planification et elles sont généralement en retard par rapport à celles des pays industrialisés en termes de sophistication et d'interactivité. Néanmoins, nombre de ces applications ont permis de montrer qu'il est possible d'obtenir des résultats certains avec des outils relativement simples comme le courrier électronique ou des sites www élémentaires.
S'il est difficile de définir avec précision le «contenu local» ou de mesurer l'incidence que peuvent avoir des applications Internet sur les services publics, il ne fait aucun doute que l'adaptation du contenu des applications aux besoins locaux, et ce par des institutions locales, est la condition sine qua non de l'application réussie de l'Internet aux activités de développement.
Toutefois, les organismes du service public des pays en développement (universités, centres de recherches, bibliothèques, musées, ONG, communautés locales et organismes officiels) qui sont par leur nature même des acteurs essentiels dans la promotion de l'innovation et le renforcement des capacités en vue de l'avènement de la société de l'information, ont beaucoup de mal à participer à la révolution de l'information à cause d'obstacles économiques et réglementaires, en particulier lorsque l'Internet a été mis en œuvre uniquement dans une perspective commerciale. Contrairement à ce qui se passe dans les pays industrialisés ou la «raison d'être» de l'Internet était de desservir les communautés universitaires et les centres de recherche dans l'intérêt public, la pratique réglementaire et la réalité économique que connaissent nombre de pays en développement n'encouragent pas l'essor d'applications Internet, loin de toute idée de profit, mais dans l'intérêt du service public, applications qui catalyseraient et potentialiseraient des programmes de développement national ainsi que les populations exclues et désavantagées.
4.1 Obstacles économiques
Le principal problème rencontré par les développeurs d'applications pour le service public et leurs utilisateurs dans les pays en développement est la disponibilité limitée de l'Internet et le coût élevé de son accès, particulièrement dans les petites communautés, défavorisées et rurales. A l'exception de grandes institutions relativement peu nombreuses dans les pays en développement, telles que centres de recherches, universités et bibliothèques, le besoin immédiat du service public n'est pas l'accès large bande, ni une fiabilité et une sûreté améliorées, ni d'autres fonctionnalités techniques de pointe, mais plutôt un accès universel aux services Internet de base, premier pas qui permettra de réduire quelque peu la fracture numérique.
Le problème des coûts d'accès élevés est en grande partie déterminé par les tarifs de télécommunication correspondants et par les taxes de raccordement à l'Internet qui demeurent élevés dans les pays en
développement où son utilisation reste souvent assimilée à une simple occupation de canaux et n'est pas considérée comme une ouverture sur le marché de la concurrence, et où l'Internet est encore regardé comme un service utilisé par une élite et non pas comme un outil d'accès à un vaste marché. Un autre problème particulier est qu'en dépit de l'adoption par la récente Assemblée mondiale de normalisation des télécommunications (AMNT) d'une recommandation énonçant le principe de la conclusion d'accords bilatéraux entre ISP pour fixer le partage du coût des circuits internationaux350, les ISP des pays en développement se trouvent en principe dans l'obligation de supporter l'intégralité du coût d'un circuit loué pour obtenir une connectivité internationale. S'ils souhaitent que l'Internet exerce l'influence escomptée sur le développement, les pouvoirs publics, les utilisateurs, les opérateurs de télécommunication et les prestataires de services Internet devraient œuvrer ensemble dans leur intérêt bien compris pour réduire les coûts et accroître la disponibilité de l'Internet, notamment pour les principaux acteurs de développement et les utilisateurs des zones rurales et défavorisées, comme prévu dans l'étude de 1995 UIT/UNESCO sur Le droit de communiquer: à quel prix?351. Dans le cadre de la lutte pour l'accès universel il est indispensable de reconnaître l'Internet comme partie intégrante de l'infrastructure de services publics de la société et comme un moyen d'information de base.
De nombreux autres obstacles économiques au développement de l'Internet et à son accès doivent être pris en considération par les pouvoirs publics et autres acteurs du développement. Même lorsque les moyens d'accès et de création de contenu existent en grand nombre, les utilisateurs potentiels les plus défavorisés n'en sont souvent pas les bénéficiaires car ils ne disposent pas de l'argent nécessaire pour payer un abonnement à l'Internet, acheter un ordinateur et acquérir la formation nécessaire, ou, même s'il existe un réseau Internet public, ils n'ont pas assez de temps à leur disposition pour y accéder et l'utiliser. L'adoption d'incitations financières, telles que l'exonération des taxes et droits de douane appliqués aux équipements d'informatique et aux matériels de réseau, représente à cet égard une solution possible.
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