Deuxième année Partis Politiques et Systèmes de Partis 2009/2010


B) « Faire de la politique autrement » : des partis démocratisés ?



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B) « Faire de la politique autrement » : des partis démocratisés ?
La plupart du temps, il s’agit surtout de rompre avec les machines partisanes parce qu’elles sont oligarchiques. On cherche à redonner la voix aux militants en améliorant la démocratie interne. C’est une tendance à l’horizontalité plus qu’à la verticalité. C’est un concept fréquent dans les partis naissants et ce n’est pas forcément une stratégie visant à séduire des adhérents. Il y a dans ces organisations une méfiance à l’égard de la démocratie représentative. Il y a également une orientation critique à l’égard de la professionnalisation politique (ces éléments sont assez caractéristiques des partis verts) : on critique également la division des tâches et la stratification. On privilégie l’organisation d’Assemblées Générales et l’on critique les assemblées ou seuls certains représentants peuvent prendre la parole.

Il existe plusieurs limites : 1) Difficulté de faire apparaître une ligne claire auprès des électeurs. 2) A mesure que le nombre de militants s’accroit, il devient difficile de constituer des AG où tous puissent prendre la parole. On va rassembler en motion avec des représentants. 3) Avec l’institutionnalisation, il devient nécessaire d’être plus visible sur la scène électorale et il faut faire apparaitre des leaders.

Le PC dans les années 90-2000 a opérer toute une succession de réformes de son organisation. Il va abandonner l’exécution obligatoire des règles votées au niveau supérieur, plus de structure pyramidale (indépendance locale) et plus d’interdiction publique du désaccord. Du côté de l’UMP, on choisit le chef de parti par élection et non plus par cooptation. Dans d’autres pays, Hopkin s’est intéressé en 2001 au fait qu’aient émergés, sur le modèle des primaires américaines, des élections pour les candidats des partis en Angleterre et en Espagne. Mais à ses yeux, ces élections sont formelles et on ne choisit que des candidats présélectionnés par les élites. Julien Freutel a différencié les partis de masse et de parti de cadre. Pour les partis de cadre, il existe peu de place pour les partisans. Il n’y a pas d’élite partisane mais une élite parlementaire.

Chapitre VI : Qu’est-ce qu’être adhérent/militant ?

I) L’adhérent et le militant dans l’organisation

A) L’adhérent et le militant dans l’organisation
Parler d’adhérent ne fait pas sens dans tous les pays et dans tous les partis. Il n’y a pas forcément d’adhésion formelle dans certains pays, pas de carte d’adhérents. Il existe également différents types d’adhésion (aux USA, on distingue l’adhésion officielle et l’adhésion officieuse). La question de l’adhésion est très largement liée à la question du mode de financement des partis politiques (privé ou public). Dans des pays à suffrage indirect, il y a souvent une tradition d’adhésion forte (ex : Parti Travailliste anglais : 7M d’adhérents dans les années 90). En France, le Gaullisme a notamment affaiblit les partis politiques.

On distingue ceux qui adhèrent et ceux qui militent. Le militant est l’adhérent actif qui va se mobiliser au sein du parti, lors des débats, mais aussi à l’extérieur lors des campagnes électorales. Il va se mobiliser pour augmenter le nombre d’adhérents mais aussi lors de manifestations.

Il n’y a pas de sélection des adhérents et des militants mais il existe des modalités de contrôle de l’adhésion. Il existe dans certains partis des périodes probatoires. On va avoir parfois des évictions de certains groupes (éviction des trotskystes dans le parti travailliste. En France, le RPF contrôlait l’origine des adhérents pour vérifier s’ils n’étaient pas proches de groupes communistes. A la fin des années 50, on évitait également les partisans de l’Algérie Française).

Adhérer, mais surtout militer, c’et s’investir, prendre du temps. De fait, on part de l’idée que si quelqu’un souhaite adhérer ou militer, alors c’est quelqu’un qui est convaincu par la cause défendue du parti. Se pose alors la question de la rétribution militante. C’est le paradoxe d’Olson qui pose la question des motivations à la participation collective. Olson considère que l’individu rationnel devrait logiquement profiter des résultats de l’action collective mais ne pas s’y investir. Le problème, c’est que tout le monde suivrait la même logique et qu’il n’y aurait pas d’action collective. Dès lors, le paradoxe réside dans le fait qu’il existe une action collective. La rétribution de l’action collective serait alors en termes d’avantages, de bénéfices.



B) Les rétributions du militantisme
Gaxie : Economie des partis et rétribution du militantisme, Revue Française, 1977.

On divise les rétributions entre rétributions matérielles et rétributions symboliques.

Les rétributions matérielles peuvent consister en des postes rémunérés comme des postes d’experts ou la possibilité d’accéder à des mandats politiques. De fait, plus il y a de mandats à distribuer, plus on peut rétribuer des militants. De ce côté-là, le cumul des mandats limite les ressources à donner aux militants. Il y a également des rétributions par des emplois « fictifs » ou des postes politiques ou administratifs. 14% des partis politiques dans le monde propose des aides alimentaires, des loisirs, etc. Certains partis proposent également des emplois non politiques ou administratifs.

Les rétributions symboliques peuvent consister en postes non-rémunérés qui sont une rétribution en frome de distinction, de reconnaissance individuelle. Ce type de poste peut se multiplier à volonté dans un parti politique. Autre rétribution symbolique, c’est l’acquisition de compétences politiques ou d’un sentiment de compétence politique qui peut être une satisfaction en soit. Natalie Ethuin a travaillé sur les écoles du parti communiste pour voir comment ils formaient leurs militants politiquement et la satisfaction qui en était tiré. Ces activités de rétribution ne sont pas la conséquence de l’existence du parti mais au contraire, le parti politique est la conséquence des rétributions qu’il offre. Dès lors, cela pose la question du financement du parti.


II) Qui sont les adhérents des partis politiques
A) Les analyses de la représentativité des parti politiques
On peut se demander sir les adhérents sont représentatifs de la population. Dans le cas des partis de classe, la question ne se pose pas. On peut comparer le personnel du parti politique avec l’ensemble de la population ou avec son électorat mais dans les deux cas, on observe les mêmes tendances : 1) On observe une surreprésentation des hommes (avec l’exception de la Norvège). Dans le cas français, le PC a connu une féminisation précoce qui a put s’expliquer par le projet politique du parti. 2) Plus on monte en responsabilité dans le parti, moins il y a de femmes. Aux Etats-Unis, dès 1938, on a créé la Fédération Féminine Républicaine. En reléguant les femmes dans ce genre de parti, cela permet au parti de conserver son identité masculine. 3) L’effet de génération. Les jeunes sont méfiants vis-à-vis des partis politiques et s’engagent moins dans le militantisme. 10% d’adhérents ont moins de 30 ans au PC. Aujourd’hui, plus de 60% des adhérents du PC sont arrivés avant 90. Se pose aussi la question de la durabilité de l’engagement militant puisque certains arrivés depuis 90 sont repartis. 4) Sous représentation de certaines catégories professionnelles (particulièrement populaires) sauf en Suède, en Italie ou au Portugal.
B) Compétence et sentiment de compétence politique
Si on ne s’intéresse pas à la politique et qu’on ne possède pas de compétence politique, on ne va pas arriver à se positionner vis-à-vis des partis. Mais ce n’est pas parce qu’on a des connaissances qu’on va militer. Néanmoins, c’est un préalable à l’adhésion. Certains vont faire une parallèle entre l’intéressement à la politique et le niveau de diplôme. Le niveau de diplôme serait lié à la capacité d’abstraction. Pourtant, certains sujets qui touchent directement la personne ne demandent pas une capacité d’abstraction élevée. Certains considèrent que le scolaire va certes permettre une certaine abstraction mais ceux qui participent le plus, qui adhèrent le plus, ce ne sont pas forcement les plus compétents mais ceux qui se sentent compétents.

Gaxie, dans La cens caché, montre que ce qui importe fortement c’est le sentiment de compétence qui préexiste du fait de leur statut social et qui va les tourner vers le politique. Parce qu’ils se sentent compétents, ils vont s’informer, s’impliquer et donc devenir compétents. De même, les femmes vont se sentir moins compétentes que les hommes. Jean Chiche et Florence Haegel réalisent une enquête quantitative pour estimer la compétence des électeurs. L’indice est calculé de 0 à 1. Cet indice est alors en corrélation avec le niveau d’étude (il s’agit de questions de connaissance). Pour les études inférieures au BAC, la moyenne est de 0,41. Pour les bacheliers, on est de 0,51 et pour les niveaux d’étude supérieure au BAC, on est à 0,62. Au niveau de l’âge, on a une tendance à accroître les bons résultats avec l’âge. Par sexe, les hommes ont de meilleures réponses que les femmes. Les femmes de moins de 30 ans ont un indice de 0,35.

La socialisation familiale va jouer sur le niveau de diplôme. Suivant la famille dont on est issu ou le profil politique des parents, on ne va pas trouver la même implication militante.

Chapitre VII : Elites et dirigeants

Aujourd’hui, il y a souvent confusion entre dirigeant de parti et élu. C’est particulièrement vrai pour les partis de cadre mais les partis de masse ne sont pas en reste. On se pose très tôt la question de ce qui caractérise les élites politiques et les analyses oligarchiques sont nombreuses. De fait, on peut se demander ce qui fait cette élite et les caractéristiques qui font qu’elle arrive à se maintenir. Si l’on suit l’idéal démocratique, rien ne devrait distinguer les élites partisanes de leurs partisans si ce n’est un investissement profond. Il ne devrait pas y avoir de différence socio-économique, bien au contraire. Les réflexions de Pareto sur le sujet sont assez circulaires : les élites sont les meilleurs, ceux qui montrent le plus de réussite dans leur domaine (bravo ! Les meilleurs sont les meilleurs, une précision très éclairante qui va révolutionner le domaine du possible et de la réflexion métaphysique). Mosca et Michels vont souligner que les ressources sont essentielles dans la mise en place et la conservation des ressources. Il y a une stratégie commune pour conserver le pouvoir. Michels va mettre l’accent sur la capacité des élites à s’organiser, fruit du travail à l’intérieur des partis politiques. Les dirigeants disposent de ressources leurs permettant de se maintenir en place et dont ils ont le monopole (connaissance, etc.).


I) Le rapport des élites au parti…
A) … selon le type de cursus politique
On a affaire à des élites qui vont s’appuyer sur le partie de manière différentes et vont parvenir aux postes dirigeants avec des atouts distincts. On distingue le cursus classique et le cursus moderne.

Le cursus classique possède quatre phases : 1) Apprentissage à la base d’un parti grâce auquel on va accéder à un mandat local. Le militant devient un élu local. C’est une forme de reconnaissance, de gratification militante. 2) Renforcement local avec un mandat plus important (maire d’une grande ville, député, etc.). L’élément le plus important : on commence à cumuler les mandats et l’on devient un professionnel de la politique (on peut en vivre). L’un des éléments importants également, c’est qu’on va gagner en notoriété. Il y a également une forme d’ascension au sein du parti, un gain de reconnaissance. 3) L’implantation nationale. Cela demande un siège à l’assemblée, d’être président d’un groupe parlementaire, rapporteur d’un budget, secrétaire d’état, etc. Cela demande un investissement important : il ne suffit pas de se faire élire, il faut entretenir des relations avec ses pairs. Il faut être bien implanté localement et au sein du parti aussi. Il faut avoir un parti semblable à celui qui la direction du parti cherche à montrer. 4) L’accès à une stature nationale. Chef d’état ou prétendant à ce poste. Il faut avoir été désigné comme candidat porteur du programme du parti. Cela suppose d’être considéré comme représentatif d’un parti au niveau national et d’être capable de porter de telles responsabilités. La dernière phase se fait en interne au parti. Ce cursus classique ce rapporte très largement au modèle classique de carrière dans certaines professions.

Le cursus moderne : 1) Il s’ouvre par une entrée dans un cabinet en sortant des grandes écoles. Pour cela, il faut avoir des connaissances qui accepteront de confier une responsabilité dans un cabinet. Pour cela, on a recours à des clubs de pensée, des associations d’anciens élèves. 2) L’implantation électorale. C’est le passage de la haute administration à la politique. Ce sont des individus qui n’ont pas d’implantations politiques locales et l’on va les parachuter (ce qui cause d’ailleurs souvent des frictions avec les dirigeants locaux du parti). 3) Stratégie de consolidation locale. Cela suppose un effort de proximité, de présence locale. Cela va souvent passer par le cumul des mandats. 4) C’est l’accès à la stature politique nationale. C’est un poste obtenu via une sélection politique au sein d’un parti.

L’opposition entre ces deux cursus réside notamment dans la conception de la politique. On a des professionnels de la politique avec des profils différents, ils ne sont pas homogènes. Les ressources, les relations, les stratégies, les formes de légitimité ne sont pas les mêmes. Les rapports au parti politique ne sont pas les mêmes. Les cursus ascendants doivent beaucoup au parti (depuis leur activité militante). Pour le cursus inversé, les relations avec le parti sont beaucoup plus minces dans le cursus politique. Cela donne des élites moins conformistes, moins liées au parti, ne sentant pas la même allégeance. L’usage faite de l’étiquette partisane n’est pas la même : elle est plus pragmatique. Cela explique une volatilité partisane beaucoup plus forte chez les descendants que chez les ascendants.

Brechon propose un troisième profil : celui des notables qui s’inscrit dans une dynastie familiale. On parle bien du local mais sans avoir grand besoin d’un parti. Cela engendre des relations assez distantes avec le parti. C’est un profil qui a été fréquent mais est de plus en plus rare.
B) … selon l’organisation partisane
La question qui se pose ici c’est celle de savoir quel est le contrôle que les adhérents exercent sur le politique et comment ils peuvent exercer ce contrôle. Ici, il faut distinguer le dirigeant qui est au sein du parti et l’élu qui connait d’autres contraintes (gouvernementales, etc.). L’élu n’est plus dépendant du parti mais est très influente sur le parti. Sa position est moins contraignante que celle du dirigeant. Brechon écrit que, lorsque le parti est fort, les élus sont frottement contrôlés, encadrés par le parti. Une structure souple donne des élus plus indépendants. Dans une société avec un sentiment de proximité partisane, les élus vont être plus tenus par l’étiquette partisane. Si les électeurs s’en contrefichent, l’étiquette partisane sera plus faible.

Le pouvoir et l’autonomie des élus vont être d’autant plus importants qu’ils cumulent des mandats. C’est pour l’élu une ressource supplémentaire pour engager des initiatives à l’intérieur du parti politique. Autre élément à mentionner, il faut mentionner le mode de scrutin. Le mode de scrutin uninominal renforce l’importance de la notabilité du candidat et sa capacité à fédérer autour de sa personne. Le scrutin de liste renforce le poids de l’étiquette.

Dans certain partis fortement structuré, il existe une autonomie des adhérents assez limitée. Mais, en même temps, les dirigeants sont fortement contraints aux décisions des AG et des adhérents.
II) Qui sont les dirigeants et les élus ?
A) Diversité et faible représentativité des élites
Des analyses insistent sur l’homogénéité des élites, d’autres axent leur étude sur les divergences entre les élites. Le premier intérêt qu’on peut leur voir en commun, c’est de se maintenir au pouvoir. Ensuite, les élites sont des professionnelles de la politique, elles ont donc des intérêts en commun par rapport aux autres professions. Ils ont d’ailleurs une catégorie qui leur est réservée dans la définition de l’INSA (catégorie 335A, la catégorie 335 étant celle des cadres de la fonction publique). Au niveau de l’âge, les élus sont plus vieux que leurs militants (qui sont eux-mêmes plus vieux que la population). La moyenne d’âge en France est de 54/55 ans. Globalement, elles sont aussi plus diplômées que les adhérents (qui sont plus diplômés que la population). C’est plus ou moins net selon les partis (particulièrement net au PS). Il y a une surreprésentation des hommes par rapport aux femmes. Derville et Pionchon ont conclus au tableau suivant :





% de femmes parmi les adhérents

% de femmes dans les organes législatifs du parti

% de femmes dans les organes exécutifs du parti

PC

40

50,5

52

PS

34

46

36

Verts

35

4

53

UDF

-

-

14

UMP

37

25

13

FN

-

26

22

(- : pas de donnée)

On a d’ailleurs constaté un certain effort de féminisation dans les années 2000, effort plus fort à gauche qu’à droite. Cela signifie d’ailleurs que certains dirigeants masculins ont du être remerciés. Néanmoins, les postes de responsabilité confiés à des femmes sont encore minimes.


B) Des élites politiques issues des classes dominantes ?
Certains auteurs marxistes se sont posé la question du parallèle entre les élites politiques et la position socio-économique. L’idée étant de voir si les élites sont issues de la même classe sociale que les électeurs qu’elles prétendent représenter. En 97, les députés étaient au nombre de 577. On a 148 enseignants, 103 professions libérales, 93 fonctionnaires (dont 34 Enarques), 99 cadres et ingénieurs, 35 chefs d’entreprise, 18 exploitants agricoles, 17 journalistes, 13 employés et 4 ouvriers (0,7% de l’assemblée pour 28% de la population). Si on veut comprendre la surreprésentation, il faut se poser différentes questions (selon Milbrath), notamment les coûts sociaux de l’entrée en politique. Certaines professions étant plus prenantes, elles offrent moins le loisir de faire de la politique. D’autres permettent de créer des liens utiles en politique. Autre question, l’individu peut-il tirer des bénéfices des expériences politiques qu’il a acquis dans le politique : la capacité à manier la catégorie abstraite, l’expression orale, etc. Troisième question : la profession sociale est-elle vulnérable en cas d’exercice du pouvoir ou de tentative d’exercice.

Autre questionnement, certains groupes sociaux considèrent la politique comme un cercle social particulier et fermée. De même, des catégories sociales se jugent incompétentes politiquement, n’en comprennent pas le vocabulaire et refusent de s’investir. A contrario, d’autres groupes sociaux voient la valorisation de la politique. On peut souligner que dans certaines catégories, la politique n’est pas jugé comme trop compliquée mais trop parlante, pas assez efficace, pas assez rentable. On a une sous représentation de certaines catégories ce qui engendrerait une confusion entre élites politiques et élites économiques. Durant la période médiévale, les détenteurs des moyens de productions étaient effectivement en possession du pouvoir politique. Aujourd’hui, malgré la surreprésentation du patronat, l’amalgame entre pouvoir politique et pouvoir économique est à nuancer fortement. Certains vont dire qu’il y a un phénomène de domination. Roulantzas définit une fraction hégémonique qui exerce le pouvoir d’une fraction dominant l’économie au sein de la classe dominante. Il existerait donc des classes ne possédant ni le pouvoir économique, ni le pouvoir politique et étant dominé par cette première classe. D’autres analyses voient une forme d’entente entre les élites économiques, les élites politiques et les élites militaires pour exercer le pouvoir.

La question du profil et des caractéristiques des élites est une question assez forte dans les démocraties modernes, bien qu’en filagramme. L’idée selon laquelle on aurait des élites de moins en moins en prise avec les préoccupations des citoyens est très répandue et serait le terreau des partis populistes. Mais elle reste relativement impensée. Il existe une difficulté de rendre compte de cet écart entre les élites politiques et l’ensemble de la population ainsi qu’une difficulté à faire le rapport avec une théorie démocratique qui soutient que les qualités socio-économiques n’ont rien à voir avec la capacité politique.

Chapitre VIII: Enquêter dans les partis politiques

Première série de question, celle de l’accès au terrain. Comment va-t-on se présenter dans un parti politique afin que le chercheur soit intégrer et que le parti accepte d’être étudié. Plusieurs difficultés. Le premier contact va être fondamental, il va donc falloir soigneusement préparer la manière de se présenter, de présenter son enquête et ses visées ainsi que la justification du choix de travail sur un parti.

Autre question sur la durée des questions d’enquête. Une fois qu’on a réussit à entrer dans un parti pour y faire une enquête, comment fait-on en sorte d’être accepté mais de ne pas influencer les discussions, les positions des acteurs que l’on observe ?

Dernière série de questions : quel usage fera-t-on de l’enquête ? Politique, scientifique ? De même, comment rendra-t-on compte de l’enquête ? Quand on arrive dans un parti politique, on arrive à enquêter parce qu’on est accepté. Dès lors se pose la question de la relation de confiance qui s’est instauré lorsque l’on publie et la manière dont on ne doit pas trahir cette relation de confiance. De même, en tant qu’enquêteur, on nous a donné à voir des choses qui habituellement ne sont pas rendues au publique où l’on parle de choses non-présentées au public et où peuvent apparaitre des conflits internes. De fait se pose la question du quoi-faire de ces informations.

Première manière d’enquêter sur ce qui se passe dans les partis : le travail sur archive. Il peut s’agir de tout type d’archive sur une période très large. Audigier (le renouvellement des partis politiques1) revient sur l’ouverture des archives des partis politiques. Depuis quelques années, on a eut une ouverture de ces archives aux chercheurs. On y trouve des comptes-rendus de réunion, des correspondances entre élus et dirigeants ou entre dirigeants et militants, des informations concernant les campagnes électorales, des comptes-rendus faits dans différentes circonscription sur l’opinion publique, etc. Cela nous permet d’avoir des informations sur les adhérents et les dirigeants mais aussi sur la structure du parti et les relations qui s’y tissent. Audigier nous dit que de nombreuses archives se sont ouvertes comme l’association Charles De Gaulle ou encore l’association Pompidou. Le PCF a versé ses archives aux archives de la Seine Saint Denis. C’est une aubaine pour l’historien car il peut avoir accès à des ressources produites au sein du parti. Bien souvent, on utilise ce type de source pour faire des biographies de dirigeants politiques. On va pouvoir fonctionner par entretient afin d’isoler des connivences entre les différentes personnes qui sont là.

Deuxième moyen : l’enquête par questionnaire. Cela va permettre d’obtenir un certain nombre de statistiques afin d’isoler des caractéristiques économiques, culturelles, etc. Il y a pour cela un certain nombre de méthodes : on peut faire passer le questionnaire par les élites politiques qui les envoie aux adhérents. Cela facilite la diffusion. Mais bien souvent, on va préférer la diffusion d’un questionnaire lors d’un congrès ou d’un questionnaire qu’il va récupérer immédiatement à la fin. Problème, tous les adhérents ne vont pas aux congrès. Il faut maîtriser le fait qu’on ait affaire aux adhérents les plus actifs, les plus intégrés. Julien Fretel a notamment travaillé de cette manière. Autre exemple, Haegel dans « la mobilisation partisane de droit, les logiques organisationnelles de l’UMP » (revue politique française n°1 de 2009) va se demander quel rôle joue le congrès dans la vie partisane. Elle considère aussi le fait qu’il peut exister des variations en fonction de l’ère géographique où se déroule le congrès. On fait le choix ici d’étudier le parti à travers les éléments qui le compose.



On peut faire aussi une enquête beaucoup plus large en essayant de saisir une situation, la vie à l’intérieur d’un parti sous ses différents aspects en prenant en compte l’organisation, ses différents acteurs, etc.

Un article de Godefroi de Beauvallet et Ronai ont rédigés un article sur la section virtuelle du parti socialiste (Vivre à temps réel, le renouvellement des pratiques militantes) crée en 1998. Leur étude repose sur leur expérience personnelle. Ici, l’investigation partisane ne pose pas de problème puisqu’on passe par un média : l’internet. Il faut se demander jusqu’à quel point elle est participante : les auteurs participent-ils aux forums, aux discussions ? Dans la mesure où ils ne font qu’observer ce qui se passe sur le site (ce qui nécessite d’être adhérent), la participation est assez limitée. Dans Genre et société, l’usage de stratégies du genre en campagne électorale : observation participante, Paoletti commence son article en disant qu’elle a été candidate, engagement peut être incompatible avec le rôle de politiste suivant la définition wébérienne. Elle reconnait que cela lui empêche un certain recul mais elle proclame être doté d’instruments et de ressources lui permettant d’analyser correctement son objet. Tout en reconnaissant les critiques qu’on peut lui faire, elle remet en question la distinction wébérienne. Elle considère que l’observation des acteurs depuis un point de vue extérieur ne permet pas de comprendre les motivations qui les poussent. L’investigation participante nous permet de voir de manière très nette le fonctionnement du parti, les discussions sur la candidature d’une candidatE, etc. Elle tient au jour le jour un carnet qu’elle n’aurait pas fait en tant que candidate afin d’avoir une vision critique de politiste. Anne Tristan fait aussi de l’observation participante (dans Ouvrage au front). Elle va emménager dans les quartiers nord de Marseille en 87 et va adhérer 6 mois au FN. Ici, elle ne dévoile pas qu’elle est là pour faire une enquête. Elle joue un jeu de rôle pendant 6 mois où elle va se faire passer pour ce qu’elle n’est pas. L’enjeu pour elle, c’est de comprendre le chemin qui mène au FN, le choix de ces adhérents. Elle conserve un discours virulent contre le FN mais dresse des portraits montrant la banalité des adhérents. On a la vision d’un FN tentaculaire qui envahirait la scène politique et Tristan montre a contrario des adhérents peu impliqués et peu structurés. En fait, on a du mal à comprendre ce qui fait la spécificité des adhérents FN par rapports aux autres militants. Comme les adhérents ne savent pas qu’elle enquête, les adhérents sont dans l’entre-soit militant et est dans la connivence avec eux. Cela pose une question : un enquêteur se présentant en tant que tel peut il ne pas influencer les étudiés ? Quelque soit le type d’enquête, le regard de l’enquêteur change l’objet qu’il enquête de part son regard. Mais, certaines méthodes permettent de se rendre quasiment inaperçu. Pour cela, il faut des observations longues afin de ne plus troubler les acteurs. Parfois, au terme de l’observation, on a l’impression que l’enquêteur fait parti des meubles, du parti. Bargel traite de cela dans son article La résistible ascension des femmes à la direction du mouvement des jeunes socialistes pour lequel elle a étudié le PS et l’UMP. Elle raconte qu’elle est allée au festival international des jeunes socialistes en Grèce en 2003 alors qu’elle est en train de faire de l’observation non-participante. Tout le monde sait qu’elle fait sa thèse. Plusieurs éléments font qu’elle est intégrée au groupe : tout d’abord le niveau de diplôme. C’est une organisation qui valorise les figues féminines diplômés. Elle détient une compétence politique du fait de son master. Comme elle fait de l’observation non-participante, elle ne va pas s’impliquer dans toutes les activités (notamment celles nocturnes et ludiques) ce qui renforce son aspect sérieux. Elle va donc apparaître comme la personne idéale pour prendre la direction d’une organisation (pour la rédaction doctrinale) et on va lui en faire la proposition. Ses opinions politiques non dévoilées ne font pas question. A nuancer, il y aurait un présupposé socialiste sur le fait que si on s’intéresse à eux, c’est qu’on est proche de leurs idées (idée contraire aux partis de gouvernement ou des extrêmes).


Partie III : Les partis à la conquête du pouvoir

La conquête du pouvoir est l’un des critères descriptifs des partis politiques. Dans les régimes démocratiques, la conquête du pouvoir se fait essentiellement via la conquête des suffrages pour des élections dites libres et sincères.



Chapitre I : Faire campagne : les modalités de conquête du suffrage

Première remarque, on utilise en politique un champ lexical militaire (« faire campagne ») chez les politiques mais aussi chez les militants, les journalistes, les politistes. Dans tous les cas, il y a une idée de lutte. Depuis le suffrage censitaire les méthodes de campagne ont bien évoluées puisque les relations entre individus ne sont plus possibles. Les électeurs et les éligibles se connaissaient personnellement alors qu’aujourd’hui, la taille de l’électorat et sa diversité demande d’autres méthodes. Le politique va devoir s’entourer d’agents électoraux, de collaborateurs, bref, de partis. Le SU a façonné les partis politiques pour en faire des instruments de conquête des suffrages. De même, les partis politiques ont façonnés le SU en devenant des acteurs centreur des élections en construisant l’offre électorale, en désignant les candidats, en animant les campagnes, etc.



I) Contexte et contraintes politiques et institutionnelles
Bien qu’ils soient acteurs des campagnes, ils n’en sont pas moins soumis aux règles de la vie politique. Celles-ci vont jouer sur le travail des acteurs politiques, sur la façon de faire campagne.
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