Guide de l’accessibilité «A tout pour tous»


Au-delà de l’accessibilité, la Haute Qualité d’usage



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3. Au-delà de l’accessibilité, la Haute Qualité d’usage



Régis Herbin, architecte expert, souhaite développer, en ce qui concerne les espaces de vie, la notion de “convenance”. Celle-ci se concrétise par une démarche de Haute Qualité d’usage.

Femme enceinte, personne âgée, blessée, ayant une assistance respiratoire ou cardiaque, handicapé moteur… Nous pouvons tous, à un moment de notre vie, avoir une déficience motrice, sensorielle, organique, intellectuelle ou mentale. « On ne peut pas prévoir tous les besoins de tout le monde, d’autant qu’ils sont changeants, explique Régis Herbin, architecte. C’est pourquoi, de la même façon que le label HQE (Haute Qualité environnementale) ne se limite pas à la lutte contre la pollution, la HQU (Haute Qualité d’usage) ne vise pas uniquement la suppression des obstacles pour tel ou tel handicap. Elle est basée sur la convenance du lieu, c’est-à-dire la qualité de ce qui est conforme aux usages».

De sa jeunesse 1968, Régis Herbin a gardé un certain idéalisme… et c’est tant mieux, car son idée commence à être mise en pratique. Cet architecte, ingénieur, également diplômé de psychologie, est expert auprès du ministère de la Culture et de celui de l’Equipement, du Logement et du Transport, et président de la commission de normalisation Accessibilité et qualité d’usage. Mais surtout, il a créé à Grenoble un bureau d’études spécialisé, le Cridev (*). « Nous proposons aux maîtres d’ouvrage une assistance sous forme de maîtrise d’usage », explique-t-il. Celle-ci consiste, en amont, à recenser les futurs utilisateurs du bâtiment et à les aider à définir leurs besoins. Ensuite, il faut intégrer cette demande à chaque étape, suivre la mise en œuvre et vérifier la réalisation avant la livraison.

Pour que cette démarche se diffuse, le Cridev a conçu avec le conseil régional Rhône-Alpes un outil pédagogique vidéo, intitulé “Vivons ensemble la cité”. Régis Herbin forme les personnes qui animeront des formations à utiliser cet outil. Fin septembre, il a ainsi réuni à Lyon les “référents accessibilité” rhônalpins de l’APF (Association des paralysés de France), qui pourront ainsi à leur tour sensibiliser à la HQU, par exemple, des membres de commissions d’usagers de bâtiments publics.

Pour Régis Herbin, il s’agit de faire comprendre que personne ne peut se poser comme “la” référence : « Contrairement aux concepts utilisés depuis longtemps par les architectes, il n’y a pas de standard, d’homme idéal, mais un ensemble de différences. » A titre d’illustration, il interpelle en souriant les membres de l’APF qui participent à la formation, pour la plupart en fauteuil roulant : « Vous ne serez par exemple jamais des experts de la fatigabilité lors de montées d’escaliers ! »

Des clips pour lancer le débat

Dans l’un des clips de “Vivons ensemble la cité”, un policier municipal explique comment une réflexion sur la communication a été engagée dans sa commune, à partir du constat du non-respect des places de stationnement réservées. C’est l’occasion pour les membres de

l’A P F d’exprimer leur crainte d’être “récupérés” pour la “valorisation” de l’action d’une ville. Quant à Régis Herbin, il attire l’attention sur l’écueil du misérabilisme en matière de communication sur le handicap.

Dans un autre clip, un élu d’une autre ville témoigne : « Il est important que dans chaque commune, il y ait une personne référente sur l’accessibilité. Pour tenir ce rôle, je me suis inscrit à une formation. Cela a changé mon regard sur les permis de construire et m’a fait comprendre que l’on peut faciliter l’accès à la cité sans que cela coûte plus cher. » Voilà l’occasion de débattre autour de l’idée, encore répandue, que l’accessibilité est un surcoût. « Dans une maison, on prévoit sans broncher le coût de la plomberie, alors qu’elle constitue un surcoût par rapport à la fontaine publique ! » ironise Régis Herbin, qui projette ensuite une série de vues de bâtiments. « Cherchez les erreurs de conception… » On repérera ainsi des miroirs qui peuvent désorienter, un couloir où aucune distinction de couleur ne permet de repérer les portes, un bouton d’appel en braille beaucoup trop gros… Objectif : la qualité perçue, plus que la qualité produite. « Pour l’atteindre, il faut remettre l’homme au cœur des projets. »


Véronique Vigne-Lepage/Pleins Titres

Centre de recherche pour l’intégration des différences dans les espaces de vie, groupement d’associations d’usagers et bureau d’études associatif (Cridev) : 17 rue Léon-Jouhaux - 38100 Grenoble. Tél. 04 76 63 02 54.

e-mail : qualitedevie@wanadoo.fr

4. Accèsmétrie : Un étalon pour l'accessibilité



La société Accèsmétrie aide les établissements recevant du public (ERP) à répondre à l'obligation d'accessibilité fixée à l’échéance de 2015.

Si faciliter l'accessibilité des lieux publics et privés aux personnes handicapées est une obligation nationale depuis 1975, c'est vraiment la loi du 11 février 2005 qui a fait prendre conscience aux différents gestionnaires d'ERP de l'urgence de la situation. La société Accèsmétrie (créée en 2003 à La Roque-d’Anthéron, dans les Bouches-du-Rhône) est la première entreprise en France à proposer une démarche systématique originale pour les aider à améliorer l'accessibilité des sites accueillant du public qu'il s'agisse de bâtiments, de lieux de travail, de parcs de logements, de commerces, de voirie… A ce jour plus de 3 000 bâtiments et sites ont fait l’objet d’un diagnostic par leurs soins, aux quatre coins du territoire. Pour le directeur, Jean-Pierre Serrus, « la question de la globalité de l’accessibilité doit commencer par un changement des mentalités dans les services eux-mêmes. Les réunions et les formations sur ce thème commencent à porter leurs fruits, la sensibilisation des dirigeants (élus, gestionnaires…) est devenue une priorité. Ensuite, chaque projet doit être suivi de A à Z par trois partenaires : les décideurs, les usagers et les experts (en charge de la réalisation). La concertation doit être tripartite. Je sais par expérience que les décisions ne doivent pas venir uniquement des usagers. Ceux-ci peuvent arbitrer et soumettre des seuils de contrainte. Pour conseiller et acquérir une compétence, il ne suffit pas davantage de s’asseoir une heure dans un fauteuil roulant. Il ne faut pas confondre sensibilisation et compétence. Si évoluer avec un bandeau sur les yeux aide à la compréhension, seul un professionnel pensera à concevoir des toilettes de plusieurs couleurs ou encore à y intégrer un lavabo. Enfin, pour les décideurs qui n’ont pas anticipé, le problème n’est plus de savoir quel lieu rendre accessible mais par où commencer. » Rattraper des erreurs de conception est le lot quotidien de l’équipe d’Accèsmétrie et le nombre de chantiers à superviser est impressionnant. Selon elle, les vraies contraintes sont d’ordre technique : gabarit d’une rue, petit trottoir en pente… Tout est histoire de topographie et de dimensions. Quant à la préservation du patrimoine, elle n’est pas forcément un obstacle à l’accessibilité. Les musées l’ont bien compris. Comme souvent, c’est le manque de volonté qui est en cause.



Le bien-être pour tous

Une loi, si bien faite soit-elle, ce qui est plutôt le cas de celle de 2005, ne peut répondre aux attentes de la totalité des personnes handicapées. Car tout ne s’écrit pas. En Grande-Bretagne, il y a moins de textes qu’en France, pays latin. Les Britanniques pensent davantage “esprit de la loi”. Nous devrons nous aussi travailler dans cette optique. Ce qui signifie concrètement réfléchir à des processus d’adaptation, faire du sur-mesure, pour qu’un port de plaisance, des pistes de ski, par exemple, soient accessibles. Si chacun de nous doit pouvoir se baigner, la pratique du ski nautique peut-elle raisonnablement être étendue à 100 % des personnes qui le souhaitent sur tous les plans d’eau français ? Dans le même ordre d’idée comment faire pour que les personnes en fauteuil puissent se promener dans un parc régional ? Faudra-t-il bétonner les chemins de randonnée existants au milieu des marais et ainsi déséquilibrer un écosystème millénaire ? Non, les personnes en fauteuil (que nous pensons sages) refuseront de tels travaux, préférant se promener en utilisant par exemple la joëlette. Il est indispensable de réfléchir à l’usage pour la société, c’est-à-dire se demander à chaque fois : qui vais-je empêcher de faire telle ou telle chose, comment est-ce que je produis du handicap ? Ce qui va être une découverte pour beaucoup de nos concitoyens.

Chacun doit donc apporter sa pierre à l’édifice, car les aménagements faits dans cette optique profitent aussi aux personnes âgées, aux mamans avec poussette (en ville, c’est un parcours du combattant garanti chaque jour), aux accidentés ayant par exemple une jambe ou un pied plâtré... Et voir ainsi améliorer la vie quotidienne n’a pas de prix. « Aujourd’hui, les problèmes d’accessibilité sont exprimés par tous les usagers, observe Jean-Pierre Serrus. C’est bien plus simple qu’il y a quatre ans, lorsque nous avons débuté. Le monde a changé, le sujet n’est plus marginal. Je suis plutôt optimiste. Et nous n’avons pas tant de retard que cela par rapport à nos voisins européens. Retroussons-nos manches et mettons nous au travail. »

Hélène Dorey


Accèsmétrie

2 avenue de Verdun - 13640 La Roque-d’Anthéron.

Tél. 04 42 90 43 60.

Site Internet : www.accesmetrie.fr

Savoir-faire et esprit de famille

Accèsmétrie est aujourd'hui le conseil de nombreuses grandes villes et d’entreprises (Total France, Aéroports de Paris, RATP, Société générale…). Elle propose des prestations telles que le diagnostic de l'accessibilité et l’évaluation des solutions, l’hébergement et la gestion de bases de données, le conseil et l’accompagnement, l’assistance ou encore la formation. Installée au centre du village de La Roque-d’Anthéron, cette entreprise dynamique ouvre régulièrement des agences sur tout le territoire et embauche des collaborateurs. « Mais nous ne faisons pas la course à la productivité, souligne le directeur. L’entreprise reste et restera familiale dans ce joli petit village provençal. Nous y sommes si bien. »


du 11 février 2005 et depuis maintes fois critiqué.


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