V. 7. 5. Subordinateurs autres
Enfin, il nous reste à étudier l'utilisation des subordinateurs introduisant des subordonnées destinées à exprimer d'autres relations que des relations temporo-aspectuelles. Ces subordinateurs sont les suivants : les conjonctions de subordination introduisant des adverbiales de cause, de but, de manière, entre autres ; les conjonctions de subordination que introduisant des complétives ; les pronoms interrogatifs introduisant des subordonnées interrogatives indirectes ; et des pronoms relatifs introduisant des propositions relatives.
L'utilisation de subordonnées permet de créer des liens entre deux états de choses sur un plan local, mais elle permet également la constitution de longues séquences discursives interconnectées. Les adverbiales encodent un large éventail de notions sémantiques tout en instaurant une hiérarchie entre les clauses qu'elles mettent en relation, dans la mesure où la clause introduite par le subordinateur joue dans la phrase le rôle de complément non essentiel. Par contre, les interrogatives indirectes ainsi que les complétives par que jouent le rôle de complément essentiel. Enfin, pour ce qui est des relatives, leurs fonctions sont multiples, comme nous avons déjà pu le constater dans le Chapitre IV. Dans cette partie ne sont traitées que les relatives dont les pronoms relatifs ont une autre fonction que celle de sujet. Néanmoins, afin de dresser un portrait plus représentatif de la réalité des choses, nous intégrons toutes les occurrences des pronoms relatifs dans le tableau qui suit.
Le tableau (40) page suivante nous donne la répartition des différentes subordonnées en fonction de l'âge des sujets.
Types
de subordonnées
|
3/4 ans
(N=14)
|
5 ans
(N=20)
|
7 ans
(N=12)
|
10/11 ans
(N=12)
|
Adultes
(N=12)
|
|
Adverbiales
Cause
But
Manière
Autres
|
2.5 (16)
(7)
(4)
(5)
-
|
2.5 (25)
(16)
(11)
-
-
|
1.5 (7)
(6)
(1)
-
-
|
3 (23)
(5)
(7)
(8)
(3)
|
7.5 (67)
(19)
(21)
(17)
(2)
|
Interrog. indirectes.
|
1 (5)
|
1.5 (17)
|
0.2 (1)
|
0.5 (3)
|
1.5 (10)
|
Complétives
|
0.1 (1)
|
1 (8)
|
0.5 (3)
|
1.5 (9)
|
0.1 (1)
|
Relatives
|
5 (32)
|
4.5 (45)
|
2.5 (15)
|
2 (13)
|
10 (76)
|
Infinitives
|
-
|
3 (3)
|
- (1)
|
1 (7)
|
1.5 (11)
|
Total
|
8.6 (54)
|
9.5 (98)
|
4.5 (25)
|
7.5 (55)
|
21 (157)
|
Tableau (40) : Index de fréquence et (nombre) des types de subordonnées par tranche d'âge.
Un premier constat concerne l'index de fréquence des subordonnées par âge. Celui-ci est assez semblable pour les 3/4, les 5 et les 10/11 ans. Par contre, il est plus faible pour les 7 ans (seulement 4.5). De 10/11 ans à l'âge adulte, l'index de fréquence réalise un bond formidable, passant de 7.5 à 21. Qualitativement aussi, il existe un certain nombre de différences entre les groupes d'âge.
En ce qui concerne les adverbiales, on observe leur présence assez faible chez les 3/4 ans. Seulement dans quinze cas, les événements ne sont plus considérés de manière isolée, mais liés deux à deux. Ces adverbiales permettent d'attribuer des poids différents aux deux membres de la paire. Certains événements sont mis en relief, alors que d'autres restent en arrière-plan. Ce sont les relations de cause (parce que), de manière (gérondif) et de but (pour + inf.) qui sont les relations les plus représentées. Dans cette tranche d'âge, on relève également quelques interrogatives indirectes et des relatives dont les pronoms ont tous la fonction de sujet.
Le profil des 5 ans est assez proche de celui des 3/4 ans. Leurs subordonnées se répartissent de la façon suivante :
- 47,5% sont des relatives ;
- 18% sont des interrogatives indirectes introduites par comment (2/17), ce que (3/17), si (12/17) ;
- 17% sont des adverbiales de cause, introduites par parce que (13/16) ou par comme (3/16) ;
- 11,5% sont des adverbiales de but, introduites par pour (10/11) ou par pour que (1/11) ;
- 1% sont des complétives introduites par que .
Les interrogatives indirectes ainsi que les complétives par que remplissent la fonction de complément d'objet direct de verbes de perception (voir, regarder) et de cognition (se demander, avoir peur, savoir) comme dans les exemples suivants :
(156) 05;05g 8 - 034 après il a peur que
035 l'oiseau la chouette elle sort
(157) 05;07h 2b 005 mais le ?chien? - mais le garçon et le chien ne se ne se sont pas - du compte que que
006 la grenouille était pas partie.
Dans ces cas là, les événements sont décrits de la perspective des principaux protagonistes de l'histoire. On attribue des capacités perceptuelles et cognitives au garçon et au chien. Mais ces cas restent marginaux.
Pour ce qui est des pronoms relatifs employés par les 5 ans, nos données ne comprennent que le pronom relatif qui. Nous ne revenons pas sur ces relatives, dans la mesure où elles sont traitées dans le Chapitre IV. Chez les enfants de 7 ans, l'index de fréquence des subordonnées est plus faible que chez leurs cadets, mais qualitativement leurs profils sont très semblables.
À 10/11 ans, les enfants ajoutent la relation de comparaison (ainsi que) et de manière (gérondives et participiales) à leur production et utilisent les relatives aussi bien dans des fonctions discursives générales que des fonctions proprement narratives. Mais seule la présence du pronom relatif sujet est notée.
Les adultes disposent encore d'un nombre plus important d'outils linguistiques pour encoder des relations entre les événements. Ce sont tout particulièrement les adverbiales (39% des subordonnées autres que temporelles). Ces adverbiales encodent les relations sémantiques de :
- cause : parce que (4), puisque (3), gérondif (7), vu que (1), participiales (4) ;
- but : pour + infinitif (17), afin que (1), afin de (2) ;
- manière : sans + infinitif (1), gérondif (6), participiales (2) ;
- comparaison : autant que (1), ainsi que (1).
À côté de ces adverbiales, les adultes emploient encore des complétives par que, des interrogatives indirectes et des infinitives.
Les relatives représentent 58% des subordonnées autres que temporelles chez ces sujets. Le tableau (41) donne la répartition des différents pronoms relatifs dans les productions des adultes.
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