Innombrables sont les récits du monde


V. 5. 4. Référence aux événements : les 10/11 ans



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V. 5. 4. Référence aux événements : les 10/11 ans

V. 5. 4. 1. Erreurs chez les 10/11 ans

Dans les productions des enfants de 10/11 ans, plus de 90% (92,5% exactement) des clauses totales comprennent un verbe fléchi. Seulement 1,5% de ces verbes ne sont pas conformes au système cible et ce sont cinq des douze sujets qui les utilisent. Plus de la moitié de ces erreurs concerne la conjugaison des verbes au passé simple. En effet, les enfants de 10/11 ans surgénéralisent des formes des verbes du premier groupe aux verbes du troisième groupe ; un seul d'entre eux surgénéralise une forme du deuxième groupe à un verbe du premier groupe (83).

(83) 10;06f 11- 037 puiZ il tombit du ravin. -

Les autres erreurs concernent l'accord du sujet pluriel avec son verbe ou encore la formation du passif (84).

(84) 10;08n 8- 031 l'enfant a été tombé par euh - une chouette.

V. 5. 4. 2. Clauses à verbe non fléchi chez les 10/11 ans

7,5% des clauses totales ne contiennent pas de verbe portant la marque du temps. Ces clauses de nature variée sont le signe d'une complexification de la syntaxe chez les 10/11 ans et par là même du contenu sémantique qu'elles véhiculent. En effet, à l'exception de quatre cas de "labelling" et de quatre cas de formules conclusives du type puis voilà, ces clauses permettent, soit d'introduire des informations supplémentaires à propos de l'événement décrit dans la clause précédente, soit de lier le nouvel événement à celui qui précède, et ce, sans interrompre l'énonciation.

(85) 10;03t 3a 009 et le petit garçon i cherche de partout, -
010 en criant

Dans l'exemple (85), le locuteur développe la clause 009 par une adverbiale de manière (gérondif) qui apporte des précisions sur la façon dont se produit l'action de chercher. D'autres outils linguistiques sont utilisés pour remplir cette même fonction d'expansion, tels que les participiales (participes présents ou passés en apposition) ou encore des adverbiales de but (pour + infinitif). Afin de lier deux événements, les enfants de 10/11 ans disposent de deux stratégies principales : l'emploi d'infinitives (86) et d'ellipses du verbe (87).

(86) 10;10l 15- 066 et tout'la famille les regarde
067 partir. -

(87) 11;02b 2b 005 le matin / - le p'tit garçon se lève,


006 ainsi que son chien -

Chez deux sujets sur douze, nous relevons même l'utilisation de deux clauses successives sans verbe fléchi. C'est par exemple le cas dans la production de 10;06o (88) :

(88) 10;06o 8- 038 et pierre tombe -
039 voyant son chien
040 rouki poursuivi par leZ abeilles - mécontentes

Cette stratégie permet de créer de véritables conglomérats informatifs, dans lesquels les événements sont reliés et hiérarchisés grâce à la syntaxe.

V. 5. 4. 3. Temps d'ancrage chez les 10/11 ans

En ce qui concerne le principe du temps d'ancrage, il est respecté par onze sujets sur douze, comme l'indique le tableau (14) ci-dessous.




Temps d'ancrage ≥ 75%

Nombre de sujets (N=12)




Présent

7

Passé

4

Mixte

(Présent)



1

(1)


Tableau (14) : Nombre de sujets en fonction du temps d'ancrage chez les 10/11 ans.

Sept sujets choisissent le présent comme temps d'ancrage, contre quatre le passé. Un seul enfant effectue des va-et-vient entre les temps du passé et le présent. Mais, comme pour la majorité des autres enfants, nous relevons dans sa production un plus grand nombre de formes verbales au présent qu'au passé. Le fait d'opter pour le présent plutôt que pour le passé a des répercussions sur le choix des temps verbaux ainsi que sur la nature et le nombre des alternances temporelles réalisées.

V. 5. 4. 4. Temps et alternances temporelles chez les 10/11 ans

Les enfants de la cohorte (10/11A) - temps d'ancrage=présent - emploient quatre temps différents se répartissant de la manière suivante :




Temps des verbes

Pourcentage (et nombre)




Présent

90 (323)

Passé

Passé composé

Imparfait

Plus-que-parfait



7 (26)

3,5 (13)


2,5 (9)

1 (4)


Autres

1 (4)

Tableau (15) : Pourcentage (et nombre) des temps verbaux dans la cohorte (10/11A).

D'une part, le présent l'emporte devant le passé composé et l'imparfait avec respectivement 3,5% et 2,5% des temps verbaux. Le plus-que-parfait est faiblement représenté avec 1% de toutes les occurrences de verbes marqués temporellement. D'autre part, les enfants de cette cohorte changent rarement de temps. En effet, nous comptons 43 alternances temporelles pour ce groupe, ce qui représente 1/3 de toutes les alternances temporelles chez les 10/11 ans. Le contraste le plus fréquent est le contraste PR/PC (24/43) devant le contraste PR/IMP (11/43).

Chez tous nos membres de la cohorte (10/11A), le présent sert à présenter les événements de premier plan qui se succèdent les uns après les autres tout au long de l'histoire. Ce déroulement chronologique est interrompu de façon très ponctuelle par le passé composé qui remplit plusieurs fonctions. Sa première fonction consiste uniquement à exprimer l'aspect résultatif de l'action (89), et a donc une zone d'influence très locale. C'est cette fonction qui a la plus haute fréquence.

(89) 10;06o 4b 020 il descend -


021 il retrouve rouki - en pleine forme
022 il ne s'est rien cassé,

Le passé composé est également employé pour encoder la cause d'un événement réalisé au présent. Dans ce cas là, le passé composé exprime l'antériorité. Nos données révèlent deux cas de figure. Le premier (90) dans lequel la relation cause/conséquence est implicite, et le second (91) dans lequel cette relation est explicitée par parce que .


Événement (A) < Événement (B)

Passé composé Présent

Cause------------------------------------------------------------->Conséquence

(90) 11;06f 6b 022 le chien aboie aboie après la ruche. -

7- 023 tout d'un coup - la ruche est tombée par terre, -
Événement (A) > Événement (B)

Présent Passé composé

Conséquence----------------------parce que------------------->Cause

(91) 11;08g 4b 018 et il le gronde un peu le: - l'enfant,


019 parce qu' il a cassé p't être le bocal. 010

Dans le deuxième cas de figure, l'emploi de parce que permet l'inversion de l'ordre de présentation des événements. Ce changement d'ordre est renforcé par l'utilisation du passé composé qui marque l'antériorité de l'événement (B) par rapport à (A). Dans ces deux cas, la portée du contraste PR/PC est interphrastique. Elle instaure une relation sémantique entre deux clauses qui se succèdent. Il en va de même pour un certain nombre d'autres contrastes PR/PC :

(92) 10;06o 3a 012 euh: pierre cherche dans ses bottes / -
013 rouki dans le bocal / 010

014 pierre va à la fenêtre -


015 appelle !zizi! !zizi! 010
016 et rouki s'esT enfermé la tête dans le bocal. 020

Le passé composé exprime l'aspect résultatif de l'événement qu'il encode, mais il a également une fonction rétrospective, en opposant l'action achevée au moment de parole (clause 016), à un stade antérieur pendant lequel cette même action était en train de se dérouler (clause 013). Aussi le contraste a-t-il un rayonnement plus large que celui de la clause.

Le deuxième contraste le plus représenté dans les productions de la cohorte (10/11A) est le contraste PR/IMP. L'emploi prototypique de ce contraste est illustré dans l'extrait de la production suivante :

(93) 10;02b 9b 031 le petit garçon monte sur une pierre, 010


032 s'accroche aux branches /
033 et appelle sa grenouille. -

10a 034 mais les branches n'étaient qu'un cerf, -

L'imparfait se situe toujours chez les 10/11 ans, à deux occurrences près, au moment de l'apparition du cerf ; lorsque l'enfant prend conscience de son erreur d'identification (image 10a). Il ne s'agit pas de branches mais des bois d'un cerf. L'imparfait sert donc à introduire le cerf, il encode des verbes représentant des états, intégrés dans des formes présentationnelles établissant l'existence d'un référent, et a une fonction rétrospective, dans la mesure où il revient sur un état antérieur. Sa portée est donc plus épisodique que locale.

La cohorte (10/11B) comprend quatre sujets : 10;07g, 10;06v, 11;05c, 10;06f, qui utilisent un large éventail de temps verbaux selon la distribution suivante :




Temps des verbes

Pourcentage (et nombre)




Présent

13 (23)

Passé

Passé simple

Imparfait

Passé composé

Plus-que-parfait


87 (154)

42 (73)


29 (52)

13 (23)


3 (6)

Tableau (16) : Pourcentage (et nombre) des temps verbaux dans la cohorte (10/11B).

Les temps du passé représentent 87% des occurrences totales de la cohorte (10/11B). Les sujets de cette cohorte privilégient le passé simple (42%) devant l'imparfait (29%) et le passé composé (13%). Presque tous les membres de cette cohorte encodent les événements de premier plan au passé simple ; un seul sujet agit différemment. En effet, 10;07g emploie le présent au début de sa production pour évoquer les événements de manière chronologique. Puis, à partir de l'image 3b, il alterne entre le passé composé et l'imparfait selon un critère sémantique : les verbes bornés sont au passé composé (tomber, arriver), les non-bornés sont à l'imparfait (courir, chercher).

Les membres de la cohorte (10/11B) changent fréquemment de temps, puisque le nombre moyen de contrastes par sujet s'élève à 20. Le contraste le plus fréquent est PS/IMP. La fonction principale de ce contraste est d'encoder la simultanéité entre deux événements (94) et (95).
Événement (A) = Événement (B)

Imparfait Passé simple




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