Innombrables sont les récits du monde


V. 5. 3. Référence aux événements : les 7 ans



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V. 5. 3. Référence aux événements : les 7 ans

V. 5. 3. 1. Les erreurs chez les 7 ans

Après l'analyse des résultats des enfants de 5 ans, passons à celle des enfants de 7 ans. En ce qui concerne le temps, nous observons que 97% de leurs clauses comportent un verbe fini, c'est-à-dire un verbe portant une marque temporelle. Mais, 4,5% de ces formes ne sont pas conformes au système cible : 2/3 des erreurs relevées concernent la conjugaison du passé simple (64), le troisième tiers se répartissant de façon égale en erreurs sur le passé composé (65) et en erreurs diverses.

(64) 07;01b 3b 014 il ouvra la fenêtre, -

Dans cet exemple, comme d'ailleurs dans tous les cas d'erreurs portant sur la conjugaison du passé simple, il s'agit d'un problème de surgénéralisation des formes du passé simple des verbes du premier groupe aux verbes du deuxième et du troisième groupe.

(65) 07;04d 13a 044 après euh: - après le petit garçon a remonté avec le chien,

L'exemple (65) illustre le deuxième type d'erreurs le plus fréquent chez les enfants de 7 ans. Dans quatre cas sur seize, ces derniers se trompent d'auxiliaire dans la conjugaison du passé composé, optant pour être à la place d'avoir, et inversement. Ces erreurs montrent que le système des enfants de 7 ans n'est pas encore complètement conforme à celui des adultes et tout particulièrement pour ce qui est de la conjugaison du passé simple.

V. 5. 3. 2. Clauses à verbe non fléchi chez les 7 ans

3% des clauses totales ne contiennent pas de verbe fléchi. Près de la moitié de ces clauses (8/18) comprennent une ellipse du verbe (66), ce qui est un bon moyen de lier deux actions identiques réalisées par des acteurs différents. Les autres clauses comprennent des compléments circonstanciels de la forme : adverbiales ou participiales, qui représentent 33,5%. Enfin, nous relevons trois cas de "labelling" et un cas d'infinitive.

(66) 07;07k 10b 030 après la chèvre elle court -


031 le chien aussi. 050

V. 5. 3. 3. Temps d'ancrage chez les 7 ans

En ce qui concerne le système temporel, tous les sujets choisissent un temps d'ancrage et le maintiennent tout au long de la production. Le tableau (11) donne le nombre de sujets par temps d'ancrage.


Temps d'ancrage ≥ 75%

Nombre de sujets (N=12)




Présent

7

Passé

5

Mixte

-

Tableau (11) : Nombre de sujets en fonction du temps d'ancrage chez les 7 ans.

Comme le montre le tableau (11) ci-dessus, les enfants de 7 ans préfèrent dans 58,5% des cas ancrer leur narration dans le présent contre seulement 41,5% dans le passé. Cette tendance transparaît également dans la comparaison du nombre total (indépendamment du temps d'ancrage choisi) de verbes au présent avec celui des verbes au passé. Le présent l'emporte avec 56% contre 43% pour le passé (0,5% de futur et 0,5% de verbes non codables pour le temps). Notons encore l'absence de tout système mixte ; la présence d'un système mixte étant le signe d'une incapacité à maintenir un temps de base dominant mais également celui d'une probable hésitation quant à la façon d'aborder la tâche.

V. 5. 3. 4. Temps et alternances temporelles chez les 7 ans

Le fait d'hésiter entre le présent et le passé n'est pas l'apanage des enfants de 7 ans, puisqu'au contraire ils choisissent clairement des temps verbaux appartenant soit au "mode narratif", soit au "mode discursif". Le tableau (12) page suivante illustre cet état de choses.




Temps des verbes

Cohorte (7 A)

(N=7)


Cohorte (7 B)

(N=5)





Présent

92,5 (273)

12,5 (30)

Passé

Passé simple

Imparfait

Passé composé

Plus-que-parfait


7 (21)

-

-



6,5 (20)

0,5 (1)


87 (210)

47 (114)


20,5 (49)

15,5 (38)

3,5 (9)


Autres

1 (2)

0,5 (1)

Tableau (12) : Pourcentage et (nombre) des temps verbaux dans les cohortes (7A) et (7B).

Les résultats du tableau (12) nous révèlent deux comportements linguistiques bien distincts à l'intérieur même du groupe d'âge des 7 ans. Commençons par étudier le système temporel des sujets qui ont choisi le présent comme temps dominant (cohorte 7A). Il s'agit des sujets 07;07k, 07;05e, 07;04d, 07;10o, 07;09n, 07;04c et 07;10p.

Ces sujets utilisent un sous-ensemble de temps assez restreint : seulement trois temps différents (présent, passé composé et plus-que-parfait), qui réalisent par ordre décroissant les scores suivants :

Présent 92,5% > Passé composé 6,5% > Plus-que-parfait 0,5%

Cet éventail temporel restreint, a des conséquences sur le nombre de contrastes temporels utilisés. En effet, seulement 27,5% de la totalité des changements de temps revient aux enfants de 7 ans qui ont choisi d'ancrer leurs productions dans le présent. Le contraste dominant est le contraste PR/PC, puisqu'on ne note qu'une seule occurrence de PQP dans nos données.

Alors que chez ces enfants le présent a pour fonction de marquer la succession chronologique des événements (67), le passé composé, par contre, remplit deux fonctions principales. Dans 3/4 des cas, il insiste uniquement sur l'aspect perfectif de l'événement encodé (68) au moment de l'énonciation et il n'existe donc pas de relation spécifique entre l'événement (A) au présent et l'événement (B) au passé composé. Dans le tiers restant, le passé composé marque une fois de plus le caractère résultatif de l'événement qu'il encode mais possède également une fonction rétrospective (69).

(67) 07;04d 3a 009 après euh: le chien - i s'enfonce dans le bocal / -
010 après le petit garçon euh - il essaie de mettre seZ habits. -

3b 011 après le chien il a toujours le bocal,


012 le petit garçon il ouvre la fenêtre,
013 il la trouve pas
014 il l'appelle. -

(68) 07;04d 3b 013 il la trouve pas


014 il l'appelle. -

4a 015 après le chien est tombé, - le chien est tombé.

(69) 07;04d 2a 004 après i dort
005 la grenouille s'en va. -

2b 006 après la grenouille euh c'est le matin


007 la grenouille s'est eN allée

Dans les exemples (68) et (69), le sujet insiste sur le caractère accompli de l'événement décrit. Mais dans le premier cas, le contraste temporel n'a qu'une portée locale, alors que dans le second cas, l'opposition PR/PC possède un rayonnement portant sur un niveau supérieur (plusieurs clauses). En effet, dans l'exemple (69) l'événement est présenté comme achevé au moment de la parole (clause 007), mais il s'oppose aussi de manière explicite à un stade antérieur pendant lequel l'événement est en progression (clause 005). C'est ainsi que dans les exemples de ce type, le passé composé en contraste avec le présent prend une valeur rétrospective. Cette valeur rétrospective est également marquée par le sujet 07;10p dans l'opposition PR/PQP.

(70) 07;10p 1- 001 c'est un p'tit garçon,
002 et ben - il a une !grenouille!. -
003 pis il a son chien. -
004 et alors euh 010 pac'qu' il l'avait trouvé dans: - il l'avait trouvé, -

Dans cet exemple, le sujet revient sur une situation antérieure (trouver une grenouille) pour expliquer une situation présente (avoir une grenouille). Cette explication est d'ailleurs encodée de manière explicite par le biais de parce que.

Cinq sujets sur douze ont choisi d'ancrer leurs productions dans le passé. Observons maintenant les stratégies de ce sous-groupe (cohorte 7B) composé des sujets suivants : 07;06i, 07;07v, 07;08t, 07;00r et 07;01b. Chez ces enfants, ce sont les temps du passé qui l'emportent  : 87% des formes sont au passé contre 12,5% au présent. Contrairement aux enfants étudiés précédemment, ces sujets emploient de façon majoritaire des temps verbaux appartenant au mode "narratif". Cette stratégie permet de réaliser une production qui est détachée du support pictural.

À l'intérieur du groupe des temps du passé, la répartition est la suivante :

Passé simple 47% > Imparfait 20% > Passé composé 15,5% > Plus-que-parfait 3,5%

Avec 47%, le passé simple l'emporte aisément sur les autres temps du passé. Il est utilisé chez quatre sujets sur cinq pour remplir une seule et même fonction : encoder les événements du premier plan qui se succèdent de façon chronologique tout au long de la narration.

(71) 07;07v 7- 017 le garçon chercha danZ un trou d'arbre la grenouille,
018 mais il la trouva pas. 010

8- 019 le - le chien coura


020 parce que les abeilles lui - le coururent après. -

9a 021 le petit garçon chercha toujours la grenouille


022 mais - au bout d'un moment - uN hibou vola, -
023 il eut très peur,

9b 024 et le garçon continua à appeler la grenouille. -

Un seul sujet de cette cohorte n'obéit pas à cette règle, mais emploie le passé composé dans cette même fonction.

(72) 07;00r 3a 009 et le chien il a renversé l'pot. - et le tabouret, 050


010 et le bonhomme - et ben il a regardé dans la chaussure. 060

3b 011 puis après le bonhomme il a crié, 060

4a 012 puis après le: - le chien il est tombé. 080

4b 013 après le garçon il l'a tenu dans les bras / 030

Cette déviation à la stratégie la plus commune chez ces enfants, peut s'expliquer par un remplacement progressif du passé simple par le passé composé en français. En effet, de nombreuses recherches signalent une diminution du passé simple au profit du passé composé à l'oral, qu'il s'agisse de narrations monologiques ou dialogiques. De plus, l'utilisation du passé simple est plus fréquente à l'écrit. De ces deux remarques, nous déduisons que le sujet 07;00r a une définition différente de la tâche, réalisant un exercice moins "littéraire" que les autres membres de la cohorte (7B).

Pour ce qui est de l'imparfait qui réalise le deuxième meilleur score avec 20% des cas, il est possible de lui attribuer de multiples fonctions. Chez deux de nos sujets (07;00r et 07;01b), il est employé presque exclusivement pour introduire ou réintroduire des référents animés ou non-animés sur la scène discursive.

(73) 07;00r 5- 014 et après y avait deZ abeilles, 010
015 alors le garçon i disait !ouh! 090

6a 016 y avait un trou,


017 alors le p'tit garçon il a: - regardé / 020

7- 020 y avait un rat / 010


021 puis le chien - et ben il a renversé l'pot / -
022 puis après y avait plein d'abeilles

Mais on peut attribuer à l'imparfait encore au moins deux autres fonctions, toujours en contraste avec le passé simple ou le passé composé. La première est celle de servir à encoder l'exposition de l'action, comme dans l'exemple (74) :

(74) 07;01b 1- 001 il étaiT une fois / - un petit garçon,
002 qui s'appelait philippe. -
003 il était dans sa dans sa chambre -
004 et il était - avec son chien - et sa grenouille. 050

2a 005 il - il va se coucher, -


006 la grenouille essaya de sortir. 010

Ce sujet se sert de l'imparfait au début de sa production pour introduire les participants (clauses 001, 002 et 004) ainsi que le cadre spatial (clause 003). À partir du moment où la complication de l'action se produit, l'enfant passe de l'imparfait au passé simple (clause 006). La seconde fonction est celle d'exprimer la simultanéité de deux événements. C'est le cas dans la production de 07;01b :

(75) 07;01b 10a 048 le cerF attrapa le petit garçon /

10b 049 l'emmena - par une falaise / -


050 le chien aboyait contre le cerF. -

Dans cet exemple, les actions du cerf se passent en même temps que celles du chien. Mais, le contraste PS/IMP permet de placer les actions du premier acteur (cerf) au premier plan et celles du second (chien) à l'arrière-plan.

Les trois fonctions de l'imparfait que nous venons de décrire ci-dessus ont une influence toute particulière sur la constitution d'un discours hiérarchisé obéissant aux contraintes discursives/narratives. En effet, par le contraste IMP/PS-PC, les événements prennent d'une part du relief les uns par rapport aux autres, mais il permet également de séparer les grandes parties du discours (exposition versus développement).

Le passé composé - en contraste avec le passé simple -, est pour sa part, employé chez la plupart de nos sujets pour marquer le caractère perfectif de l'action (76). Un seul sujet dévie de ce schéma : c'est le sujet 07;00r dont nous avons déjà mentionné l'utilisation du passé composé pour encoder la succession des événements.

(76) 07;06i 6b 031 et regarda la 010 le nid d'abeilles. -

7- 032 le chien fait a fait - tomber - le nid d'abeilles, -

On relève encore un certain nombre d'occurrences de plus-que-parfait en opposition avec l'imparfait ou le passé simple. Dans tous les cas, ce temps souligne l'antériorité de l'événement décrit par rapport à un autre repère dans le passé. Mais ce contraste permet également d'inverser l'ordre de description des événements par rapport à l'ordre naturel dans lequel ils se sont produits (77).

(77) 07;07v 14a 032 et après ils trouvèrent les deux grenouilles, -

14b 033 quiZ avaient fait des petitZ enfants. -

Enfin, il nous reste à étudier les fonctions du présent. Quatre sujets sur cinq l'emploient, et ce, dans des fonctions très différentes. Chez le sujet 07;06i, la présence de cinq verbes au présent est le reflet de l'hésitation du sujet quant au mode de réalisation à adopter. En effet, nous trouvons des formes de présent au début de l'histoire pour les images 2a à 3b. Elles encodent les événements de premier plan. Puis, le sujet opère un changement au profit du passé simple qui l'emportera tout le reste de la narration. Quant au sujet 07;00r, il emploie le présent uniquement dans l'exposition, alors que le corps de la narration est réalisé au passé composé. Chez ces deux sujets mentionnés ci-dessus, l'emploi du présent est dicté par des processus supérieurs permettant la réalisation d'une narration globalement cohérente (premier plan versus arrière-plan ou exposition versus développement). Par contre, chez nos deux sujets restants, l'emploi du présent a des conséquences à un niveau plus local. Le présent sert à marquer des sortes de "séquences hors narrations", dans le cas du discours direct (78) ou des commentaires adressés directement par le narrateur à son auditeur (79).

(78) 07;08t 3b 011 et jean cria
012 !où es-tu - grenouille!

(79) 07;08t 10a 037 et après c'est quoi après il le


038 attends
039 c'est quoi ce truc

Les contrastes temporels les plus représentés dans la cohorte (7B) sont :

- PS/IMP 27,5%

- PS/PR 22,5%

- PC/IMP 17%

Ces ruptures temporelles agissent pour une plus grande part sur la constitution d'une narration cohérente. Néanmoins, il existe certains contrastes pour lesquels il est difficile de trouver une motivation, qu'elle soit d'ordre linguistique, discursive/narrative ou communicationnelle. C'est tout particulièrement le cas pour un certain nombre d'occurrences du passé composé et de l'imparfait dont l'emploi ne nous apparaît pas comme fonctionnellement clair. On peut interpréter ces cas comme le reflet d'un système non encore complètement maîtrisé par son usager.

En guise de conclusion, examinons les principales différences observées chez les sujets de la cohorte (7A) et (7B). La cohorte à dominante présent (7A) se différencie de celle à dominante passé (7B) sur les points suivants :

- (7A) emploie moins de temps différents que (7B) ;

- (7A) change moins souvent de temps que (7B) ;

- (7A) utilise un sous-système temporel de (7B) ;

- certains temps utilisés par (7A) et (7B), ont la même fonction (PC = rétrospection chez (7A) et chez (7B)) ; d'autres ont des fonctions différentes (PR chez (7A) = succession d'événements versus PR chez (7B) = discours direct).

Ces différences sont le reflet d'un mode langagier différent. La cohorte (7A) produit un discours dans lequel l'accent est surtout mis sur le déroulement chronologique des événements, une isomorphie entre l'ordre des événements tels qu'ils se produisent avec l'ordre dans lequel ils sont rapportés. La cohorte (7B) par contre, choisit un mode plus "littéraire", celui de "l'histoire" où les événements sont rassemblés de manière hiérarchisée (certains prennent du relief par rapport à d'autres ; l'ordre de présentation des événements diffère de celui de la réalité). Enfin, on note encore chez certains enfants de 7 ans, une hésitation quant au mode langagier à choisir, ainsi que l'utilisation d'un certain nombre de contrastes temporels dont la motivation demeure un mystère pour le chercheur.

V. 5. 3. 5. Aspect lexical chez les 7 ans

L'aspect lexical n'est pas fréquemment encodé chez les enfants de 7 ans : seulement 3% de leurs clauses portent une marque aspectuelle de ce type. Nous observons donc d'une part la rareté du marquage, et d'autre part la diversité des formes employées pour ce marquage.




Aspect

Pourcentage (et nombre)




Verbes aspectuels


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