Le journal du cnrs numéro 21 Avril 2008


Europe Innova Un réseau européen pour l'innovation



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Europe Innova Un réseau européen pour l'innovation


L'année 2008 est un tournant pour Europe Innova. Ce réseau, qui vient de boucler sa deuxième conférence internationale les 22, 23 et 24 octobre, à Lyon, organisée en collaboration avec la présidence française de l'Union européenne, entre dans une nouvelle phase. Après avoir passé deux ans à identifier les facteurs d'innovation en Europe, les partenaires cherchent maintenant comment diffuser les bons outils pour l'accélérer. Europe Innova est en fait une initiative née au sein du sixième Programme cadre de recherche et de développement européen (2002-2006), dont la priorité était de « structurer l'espace de recherche européen ». « Les objectifs fondamentaux d'Europe Innova s'inscrivent parfaitement dans cet axe, puisqu'il s'agit de repérer et de modéliser au sein de l'Europe les facteurs d'accélération de l'innovation », rappelle Agis Evrigenis, l'un des organisateurs de la conférence, responsable de la communication du réseau. Au total, le réseau regroupe plus de 300 organisations ou entreprises venues de 23 pays membres, auxquels s'ajoutent des partenaires venus de Norvège, de Suisse, de Turquie et de Chine. Pour identifier et analyser les moteurs et les freins de l'innovation en Europe, les groupes de travail ont adopté une approche sectorielle. Les mécanismes de l'innovation dans l'industrie automobile, les biotechnologies, le BTP, l'agroalimentaire, l'espace, le textile, la santé, l'optique, etc., ont été passés au crible pendant plus de deux ans. Europe Innova veut en fait établir une politique de l'innovation européenne. Comment ? En construisant une plateforme paneuropéenne pour que les différentes parties prenantes – industriels, chercheurs, organismes de financement, politiques – puissent développer, discuter et échanger des bonnes pratiques, des idées, des outils… Et aussi améliorer le financement de l'innovation. Pour cette thématique transversale, les partenaires se sont concentrés sur l'identification des principaux facteurs qui interviennent dans l'obtention de fonds, et l'amélioration de l'accès aux capitaux pour les entreprises innovantes, secteur par secteur. La France est évidemment en bonne place dans ce réseau à travers ses établissements d'enseignement supérieur et de recherche – université technologique de Compiègne, université Henri Poincaré à Nancy, université Paris-XI, université des Sciences et Technologies de Lille – ainsi que plusieurs technopoles, clusters et pôles de compétitivité auxquels sont associés de nombreux laboratoires du CNRS : Nantes Atlanpole, Mov'EO, Agropolis, Pôle optique et photonique Sud, Opticsvalley…Pendant la conférence lyonnaise, l'accent était justement mis, en parallèle des communications, sur les pôles de la région. Les 600 participants venus du monde entier ont ainsi pu juger sur pièces des modèles d'innovation mis en œuvre en Rhône-Alpes, à travers les pôles de compétitivité Axelera (chimie et environnement), Lyon Biopole (biotechnologies), dont le CNRS est partenaire, Imaginove (multimédia) et Techtera (textiles techniques). Et maintenant ? « Pendant l'année 2007, les divers projets mis en place au sein d'Europe Innova sont arrivés à maturité, explique Agis Evrigenis. À présent, il s'agit de finaliser et de diffuser ces résultats pour maximiser leur impact en termes de politique d'innovation et de pratiques. Le but est de mettre en place une stratégie pour que les réseaux, les services et les coopérations subsistent sans le financement européen. » De nouveaux projets vont être subventionnés, concentrés sur les PME, et sur la capacité de l'Europe à contribuer à la compétitivité. Il s'agit maintenant pour le Vieux Continent de répondre efficacement aux besoins d'innovation d'aujourd'hui et de demain, appelés par le changement global, les besoins énergétiques grandissants ou encore le vieillissement de la population.

Virginie Lepetit



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Ethnologie Le siècle de Claude Lévi-Strauss


Le 28 novembre prochain, Claude Lévi-Strauss aura 100 ans. Infatigable théoricien des sociétés humaines et « grand pape » du structuralisme, le célèbre ethnologue a exercé une influence considérable sur la pensée contemporaine. Le journal du CNRS s'associe au musée du Quai Branly pour lui rendre hommage lors d'une journée exceptionnelle. Un homme doté d'un flair exceptionnel en ethnologie », « un esprit vif, modeste, avec beaucoup d'humour », « auteur d'une des plus grandes œuvres de la pensée française du vingtième siècle »… Ceux qui ont croisé la route de Claude Lévi-Strauss ne tarissent pas d'éloges. L'ethnologue médaillé d'or du CNRS en 1967, qui fête ses 100 ans et à qui le musée du Quai Branly, à Paris, consacre une journée spéciale (lire l'encadré), a marqué l'ethnologie et l'anthropologie d'une trace indélébile. « Son œuvre a fécondé les plus grands travaux en sciences humaines : ceux de Foucault, Deleuze, Bourdieu, estime Frédéric Keck de l'Institut Marcel Mauss (Institut CNRS EHESS Paris), à Paris, qui a participé à l'édition de son œuvre dans « La bibliothèque de la Pléiade » aux éditions Gallimard. Elle a eu un rayonnement international éclatant, dont on a du mal à trouver l'équivalent dans la pensée française actuelle. »Professeur au Collège de France, auteur de plus d'une vingtaine d'ouvrages, dont les célèbres Tristes tropiques, La pensée sauvage ou Mythologiques, et fondateur en 1960 du Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS) commun au CNRS, au Collège de France et à l'EHESS de Paris, Claude Lévi-Strauss est surtout connu pour avoir introduit en anthropologie une méthode empruntée au domaine de la linguistique : le structuralisme. Il ne s'agit plus d'étudier des phénomènes sociaux, les systèmes de parenté ou les mythes par exemple, comme des entités indépendantes ayant une signification propre, mais comme les éléments d'un système organisé, dont les liens seraient révélés par les différences et non les points communs, et d'en tirer des structures de pensée inconscientes communes à tous les êtres humains. « Le structuralisme a constitué une manière de sortir d'un certain déterminisme qui ne voyait dans les pratiques et les savoirs traditionnels des sociétés que des effets de leur environnement naturel ou social, explique Pierre Deléage, du LAS. Lévi-Strauss est parvenu à montrer l'importance, au moins égale, des structures universelles de la pensée dans la constitution de ces pratiques et de ces savoirs. » Des structures qu'il réunit dans le concept de « pensée sauvage », remplaçant ainsi celui de « mentalité primitive » qui a alors cours, symptôme d'une prétendue supériorité coloniale des savants sur les pratiques et les pensées des sociétés différentes de la leur (Lire Lucien Lévy-Bruhl, entre philosophie et anthropologie, Frédéric Keck, CNRS Éditions, 2008). Comment Claude Lévi-Strauss a-t-il développé ses théories ? « Étrangement, il a fait assez peu d'études de terrain pour un ethnologue », reconnaît Michel Izard, directeur de recherche émérite au CNRS et ancien membre du LAS, qui participera à la manifestation au musée du Quai Branly. De fait, les thèses de Lévi-Strauss trouvent leur origine dans quelques missions ethnographiques qu'il effectue chez les Indiens du Mato Grosso, en Amazonie, de 1935 à 1938, alors qu'il est professeur à l'université de São Paulo, au Brésil. Et ce n'est qu'à son retour en France en 1948, après avoir passé les années de guerre aux États-Unis en tant qu'intellectuel réfugié, qu'il publie sa thèse doctorale sur « les structures élémentaires de la parenté », avec une thèse complémentaire sur la vie familiale et sociale des Indiens Nambikwara. Il ne retournera au Brésil que bien des années plus tard, en 1985, après sa retraite. Claude Lévi-Strauss n'est donc pas homme de terrain. Il avoue lui-même ne pas avoir « le soin et la patience » pour cela (Extrait de De près et de loin, Claude Lévi-Strauss et Didier Eribon, aux éditions Odile Jacob, 1988). Mais il est un théoricien de génie. « Tous ses articles, ses ouvrages, ont systématiquement entraîné de véritables réflexions anthropologiques, observe Michel Izard. Encore étudiant, j'ai assisté à ses séminaires à la Sorbonne. Nous étions transportés par un tel élan théorique. » Ce qui ne l'empêche pas d'avoir un regard très critique sur ses contemporains. Dans Tristes tropiques, paru en 1955, il écrit : « L'humanité s'installe dans la monoculture ; elle s'apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave. Son ordinaire ne comportera plus que ce plat. » Des mots qui, à l'heure de la globalisation, sonnent désespérément juste.

Fabrice Demarthon



À lire

Tristes tropiques et La pensée sauvage, par Claude Lévi-Strauss, Plon, 1955 et 1962

Claude Lévi-Strauss, une introduction, par Frédéric Keck La Découverte, 2004
« Lévi-Strauss », Les cahiers de L'Herne, n° 82, Michel Izard (dir.), 2004
Contact

Frédéric Keck, f.keck@cegetel.net

Pierre Deléage, deleagepierre@hotmail.com

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