Les présents textes traitent principalement du Népal, de l'alpinisme, de l'himalayisme



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EXPERIENCE DE DUMRE :


Dumré est la bourgade-rue entre Mugling et Pokhara qui commande la route d’accès à Bésisahar, station bien connue des trekkeurs partant pour réaliser le tour des Annapurna. C’est un lieu d’arrêt important pour tous les véhicules, y compris ceux qui viennent de l’Inde. Tous ceux qui s’arrêtent se concentrent le plus près possible du croisement de Bésisahar alors que le bourg est très long. Les véhicules sont serrés les uns contre les autres, en double ou en troisième file. Une nuée de vendeurs de denrées à consommer, augmente le chaos. S’ajoute à cela, qui augmente la confusion, les coups de klaxon de route des camions qui eux ne s’arrêtent pas, et des conducteurs de bus qui appellent leurs clients. Pourtant, ce jour là - quelques jours avant les élections du Président de la République - lorsque nous arrivons, stupeur, rien de tout cela. Le carrefour est libre d’accès, les bus sont garés aux extrémités du village. Explication : une dizaine de jeunes personnes, portant polos ou blouson marqués aux insignes Y.C.L. Young Communiste League, bâton en mains, réglementent la circulation. Tout le monde obéit. Je m’adresse à un des jeunes et, lui montrant les trois policiers déconcertés qui observent le tout, je lui dis : << Ce n’est pas votre travail, c’est le leur. >>. Réponse, visage fermé : << Nous leur apprenons. >> Cet exemple démontre que les Népalais sont éducables, qu’il suffit que se manifeste une véritable volonté pour qu’ils changent de manière de se comporter. A signaler, le visage d’inquisiteurs, l’absence d’humour, des flics improvisés !

RECITS :

PREMIERE RECIT :


L’E.U., l’Union européenne, a fait réaliser quelques sur largeurs de chaussée et des abribus dans Kathmandu et les environs. Ces abribus sont judicieusement situés à quelques dizaines de mètres des carrefours. Evidemment, les travaux terminés, personne ne les a utilisés. Les clients ont continué à attendre leur bus aux carrefours – même sous la pluie - Les véhicules de transport en commun ont continué à s’agglomérer en ces mêmes lieux. L’ingénieur de la délégation de l’Union Européenne qui a dirigé les travaux de construction de ces abribus vient un samedi me prendre dans sa voiture pour une visite, motif oublié. Nous roulons quatre cent mètres, arrivons au carrefour de Golfutar chok où se trouve une de ces réalisations européennes. Spectacle habituel pour moi : des minibus et des tempous sont partout sauf au niveau de l’abribus. Trois policiers sont présents et contemplent le spectacle, passifs, désintéressés. Mon ami arrête sa voiture, descend, s’approche des policiers. Je devine à ses gestes le sens de son discours : << Nous vous avons construit… et …>>. Emoi de la gent costumée qui, immédiatement, s’affaire. Quelques minutes suffisent pour libérer le carrefour. Notre visite terminée, vingt minutes plus tard, nous repassons à ce même carrefour. Les policiers ont repris leur attitude de spectateurs, les véhicules de transport de toutes les sortes s’éparpillent partout, sauf au droit de l’abribus.

DEUXIEME RECIT :


C’est à la suite de telles semonces de représentants de l’Union Européenne, mais celles-ci adressées au gouvernement, que les policiers exercent tout à coup leur autorité et leur pouvoir avec conscience. Et c’est sans doute à la suite d’une de ces semonces que s’est produite l’histoire suivante. Je me gare à Chakrapath dans un élargissement de chaussé sans abribus. Quand je reviens, dix minutes plus tard, un policier motorisé, sic, sur un engin de couleur blanche d’au moins mille centimètres cubes de cylindrée, vient de poser un papillon sous l’essuie glace de ma Maruti. Je lui demande où est le panneau d’interdiction de stationner, et lui montre le bus et le tempou qui sont arrêtés au même niveau que ma voiture, et qui, eux, entravent vraiment la circulation alors qu’ils auraient pu se mettre dans l’élargissement derrière ma voiture. Son attitude le démontre, il regrette d’avoir taxé un étranger, mais il y a des spectateurs et le mal est fait. Je vais donc payer  200 roupies au commissariat du quartier. Montant : une journée et demie de travail pour un coolie. Ce n’est pas rien. J’ai revu quelquefois le motard verbalisateur, nous avons échangé de grands signes de complicité. Membre de l’Union Européenne ne dois-je pas donner l’exemple ? Depuis, des véhicules ont circulé sur la route, l’élargissement est devenu un parking. S’enchevêtrent sur lui, autos, motos et marchands ambulants de fruits. Les bus, les micobus, les tempous stationnent sur la chaussée elle-même.

TROISIEME RECIT :


Nous sortons Danzi et moi d’une réunion à Chabahil, je suis de bonne humeur. Je roule tranquillement sur Ring Road. Je double un camion Tata à museau camus après avoir mis mon feu clignotant, chose exceptionnelle ici. Mais une voiture est garée sur le bord de la route, le conducteur du camion, ne voulant pas freiner, déboite brutalement alors que je n’ai pas fini de le doubler et son avant droit percute l’arrière gauche de ma Mariti. J’en ai assez de ces conducteurs qui confondent masse et subtilité et qui agissent en rois de la route. Je ne me rabats pas, et je reste devant lui pour l’empêcher de me doubler. Il tente de me dépasser en se déportant à gauche côté talus. Je précède son mouvement et lui barre la route. Je m’arrête, descends, le museau écrasé de ce camion Tata qui me domine est impressionnant. En grand seigneur propriétaire de la chaussée, le conducteur envoie ses deux aides, ceux qui l’assistent dans les tâches mineures, chargent et déchargent les matériaux transportés. Dans mon sabir éblouissant, je leur déclare que leur maître a tort et qu’il doit venir parlementer. Danzi rajoute quelques paroles d’indignation. Ils commencent à jacasser. Je reste calme et répète ma demande. Vient la foule et bientôt un véritable attroupement nous entoure. Mais voilà qu’un quidam, qui est arrivé après l’accident, prend la parole, déclare à tous avoir vu la scène, et affirme mes torts. Pour la plupart des Népalais, même un Occidental écrasé dans son lit par un camion est fautif. Je m’approche de lui, et, dans la plus pure imitation des manifestations de colères que l’on voit dans les bandes dessinées, je le prends au collet de la main gauche, tandis que mon poing droit décrit des moulinets derrière mon dos. Moulinets que ne renierait pas Lucky Luke ayant capturé un des Dalton. J’accompagne mes gestes de théâtre par quelques phrases en français dans lesquelles il est question de sale con qui va se retrouver satellisé. Le quidam ne comprend rien à ce que je dis mais mon attitude est parfaitement claire, il s’esbigne. En grand général qui combat tour à tour les armées adverses, je reviens aux deux aides. Ils recommencent leur verbiage. Je les laisse et me dirige vers la cabine du camion. Le conducteur est là dans une impassibilité toute asiatique. J’ouvre la portière, je lui prends le bras et le tire vers le bas. A retenir : c’est une des choses interdites et que ne tolère pas la gent conductrice de ce pays : on ne doit pas toucher un conducteur au volant. Rien à foutre aujourd’hui des interdictions, je tire fort. Le conducteur s’agrippe au volant mais j’ai gardé, malgré mon âge, une certaine vigueur physique, le conducteur glisse et se retrouve sur la chaussée face à moi. Je le tire au centre de la scène. Danzi entend, elle me le répétera après, une personne qui demande : << Que se passe-t-il ?>> et une autre qui lui répond : << Y’a un vieux, il veut les tuer tous >> J’ai déjà recommencé avec le conducteur mon mime de pugilat quand une personne de bonne présentation, au visage avenant, les Népalais qui aident les Occidentaux sont toujours de bonne présentation et ont toujours un visage avenant, s’approche de moi et me glisse dans un anglais parfait : << Au Népal, dans des situations analogues, on demande à l’adversaire de verser la somme correspondant à la réparation >>. Je le sais bien, j’ai déjà cassé en faisant une marche arrière une pièce en matière plastique d’une moto, valeur deux cent roupies que j’ai payée mille roupies. Mais je prends l’air heureux de celui qui vient de découvrir la solution d’une énigme et je fais semblant de réfléchir. La foule attend, curieuse de la somme que je vais exiger. Un Occidental ne peut être maître dans l’art du marchandage qui fait que l’on demande le double, le triple, voire dix fois plus que la somme logique. Brutalement, je lâche au conducteur qui s’attend au pire : << Dos roupies >>, dix roupies. Le conducteur ne comprend pas, la foule ne comprend pas, alors je répète : << Dos roupies >>. Et s’éclairent les visages qui nous entourent. Tous ont comprit que j’ai agi pour l’amour de l’art et non pour toucher quelque argent. Le public est avec moi. Le conducteur incertain pendant quelques secondes, voyant que la foule prend mon parti, sort son portefeuille. Il n’a qu’un billet de vingt roupies, il me le donne. Je le prends et je cherche dans mon portefeuille un billet de dix roupies, il ne le veut pas, je le donne à un de ses assistants. Fin de la saynète. Je suis satisfait, mon orgueil d’Occidental est sauf, j’ai donné une leçon à un matamore de la route, j’ai montré à des Népalais qu’il y avait des Occidentaux qui ne venaient pas dans leur pays uniquement pour les avantages qu’ils pouvaient en retirer. Quelques jours plus tard, je raconte cet incident à l’ancien maire de Golfutar qui est un ami, il me dit : << Vous êtes fou, ne recommencez jamais une chose pareille, il y a danger >>. Je le sais bien qu’il y a danger, mais je suis coléreux et je n’aime pas l’injustice. Je recommencerai quelques mois plus tard une scène analogue avec le conducteur d’un énorme 4 X 4 à plaque minéralogique bleue, un autre type de seigneur de la route, qui prend la fuite après avoir cabossé ma carrosserie. Je ne gagnerai cette fois qu’une foison de << Sorry sir >> qui, tout compte fait, valent autant que dix roupies.

QUATRIEME RECIT :


Il ne faut pas croire que les affrontements sont toujours à mon avantage. Je suis sur la route de Pokhara, au niveau de la Centrale électrique après Mugling. Là, des travaux, une seule bande de roulement, c’est mon tour, je démarre. C’est alors que je suis engagé qu’un bus indien démarre en face et me barre le passage. J’arrête mon véhicule, coupe le moteur. Combien de temps dure le suspense ? Une, deux, trois minutes ? Quel que soit le temps, il est long pour un Occidental. Je capitule, je fais marche arrière. Je calme ma fierté irritée en me traitant de sage.



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