SUR L’HIMALAYISME :
En contradiction avec la quasi totalité de l’ancienne presse de montagne, j’ai fortement critiqué l’affirmation que les ascensions des 8000 mètres par les voies normales étaient des exploits. Que, pour « l’histoire alpine », seule la difficulté intrinsèque d’une ascension était à considérer. Sur ce point aussi, l’avenir m’a donné raison. Aujourd’hui, les tentatives ou les ascensions de quelques rares amateurs français, hélas rarement citées par les médias : Boris Badaroux, Philippe Batoux, Marc Challamel, Chritophe Mora, Paul Robach à la nord du Cholatsé, de Christophe Profit et ses amis guides de Chamonix au pilier Est du Kantéga, de Grazianni, Trommsdoff, Wagnon au Chomo Lonzo, de Paulo Grobel sur un grand nombre de sommets, pour les expéditions commerciales, le confirment. Les étrangers, eux savent cela depuis longtemps.
SUR LA FORMATION DES GUIDES NEPALAIS :
Fallait-il laisser la routine continuer à suivre son cours ? Elle a duré 30 ans ! Continuer à assister au spectacle tous les ans renouvelé de nouveaux stagiaires apprenant les mêmes connaissances superficielles et disparaissant ensuite du circuit de la formation ? Oublier qu’il existe dans les montagnes du Népal de véritables professionnels de la haute montagne ? Attendre je ne sais quand pour que le Népal ait ses propres guides alors que des pays d’Amérique du sud et dit-on les Tibétains ont les leurs ? Etat d’esprit colonialiste pas mort ! Si personne n’avait dit les choses qui devaient être dites tout ne serait-il pas resté en l’état ? Il a en tout cas suffit de la vive discussion que j’aie eue avec deux enseignants de l’E.N.S.A. pour voir cette école tout à coup revenir sur la marché de la formation qu’elle avait abandonnée. Le Népal ne mérite-t-il pas d’avoir tout de suite son corps de guides de haute montagne ? Parmi eux des Sherpas dont les pères ont tant fait lors de la conquête des grands sommets et dont beaucoup sont morts au cours des ascensions ! Mes écrits ne m’apporteront pas que des amis. Suite à la parution de l’article paru dans la revue Cimes du G.H.M.- reproduit plus loin - la meute des spécialistes du Népal va certainement donner de la voix, qu’importe, << Les chiens aboient, la caravane passe >>. Au sujet de la formation de guides népalais à l’E.N.S.A., contentons-nous de signaler sans ajouter de commentaires, en profitant de cette occasion pour le féliciter, ainsi que ses sponsors, que Sunar Gurung, premier guide népalais à avoir réussi l’examen de l’E.N.S.A. a suivi en France des stages pendant cinq ans et que les débours de sa formation s’élèvent à 35.000 euros.
Saluons la direction de l’E.N.S.A., les professeurs guides Anselme Baud, Jean Paul Vion et Jean Annequin… , on entend dire que grâce à eux, les enseignants de cette école seront à nouveau présents au Népal. Saluons avec force le guide bénévole Patrick Magnier pour le rôle qu’il a joué dans le déclanchement de cette nouvelle stratégie qu’il continue d’animer.
SUR LA POLITIQUE AU NEPAL ET LES FRANÇAIS :
Nombreux sont les touristes, les trekkeurs, les himalayistes qui, parce qu’ils vivent dans un pays où les nantis sont majoritaires, parce que la richesse, l’élévation du niveau de vie, le simple bien être qu’ils ont acquis, entraînent un glissement des opinions politiques allant de la gauche vers la droite et qu’ainsi le principal parti de gauche en France est devenu un parti de centre, jugent ridicule et dépassée toute solution révolutionnaire. Comme indiqué plus haut, d’autres sont ainsi parce qu’ils ne fréquentent que des cadres népalais, des nantis dans leur pays. La misère extrême existe pourtant bien au Népal et elle ne peut être combattue que par de véritables révolutionnaires.
CRITIQUE DE CERTAINES ACTIONS HUMANITAIRES AU NEPAL :
La note reproduite ci-dessous critique certaines formes d’aides au Népal, c’est une réponse aux interrogations d’une personnalité française, qui a été écrite en 2001.
Si le principe qui inspire certaines actions à but humanitaire est, sur le plan théorique, intéressant et parfois louable, il masque souvent une réalité critiquable ou tout au moins une réalité qu’il n’est pas toujours bon d’encourager. Il faut situer en effet ces interventions dans les besoins d’un pays où le problème majeur est la misère et, à cause de cela, sur le plan de la simple morale.
QUELQUES TYPES D’ACTION POUVANT DONNER LIEU A CRITIQUES.
- Le nettoyage des camps de base. Nettoyer un camp de base est une chose bien, mais qui devient critiquable lorsqu’elle est présentée comme une opération exceptionnelle à effectuer d’extrême urgence, et qui ne peut être effectuée que par des hommes valeureux. Les camps de base ne représentent que quelques hectares, le Népal couvre 147.000 km2. Les camps de base ne sont habités que quatre mois par an, le reste du pays l’est en permanence. Les détritus, enlevés de zones désertes sont transportés dans des zones habitées déjà sur polluées. Quel nettoyeur s’est inquiété de savoir ce qu’ils sont devenus ? Ces détritus ont tout simplement augmenté la pollution de ces régions. Avec le prix du voyage d’un seul Occidental on peut rémunérer 500 journées de travail d’autochtones, N fois plus efficace que le meilleur des Occidentaux. Curieusement, ces nettoyages ont lieu en période de trek alors qu’ils sont tout à fait réalisables en période de mousson.
- Nous apportons des cahiers et des crayons à une école, des médicaments à un dispensaire… J’ai connu un groupe de collégiens qui, bien conseillés, se flattant de participer à une action humanitaire : ils apportaient quelques kg de médicaments à un dispensaire népalais, a obtenu un financement privé – chose admissible - mais également une subvention du Conseil général de son département, ce qui l’est moins. En effet, avec le montant du prix du voyage, c’est quelques centaines de kg de médicaments indiens qui auraient pu être apportés à ce dispensaire. Curieusement, ce dispensaire se trouvait sur le passage d’un des plus beaux trekkings du Népal. Je ne connais aucune mission venue apporter son aide à un village du Téraï en période de mousson.
- Nous apporterons des livres français pour une école népalaise. Les livres seront traduits sur place. No comment.
- Nous venons sceller au pied de la montagne X. une plaque commémorant la mémoire de l’himalayiste Y.
-Nous venons sceller au pied de la montagne Z. une plaque reproduisant des extraits des Droits de l’Homme.
Commentaires.
Si ces personnes financent leur voyage sur leurs propres deniers aucune objection ne peut être soulevée. Mais si ces personnes masquent un simple projet de trekking derrière une de ces actions et demandent une aide de l’état ou d’une collectivité locale, il me semble que, refusant d’être dupe, il faut leur refuser toute assistance.
Pour mémoire, l’incompétence de certains qui ne connaissent rien aux façons de faire des autochtones et se font pigeonner. J’ai longtemps été de ceux-là, il m’arrive de l’être encore.
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