SUR LES GUIDES NEPALAIS :
Mai 2008. Est reproduit l’article sur la formation des guides népalais écrit pour la revue CIMES du Groupe de haute montagne. Cet article reprend sous une forme plus cohérente le topo sur le sujet paru dans la 1° partie de ce site. Il reflète l’opinion de l’auteur et non pas obligatoirement celle de l’ensemble des membres du G.H.M. Il n’a pas été apprécié par quelques spécialistes du Népal et de l’himalayisme qui, bien qu’ils n’aient joué aucun rôle dans cette formation, savaient tout sur le sujet.
LES NEPALAIS ET L’HIMALAYISME :
Lors des premiers pas dans l’himalayisme, au Tibet et en Inde-Pakistan, le Népal étant alors interdit aux étrangers, ce furent d’anciens gurkas (fonction) qui servirent de guides-interprètes dans les marches d’approche. Les Sherpas vinrent ensuite, lorsqu’ils eurent démontré leur valeur au docteur Kellas : Chomiomo, Paun-ri…, et à Howard-Bury : tentative au Chomolungma, versant Tibétain. Ils s’imposèrent d’abord comme porteurs d’altitude, leur rôle se limitant au transport des charges sur les flancs des grands sommets. Les sahibs décidaient des itinéraires, étaient les chefs de cordée. Puis les choses évoluèrent, les attributions des Sherpas allèrent croissant. Ils devinrent sardar et prirent la direction du staff et des coolies népalais pendant la marche d’approche. Ils étendirent ensuite leur compétence aux transports et à l’intendance et enfin ils s’occupèrent des problèmes administratifs. Pourtant, rares furent ceux qui, en cours d’ascension, passèrent en tête de cordée. Aujourd’hui tout a changé, on rencontre des sherpas exerçant toute cette gamme de fonctions mais aussi celle de véritable guide de montagne. Un guide étant défini comme une personne dont la fonction est de conduire un client sur un sommet et de le ramener au camp de base. Et parmi eux sont des grimpeurs de rocher pur d’un fort bon niveau.
NOTE SUR L’UTILISATION DU MOT SHERPA :
Le mot sherpa est devenu d’usage courant pour désigner les personnes qui travaillent dans une expédition. Pourtant, aujourd’hui, ceux qui ont droit au port de ce patronyme sont relativement peu nombreux, dans les professionnels de la montagne, on trouve des membres d’autres ethnies, Gurungs, Tamangs, Raïs… Nous continuerons néanmoins à utiliser ce mot en lui refusant la majuscule lorsqu’il définit la fonction exercée.
LE TOURISME, ACTIVITE D’IMPORTANCE ESSENTIELLE POUR LE NEPAL :
Dans un pays possédant une grande variété de monuments, complexes pagodes newar, sommaires stupas-chortens, kanis, chorums… bothïas,
- dans un pays de collines modelées pour le tourisme de marche, inaccessibles aux engins mécaniques, dans lesquelles se dispersent des villages où vivent des populations accueillantes, diverses, inchangés depuis des siècles,
- dans un pays où la frontière nord, qui, développée, doit mesurer plus de 1200 km, est constituée d’une succession de pics dont quatorze sur les vingt-trois ( Dr Harka Gurung ) mesurent plus de 8000 mètres de hauteur,
- dans un pays composé d’une population globalement misérable qui n’a aucune importante industrie d’exportation, un pays sans accès à la mer et qui est, en conséquence, obligé d’importer son combustible liquide, petrol (essence), son fuel (diésel), son matitel (fuel domestique), mais aussi des produits d’alimentation tels que le riz, le sucre…, le tourisme s’élève au rang d’activité essentielle pour l’économie du pays.
Dans les années 1975, il se disait dans les milieux européens que le Népal allait être la Suisse de l’Asie. Remarque basée sur son potentiel touristique et sa capacité à servir de refuge à l’or asiatique. Les faits ont démontré que les dirigeants de ce pays n’ont pas été capables d’atteindre cet objectif. Cela est dû au lourd héritage de la période Rana qui a façonné les gens de castes, seuls dirigeants du pays, accentué leur tendance à la xénophobie, renforcé leur désir de protectionnisme, leur propension à un nationalisme pointilleux. Le démontre dans notre domaine l’aberrante politique suivie en matière de tourisme : interdiction de certaines régions ou sommets, création des permis de trekking et d’ascension. Ces limitations ou interdictions ont causé la juxtaposition de régions nouvellement enrichies et de régions restées pauvres, augmentant ainsi le désir d’une révolution inspirée par une misère profonde. Tout cela a concouru au fait que le Népal n’est pas devenu la Suisse de l’Asie, qu’il a été le siège d’une guerre civile, qu’il est resté un pays misérable dont l’équilibre économique dépend d’aides extérieures.
FORMATION DE GUIDES NEPALAIS :
Quoiqu’il en soit, la formation de guides de tourisme pour la visite des monuments urbains, d’accompagnateurs pour le tourisme de marche dans la région des collines, de guides de haute montagne pour l’ascension de pics himalayens est une nécessité première. Cet article ne concerne que la formation des guides de haute montagne.
ROLE DES OCCIDENTAUX DANS CETTE FORMATION :
Des actions de formation ont été engagées par des professionnels de pays riches fréquentant le Népal, des Occidentaux mais aussi des Japonais, des Coréens… Voici un résumé de quelques une de ces actions.
- En 1978, des Yougoslaves créent l’école de Manang. Le local est, dans ses débuts, du type bergerie, mais sa valeur symbolique est grande. Les années suivantes, des instructeurs de ce pays inculquent les premiers rudiments d’alpinisme, qu’ils nomment basic course et advenced course, à quelques stagiaires népalais. Regrettons que la Yougoslavie, pour les raisons que l’on sait, n’ait pu poursuivre pleinement ses efforts dans ce domaine de la formation. Mais les Slovènes ont pris le relais et sont toujours présents au Népal où ils continuent d’assurer non seulement la formation de professionnels mais où ils sont également actifs dans l’International Mountain Museum de Pokhara….
- En 1982, l’E.N.S.A. intervient. Notre formidable institution, unique par ses moyens, la qualité de ses locaux et de ses équipements, la compétence de ses enseignants, s’intéresse à l’éducation de guides népalais. Elle décide d’envoyer des professeurs guides à Manang. Citons les noms de Baud, Coudray, Pollet-Villard, Stolzenberg, Vion… Puis, Marc Batard ayant judicieusement fait remarquer que le Langtang était d’un accès bien plus court, Manang est abandonné et c’est dans ce vallon du Langtang que sera poursuivi l’enseignement.
- Une innovation apparaît en 1983 : trois jeunes népalais viennent suivre un stage à l’E.N.S.A.
- En 1997, cette école décide de ne plus envoyer de professeurs, ce sera aux Népalais d’assurer la formation de leurs guides. Cependant la coutume de faire venir des Népalais suivre un stage à l’E.N.S.A. se poursuivra.
- 1997. 1998. Premiers stages dans le Langtang encadrés par des instructeurs népalais, l’E.N.S.A. étant engagée au Tibet où il semble qu’elle ait parfaitement réussi sa mission.
Aujourd’hui, les Slovènes continuent d’éduquer des Népalais, des guides de l’U.S. enseignent également à Thamé dans le Khumbu. La fondation Yves Pollet Villard, créée par le célèbre guide et portant son nom, animée par l’ancien professeur guide Jean Coudray, est sur les rangs. On parle d’une école de guides à Jumbési, Solu, bénéficiant de la proximité du massif Karyolung. Citons enfin la fondation Petzl the last but not the least, qui, sous la direction du guide Patrick Magnier, a décidé de prendre sérieusement au corps ce problème de formation.
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