Les telephones mobiles



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Seconde session d’auditions, le 23 novembre 2000

Audition de Pierre BUSER

Académie des Sciences


I. Réponse aux questions posées par écrit.
            1. Pouvez-vous résumer les principales conclusions du colloque de l’Académie des Sciences sur les CEM-RF ?

Il me semble que la problématique des téléphones mobiles comporte trois volets. Le premier est celui de la mesure des grandeurs physiques : celles du champ électrique en V/m, de la puissance en W/m², de l’intensité du champ magnétique en A/m ou plus volontiers de la densité du flux magnétique en T. A ces mesures s’associe, comme élément essentiel, celle de la puissance absorbée par les tissus de l’organisme, évaluée sous le nom de débit d’absorption énergétique spécifique (en anglais SAR pour Specific Absorption Rate, et en français DAS pour Débit d’Absorption Spécifique). Cette dernière mesure est de loin la plus délicate, car elle ne peut être effectuée directement et nécessite soit des capteurs intratissulaires soit doit être modélisée ; elle s’exprime généralement en W/kg de tissu exposé (corps entier ou 10g ou même 1g de tissu, c’est selon). Ces évaluations dosimétriques sont essentielles puisque elles seules nous permettent de connaître aussi objectivement que possible la fraction des RF qui agira sur l’organisme à partir d’une source en proximité immédiate.

Le deuxième volet est né avec l’inquiétude du public et certaines plaintes des utilisateurs. Les rayonnements, même non ionisants, ont depuis longtemps été l’objet de craintes quant à leurs effets sanitaires éventuels, mais les mobiles ont réactivé cette vieille peur parfois un peu oubliée. D’autant que, outre des cas isolés de tumeurs attribuées à leur effet, des signes cliniques subjectifs étaient rapportés ici ou là : céphalées, étourdissements, modifications du sommeil etc. Ces symptômes ont suscité dans un certain nombre de pays européens des recherches systématiques, entreprises soit sur l’homme, soit sur l’animal. En France, elles ont pris la forme d’un programme de recherches intitulé COMOBIO lancé à l’initiative du RNRT, et financé par des fonds en partie publics, en partie privés.

Le troisième volet est plus sociologique et concerne très systématiquement l’aspect « panique et risque ». Il existe indubitablement, pour l’usage du téléphone mobile comme pour tant d’autres situations à risque, une composante humaine et sociale qu’il importe de ne pas négliger.
Le colloque que nous avons organisé à l’Académie des Sciences a été bâti sur ces trois thématiques. Le rapport écrit qui en résulte reflète bien ces trois volets. Le premier chapitre est consacré à la dosimétrie. Un deuxième traite des observations sur l’homme, hors épidémiologie, et un troisième, des études sur l’animal et in vitro. Le chapitre suivant traite plus particulièrement de l’épidémiologie, et presque exclusivement du cancer. Une cinquième partie est plus spéculative, portant sur l’évolution du contexte technologique. Enfin, un dernier chapitre est consacré à la gestion des éventuelles alertes, où quatre sociologues nous ont exposé leurs visions de la gestion des risques et dangers potentiels.

Que pourrait-on, à mon sens, retenir en bref de ce Colloque ? Mes remarques concerneront principalement la dosimétrie, puis les observations effectuées chez l’homme et celles réalisées chez l’animal.

En ce qui concerne la dosimétrie, nous avons entendu trois exposés qui nous ont apporté une abondance de données précises. En nous montrant que les mesures de DAS (qui ne sont pas aisées, nous l’avons dit), sont très avancées mais qu’il reste encore beaucoup à faire, en exploitant davantage les modèles. Des fantômes ont été construits, des sondes aussi précises que possible sont utilisées. Mais une certaine marge d’hésitation perdure en ce qui concerne les valeurs acceptables pour cette absorption énergétique spécifique. Les scientifiques se basent sur le fait que le téléphone ne fonctionne pas toujours à pleine énergie. Le GSM de 900 MHz fournit une puissance crête de 2 W à 900 MHz et 1 W à 1800 MHz. Or, il est reconnu qu’en milieu urbain en particulier, les valeurs du dixième de cette puissance maximale ne sont en général pas dépassées. Ces valeurs se situent nettement en dessous des seuils considérés comme limites acceptables par les divers organismes qui ont édicté des régulations, c’est-à-dire l’ICNIRP (international), le CENELEC pour la Communauté européenne, le NRPB pour la Grande-Bretagne, et l’IEEE-ANSI et le FCC pour les Etats Unis. Ces études sont très importantes car elles mettent l’accent sur la nécessité de revoir une partie des premières études entreprises chez l’animal ou chez l’homme, qui souvent étaient restées trop imprécises concernant la dosimétrie. Ajoutons que ces doses restent bien entendu toujours inférieures à celles suscitant des effets thermiques.

Notons à ce propos que la quasi-totalité du rapport de l’Académie est consacrée aux téléphones eux-mêmes, c’est-à-dire aux antennes placées contre l’oreille. Il ne traite pratiquement pas des stations de base, qui sont considérées comme ne présentant pas de risque majeur. Cela dit, il convient de prendre néanmoins en compte les craintes maintes fois exprimées par le public devant le développement de ces antennes fixes. Il s’agit là d’un phénomène complexe de peur du risque malgré les garanties objectives apportées, et à la discussion duquel les sociologues auront pu amplement contribuer. On peut également retenir du rapport que les discussions sur les valeurs seuils tolérables ne sont pas achevées, que d’autres révisions à la baisse ne sont pas exclues, si l’on mesure en particulier les initiatives de baisses de valeurs liminaires en Italie et en Suisse (respectivement 2 et 6V/m contre 40 à 60 V/m selon les actuelles recommandations européennes et internationales).

2. Quels symptômes peut-on explorer par des études expérimentales, in vivo ou en clinique chez les volontaires, comment peut-on étudier le déclenchement de céphalées, de fatigue excessive, d’insomnies… en lien avec l’exposition aux CEM-RF ?

Concernant les observations chez l’homme, j’évoquerai tout d’abord les études sur le cancer. Je n’en parlerai pas d’avantage sinon pour rappeler que le projet du Centre International de Recherche contre le Cancer (CIRC) que dirige Madame Cardis ne prend pas seulement en compte les tumeurs cérébrales mais également les neurinomes de l’acoustique et les tumeurs de la glande parotide, ainsi que les leucémies (ce que ne font pas nécessairement toute les autres études de carcinologie). S’il existe actuellement beaucoup de résultats pour l’essentiel négatifs dans ce domaine, il n’en reste pas moins que ces investigations doivent se poursuivre.

D’autres enquêtes ont porté sur analyses épidémiologiques d’effets peut-être moins dramatiques. Ainsi une étude scandinave, qui a fait appel à un protocole apparemment très sérieux, a mis en évidence une abondance de céphalées lors de l’utilisation prolongée de téléphone mobiles. Etude à suivre, ici encore…

Quant aux analyses expérimentales chez l’homme, certaines ont porté sur le sommeil. Elles ont signalé des raccourcissements de la latence d’endormissement ou des réductions de la durée du sommeil paradoxal. Ces études sur le sommeil, qui demandent un soin énorme (éviter les effets du premier jour ou certaines réactions de « stress ») sont sans nul doute intéressantes. Je ne dirai pas grand chose en revanche des analyses électroencéphalographiques. Les logiciels actuels permettent aisément d’observer des modifications de la puissance spectrale mais il s’agit là d’une phénoménologie qui n’a à mes yeux pas une grande valeur explicative. D’autres recherches en revanche, de psychologie expérimentale, ont montré que sous l’effet des GSM, le temps de réaction de choix diminue (alors que le temps de réaction simple ne se modifie pas) ; j’ignore cependant quelle signification donner à cette observation. Il est notable ensuite qu’une recherche sur les potentiels évoqués auditifs chez l’homme (dont l’examen détaillé permet de suivre d’éventuelles modifications de latence et donc d’altérations de la voie auditive), n’ait donné aucun résultat positif. Autre résultat observé chez l’homme mais remis en cause; il s’agit d’effets cardio-vasculaires (modification de la pression artérielle) constatés par un chercheur, mais critiqués car peu précis quant à la dosimétrie. On retient enfin que les céphalées, signalées chez l’homme, font actuellement l’objet de recherches sur un modèle animal dans le cadre du projet COMOBIO.

II. Discussion avec le groupe d’experts

Q : La leçon que vous retirez des observations chez l’homme est que le travail n’est pas terminé. Interprétez-vous ceci comme une manifestation du légitime, et habituel souci professionnel de toujours poursuivre les recherches, ou comme le témoignage d’une crainte des chercheurs ?

R : Il me semble que les deux interprétations sont valables. La critique est souvent aisée. Les recherches sur l’homme et sur l’animal sont, pour des raisons différentes, très difficiles. Chez l’homme, le danger est permanent, qu’il s’agisse d’un effet bien différent de celui, direct, du téléphone mobile. La presse ne fait à cet égard pas nécessairement la différence. Il est pourtant impossible d’occulter le phénomène sociologique (crainte du risque) et d’éliminer un « stress » que cette crainte peut éventuellement engendrer. Les cliniciens connaissent bien les affections psychosomatiques de toute espèce. Celles-ci ne doivent pas être oubliées. Chez l’animal, le stress existe également. Cela dit, je suis étonné que les travaux sur ce sujet soient effectués principalement sur les rongeurs. Ces derniers sont quand même très éloignés de l’homme. Je regrette qu’il n’existe quasiment aucune expérience sur le singe.


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