2.Cadre socioéconomique
L’analyse socio-économique de la zone du projet (Région de Dakar) est intégrée à l’analyse de l’état initial pour donner une vue de la situation socio-économique des zones cibles du PAQPUD. Ces dernières (Ville de Dakar et son hinterland immédiat constitué des villes de Pikine, de Guediawaye et de Rufisque) se particularisent des autres villes du pays par des phénomènes majeurs issus du processus d’urbanisation, de la massivité de la demande en infrastructures de base et services.
a. Caractéristiques de la population
Démographie
L’agglomération dakaroise couvre pratiquement toute la presqu’île de Dakar avec une population estimée à prés de 2 231 356 d’habitants, soit 22% de la population totale du pays, avec une densité moyenne de 4 147 habitants au km2. La Région de Dakar occupe une superficie totale de 550 km2 (soit 0,3% du territoire nationale) et regroupe plus de 54 % de la population urbaine du pays, avec des proportions relativement plus élevées dans la banlieue (Pikine-Guédiawaye). Le tableau 4 montre une nette variation des densités d’un département à l’autre.
Tableau 4 Répartition de la population de la région de Dakar par département
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Dakar
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Guédiawaye
|
Pikine
|
Rufisque
|
Population (habitants)
|
955 897
|
258 370
|
768 826
|
248 263
|
Ménages (n)
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143 165
|
33 062
|
94 442
|
31 882
|
Densité (hab. / km2)
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12 146
|
20 029
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8 868
|
765
|
Source : Direction de la Prévision et de la Statistique, Recensement Général de la population et de l’habitat, Décembre 2002
Caractéristiques des ménages
Les données disponibles au niveau des ménages révèlent des tailles moyennes relativement importantes dans la région de Dakar (Cf. tableau 5). Le tableau 5 renseigne de l’importance de la taille moyenne des ménages dans les certains zones cible du PAQPUD.
Tableau 5 Taille moyenne des ménages dans les départements de la région de Dakar
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Dakar
|
Guédiawaye
|
Pikine
|
Rufisque
|
Population (habitants)
|
955 897
|
258 370
|
768 826
|
248 263
|
Ménages (n)
|
143 165
|
33 062
|
94 442
|
31 882
|
Taille des ménages (pers. /mén.))
|
6,7
|
7,8
|
8,1
|
8,8
|
Source : Direction de la Prévision et de la Statistique, Recensement Général de la population et de l’habitat, Décembre 2002
Composition ethnique
La région de Dakar est très représentative de la diversité ethnique du pays. Originellement occupée par les Wolofs (27%) suivis des Lébous (7%) qui constituent les ethnies majoritaires, Dakar regroupe les Peuls, les Toucouleurs, les Sarakolés, les Séréres, etc.
Flux migratoires
L’importance économique, politique et culturelle de la ville de Dakar se lit dans les traits d’une forte concentration des mouvements migratoires. En effet, la région de Dakar se développe sous les effets combinés de son propre accroissement naturel et de l’exode rural. Ceci pose avec acuité la disponibilité de surfaces urbanisables qui puissent contenir ce flux.
b. Urbanisation et occupation foncière
Les effets conjugués de l’accroissement naturel de la population dakaroise, des activités socioéconomiques et des flux migratoires justifient, dans une large mesure, l’extension spatiale rapide de l’agglomération dakaroise. Le degré d’urbanisation de la région de Dakar est jugé élevé. Les superficies quasi urbanisées (tableau 6) représentent 96,6% de l’espace régional.
Tableau 6 Répartition spatiale des départements de la région de Dakar
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Dakar
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Guédiawaye
|
Pikine
|
Rufisque
|
Superficie (km2)
|
78,7
|
12,9
|
86,7
|
371,7
|
Pourcentage par rapport à la région
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14,3
|
2,3
|
15,8
|
67,6
|
Source : Direction de la Prévision et de la Statistique, Recensement Général de la population et de l’habitat, Décembre 2002
Le problème foncier est caractérisé par l’avancée du front urbain aux dépens des dunes, des zones maraîchères et des dépressions qui deviennent le réceptacle des habitations spontanées. Ainsi, on assiste à une quasi-saturation de la zone habitable dans la zone adossée à l’Océan Atlantique. L’occupation des zones inondables illustre bien les problèmes d’urbanisme auxquels la région est confrontée. Cet état de fait pose aujourd’hui la problématique de l’intégration de certains quartiers dans le tissu urbain, ce qui suppose la disponibilité d’une réserve foncière suffisante alors que les périmètres communaux sont quasiment occupés.
Au demeurant, l’évolution de la ville de Dakar est accompagnée de difficultés d’accès à la propriété foncière et aux équipements pour certaines populations de l’agglomération urbaine : coût assez élevé du logement, statut juridique du sol parfois flou ou incertain pour les occupants, faiblesse voire l’inexistence d’équipements collectifs, etc. Ce phénomène explique, dans une certaine mesure, la situation précaire de l’occupation de certaines parties de la banlieue dakaroise où les populations ne parviennent pas à supporter le coût de l’accès au sol et aux infrastructures.L’aggravation des disparités d’accès aux services sociaux de base s’explique davantage par l’accentuation des habitations spontanées au niveau desquelles subsistent de graves problèmes d’hygiène et de santé publique
c. Equipements et services environnementaux
Eau potable
La région de Dakar est raccordée sur le réseau de distribution d’eau de la SDE alimenté par le captage des aquifères et des eaux de surface. La région de Dakar est la mieux pourvue en AEP du fait du taux d'accès à l'eau potable (tableau 7) qui y a connu des progrès sensibles. Cet état de fait dénote des résultats des programmes sociaux initiés par la SONES, notamment les branchements sociaux qui ont permis de baisser considérablement les coûts de connexion au réseau.
Du point de vue des branchements, des écarts sont notés entre la région de Dakar qui enregistre 75,7% en 2004 et les autres centres urbains où seulement 57,1% sont connectés en 2004. Même à Dakar, des disparités sont notées entre les zones comme l’atteste le tableau 7 qui renseigne sur la situation de l’approvisionnement en eau dans la région de Dakar.
Tableau 7 Situation de l’approvisionnement en eau dans la région de Dakar
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Dakar
|
Guédiawaye
|
Pikine
|
Rufisque
|
Année
|
2005
|
2006
|
2005
|
2006
|
2005
|
2006
|
2005
|
2006
|
Population (habts)
|
955 897
|
955 897
|
258 370
|
258 370
|
768 826
|
768 826
|
248 263
|
248 263
|
Ménages (n)
|
143 165
|
143 165
|
33 062
|
33 062
|
94 442
|
94 442
|
31 882
|
31 882
|
Branchements (n)
|
103 982
|
103 982
|
29 205
|
29 205
|
46 609
|
46 609
|
27 157
|
27 157
|
Bornes fontaines (n)
|
605
|
617
|
360
|
394
|
825
|
902
|
735
|
873
|
Source : SDE, Décembre 2006 / DPS, Décembre 2002
Globalement, ces branchements traduisent l’importance des volumes d’eau consommés dans la région de Dakar (tableau 8), d’où les efforts consentis pour prendre en charge les rejets à travers les différents programmes d’assainissement.
Tableau 8 Consommation en eau dans la région de Dakar en 2005
Département
|
Prises facturées
|
Volumes consommés
(Milliers m3)
|
Dakar
|
103 991
|
33 909
|
Guédiawaye
|
29 205
|
5 141
|
Pikine
|
46 609
|
10 257
|
Rufisque
|
27 157
|
7 369
|
Total
|
206 962
|
56 676
|
Nota : Pour les bornes-fontaines et branchements individuels (Source : SDE, Décembre 2006)
Assainissement
L’évacuation des eaux usées et la collecte des ordures constituent des éléments vitaux pour une vie saine en milieu urbain. La gestion des déchets humains est un problème récurrent et croissant auquel sont confrontées les autorités nationales, municipales voire même supérieures. Le taux d'accès à l’assainissement au niveau de la région de Dakar a connu une progression relativement substantielle, où 64% des ménages disposaient d'un système adéquat d'assainissement, dont 25% par assainissement collectif et 39% par assainissement autonome ou semi collectif. La situation de l’assainissement (tableau 9) indique la proportion de ménages non encore connectée à un système d’assainissement.
Tableau 9 Bilan de la situation de l’assainissement dans la région de Dakar
|
Dakar
|
Guédiawaye
|
Pikine
|
Rufisque
|
Ménages (n)
|
143 165
|
33 062
|
94 442
|
31 882
|
Branchements (n)
|
71 820
|
-
|
-
|
2 800
|
Systèmes autonomes (n)
|
6 015
|
7 654
|
28 971
|
8 206
|
Sources : ONAS (données de 2005-2006)
Globalement, la situation de l’assainissement dans la région de Dakar laisse apparaître quelques particularités :
-
au niveau du centre-ville de Dakar, les eaux pluviales sont évacuées vers la mer ou dans des caniveaux à ciel ouvert au moyen d’un réseau d’égouts qui dessert tout le plateau et draine les eaux usées de la Médina, de Grand Dakar et des SICAP-HLM ;
-
dans la zone industrielle de Hann, la prise en charge des eaux usées et eaux pluviales est assurée par le Canal IV qui draine ces eaux vers la baie de Hann ;
-
au niveau des zones de Pikine Dagoudane, l’assainissement demeure problématique du fait du vieillissement et du sous dimensionnement de la station des Niayes qui compte un maillon important du système d’assainissement dans cette zone ;
-
le département de Guédiawaye ne dispose pas encore de réseau d’assainissement à l’exception des cités HLM et d’une partie des Parcelles Assainies ;
-
la zone de Rufisque est le secteur le plus problématique en matière d’assainissement. Au-delà des contraintes liées à la nature des sols (marno argileux), la majeure partie des quartiers à desservir sont implantés dans des points bas où la nappe affleure et se situe au dessous du niveau de la mer ;
-
la zone de Bargny et Sébikhotane ne dispose pas encore de système d’assainissement collectif. L’assainissement dans ce secteur est de type autonome.
Gestion des ordures ménagères
Au niveau de la région de Dakar, les différents systèmes de gestion des ordures identifiés sont les suivants : une collecte en régie domiciliaire (effectuée par un camion benne ou un tracteur avec caisson qui procède au ramassage des ordures dans les quartiers accessibles) ou groupée (avec des bacs à ordures placés généralement dans les villes) ; une collecte privée effectuée de façon formelle (sociétés privées, GIE) ou de façon informelle (par des charretiers) ; un rejet direct des ordures dans les décharges sauvages notamment pour les quartiers périphériques. La collecte des ordures ménagères constitue également une préoccupation majeure des autorités municipales de la région. La gestion des ordures ménagères souffre à la fois de l’inadaptabilité du système de gestion et du comportement des populations.
d. La pauvreté urbaine
La région de Dakar abrite 50 % des pauvres urbains du Sénégal. La pauvreté y affiche des formes très structurées, avec le taux élevé de la mendicité et des enfants de la rue. Le taux de pauvreté est inférieur au taux moyen national de pauvreté (58%) avec 20% des pauvres3. Les conditions de vie et de logement dans les quartiers périphériques sont précaires, confortées par la pénurie d’emplois et les déguerpissements. La prévalence de la pauvreté a diminué bien qu’elle demeure élevée. La baisse de la pauvreté est plus significative à Dakar (32,9%) que dans les autres villes (30,8%).
Les conditions de logement des populations pauvres sont d’abord liées au statut juridique du sol. Celui-ci paraît d’autant plus contraignant qu’il exclut les pauvres dans le processus d’appropriation. Ce faisant, les pauvres se satisfont de parcelles non loties, insalubres, polluées et occupées avec l’insigne empreinte de la promiscuité. Ils prennent le risque d’une occupation irrégulière qui influe sur la régularité des constructions ; ainsi se dessine un habitat irrégulier que les pouvoirs publics ne sont pas enclins à favoriser au vu de leur situation juridique, au point de les ignorer dans leurs investissements édilitaires : assainissement, voirie, électricité. Ceci finit par influer sur leur cadre de vie et sur leur santé.
La pauvreté urbaine se mesure aussi en termes d’accès à l’eau potable, de sécurité des biens et des personnes, d’accès à des sites aménagés, etc. Les eaux usées sont souvent récupérées pour l’alimentation, la vaisselle, l’agriculture urbaine, les déchets ne sont pas enlevés régulièrement, s’ils ne sont pas abandonnés dans des terrains vagues, des décharges sauvages ou non contrôlées devenant favorables au péril fécal. Le déficit ou la mauvaise qualité des eaux est le principal des maladies mortelles.
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