Avant d’aborder les comportements temporels étudiés dans le domaine des sciences de gestion, il semble nécessaire de donner un aperçu des questions portant sur la notion et sur la structure du temps.
Selon l’analyse que fait Bergadàa (1988 [6], 1990 [8]) des différentes approches philosophiques du temps (Bergson [10], Bachelard [3] ou Merleau-Ponty [45]), on peut conclure à une approche du temps caractérisée par la durée, des instants et la succession du passé au présent et au futur. Concernant la structure du temps, de nombreuses recherches ont proposé une décomposition du concept du temps en deux composantes : le temps individuel et le temps social. Selon Kaufman et Lane (1990, [39]), un individu a une perception subjective du temps (le temps individuel) mais cette perception est également en interaction avec les autres tels que la famille, les organisations et le modèle culturel (le temps social). Cette distinction ressemble à celle proposée par Bergadàa (1990, [8]) entre le temps environnemental et le temps individuel. Selon cet auteur, le temps individuel comporte les buts et les motivations de l’individu, tandis que le temps social est l’effet de la famille et d’autres organisations sociales sur sa perception temporelle, et donc sur son action. La distinction entre ces deux composantes de la perception temporelle se manifeste assez clairement chez les individus, précisée par Cotte et Ratneshwar (1998, [17]), à travers des expressions telles que « le temps pour moi » ou « le temps pour/avec les autres ». Hirschman (1987, [36]), quant à lui, distingue le temps intrinsèque (temps réservé aux activités personnelles) du temps extrinsèque (temps réservé aux activités sociales obligatoires). Ces deux composantes existent conjointement et s’influencent réciproquement chez l’individu. Il existe pourtant des différences significatives entre de différentes cultures concernant la priorité du temps individuel ou du temps social dans le comportement des individus (Manrai et Manrai 1995, [40]).