Sommair e séance plénière du 17 octobre 2013 Page



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M. le Président - Merci, Madame QUÉRITÉ.
Madame CANETTE a la parole.

Mme CANETTE - Merci, Monsieur le Président.
Chers collègues, les lycées ont vocation à évoluer et cela m’ennuie un peu que l’on ressorte une définition de 1835. Depuis leur création en 1802, ils ont grandement évolué. À l’époque que vous citiez, ces lycées n’étaient pas encore ouverts aux filles. Ce n’est qu’en 1880 que cela s’est produit pour les « former ». Cela a d’ailleurs rencontré de grandes oppositions, certains conservateurs expliquant qu’il était très embêtant de former des « femmes libres-penseurs ».
De nos jours, on dirait « libre-penseuses ».
Si je suis là aujourd’hui, c’est grâce au lycée. Je suis devenue une femme « libre-penseuse » et je ne suis pas toute seule dans cet hémicycle. Je m’en réjouis. C’est parce que les lycées ont réussi à évoluer et continuent à le faire. Nous sommes sur un nouvel acte de cette évolution et je veux la saluer.
Ils ont su évoluer, je l’ai dit, en 1880. Il a quand même fallu attendre 1925 pour que les mêmes enseignements soient prévus pour les hommes et pour les femmes. Cela a rencontré quelques résistances, mais quand on sait être patient et combatif, on y arrive et c’est bien ce que nous allons faire.
Les lycées ont évolué aussi sous la poussée de la décentralisation. Ils ont connu une nouvelle étape que tous saluent, je crois. Tant la communauté éducative que les lycéens ou les parents peuvent saluer la manière dont les lycées évoluent, maintenant accompagnés par la Région. Cela a été rappelé, c’est un budget important. Nous avons opéré le choix d’en faire des lieux de qualité.
Aujourd’hui, nous faisons le choix de faire en sorte qu’ils puissent aussi répondre aux enjeux de territorialisation de nos politiques, tels que nous les avons posés dans le Schéma régional d’aménagement et de développement durable du territoire parce que c’est bien de cela dont il s’agit. C’est en pleine résonance avec cette approche.
Je veux saluer la persévérance de la Vice-présidente en charge des lycées et de vous-même, Monsieur le Président, pour porter ce nouveau dispositif. Je me souviens que nous avons déjà eu des débats autour de la place des lycées dans cette société et dans son territoire. Je me souviens des inquiétudes que pouvait susciter ce que certains appelaient même une « ouverture aux quatre vents » des lycées ou alors le fait que les lycées sortiraient de leur rôle. Or, ils ont pour rôle d’accompagner les plus jeunes dans leur construction, d’en faire des libres-penseurs et des libre-penseuses, des individus émancipés mais qui s’inscrivent dans la vie, dans le monde et dans la société tels qu’ils sont aujourd’hui. La question de la territorialisation est absolument centrale.
Il ne s’agit pas de faire un lycée « ouvert aux quatre vents ». Même si le mot rencontre aujourd’hui, au regard de l’actualité, une connotation un peu particulière, il ne s’agit pas de faire en sorte que le lycée soit un « sanctuaire » autour duquel on ne puisse pas intervenir, même si, avec ce qu’il s’est passé, je ne suis pas totalement insensible à l’idée de sanctuarisation de certains aspects.
Dans ce dispositif, dans l’expérimentation qui a été menée et la proposition d’élargissement, je vois une grande cohérence avec le SRADDT et quelques similitudes avec les PACT, les projets artistiques et culturels de territoire. Comme nous avions cherché à le faire à travers ceux-ci, il s’agit de mettre en mouvement un territoire à partir d’un projet porté par les acteurs locaux et de favoriser les coopérations. À l’instar des PACT, cela débouche sur des actions extrêmement concrètes, cela suppose un repérage des acteurs locaux et de faire émerger des orientations stratégiques qu’ils partagent. Cela suppose parfois, pour qu’il y ait cette émergence, un accompagnement ou une intervention extérieure qui agit comme un catalyseur extrêmement intéressant pour un projet de territoire ; c’est ce que l’on appelle les contrats d’émergence et de développement dans les PACT et ce qui s’appelle la phase d’élaboration du protocole dans les projets CiT’Lycées.
À l’instar des PACT, il s’agira d’un développement progressif dans le territoire régional. D’ailleurs, pour ceux-ci, il y a l’idée d’un pilotage général par les politiques pour voir de quelle manière on avance sur le territoire. Il faudra peut-être venir à cette idée, même si l’ambition n’est pas forcément le fait de couvrir tous les territoires tout de suite et comme un objectif à atteindre absolument. Il faudra s’appuyer sur les initiatives et les énergies locales pour faire là où ce sera possible.
Je me dis que c’est le même ADN qui a généré CiT’Lycées et les PACT : en l’occurrence, c’est le SRADDT !
Il est donc question de mise en réseau, de mise en mouvement, de dépasser les isolements, les fonctionnements en tuyau d’orgue, tant sur les territoires que dans notre institution, de ne pas rester isolé. Il est question de la fonction même de l’éducation, comme il était question de la fonction même de la culture : émanciper les individus, construire les conditions d’un vivre-ensemble.
Il me semble logique que l’on ait eu cette approche d’abord sur la culture et sur les lycées, mais « ID en Campagne » a aussi cette idée.
Il s’agit de quitter une approche purement sectorielle pour adapter nos modes d’action politique à une transformation de fond de notre société, une sorte d’écosystémisation dans laquelle les individus, les organisations, les acteurs ont paradoxalement d’autant plus besoin de mise en réseau que les transformations sociétales les atomisent et les éloignent les uns et des autres. C’est à cet enjeu que répond CiT’Lycées, c’est à ce besoin aussi de démonstration et d’acculturation pour nos jeunes que répond ce dispositif.
L’idée est un peu de dire : « Vous êtes des lycéens mais vous êtes citoyens de votre territoire. La structure dans laquelle vous apprenez à être des citoyens ne peut pas tourner seule et sur elle-même. Elle doit s’inscrire dans son territoire, en être un acteur. Comme vous devrez le faire demain, votre lycée le fait dès aujourd’hui : entrer en collaboration durable avec les autres, partager des visions, bâtir des projets, bref, être pleinement acteurs de ces territoires. » Finalement, il est question d’intelligence collective, on pourrait dire d’intelligence territoriale, et d’être citoyen du monde dans son territoire.
Je vois une certaine identité avec les PACT. Je veux en profiter pour rappeler leur succès. Une partie non négligeable du territoire est couverte ; cela représente à peu près 60 % de la population qui est touchée par ces territoires mis en mouvement auprès d’un projet culturel.
Je suis certaine qu’au bout du compte, nous aurons le même succès pour CiT’Lycées. On rencontre pour le moment quelques craintes ou quelques inquiétudes, mais il y en avait aussi sur les projets artistiques et culturels de territoires. Or, à présent, les gens se bousculent pour que nous les accompagnions pour faire émerger ces projets.
Je pense que ce sera pareil pour CiT’Lycées.
C’est avec un grand optimisme que je vais voter à la fois les termes des protocoles proposés et l’élargissement de la démarche.
Je veux féliciter la Vice-présidente en charge des lycées pour ce beau dispositif.
(Applaudissements)


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