Le développement des TICE n’a de sens que s’il est mis à profit pour éviter l’exclusion des publics les plus fragiles qui sont aussi les plus éloignés de l’usage de ces outils. Cet enjeu rejoint ceux de l’accès à la qualification et de la prévention du décrochage. La capacité à utiliser des outils numériques est aujourd’hui indispensable pour prévenir tout risque de fracture sociale.
En effet, « si la fracture relative à l’équipement tend à diminuer, la fracture liée à l’utilisation, soit la « fracture cognitive » ne s’atténue pas. Si 74% des Français sont équipés en ordinateur, seul 53% se disent « compétents » en la matière »14.
« Si tout le monde possédait un ordinateur portable personnel ainsi qu'un accès gratuit à Internet avec des structures fiables, cela ne suffirait pas : la technologie ne peut aider à rendre plus savantes des personnes illettrées ou sans savoir-faire » (Bowie 2000).
La formation aux outils et aussi la formation aux usages est donc un enjeu essentiel.
I.1Former aux outils
Or, il ressort des travaux menés par M@rsouin que « les compétences exigées lors du C2I15 sont loin d’être partagées par la population des 15 ans et plus. Seules des activités comme rechercher de l’information et échanger/communiquer à distance, qui ne demandent pas trop au niveau de l’appropriation, sont déclarées être maîtrisées par plus des trois quarts des internautes. En revanche, quand il s’agit de réaliser des documents destinés à être imprimés, réaliser la présentation de ses travaux en présentiel et en ligne - qui demandent de sortir des procédures, de transformer un savoir en savoir-faire, voire même en « savoir, comprendre et s’adapter » -, plus d’un internaute sur deux serait incompétent ».
La maîtrise des techniques usuelles des TIC constitue aujourd’hui une compétence-clé sans laquelle les individus se trouvent de plus en plus en situation d’exclusion dans une société où le développement des usages touche l’ensemble des champs de l’activité humaine.
La maîtrise d’Internet permet notamment d’engager des démarches administratives, de mener des actions de recherche d’emploi, d’appréhender l’accès à la formation…
Les recommandations européennes visent à développer les compétences-clés pour l’éducation et la formation tout au long de la vie. Les bases de la culture numérique s’acquièrent dans le dispositif « compétences clés », mis en œuvre en 2010. Ce dispositif devrait intégrer plus fortement la certification des compétences numériques, en amont d’un parcours de formation pré qualifiante ou qualifiante.
Les Visa Internet Bretagne
Les dispositifs « classiques » de la formation continue ne sont pas nécessairement adaptés pour répondre aux questions liées aux fractures sociales ou générationnelles dans l’accès aux TIC. Tous les publics concernés par les phénomènes d’exclusion aux TIC ne sont pas, ou ne souhaitent pas entrer, dans un parcours de formation en tant que tel.
Le Visa Internet Bretagne permet à chacun d’utiliser Internet. L’obtention du Visa Internet est une première étape de la prise de confiance en soi face à l’outil informatique.
Il s'agit d'un dispositif de formation individualisé, appuyé sur un réseau d'organismes de formation agréés. Les « Visas Internet Bretagne » sont disponibles à distance à partir du réseau des points d’accès à la téléformation (P@t) via le portail SKODEN, ils permettent d'acquérir la pratique de l'Internet, près de chez soi et à des temps choisis.
Le Visa Internet Bretagne comprend un chèque régional d'un montant fixe unitaire de 100 €, attribué dans le cadre d'un suivi individualisé, pour des actions de formation. Ces chèques sont disponibles une fois, pour tout résidant breton majeur, sans autre pré-requis. Un millier de Visa Internet Bretagne sont attribués chaque année.
I.2Former aux usages des TIC
Il ressort des études faites au niveau national ou régional que même les populations les plus jeunes traditionnellement identifiées comme « digital natives » (nées avec le numérique) donc habiles dans l’utilisation de l’outil ne sont pas pour autant totalement formées à l’usage des TIC. « L’ordinateur et Internet apparaissent beaucoup plus comme une plate-forme d’accès multimédia aux loisirs, à la communication, à des contenus distractifs que comme un outil de travail indispensable pour les étudiants »16.
En effet, l’usage par les jeunes des nouvelles technologies est souvent plus orienté vers l’univers du jeu et des loisirs que vers celui du savoir, de la connaissance, de l’apprentissage et du lien au monde.
Il convient donc d’accompagner ce développement notamment auprès des publics les plus jeunes. En effet, la multiplication des sources d’information nécessite une sensibilisation à l’analyse critique, la fiabilisation des sources et la mise en relation des savoirs. En outre l’encadrement des usages et l’existence de chartes des usages sont indispensables pour éviter le développement de pratiques non librement acceptées et choisies.
La Région n’a pas nécessairement de leviers directs sur ces enjeux de formations aux usages qui relèvent en grande partie des choix pédagogiques qui devront être portés par les acteurs de la formation. Il ne s’agit pas ici uniquement d’informer les jeunes sur les pratiques illégales mais bien plus largement de leur permettre de devenir les acteurs responsables d’un monde dont ils ne maîtrisent pas encore toutes les composantes.
Afin d’accompagner ces démarches, la Région souhaite engager plusieurs actions notamment par la mise à disposition d’outils favorisant le développement d’une véritable pratique citoyenne du « net ».
I.2.1Développement des logiciels libres
Afin de faciliter le développement des usages et les pratiques collaboratives de partage et d’échange la Région apporte son soutien au développement des logiciels libres notamment par l’équipement de l’ensemble des ordinateurs mis à disposition des lycées avec une offre logicielle complète libre.
Une étude a été engagée sur les freins et les facteurs de succès de l'usage des logiciels libres avec une équipe de chercheurs du Centre de Recherches sur l’Education les Apprentissages et la Didactique (CREAD) de l’université de Rennes 2 afin d’étudier la méthode de diffusion retenue, l’impact de cette opération sur la connaissance des logiciels libres, les pratiques des usagers et la connaissance du libre dans l’entourage des lycéens. Sur la base de cette expérimentation, de nouvelles modalités de diffusion de logiciels libres auprès des élèves pourront être mise en oeuvre en complément des actions menées par le rectorat.
I.2.2E-portefolio
Le numérique peut être particulièrement adapté à des démarches d’individualisation des parcours de formation, de valorisation des compétences ou d’intégration ou de réintégration dans le monde du travail. Il facilite notamment l’ensemble des problématiques de suivis, de stockage et de partage d’information. Tout un ensemble d’outils « privés » existent, de la « page FaceBook » aux réseaux sociaux plus professionnels tel que Viadeo… Ils ne sont cependant pas nécessairement adaptés à ces démarches particulières et n’assurent pas toujours la protection des données individuelles (et le droit à l’oubli).
La Région souhaite donc engager un dispositif expérimental d’e-portfolio (ou « portefeuille numérique » des compétences) visant à stocker sur un support numérique les informations personnelles qui présentent les parcours de formation initiaux et continus suivis, ainsi que les expériences professionnelles. Cette expérimentation sera menée dans un premier temps auprès de 1000 personnes, dans l’objectif d’accompagner les bretons dans la construction de leur parcours, dans une optique de sécurisation des parcours professionnels.
Il s’agit d’un outil individuel qui permet à chacun de jouer un rôle actif dans son orientation et son parcours de formation et d’acquisition de compétences tout au long de la vie.
I.2.3L’espace numérique de la connaissance
L’accès aux TIC n’implique pas nécessairement l’accès aux connaissances. Ainsi, de nombreuses ressources sont disponibles sur internet, mais il n’est pas toujours aisé d’y avoir accès. Si des outils tels que les moteurs de recherches (Google, Bing, Yahoo,…) sont communément utilisés, ils ne donnent qu’une vue partielle et souvent commerciale de ce qui existe.
La Région Bretagne aux travers de ses actions est source de nombreuses connaissances : inventaire du patrimoine, bibliothèque numérique, média blogs, Wiki de territoires… Elle accompagne en outre la numérisation de nombreux contenus. Cependant, ces connaissances sont peu repérables au milieu de toutes les autres données relatives à la Bretagne.
L’accès aux savoirs et l’aide à la création des connaissances issues notamment des pratiques collaboratives devient donc une priorité pour la Région Bretagne. Pour ce faire, le projet d’Espace Numérique de la Connaissance et des Savoirs, a pour vocation de devenir la vitrine des TICE, de la connaissance, des savoirs, de la création et de la culture.
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