Thèse pour l’obtention du diplôme de Docteur de l’Université Paris VII spécialité : Géographie



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2 Types d’activités.


Les activités économiques périurbaines sont diverses. Dans un premier temps, il s’agira d’évoquer et d’ordonner cette diversité, en identifiant et classant l’ensemble des activités relevées lors du travail d’enquête. Ne seront ici abordées que celles qui s’inscrivent dans cette relation spécifique au territoire qui vient d’être évoquée ; elles font écho à des pratiques personnelles multi-territorialisées, se positionnant entre pratique de la mobilité spatiale et recherche d’ancrages.

Une distinction s’opère habituellement entre les activités agricoles et les activités rurales, ce dernier groupe incluant activités d’accueil, de services, d’artisanat, etc. Ce type de distinction, dans le cadre de notre étude, ne permet pas d’identifier et de souligner la spécificité de la mise en œuvre ni celle de l’organisation des activités selon le critère de leur relation aux territoires périurbains au sein desquels elles émergent. Il ne permet pas non plus d’intégrer les activités urbaines, présentes en ces territoires au titre de leur insertion dans les territoires de la métropolisation.

Dans cette optique-là, nous procéderons à une double distinction, qui apparaît autrement opératoire. La première distinguera activités de service et activités de production, qui s’enchâssent différemment dans le territoire, et l’utilisent différemment. La seconde, qui s’ajoute à la première sans s’y surimposer, distinguera activités localisées, relevant de l’ambivalence périurbaine et spécifiquement liées au territoire local, et activités non-localisées. Celles-ci relèvent de dynamiques territoriales plus vastes, et ne sont pas exclusivement liées au territoire local dans sa spécificité. Ainsi, « non-localisées » ne veut pas dire que ces activités n’ont aucun ancrage territorial, mais qu’elles ne se fondent pas sur une relation d’étroite dépendance et complémentarité avec les caractéristiques des territoires périurbains au sein desquels elles se développent.

Sont présentés ici de façon sommaire les différents types d’activités en œuvre dans les territoires de cette étude. Leur identification et leur présentation permettront de caractériser la complexité de leur situation, à l’origine des processus d’innovation300.


2-1 Les activités de service.


Ceci est un essai de présentation d’une liste exhaustive des services en œuvre dans les territoires périurbains qui nous concernent, susceptibles de produire des processus innovants.

2-1-1 Activités localisées


_ Activités d’accueil : hôtellerie, campings, gîtes, restaurants. Leur nombre est important, en particulier celui des gîtes ruraux et chambres d’hôtes, qui oscille entre 50 et 70.

_ Activité de loisirs :

  • vente de prestations : organisation de randonnées à pied ou à cheval301 ; cours ou stages divers : cerf-volant, vol à voile, poterie302, peinture, escalade, spéléologie.

  • location de matériel : voile et parapente (1), cerf-volant (1), équipement pour l’escalade et la spéléologie (1), l’équitation (5-7), etc.

Ces deux types d’activités sont souvent associées.

_ Activités culturelles :

  • mise en place de structures associatives ou non, proposant des activités régulières : bibliothèque (5), ludothèque (1), point Internet (2)

  • organisation d’événements ponctuels : journées et fêtes liées au patrimoine historique, géographique, culturel ; rencontres diverses autour de la lecture et de l’écrit.

  • organisation de spectacles : théâtre, danse, musique, etc.

_ Professions libérales liées au territoire : architectes (5-10), maîtres d’œuvre, écologue (1), chargé d’études en urbanisme (1).

Activités non-localisée

_ Activités informatiques : diffusion de sites Internet, gestion de réseaux, de portails, etc. C’est le seul service à être délivré extra-localement depuis le local. Huit entreprises sont installées dans les territoires qui nous concernent.

2-2 Les activités de production303.

2-2-1 Activités localisées


Les activités de production concernent principalement la mise en valeur des ressources, concrètes ou symboliques, du territoire.

_ Produits agricoles : vigne, oliviers, chèvres, élevage ovin et bovin.

  • Production brute, vendue à des intermédiaires qui transforment ou commercialisent directement. Raisins, olives (10-15), bétail vivant (4 environ), lait (3).

  • Production transformée au sein de l’exploitation : vin304, huile d’olive et olives, fromages de chèvres (3), viande d’agneau (3), veau (1), etc.

Elle est proposée à la vente soit à domicile, sur le lieu de l’exploitation, ou bien localement et/ou extra-localement lors des marchés, ou cédée à des grossistes ou aux grandes surfaces périphériques à l’agglomération.

_ Produits culturels : création et diffusion de produits culturels : édition d’ouvrages sur l’histoire locale et extra-locale (1) ; édition et diffusion d’un journal d’informations locales (1).



_ Produits artistiques, artisanat ou artisanat d’art : production et diffusion locale : aquarelles (3), sculptures sur bois (1), poterie (10-15), etc.

Activités non-localisées



_ Produits culturels : création locale et diffusion extra-locale : supports informatiques, production de CD-Rom, sites Internet, développement de logiciels305

_ Produits artistiques, artisanat ou artisanat d’art : création locale et vente extra-locale : création de vêtements (1), de bijoux (1), de meubles pour enfants (1), de jouets artisanaux en bois (1), taxidermie (1).

2-3 Problématique (s) de l’innovation dans le cadre des activités localisées.


Les projets économiques se construisent de façon générale à partir d’une computation des différentes exigences relatives au maintien et/ou au développement de l’activité :

_ nécessité d’une démarche de qualité devant l’impossibilité de la démarche de quantité, imposée partout ailleurs

_ nécessité de réduire les coûts

_ nécessité d’attirer et de fidéliser la clientèle.

L’innovation émerge ainsi comme voie de pérennisation et de stabilisation des activités, mode de résolution des conditions particulières de leur développement.

2-3-1 La dépendance des activités de service vis-à-vis des consommateurs extérieurs au territoire.


Comme l’ensemble des territoires ruraux, d’arrière-pays et de montagne, les territoires ruraux périurbains nord-montpelliérains profitent du retournement des valeurs touristiques en leur faveur. Ils développent des services liés à la vente, à l’accueil et des activités récréatives, touristiques ou commerciales de proximité.

Le développement des activités de services (accueil, restauration, activités récréatives, touristiques, etc.) est dépendant de la venue d’une clientèle et de sa régularité. Ces activités sont encore en grande partie saisonnières, réalisant l’essentiel de leur chiffre d’affaires durant les mois d’été, d’où la fréquente nécessité d’un complément financier. Celui-ci est apporté par le biais d’une autre activité, assurée par l’un des membres d’un couple par exemple ou dans le cadre d’une bi-ou multi-activité306 La stabilisation de l’activité dépend aussi de la régularisation et de la fidélisation d’une clientèle locale ou régionale. Après un temps variable d’essai, occasionnant parfois des modifications du projet initial, il est alors envisageable de délaisser l’activité alimentaire complémentaire, pour ne se consacrer qu’à l’activité principale.

La clientèle est composée de plusieurs groupes, en fonction desquels est déterminée l’organisation de l’activité :

_ les résidents locaux, qui composent une clientèle régulière mais peu nombreuse.

_ les urbains de la ville-proche et des villes-proches en général (Montpellier, Lunel, Béziers, Sète, et leurs agglomérations) qui composent l’essentiel de la clientèle des restaurants et centres de loisirs, en particulier au cours des week-ends.

_ Les touristes balnéaires qui pratiquent eux aussi ce type de fréquentation ponctuelle, à la journée. Ils sont présents exclusivement durant la saison estivale.

_ Les touristes dits « verts », qui, lors des vacances longues et courtes, constituent l’essentiel de la clientèle des gîtes, hôtels, etc. Particulièrement présents durant la saison estivale, ils investissent aussi, et de plus en plus, la région durant les vacances de Pâques, les ponts et autres petites périodes de vacances. Le tourisme vert commence à ressentir les effets de la fluidification de l’emploi et de ses temporalités : la traditionnelle opposition été/reste de l’année est bouleversée, remplacée par une fréquentation plus diffuse tout au long de l’année. Cette réorganisation des temps de la fréquentation touristique est renforcée, pour la clientèle française, par les effets de la loi des 35 heures, qui multiplie et raccourcit les périodes des congés. Les Français tendraient ainsi à partir en vacances plus souvent, moins longtemps, et moins loin, renversement dont les territoires ruraux, ruraux périurbains, et de montagne commencent à profiter largement en France. La clientèle étrangère - anglais, hollandais, allemands, belges - est elle-aussi importante, et présente tout au long de l’année pratiquement, avec la permanence d’un pic de fréquentation entre les mois d’avril et d’octobre.

Le succès de ces activités est ainsi dépendant du tourisme et de ses temporalités. La garrigue languedocienne est de longue date une destination touristique de second choix, du fait de sa proximité des grands pôles du tourisme balnéaire méditerranéen. Elle profitait déjà, les jours de vent, ou de pluie, des retombées touristiques du littoral. Elle est aujourd’hui une destination touristique à part entière. Le développement des activités touristiques et récréatives, et la valorisation croissante des lieux moins fréquentés, plus préservés, et celle des vacances personnalisées, loin du tourisme de masse et de ses activités normées, ouvrent un marché encore inexploré pour des territoires comme ceux de la garrigue et du Pic St Loup.

Le développement de services d’accueil ou d’activités récréatives s’inscrit ainsi en dépendance vis-à-vis des temporalités et des exigences du tourisme, et est conditionné par la capacité à attirer et fidéliser une clientèle locale et/ou montpelliéraine.

2-3-2 La nécessité d’autonomie des activités de production.


Les conditions de développement d’une activité de production sont sensiblement les mêmes que pour les services et activités d’accueil. La pérennisation et la viabilité de l’activité dépendent de la capacité à cibler une clientèle locale ou montpelliéraine, tout en valorisant la saison touristique, et le poids croissant de la clientèle étrangère.

Le développement des activités de production locale - c'est-à-dire les produits agricoles - nécessite en outre, pour supporter la concurrence des produits étrangers, celles des grandes surfaces et des grands circuits de commercialisation, la fidélisation d’une clientèle et la mise en place de modes de vente permettant de réduire les coûts au maximum.


La volonté de valoriser au maximum sa production d’une part, celle de stabiliser l’activité d’autre part, en diminuant les risques et les aléatoires, guident les décisions ou les projets des acteurs.

La prise en charge de toutes les étapes, depuis la production jusqu’à la commercialisation d’un produit, constitue à ce titre une démarche souvent nécessaire, susceptible d’initier dans sa mise en place des processus innovants. Généralement, la production se fait localement, le plus souvent au domicile, ou dans un atelier attenant. La transformation des produits - si elle a lieu d’être - s’effectue le plus souvent - et de plus en plus souvent - localement, jusqu’à l’étape d’emballage pour les fromages, de l’embouteillage et de l’emballage pour les vins. La commercialisation des produits cependant n’est pas seulement locale.

Quatre systèmes de commercialisation, ne s’excluant pas les uns des autres, s’offrent à chaque producteur :

_ la production est écoulée par le producteur lui-même, sur les marchés locaux pour les produits frais ou de consommation courante, ou sur ceux de la région, s’il s’agit de produits plus rares comme les vêtements, l’artisanat, etc.

_ la production est vendue à des grossistes, ou à des centrales de production.

_ la production est vendue à des grandes surfaces périphériques, ou des commerces de détail à Montpellier ou Nîmes.

_ la production est vendue directement aux particuliers, sur place, ou livrée par correspondance, dans un périmètre variant du territoire communal au territoire départemental.

Il s’agit pour l’ensemble des producteurs « d’arrêter de faire les marchés ». Ce mode de vente est aléatoire et permet difficilement d’établir des prévisions quant aux productions et aux revenus. Ils rejettent tout autant la cession de la production à des grossistes, qui diminue énormément leur plus-value. Les systèmes de vente permettant de valoriser au mieux la production, et de planifier son évolution, sont ceux de la vente exclusive à des lieux de commercialisation directe, ou ceux de la vente au particulier sur le lieu même de la création et/ou de la production.

La démarche vise à un gain d’autonomie et de maîtrise vis-à-vis de l’activité développée. Chacun de ces producteurs suit une chaîne logique les menant à une prise en charge croissante de la structure commerciale, en sus de la structure productive.

Le passage d’un système de vente à un autre ne s’opère pas facilement. Le risque à abandonner les réseaux de vente habituels, ou à prendre une responsabilité croissante dans le système de commercialisation est élevé. Des démarches innovantes émergent ainsi préférentiellement dans ce type de configuration.



Figure - Etapes successives dans la prise d’autonomie dans une structure de commercialisation.

Dans une succession classique, menant le producteur d’une structure de commercialisation peu rémunératrice et peu risquée à une structure de commercialisation totalement indépendante, la vente à des grossistes, ou groupements de producteurs, cède la place à une vente à des structures de commercialisation directe : grandes surfaces de la périphérie nord-montpelliéraine ou régionales ou commerces de détail. Elle peut être finalement abandonnée et remplacée par un système de vente directe au particulier, par souscription, commande, ou directement sur les lieux de production.

La juxtaposition de plusieurs formes de commercialisation est cependant courante : le risque représenté par la vente au particulier est souvent compensé par l’entretien d’une filière de diffusion avec des commerces de détail ou grandes surfaces, ou par l’écoulement d’une partie de la production auprès de grossistes ou de groupements de producteurs.

L’intervention du processus innovant s’inscrit comme condition/déclencheur du changement de structure de commercialisation. Le processus d’innovation peut aussi résider dans une non-participation à ce système d’évolution : la pluriactivité s’inscrit pleinement dans ce type de démarche.

2-4 L’indépendance territoriale des services et produits non-localisés : atout et contrainte.


Les activités non-localisées sont plus indépendantes vis-à-vis des exigences évoquées ci-dessus. Elles peuvent s’installer et se développer n’importe où, ou presque. Cette indépendance territoriale semble constituer une situation ambivalente : la liberté de localisation se double d’un défaut d’ancrage, préjudiciable dans certaines situations.

2-4-1 La non-localisation comme principe : les activités informatiques et NTIC.


Dans le domaine de l’informatique et des NTIC, les entreprises se multiplient dans les communes de notre enquête, répondant de façon étonnante au cliché véhiculé à leur sujet. Évidemment, il y a nettement moins d’entreprises qu’à Montpellier ou dans la première couronne périurbaine. Leur nombre est cependant digne d’intérêt : nous avons pu identifier 4 entreprises de création de sites Internet, conception graphique et hébergement de sites et 4 entreprises de développement informatique et réseau plus classiques. Il nous en a sans doute échappé.

Le type d’activités développées permet une non-localisation tout autant qu’une indépendance vis-à-vis des contraintes territoriales.

Ces entreprises ont en commun de n’avoir aucune vitrine, aucun lieu spécifique pour leur activité, si ce n’est l’adresse de la raison sociale de l’entreprise. La plupart d’entre elles (sauf une) sont développées à domicile, et s’organisent entre une activité de création et de production faite localement, et une activité de démarchage ou de rencontres de clients par un déplacement vers Montpellier ou plus loin, ou à distance, par le biais du téléphone ou d’Internet. La localisation de l’activité importe peu. La proximité d’un centre urbain elle-même n’est, pour les créateurs de site en particulier, même pas cruciale, bien qu’elle facilite le développement de l’activité.

La non-localisation ne s’inscrit pas comme une condition/contrainte de l’innovation mais bien comme une innovation elle-même. Elle évoque à ce titre une sur-localisation : pourquoi développer l’activité ici, puisqu’il était possible de le faire partout ailleurs ? Les avantages déjà évoqués du prix des terrains et des logements sont d’abord soulignés. Est surtout mis en avant un ensemble complexe de critères qui sont ceux de l’installation telle qu’elle a été abordée dans le chapitre 10. Le choix de la localisation intervient ainsi en direct lien avec un projet personnel : le territoire périurbain est élu pour son retrait/sa proximité des dynamiques urbaines, pour des raisons familiales, pour la beauté de la commune/du logement, etc.

Cette non-localisation ou sur-localisation est alors à relier avec les innovations personnelles. Elle montre la participation des territoires périurbains aux dynamiques des nouveaux territoires urbains. Ils accueillent des sociétés modernes, multi-territorialisées, qui développent des activités innovantes dans leur nature et leur organisation : des entreprises high-tech éminemment urbaines installées à la campagne.

« J’adore cette idée d’être ici alors que tout le monde dit il faut être à Paris, sinon tu ne fais rien. Ça va, à Paris, à Montpellier, j’y vais souvent, j’y connais du monde, c’est pas comme si j’étais né là ! Et puis à force de brasser, quand j’étais en ville, je ne faisais plus rien ! Ici, je bosse, je suis super tranquille, et puis j’ai l’air branché ! Je dois reconnaître que ça a un petit effet sur l’image de l’entreprise : le type high-tech installé à la campagne, qui fait un site pour un gars à Londres, ou qui traduit des textes pour une fille à Madrid, etc. Cela dit, on fait aussi des sites pour les gars de Pégairolles de Buèges307, et des traductions pour ma voisine, hein, je suis pas snob ! » (graphiste, 29 ans, Pégairolles de Buèges)

L’absence d’ancrage territorial peut toutefois constituer un désavantage important pour certaines activités.


2-4-2 La non-localisation comme préjudice : les activités artisanales et culturelles non-localisées.


L’artisanat d’art, la production culturelle, toutes activités ni fortement liées à la spécificité territoriale, ni construites - comme les activités des NTIC - sur leur non-localisation se situent dans une situation particulière. Leur implantation en territoire périurbain est souvent liée au prix et à la grandeur des logements, terrains, ou ateliers, et à la moindre cherté de la vie locale. La possibilité d’ancrage de l’activité sur la spécificité du territoire local leur fait défaut. Les activités comme la production de meubles, de vêtements, de bijoux, nécessitent d’abord, pour être rentables, une diffusion à une échelle bien plus large que celle du simple territoire local. En outre, elles ne peuvent s’appuyer sur l’ensemble des atouts des territoires dans lesquels elles se développent. À ce titre, il semble que l’innovation, sous quelque forme que ce soit, émerge et se diffuse également plus difficilement dans le cadre de ces activités.

Les porteurs de projet tentent alors avec difficulté de développer le type de démarche associant qualité et terroir et de jouer sur l’image fortement valorisée du rural auprès des consommateurs. Il s’agit alors pour eux d’orienter leur activité en ce sens, en produisant des objets liés au patrimoine local. Des artistes se spécialiseront ainsi dans la réalisation d’aquarelles représentant des paysages de la garrigue, un écrivain-éditeur dans la publication d’ouvrages sur l’histoire et la géographie locale, un journaliste dans la réalisation et la diffusion d’un journal d’informations locales.

Hors de cette démarche qui « relocalise » les activités, le développement d’autres activités s’avère plus complexe et plus ardu. Plusieurs exemples de porteurs de projets confrontés à une précarité importante, ou ayant dû renoncer à leurs projets, sont ainsi à souligner. Le cas d’un salarié montpelliérain, agent immobilier, qui a abandonné une activité de création et production de meubles pour enfants illustre cette problématique. L’activité a buté devant l’absence d’appui local et de possibilité d’entraide, tout autant que sur la complexité d’une production nécessitant des contacts nationaux. De jeunes artisans, fabricants des bijoux, installés depuis peu à Notre Dame de Londres souffrent eux aussi de la difficile diffusion de leur production. Ils sont confrontés à la nécessité de s’insérer dans des réseaux régionaux et nationaux, s’ils souhaitent sortir d’une activité de production confidentielle. Une jeune femme enfin, styliste, installée à Mas de Londres, rencontre le même type de difficultés pour diffuser, produire, et étendre la renommée des vêtements qu’elle propose.

2-5 Ephémérité et précarité des activités : une problématique transversale.


L’ensemble des activités économiques semble marqué d’éphémérité et de précarité, au même titre que les activités économiques des territoires urbains et métropolisés.

Deux des entreprises d’informatique dont il est question ici ont quitté le territoire de l’étude, pour s’implanter ailleurs ou ont disparu : nul doute qu’elles aient été remplacées par d’autres que cette étude n’intègre pas. Les activités artisanales sont elles-aussi fortement marquées de précarité. L’ensemble de ces activités n’en sont pas moins présentes et actives en ces territoires, innovantes en ce qu’elles sont des activités non rurales, innovantes-même dans leur caractère éphémère.

L’instabilité des activités de production agricole et de services d’accueil est certes existante mais nettement moins marquée. La localisation de la plus grande partie d’entre elles semble permettre leur stabilisation et leur pérennisation, ce que les activités non-localisées ne peuvent mettre en œuvre.

La différence nette de durabilité existant entre les activités localisées et non-localisées questionne ainsi avec force la relation activité/territoire. L’appui d’une activité (nature et organisation) sur la spécificité territoriale semble être une voie plus solide de développement économique dans le cas des territoires périurbains.

La diversité des activités périurbaines permet de souligner à nouveau l’appartenance et la participation des territoires périurbains à des dynamiques et à des niveaux d’échelle emboîtés. Activités localisées et non-localisées s’inscrivent dans un même territoire et composent avec un ensemble de contraintes territoriales spécifiques. Les innovations s’inscrivent comme des modes de résolution/détournement de ces contraintes et exigences. Il est temps de les évoquer maintenant.


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