4 Les territoires périurbains nord-montpelliérains aujourd’hui : des territoires métropolisés à faible densité.
Plus que des territoires périurbains marqués par croissance urbaine et démographique, ce sont aussi et surtout des territoires à analyser dans la perspective de leur insertion dans les dynamiques de la métropole méditerranéenne et dans celle de leur appartenance aux territoires locaux de la garrigue languedocienne. L’ambivalence de leur statut les définit pleinement.
4-1 La métropole méditerranéenne.
Les territoires ruraux périurbains nord-montpelliérains font partie, plus que de la zone d’influence de la ville-centre Montpellier, d’une véritable région urbaine méditerranéenne, s’étendant sur l’ensemble du littoral nord-méditerranéen.
Jean-Paul Ferrier comme Jean-Paul Volle ont tenté dans leurs travaux de caractériser la spécificité du réseau urbain de ce littoral nord-méditerranéen, l’un en parlant de métropole méditerranéenne, l’autre d’aire métropolitaine éclatée251.
« Jean-Paul de Gaudemard dans son rapport consacré à l’esquisse d’une métropole méditerranéenne avait utilisé le concept de métropolisation pour attirer l’attention sur l’homogénéisation des densités d’habitat dans la partie utile de l’aire métropolitaine marseillaise. Mais le concept mérite une utilisation plus large : il décrit les villes méridionales et de la vallée du Rhône, leurs rubans urbanisés comme les magnifiques pays vides qui les bordent, il lie montagnes et îles comme composantes réelles d’une même région métropolisée. (…) Métropole méditerranéenne lui a donc été préféré pour désigner la région en cours de métropolisation entre Sète, Orange et Hyères. »
4-1-1 Une région urbaine.
En 1999, entre Perpignan, Orange et Hyères se succèdent, outre Marseille, Montpellier, Toulon, Nîmes, Aix-en-Provence, et Avignon, toutes villes de plus de 100000 habitants, 25 villes peuplées de plus de 20 000 habitants252. Le zonage en aire urbaine nous délivre des chiffres plus intéressants, et plus significatifs de l’ampleur du phénomène urbain dans la façade française méditerranéenne : ce zonage, rappelons-le, permet de prendre en compte communes urbaines et périurbaines.
Tableau - Les principales aires urbaines du sud-est de la France.253
Aire urbaine (définition 1999)
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Population 1999
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Population 1990
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Marseille - Aix-en-Provence
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1 516 340
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1 455 122
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Nice
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933 080
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891 319
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Toulon
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564 823
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531 071
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Montpellier
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459 916
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387 747
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Avignon
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290 466
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270 744
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Perpignan
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249 016
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230 839
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Nîmes
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221 455
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204 173
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Béziers
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124 967
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120 561
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Narbonne
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70 750
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65 420
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Sète
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66 177
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63 833
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Arles
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53 057
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Salon
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50 532
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Draguignan
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44 851
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Cavaillon
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37 721
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Orange
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37 279
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Lunel
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28 558
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Manosque
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32 383
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Beaucaire
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26 416
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Bagnols sur Cèze
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22 648
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St Gilles
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22 201
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Ainsi, on compte 10 aires urbaines dont la population est comprise entre 50 000 et plus d’un million d’habitants, et 10 autres de moindre importance, à la population toutefois comprise entre 20 000 et plus de 50 000 habitants. Ces aires urbaines apparaissent en effet comme les principales bénéficiaires de la croissance démographique entre 1982 et 90, et entre 90 et 99. Quatre de ces aires urbaines se positionnent parmi les 15 premières en France. La façade méditerranéenne française apparaît ainsi comme un foyer privilégié d’une urbanisation importante, stimulée encore par les flux migratoires. Les scénarii tendanciels de l’INSEE pour la période 2000-2030 font l’hypothèse d’une évolution de population comprise entre 28 et 40 % pour la région Languedoc-Roussillon, et 16 et 26 % pour la région Provence -Alpes - Côte d’Azur (PACA)254.
Ces aires urbaines, regroupant plus de 5 millions d’habitants, se succèdent sur le littoral méditerranéen, constituant un couloir à l’urbanisation quasi ininterrompue. Associées à cette dynamique métropolitaine, les aires urbaines d’Alès et de Carcassonne, bien que légèrement retirées dans l’arrière-pays, avec respectivement 89 390 et 82577 habitants en 1999.
La carte présentée page suivante, établie à partir des données de l’INSEE, permet de distinguer communes urbaines et périurbaines, et de mesurer l’ampleur de l’emprise des espaces urbains de la façade méditerranéenne, ainsi que la continuité territoriale de cette urbanisation dans les régions PACA et Languedoc-Roussillon.
Cette carte montre l’emprise spatiale de l’urbanisation et permet de caractériser, de Perpignan à Nice, une région urbaine quasi discontinue. Il faut en outre considérer que cette carte est construite à partir du ZAU, qui, malgré une définition plus conforme aux dynamiques territoriales actuelles, exclut des territoires à faible densité pourtant pleinement insérés dans une dynamique métropolitaine. Les interstices révélés par cette carte sont à réévaluer : ainsi, celui existant entre les aires urbaines de Montpellier et de Nîmes, correspond à un espace totalement bipolarisé par les deux villes proches et s’appuyant d’une part sur la N113, et l’A9, d’autre part, sur la ville de Lunel, dont l’aire urbaine atteint près de 30 000 habitants. Il est ainsi totalement justifié d’affirmer l’existence d’une véritable métropole méditerranéenne.
4-1-2 Les limites du zonage en aire urbaine (ZAU).
L’INSEE essaye de plus en plus de considérer les aires urbaines non plus comme des unités séparées mais comme faisant partie d’un territoire urbanisé plus vaste et cohérent. En 1996, dans le magazine Repères, publié par l’INSEE Languedoc-Roussillon, Jean-Luc Heller et Jean Laganier255 s’efforcent d’utiliser le nouveau zonage en aire urbaine pour comprendre les dynamiques de la façade méditerranéenne : les aires urbaines des deux régions Languedoc-Roussillon et PACA sont ainsi considérées comme répondant d’une même dynamique. Cependant, cette analyse vise à souligner les différences régionales, bien qu’il soit reconnu des traits communs à l’ensemble du littoral méditerranéen. La tendance générale n’est pas encore à la recherche ou à la reconnaissance d’une cohérence transrégionale quant à l’organisation urbaine des territoires.
Depuis la mise en place du zonage en aire urbaine cependant, les trois directions régionales de l’INSEE Languedoc, PACA et Rhône-Alpes conduisent différents travaux relatifs à un territoire interrégional. En 1997, elles réalisent un portrait d’un Grand Sud-Est lors d’un colloque organisé par la D.A.T.A.R., dans une contribution publiée par la direction régionale de PACA dans le magazine de la direction régionale PACA, Sud-Insee dossier , et ainsi que dans le magazine Repères256, déjà cité.
En novembre 2001 enfin, un numéro des Dossiers de l’INSEE Rhône-Alpes actualisant les données est publié à la demande de la Mission interministérielle et interrégionale d’aménagement du territoire pour le Grand Sud-Est (M.I.I.A.T.) : ce dossier montre clairement la volonté de fonder l’analyse sur une compréhension plus globale des dynamiques territoriales, volonté concernant tout aussi bien les directions régionales de l’Insee que les ministères de l’aménagement, de l’équipement et des transports, ainsi que leurs délégations locales, D.A.T.A.R., D.I.R.E.N., etc. Cette réflexion s’appuie sur un certain nombre de points communs : croissance de la population, solde migratoire élevé, importance de l’activité touristique, etc. et reconnaît une cohérence géographique à cet espace Grand Sud-Est : « réunis par la vallée du Rhône, traversés par des grands axes de communication reliant l’Europe du nord à la Méditerranée, Languedoc-Roussillon, PACA, et Rhônes-Alpes composent une espace Grand Sud-Est qui constitue depuis plusieurs années le cadre géographique d’une réflexion prospective sur l’aménagement du territoire. »
La continuité des territoires urbanisés, la structuration de cet espace sud-est par la vallée du Rhône et le littoral méditerranéen permettraient en effet d’étendre les limites de cette métropole méditerranéenne jusqu’à Valence, Lyon et Grenoble, et de caractériser ainsi un Grand sud-est qui s’étendrait de l’Espagne à la Suisse et à l’Italie - cela malgré un léger décrochement urbain en Ardèche et une partie de la Drôme
Le zonage en aire urbaine montre déjà beaucoup. Les différents ministères et leurs délégations régionales s’inscrivent de plus en plus dans une démarche d’analyse et d’action interrégionale, et encouragent la coopération territoriale, bien que préférentiellement à l’échelle intercommunale ou à celle de l’aire urbaine. L’INSEE peine encore à caractériser les diverses dynamiques urbaines qu’il identifie de métropolitaines, ignorant ainsi une partie des territoires, ainsi que la dynamique générale qui les porte.
4-1-3 Des territoires de mobilité.
Ce territoire métropolisé, entre territoires à haute et faible densité, constitue une région urbaine, dont la cohérence repose sur un réseau urbain dense, ensemble d’aires urbaines étroitement interreliées par un réseau de transports permettant la mobilité au sein de ce territoire, et au-delà (cf. la carte présentée page suivante).
Les réseaux routiers, ferroviaires et aériens sont particulièrement denses. Les aéroports de Nice - 3 aéroport français -, Marignane, Montpellier-Fréjorgues, permettent un trafic aérien national et international. L’étendue et l’efficacité du réseau ferroviaire ne cessent de croître : les liaisons vers Paris sont désormais nombreuses et rapides. Le TGV-Méditerranée relie les principales villes à la capitale en moins de 5 heures pour les plus éloignées, moins de 3 heures pour les plus prochesme . Les liaisons internes sont moins spectaculaires, et se passent du TGV. La ligne Bordeaux-Nice cependant, desservie par des Trains Grandes Lignes permet la connexion des différentes villes du littoral méditerranéen dans un temps variant entre 2 et 3 heures.
Lyon est à une place particulière : la récente mise en service du TGV Méditerranée réduisant considérablement les distances-temps va sans doute réorganiser encore cette métropole méditerranéenne en y intégrant définitivement la région lyonnaise.
Ce réseau ferroviaire vient compléter une réseau routier et autoroutier particulièrement dense et étendu : A9, A75, A7, N113, N9, N6, etc.
Un vaste territoire est ainsi délimité et desservi, entre littoral, vallée du Rhône, et le Massif Central, direction longtemps négligée mais bientôt à l’honneur avec l’achèvement de l’A75.
4-1-4 Méditerranéité de la métropole
Les habitants résident, travaillent, consomment dans ces territoires, et y circulent. Territoires de la mobilité, territoires peuplés, ils trouvent aussi une cohérence dans leur méditerranéité, qui malgré les différences locales, unifie la région : paysages, climat, culture, etc.
La continuité du peuplement et l’inscription de ce peuplement dans une trame serrée d’infrastructures routières et ferroviaires ne font en effet pas tout. L’existence de cette métropole méditerranéenne repose aussi sur des caractéristiques culturelles, sur une méditerranéité actuelle et passée, réelle ou construite, qui unifie le territoire, et les représentations qui en sont faites, sur un sentiment reconnu à l’intérieur et à l’extérieur de ce territoire, d’être ou ne pas être méditerranéen, d’être ou ne pas être « du sud ». Ces pratiques et/ou ces représentations s’autoconditionnent et participent à la constitution permanente et mouvante de l’identité du littoral méditerranéen français.
Le processus de métropolisation est particulièrement intense. Avant tout le nouveau territoire est une région urbaine depuis longtemps, parce que les dispositifs spatiaux et culturels de la ville y sont présents de longue date. De leur côté les espaces de production agricole disposent d’une technologie et d’une productivité qui leur enlèvent tout caractère rural et en font comme pour leurs homologues de l’Europe Rhénane, de véritables unités agricoles urbanisées. « Toute l’étendue du territoire exerce une fonction productive résidentielle et/ou de détente appréciée et valorisée, inséparable de la qualité des paysages ».
4-1-5 Montpellier, ville-proche.
Montpellier et son aire urbaine - 459 916 habitants - font pleinement partie de cette métropole méditerranéenne.
Montpellier a un rôle spécifique pour les territoires périurbains qui nous concernent, rôle qu’il est hors de question de nier sous couvert de rejeter une interprétation des dynamiques spatiales en terme de centre/périphérie. Montpellier n’est certes pas la ville-centre à laquelle se réfèrent l’ensemble des dynamiques périurbaines : celles-ci s’intègrent dans le territoire bien plus vaste de la métropole méditerranéenne. Cependant, Montpellier, en tant que chef-lieu de l’Hérault, et capitale régionale du Languedoc-Roussillon occupe pleinement un rôle particulier de ville-proche, et ce, pas seulement au titre de territoire administratif de référence. Ainsi, si les territoires ruraux périurbains nord-montpelliérains sont des territoires locaux insérés dans les dynamiques métropolitaines de l’ensemble du littoral méditerranéen français, ils restent attachés non plus à la ville-centre mais à la ville-proche, celle où accomplir les tâches administratives, celle où sont scolarisés les enfants, celle enfin d’où l’on part et où l’on revient, depuis la gare TGV ou l’aéroport. Montpellier joue ainsi un rôle crucial et spécifique au sein même de la métropole.
Aire urbaine attractive, la croissance de sa population est certes due au solde naturel, mais surtout au solde migratoire : son taux de variation annuel est de 1,9 % pour la période 1990-1999, soit une augmentation brute de 71 169 habitants. La carte, page suivante présente l’évolution de la population en Languedoc-Roussillon entre 1982 et 1999. Elle montre une croissance générale importante, et une nette concentration de celle-ci dans les territoires de l’agglomération montpelliéraine et dans les territoires périphériques. Cette croissance démographique amplifie les processus de périurbanisation et la diffusion des populations jusqu’en des territoires éloignés, tels ceux qui concernent cette étude, et au-delà.
La qualité du réseau routier relie efficacement ces territoires périurbains éloignés à Montpellier et aux autres réseaux de transport. La carte présentée page suivante montre leur insertion dans les dynamiques montpelliéraines.
C’est dans ce territoire - l’aire urbaine montpelliéraine - et dans cette métropole méditerranéenne que les territoires périurbains nord-montpelliérains sont insérés. Cependant, ils sont aussi des territoires de la garrigue montpelliéraine, territoires locaux marqués par la ruralité.
4-2 Des territoires de la garrigue nord-montpelliéraine.
Territoires métropolisés, ils sont des territoires de dimension réduite, à faible densité. La croissance démographique qui les affecte, et qui accompagne une urbanisation importante, modifie le paysage local : les soldes migratoire et naturel sont positifs, révélant la reprise d’une croissance démographique locale. Le nombre de constructions de logements en accession à la propriété ne cesse de croître.
Cependant, la densité de population, et la densité du bâti, bien qu’elles aient évolué avec les processus d’urbanisation, restent faibles. La densité moyenne de population ne dépasse pas aujourd’hui 23,4 habitants au kilomètre carré. Elle atteint 64 hab/km2 pour la commune de Lauret, la plus urbanisée, et atteint à peine 2 hab/km2 pour la commune de Ferrières-les-Verrerie - qui a connu cependant une croissance démographique importante avec une taux de variation annuel de 5,73 % pour la période 1990-1999.
La faible densité de population et la taille réduite des territoires définissent la spécificité de ces territoires de la garrigue nord-montpelliéraine. En conséquence à cette faible densité de population, services, commerces et entreprises sont peu nombreux et variés. Les deux bourgs principaux - chefs-lieux de canton - de St Martin de Londres et de Claret regroupent l’essentiel des services et activités : boulangerie, boucherie, superette, bar-tabac, médecin généraliste, dentiste, pharmacie, garage. Les autres communes ne possèdent le plus souvent qu’une épicerie voire un dépôt de pain, et dans la plupart des cas aucun service ni commerce.
L’agriculture ou ses traces marquent ces territoires. La garrigue languedocienne, comme évoqué précédemment, est d’une part un espace en déprise, marqué par la crise de la viticulture dont elle ne se remet qu’à peine, et d’autre part un espace à la mise en valeur difficile, que recouvre largement des formations végétales dégradées typiques de la forêt méditerranéenne. Ainsi, les terres sont pour une grande partie recouvertes de chênes verts et kermès, et d’herbes aromatiques ; une faible partie est utilisée pour le pacage des ovins, ou consacré à l’oléiculture. Les terres les mieux situées - du côté de la plaine de l’Hérault - sont plantées de vignes.
Les espaces naturels et agricoles succèdent ainsi à des espaces urbanisés, composant un paysage complexe, entre garrigue, vignes et maisons individuelles dispersées.
En outre, ces territoires à faible densité s’organisent à l’échelon communal. Ainsi, bien que nombre des pratiques s’inscrivent dans les territoires-réseaux de la métropole méditerranéenne, la commune reste cependant symboliquement et concrètement le plus petit niveau d'échelle territoriale et possède une existence institutionnelle ainsi que dans les représentations collectives. La commune est - encore, et particulièrement depuis la décentralisation qui lui a octroyé des pouvoirs accrus - l’échelon de l’administration des territoires et de nombre de décisions qui le concernent. Ses habitants s’y réfèrent en premier lieu quant à leur appartenance territoriale.
Ainsi, territoires insérés dans les dynamiques montpelliéraines, et celles de la métropole méditerranéenne, les communes rurales périurbaines nord-montpelliéraines n’en sont pas moins des territoires fonctionnant à l’échelle de la localité. L’organisation du système social local participe à définir une large partie des dynamiques territoriales : la gestion de l’urbanisation des communes et de l’installation de nouveaux résidents est déterminante pour l’équilibre local, et ses modalités spécifient les conditions de l’action ou de la mise en œuvre de projets localement.
L’urbanisation des communes a, dès l’arrivée des tout premiers nouveaux résidents en 1970 environ, bouleversé la gestion des municipalités. Le sol est devenu un enjeu d’importance : la plupart des communes ont vécu et vivent encore des tensions relatives à la gestion du marché foncier, tensions particulièrement vives lors de la constitution des POS. La grande majorité des communes ont en effet constitué un POS, et pour les plus petites communes (c'est-à-dire les moins peuplées) comme Ferrières-les-Verrerie et le Rouet, une carte communale, fixant les orientations quant à l’occupation des sols.
Deux types d’attitude se distinguent :
_ les communes viticoles du canton de Claret sont tenues en général par de gros propriétaires terriens : l’offre foncière est régulée selon les terrains qu’ils souhaitent libérer. Celle-ci est réduite mais non bloquée, et fait l’objet de stratégies complexes.
_ Les communes de la garrigue montpelliéraine régulent leur offre dans une optique différente : la faible valeur des terres agricoles pousserait nombre de propriétaires à céder des parcelles : les municipalités s’efforcent de réguler et d’organiser cette offre foncière, de manière à pouvoir maîtriser l’urbanisation.
Cependant, l’ensemble de communes ne répondent pas de ce schéma binaire : les POS cristallisent l’ensemble des tensions locales, révélant tout autant celles existant entre les propriétaires fonciers, que celles opposant nouveaux résidents soucieux de limiter l’urbanisation et partisans d’une ouverture à l’urbanisation. Les conflits sont multiples et spécifiques aux situations locales, semblables aux dynamiques décrites par Philippe Cadène évoquées dans le chapitre 5.
Les communes adoptent ainsi des attitudes différentes face à l’urbanisation, attitudes conditionnées par les rapports de force locaux, dépendants de la composition du conseil municipal, tout autant que de l’orientation politique de celui-ci s’il y en a une. Ce type d’attitude face à l’occupation des sols laisse présager d’une attitude plus ou moins ouverte face à l’arrivée et à l’intégration des nouveaux résidents, porteurs ou non de projets.
La croissance démographique de ces communes, tout autant que leur faible densité et la déprise économique qui les touche rendent également nécessaires/judicieux les regroupements communaux, ceci pour pouvoir réaliser des objectifs plus ambitieux, nécessitant des fonds importants, et destinés à une population plus nombreuse (comme une piscine par exemple). L’intercommunalité se développe ainsi, que ce soit sous la forme de communautés de communes, de Chartes, ou, depuis 1995, par la mise en place de Pays. L’intercommunalité cependant, bien que fortement encouragée, ne supplante pas la commune, et la souveraineté de chacune d’elle est fortement défendue par les municipalités et les habitants.
Les territoires supra communaux ainsi formés, ainsi que les communes et les cantons restent des niveaux d’échelle locaux, pleinement inscrits dans la garrigue languedocienne.
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