Tribunal de grande instance toulouse


Rien sur la différence des structures du sous-sol à l’Est du H221 pouvant grandement influencer la formation asymétrique du cratère.. !



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Rien sur la différence des structures du sous-sol à l’Est du H221 pouvant grandement influencer la formation asymétrique du cratère.. !
Le Monnyer par ces conclusions ne peut expliquer l’étonnante préservation d’une partie de la dalle du box et de celle du camion au Nord-Est. Il exagère, tout comme les experts judiciaires, l’importance dimensionnelle de la « tétine » qui est par rapport au reste de la pente Est, d’une très faible hauteur et qui plus est, qui est également dans le secteur de réapparition de la nappe phréatique en fin d’après midi.
- II-3-3-5-5 : l'analyse des échantillons :
Pendant plusieurs semaines, policiers et techniciens du LIPS vont, avec l'assistance des experts du collège principal, recueillir sur le site et alentours une multitude d'échantillons qui seront ensuite analysés aux fins de déterminer la trace d'un composé d'un explosif. Mais ils n’ont pas recueilli de nitrate soufflé.
Aucune trace d'enveloppe d'une charge explosive ou de détonateur n'a été retrouvée sur le site.
S'agissant des échantillons, les experts ont précisé qu'il ne fallait pas s' arrêter au nombre limité de scellés concernés par les échantillons, mais de souligner que plusieurs de ces scellés consistent en des sacs contenant jusqu'à plusieurs centaines de kilos de matériaux divers prélevés sur le terrain et susceptibles d'avoir conservé la trace de l'explosif initiateur, ainsi que d'innombrables tamponnements réalisés sur des matériaux ne pouvant être déplacés (blocs de béton ou piliers métalliques).
Ces recherches s'avéreront négatives : concrètement aucune trace d'un explosif ne sera retrouvé à l'analyse hormis celui de l'explosif principal : le nitrate d'ammonium.
En d'autres termes, les analyses n'ont pas permis d'identifier un composé susceptible d'avoir participé soit au détonateur ou au booster, si on se place dans le cadre d'une piste intentionnelle soit des traces significatives de la réaction du trichlorure d'azote, si on se place dans le cadre de la piste privilégiée par les experts judiciaires.
Si M. CALISTI a déclaré à l'audience qu'il estimait envisageable de retrouver, dans le cas où un hypothétique explosif aurait été mis en œuvre dans le box, sa trace, les experts concèdent que ces résultats négatifs ne peuvent, en raison de l'ampleur de l'explosion permettre d'exclure l'emploi d'un explosif intentionnel.
Il est pratiquement impossible et il serait contre-productif de tenter de commenter, ligne par ligne, l’intégralité du prochain chapitre II-3-3-6 et des suivants. Mais il est essentiel de souligner que toutes les erreurs et insanités que nous avons démontées ci-avant ne sont que des bluettes à côté des deux piliers du mensonge que sont l’analyse des enregistrements, objet du présent chapitre, et l’analyse des événements sismiques, indissociable de l’analyse des données acoustiques, qui font l’objet des deux chapitres suivants. L’ordre même de présentation de ces trois chapitres dans le présent jugement n’est pas innocent et contribue à obscurcir l’analyse.
Je me borne donc ci-après à un rapide résumé, dont j’espère qu’il apportera un peu de clarté aux interminables exposés du jugement sur ces trois chapitre, exposés dont la longueur et le soucis d’effacer les corrélations qui existent entre eux n’ont pour but que de « noyer le poisson » sur des points fondamentaux.
Tous les observateurs de bonne foi savent que la détonation AZF est l’épisode final (ou quasi-final) d’un processus catastrophique complexe qui a affecté les réseaux électriques et qui est passé par la SNPE, bien avant d’atteindre AZF. Son événement initiateur, à coup sur extérieur au site AZF, n’est aujourd’hui toujours pas identifié, en raison d’une décision délibérée de ne pas le chercher. Une thèse officielle a, en effet, été forgée dans les heures qui ont suivi la catastrophe, thèse selon laquelle il n’y aurait pas eu d’autre explosion que celle du stock 221 d’AZF. Simultanément, tous les médias ont reçu l’ordre formel de ne pas investiguer et de s’en tenir aux communiqués officiels. Le montage de ce « mensonge d’État » comportait deux volets. Le premier, relativement anodin, consistait à inventer un processus mythique d’amorçage du nitrate dans le 221; c’est ce dont nous sommes occupés jusqu’ici Le second, bien plus complexe, consistait à gommer toute information sur le processus réel et à affirmer que rien ne s’était passé avant la détonation du 221. Or, de nombreux témoins décrivent parfaitement, parmi divers événements précurseurs, les effets d’une secousse sismique importante, calibrée ultérieurement à 3,4 sur l’échelle de Richter, secousse antérieure, d’environ 8 secondes, à la détonation. Le manipulateur n’a pu faire contester par la Justice la réalité de cette secousse, enregistrée dans bien trop de stations, mais n’a pas toléré qu’on en recherche la cause, qui aurait pu constituer l’événement initiateur du processus catastrophique ou, tout au moins, en constituer une étape amont, très proche chronologiquement de cet événement. La solution a été de faire attribuer cette secousse à la détonation du 221. Comme la datation de la secousse (aux environs de 10h 57min 57s) ne pouvait guère être manipulée, il a donc fallu antidater la détonation d’environ 8 secondes. Ce fut le premier pilier du mensonge, érigé dans les quelques jours qui ont suivi la catastrophe.
Mais il se trouve que de nombreux témoins ont entendu deux bang acoustiques distincts, dont l’un émane évidemment de la détonation AZF (ces deux bang ont d’ailleurs fait l’objet de plusieurs enregistrements involontaires sur des magnétophones fonctionnant pour d’autres raisons). L’attribution de la secousse importante et sa fausse datation n’étaient ainsi pas crédibles sans explication concomitante du double bang. Les sismologues ont donc simultanément sorti de leur chapeau une thèse ahurissante suivant laquelle les témoins auraient perçu deux manifestations sonores de la même explosion, la seconde étant l’onde sonore directe qu’elle a émise, la première étant la réfraction dans l’air de la vibration sismique correspondante, vibration qui se propage effectivement dans le sol à une vitesse très supérieure à celle du son dans l’air. C’est ainsi qu’est né, dès le lendemain de l’explosion, un « dogme » sismo-acoustique que la Justice a systématiquement refusé de remettre en question et que LE MONNYER n’évoque, dans son jugement, que pour tenter de déconsidérer les contradicteurs.
Hélas pour les experts judiciaires, il leur a été impossible de bricoler la vérité, sur un ou deux sujets qui les ont arrangés à un moment donné, sans voir resurgir cette vérité dérangeante par d’autres canaux. C’est ainsi que de très nombreux accidents ou incidents électriques se sont produits tout au long du processus catastrophique, sur les réseaux électriques 220 kV et 63kV d’EDF (ou, plus exactement, de sa filiale RTE), sur un ancien réseau 20kV qui n’est presque jamais évoqué et dont il est difficile de savoir qui en avait la charge, au sein d’unités voisines d’AZF (comme SNPE et SETMI) et du site AZF lui-même. Pendant très longtemps, ces phénomènes n’ont pas intéressé les experts principaux qui, dans leur Rapport d’étape et de synthèse jusqu’au 31 août 2004, disaient dans un chapitre consacré aux « Travaux des autres collèges d’experts » (p. 50 à 58) qu’ils n’avaient pas reçu, trois ans après la catastrophe, le rapport des experts électriciens. Il est évident que cette situation paradoxale leur convenait parfaitement car, en tant qu’experts principaux, ils auraient été parfaitement en droit d’exiger, via le magistrat instructeur, un rapport d’étape de ces experts électriciens, avant de rédiger le leur. Mais ils ont inopinément eu à faire face à la contestation résolue et redoutablement pertinente du premier mensonge par Jean-Marie Arnaudiès, qui a pu établir une datation incontestable de la détonation, par des considérations non sismiques, à 10h 18min 05s (à une seconde près).

Comme il était impossible de mettre en cause cette datation, les experts ont choisi de l’éluder. Il leur fallait alors, pour rester crédibles, trouver un moyen de confirmer la fausse datation sismo-acoustique par une autre voie. Ils se sont alors intéressés tardivement (fin 2004 et 2005) à une chronologie des incidents électriques, pour tenter de démontrer qu’ils étaient tous postérieurs à la détonation antidatée. Ce fut un énorme travail qui a constitué le second pilier du mensonge.
Les points soulevés dans le présent résumé sont développés en tête des chapitres correspondants du jugement.
II-3-3-6 : Les enregistrements et leur analyse :
L’analyse des incidents et accidents électriques ayant affecté les réseaux d’EDF et de sa filiale RTE ainsi que les usines alimentées par ces réseaux a été initiée rapidement par un enquêteur interne d’EDF désigné par sa direction générale, Jean Bergeal, par un groupe d’experts mandatés par un cabinet d’assurance-conseil (qui ont ainsi pu pénétrer librement sur le site SNPE avant qu’il ne soit pratiquement verrouillé), et par l’ingénieur électricien d’AZF, Jacques Palluel, qui n’était alors chargé d’aucune mission particulière mais qui cherchait honnêtement à comprendre ce qu’il s’était passé.. La SNPE s’est presque instantanément dissociée de ces études en s’avérant incapable (ou en ne voulant pas) fournir le moindre listing chronologique des événements électriques l’ayant affecté et en affirmant que tout ce qu’il s’était passé chez elle, y compris de graves destructions d’équipements électriques, n’était que la conséquence de la détonation AZF.
Tous les observateurs ont pu constater que le fonctionnement d’EDF et de ses filiales était loin d’être parfait au moment de la catastrophe et que les différents documents, dont ils ont alors fait état, étaient parfois contradictoires. Jean Bergeal s’est immédiatement attaché à rétablir l’ordre entre ces services rivaux et à mettre en place une analyse chronologique crédible de l’intégralité des phénomènes constatés sur les réseaux, avec le souci évident de montrer qu’EDF et ses filiales n’étaient ni à l’origine du phénomène initiateur ni, si elle leur était étrangère, de sa transmission vers AZF. Même s’il ne le disait pas à l’époque, il avait ainsi préparé une conclusion selon laquelle tout était postérieur à la détonation du 221. Je rappelle, en cette occasion, que les moyens d’enregistrement d’EDF sont calés sur le temps universel, ce qui permet de fixer la date de l’enregistrement d’une manœuvre ou d’un défaut au centième de seconde près, mais ne permet évidemment pas de fixer avec la même précision la date réelle de l’événement correspondant, en raison des durées de migration des défauts en ligne vers les dispositifs de détection et des temps de réponse différents de chacun de ces dispositifs.
Les experts mandatés par un cabinet d’assurance-conseil s’avéraient toutefois gênants. Ils mettaient ainsi en évidence que le poste asservi de Lafourguette (totalement automatique) voyait ses capacités d’automatisme et de dialogue, avec ses voisins et avec le Bureau Central de Contrôle (BCC), réduites par le fait que la batterie d’alimentation de secours de son ordinateur était hors service, pour n’avoir jamais été ni contrôlée ni remplacée dans les délais requis. Ils donnaient aussi un grand nombre de datations brutes qui ne pouvaient provenir que d’EDF et de ses filiales, avant la reprise en main par Jean BERGEAL. Je cite : alarme au poste de Mounède entre 10h 17 min 55,77 et 10h 17min 56,02, découplage de l’usine SETMI à 10h 17min 56,46s, incident enregistré au poste de Lafourguette par son oscillo-perturbographe (et conservé localement malgré la panne du calculateur) à 10h 17min 57,54s, ouverture à Lafourguette du disjoncteur alimentant la ligne d’alimentation de secours SNPE à 10h 17min 56,72s, rafale d’incidents au poste source du Portet alimentant Lafourguette (premier déclenchement, réenclenchement automatique sur défaut, nouveau déclenchement suivi d’un dernier retour de courant à 10h 17min 57,12s, premier incident sur les réseaux EDF et RTE consécutif à la détonation du 221 à 10h 18min 07,37s. Le rapport ne le dit pas mais ce premier incident ne peut être que celui de la ligne 63kV dite des Demoiselles (nous y reviendrons). Notons la surprenante analogie de cette datation précoce avec celle, très postérieure, de Jean-Marie Arnaudiès fixant la date de la détonation elle-même à 10h 18min 05s (à 1s près). Ce rapport mettait aussi en évidence un fait surprenant, parfaitement contraire aux règles de l’art : en dehors de ses alimentations normale et de secours par le poste de Lafourguette, la SNPE était desservie par une troisième alimentation en 20kV, vestige de son alimentation d’autrefois (avant la création de Lafourguette), qui était couplée en permanence avec l’alimentation Lafourguette par des lignes internes à la SNPE incapables d’assumer le transit de puissances élevées (et munies de disjoncteurs au pouvoir de coupure insuffisant pour en assure l’isolement) en cas d’incident amont dissociant l’alimentation 20kV de la SNPE de son alimentation principale (normale ou de secours). Les disjoncteurs 13,5 kV correspondants ont effectivement été sollicités au-delà de leurs capacités et leurs cellules ont explosé.
Le rapport de ces experts, initialement verbal, a connu un curieux destin. Brutalement contesté en bloc par Jean Bergeal, qui a mis en évidence un certain nombre d’incohérences et d’insuffisances réelles qu’il contenait, il a totalement disparu du débat. La plupart des datations essentielles rappelée ci-avant ont ainsi été occultées. Puis il a réapparu dans une version écrite tardive, datée du 19 août 2005 et modifiée le 20, qui a valu à leur mandataire d’être instantanément rayé de la liste des interlocuteurs de Total. La Justice n’a cessé de feindre d’en ignorer l’existence et je n’en ai pris connaissance moi-même qu’à la fin de 2008, grâce au journaliste d’investigation Guillaume D’Alessandro.
Ce n’est que bien plus tard qu’est apparu l’intérêt d’utiliser les datations électriques pour tenter de confirmer la fausse datation sismo-acoustique. Les acteurs principaux de ce montage ont été Jacques Palluel, mandaté par la CEI et devenu ainsi curieusement juge et partie, et Jean Bergeal, retraité dans l’intervalle, mais continuant à suivre le dossier en tant qu’expert indépendant. Jacques PALLUEL a perdu alors son objectivité initiale et s’est fait l’apôtre inconditionnel de l’explosion unique dont tout aurait résulté. Jean BERGEAL, quant à lui, ne croyait plus à l’unicité de l’explosion mais tenait à ce que son listing des incidents EDF, qui exonérait son ancien employeur de toute responsabilité dans l’initiation de la catastrophe ou dans sa transmission, ne soit en aucun cas remis en cause. Les travaux d’un expert électricien mandaté par la CEI, Michel Meunier, ont également été utilisés, bien qu’il n’ait jamais fait partie du complot. En revanche un expert judiciaire, Monsieur Couderc, professeur de génie chimique à Toulouse, s’est compromis dans ce montage (qui échappait totalement à sa compétence) en cautionnant la chronologie de Jacques PALLUEL et en disqualifiant les témoignages qui la mettaient en cause au prétexte étonnant qu’en face de ces contradictions, il choisissait de retenir la vérité !
L’usine AZF état dotée de dispositifs informatiques modernes permettant d’assurer le suivi de ce qu’il s’y passait. C’est ainsi qu’étaient enregistrées de très nombreuses données qui pouvaient correspondre à des manœuvres volontaires, des dépassements de seuils hauts ou bas par des grandeurs analogiques, des déclenchements ou des îlotages automatiques, des contrôles d’entrée ou de sortie de l’usine par des opérateurs utilisant des véhicules, etc. Trois ordinateurs distincts se partageaient ces tâches. Très curieusement, leurs horloges internes n’étaient pas synchronisées entre elles ni calées sur le temps universel. Il est amusant de constater qu’au départ ces enregistrements inquiétaient le SRPJ : il a notamment saisi le disque dur de l’ordinateur enregistrant les entrées et les sorties, a indiqué ensuite avoir des difficultés à le lire et, à la demande réitérée de l’usine de le lui rendre pour qu’elle puisse l’interpréter, a fini par déclarer qu’il l’avait perdu. Mais les enregistrements techniques n’ont pas subi le même sort. Plus tard, lorsqu’il fut décidé d’établir une chronologie précise, JP a entrepris de recaler entre eux tous ces enregistrements techniques et il semble qu’il y soit correctement arrivé grâce à quelques événements enregistrés simultanément sur deux ordinateurs différents.
Mais le calage global des événements AZF sur le temps universel posait un problème autrement plus ardu, problème qui est passé totalement au-dessus de la tête de LE MONNYER. Pour tenter de le résoudre, les électriciens ont cherché à identifier un événement électrique EDF (ou RTE) qui aurait simultanément été enregistré sur un dispositif de détection AZF. Ils ont ainsi porté une attention particulière à l’oscilloperturbographe AZF qui surveillait une foule de paramètres propres au site AZF mais surveillait également les tensions entre phases et sol de la ligne 220kV qui l’alimentait. Rappelons qu’un OPG enregistre en permanence, dans une mémoire de courte durée, toutes les grandeurs et positions d’organes qu’on lui demande de surveiller. À la fin de chaque cycle, les nouveaux paramètres effacent les anciens. S’il survient un incident, le cycle en cours est mémorisé et fournit une analyse détaillée de l’état de tous les paramètres surveillés, juste avant et juste après l’incident. L’OPG d’AZF a été sollicité plusieurs fois au cours du processus catastrophique. Au cours de l’un de ces cycles mémorisés, déclenché par un paramètre interne à l’usine, il a montre une perturbation de tension 220kV. Cette perturbation a été attribuée à la remontée sur le réseau 220kV des perturbations graves ayant affecté la ligne 63kV des Demoiselles, ligne qui longeait la limite Nord du site AZF.
Après plusieurs versions contradictoires, cet accident a été décrit comme suit par EDF : premier court-circuit ente deux phases, ouverture quasi instantanée des disjoncteurs d’extrémité pour isoler le défaut, temporisation pour laisser le défaut s’effacer et l’ionisation de l’air environnant se dissiper, tentative de réenclenchement automatique, défaut monophasé à la terre de la troisième phase, ouverture définitive des disjoncteurs d’extrémité. On a ensuite trouvé le câble de cette troisième phase mécaniquement coupé, les extrémités des deux tronçons reposant sur le sol. Explication proposée : l’onde de surpression suivant l’onde de choc de la détonation AZF a secoué les câbles de la ligne et provoqué le défaut diphasé transitoire qui s’est effectivement effacé pendant la temporisation. Mais un éclat métallique propulsé par la détonation est venu sectionner la troisième phase pendant cette temporisation et le réenclenchement automatique a eu lieu sur un défaut monophasé.
Cette interprétation appelle une première critique. Nous avons vu que le réseau 63 kV avait subi des perturbations multiples et graves depuis longtemps. Comment être certain que celle enregistrée par l’OPG d’AZF est bien le défaut des Demoiselles ? Cette question est d’autant plus pertinente que la critique de l’enregistrement OPG ne résulte que de ce qu’en a enregistré lui-même l’un des ordinateurs AZF et que la mémoire électronique de l’OPG, envoyée pour interprétation au successeur AREVA de son constructeur initial ALSTOM, semble n’avoir pas révélé grand chose et a été soustraite à toute possibilité d’analyse par des experts indépendants. Toutes ces considérations sont d’autant plus importantes que la datation initiale du défaut sur la ligne des Demoiselles, initialement de 10h 18min 07,37s en mesure brute dans le rapport ancien des assurances, s’est finalement transformée en 10h 17min 57,56s en valeur recalée intégrant les temps de réponse, par la grâce d’EDF qui précise même qu’il s’agit précisément de celle du second défaut monophasé. Le soi-disant recalage des datations AZF sur le TU relève ainsi du mythe. La dernière datation du défaut des Demoiselles semble en effet n’avoir été sortie du chapeau que pour coller avec la date de la détonation (le temps zéro) de la thèse sismo-acoustique, alors que la première collait parfaitement bien avec la datation Arnaudiès de cette détonation. Mais elle ne résout rien en ce qui concerne la recherche du phénomène initiateur car elle reste nettement postérieure aux premières perturbations enregistrées sur les réseaux EDF – RTE (comme l’alarme Mounède) et reste proche du découplage SETMI dont on sait qu’il est antérieur de plusieurs secondes à détonation.
L’interprétation de la nature du défaut des Demoiselles suscite également des interrogations. Le réenclenchement automatique d’un disjoncteur n’est possible que si sa coupure préalable n’a entraîné aucun risque de perte de synchronisme. C’était normalement le cas des disjoncteurs d’extrémité de la ligne concernée en raison du maillage des réseaux qui devaient maintenir par ailleurs le synchronisme entre les deux postes qu’elle reliait. Mais je ne suis jamais arrivé à comprendre quel critère était censé interdire ce réenclenchement automatique en cas de graves incidents amont interrompant ce maillage. Je suis également perplexe en fonctions de souvenirs très anciens. J’ai démarré autrefois une centrale qui était reliée au réseau général par une longue ligne souvent foudroyée. En cas de défaut monophasé, seule la phase concernée s’ouvrait sur les disjoncteurs d’extrémité, sans entraîner de rupture de synchronisme, puis faisait l’objet d’une tentative de réenclenchement. Pourquoi, dans le cas de la ligne des Demoiselles pour laquelle le synchronisme était en principe maintenu entre ses extrémités, un défaut diphasé aurait-il entraîné l’ouverture simultanée des trois phases avant de tenter de les réenclencher ? Si, en effet, seules les deux phases concernées s’étaient ouvertes, le scénario de l’accident ne tiendrait plus (le défaut à la terre de la troisième phase aurait été détecté pendant la temporisation et le réenclenchement sur défaut monophasé n’aurait pas eu lieu).
PALLUEL a enfin procédé à une étude très détaillée de la datation des incidents AZF et de leur distance au cratère. Il en déduit que, par rapport à ce qu’il appelle le temps zéro, les dates sont proportionnelles aux distances et que la cause unique des incidents est donc bien la détonation. Or, comme nous venons de le voir, il n’a pu fixer crédiblement ce temps zéro par des considérations électriques et se trouve obligé, sans le dire, d’utiliser le temps zéro sismo-acoustique dont nous savons qu’il est faux (nous allons y revenir). Par ailleurs il admet comme axiome dans sa démonstration ce qu’il veut démontrer, c’est à dire que l’origine spatiale qui lui permet de calculer les distances est bien le centre du cratère. Si l’événement sismique principal n’est pas issu de la détonation AZF et si son origine est lointaine, ce que nous savons être le cas, tout ce travail s’effondre puisque nous n’avons plus affaire à un seul nuage de points rapportés à une origine spatio-temporelle unique mais à deux nuages distincts rapportés à deux origines spatio-temporelles différentes.
Les manifestations multiples de la catastrophe (ondes sismiques, acoustiques, destruction des réseaux interne et externe au site d'électricité) ont été enregistrées sur de multiples supports que les experts analyseront afin d'une part de tirer des enseignements sur la question délicate des perceptions de l'événement par les témoins et victimes et d'autre part d'apporter ou de tenter d'apporter des précisions sur la datation de l'événement, son caractère unique, sa localisation et le sens de la détonation.
Il convient de souligner que sur ce point là et qu'ils s'agissent de l'analyse des enregistrements effectués par l'instrumentation de l'usine (travaux de M. PALLUEL repris par M. COUDERC) ou de l'intérêt et la recherche des enregistrements audio, GP a eu un rôle moteur et de premier plan, l'institution judiciaire paraissant, notamment sur la question des enregistrements audio, qui renvoyait à la recherche d'explication du "double bang" quelque peu réservée au cours des premiers mois. Il convient en outre de souligner que la campagne de tirs et d'enregistrements sismiques qui fut réalisé dans le courant de l'été 2004 et qui fut d'une ampleur considérable l'a été en relation étroite avec le groupe Total et avec le soutien logistique de l'entreprise.

Cette mise au point liminaire ne privera pas le tribunal d'exercer un regard critique sur la pertinence de certaines conclusions étonnantes développées à l'audience par les experts de la défense.


Nous allons examiner successivement ces différentes analyses :
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