Un relevé topographique en lignes de niveau du cratère a été effectué par le cabinet du géomètre-expert SOMPAYRAC entre le vendredi 21/9/01 au soir et le lundi 24/9/01. Ce relevé fait partie de la procédure ; on peut le trouver par exemple dans un rapport de police signé du commissaire SABY et diffusé dès le début de 2002.
Une étude mathématique minutieuse de ce relevé permet de conclure, sans contestation possible, que le volume initial du cratère sous le niveau général du sol environnant le bâtiment 221 d’AZF a été de 3500 mètres cubes par excès, à 5 pour cent près. La vérification est à la portée de n’importe qui sans qu’il soit besoin du moindre logiciel : il suffit de connaître la bonne vieille formule des trois niveaux et de l’appliquer à chaque tranche de volume entre deux lignes de niveau (la surface de chaque ligne de niveau est aisément calculable, avec une simple calculatrice, avec une excellente précision), puis d’additionner tous les volumes de celles de ces tranches qui sont situées sous la cote du sol environnant le bâtiment 221. Il est étrange que Didier BERGUES ne fasse aucune référence à ce document essentiel de la procédure alors qu’il consacre tant de place, dans son rapport, au cratère, dont il fait la pièce maîtresse de sa « démonstration ». En réalité, il a besoin d’un volume dramatiquement surévalué (presque trois fois la réalité !) pour convaincre ses lecteurs qu’il y aurait eu plus d’une centaine de tonnes d’ammonitrate explosé. Pour y parvenir, il a relevé de plus d’un mètre le niveau sous lequel il calcule le volume, il a intégré les énormes lèvres, qui ne sont que de la terre déposée là après avoir été extraite du sol par l’explosion, et il ne donne aucune justification scientifique de ces manipulations : le lecteur doit le suivre sans murmure parce qu’il est expert judiciaire !
Or il tombe sous le sens que s’agissant d’évaluer tant bien que mal l’énergie mise en jeu pour creuser ce cratère (la mise en avant de son volume ne sert ici qu’à cette évaluation), seul doit être pris en compte le volume sous le niveau général du sol environnant le 221, puisque seul le creusement de ce sol a consommé une quantité significative d’énergie. En comparaison, l’énergie qui a suffi à broyer la dalle de béton et à disperser le tout-venant inconsistant entre cette dalle et le vrai sol est négligeable !
Mais il y a mieux : à tout bout de champ, dans ce rapport, on lit que cette dalle aurait été en piteux état, et même qu’en maints endroits il n’en restait pratiquement rien. Si c’était vrai, l’énergie nécessaire à la disloquer aurait été d’autant plus faible ! Ce qui rend l’argument ci-dessus encore plus irréfutable.
En résumé, le raisonnement de Didier BERGUES prouve le contraire de ce qu’il en conclut, car s’il a fallu 8770 mètres cubes de cratère pour arriver à 100 tonnes d’équivalent TNT d’ammonitrate explosé, alors du fait que le véritable volume du cratère a tourné autour de 3500 mètres cubes, on est forcé de convenir que la véritable quantité d’ammonitrate explosé a été entre 30 et 40 tonnes, ce dernier nombre étant un grand maximum. Et cela change tout, car avec seulement cette quantité d’ammonitrate explosé dans le 221, les gros dégâts constatés dans l’usine SNPE deviennent rigoureusement impossibles à expliquer par la seule explosion du bâtiment 221 d’AZF. Autrement dit, tout se passe comme si la surévaluation démesurée du volume du cratère d’AZF n’avait eu pour seule et unique fonction que de contribuer à masquer la véritable cause des énormes dégâts constatés dans l’usine SNPE.
- aux abords du cratère :
Les enquêteurs observent (cote D 1750) que le souffle de la déflagration a entraîné c’est incroyable: il ne s’agit plus d’une détonation qui s’est résolue en onde de surpression mais d’une pure déflagration. Un président de Cour peut-il être aussi inconséquent pour proférer une telle ânerie dans son jugement ?
- au nord du cratère, la destruction du bâtiment d'ensachage et de palettisation et de divers bâtiments implantés à l'arrière dont il ne subsiste plus qu'un amas de ferrailles pliées. La forme de ces pliures les incline à penser que le souffle maximal de la déflagration a traversé cette structure. Intéressant. Le jugement occulte complètement le « coup de hache » dans l’axe du tas cher aux experts judiciaires, qui est une telle ânerie qu’il vaut mieux ne pas l’évoquer.
- au sud, une trouée caractéristique dans l'unité de fabrication des ammonitrates. Evidemment rien en ce qui concerne le renversement plein Sud de la base de la tour de prilling, sans aucun vrillage.
- à l'est, une destruction partielle de l'un des murs d'enceinte du bâtiment 17 bis.
- à l'ouest, un alignement régulier des plots de séparation des bâtiments 221 et 222, couchés vers l'ouest qui leur permet de retenir ces plots ont-ils de la mémoire ? que c'est dans cette direction que s'est propagé le souffle, l'absence d'autres bâtiments ou structures ne permettant pas ici davantage de constatations. Rien ne s’oppose ici à la théorie de l’amorçage dans le tas principal
- les policiers établissent également une étude d'impacts de projectiles et déterminent que des blocs de bétons furent projetés entre 600 à 800 mètres du cratère en direction sud et s'écrasèrent qui sur un véhicule qui sur des installations industrielles en partie sud nous avons bien compris que cela c’est passé au Sud, donc au Sud, du cratère; compte tenu de la durée de "vol" du projectile, déterminée à plusieurs secondes, certains de ces impacts pourraient, le cas échéant, expliquer des phénomènes de "double bang" il n’y a plus, soudainement de « projectiles » mais un seul pour des personnes situées à une distance insuffisamment éloignée du cratère pour expliquer, par le déplacement de l'onde sismique inepte, ce phénomène. Si les bruits de ces retombées avaient été significatifs, ils se seraient traduits non par un deuxième bang mais par une rafale de bang. Et un second bruit plus faible que le premier, ce qui a toujours été le contraire. Par ailleurs cette rafale imaginaire n’aurait pu être que postérieure à la détonation du 221 alors que le premier bang lui a été nettement antérieur.
De nombreux albums photographiques seront réalisés par la police judiciaire à partir de clichés pris les 21 et 22 septembre 2001, puis, en suite et tout au long des travaux de décapage et de dégagement des vestiges de ce bâtiment qui apporte de très nombreux enseignements sur l'état de la dalle, la présence d `une couche de nitrate d'inégales ?? consistance et épaisseurs ?? reposant sur les restes de dalle du 221 tant en partie ouest qu'en partie est, la découverte des réseaux d'eau pluviales ??, le cheminement des réseaux électriques à l'ouest etc...
En outre, seront saisies les photographies prises par le docteur JOLY, urgentiste, le 21 septembre 2001. et alors ! qu’apportent ces photos ?
Enfin, le 8 octobre 2001, des photographies aériennes seront prises à l'aide d'un matériel spécialisé de type rolleïmétrique de grande précision et permettant des reconstitutions et calages planimétriques des éléments je suis manifestement trop inculte pour y comprendre quelque chose.
- II-3-3-5-2 : l'analyse des constats :
Observations faites que l'on peut considérer comme acquis au débat deux données de base :
- La connaissance de l'explosif à l'origine de la catastrophe et donc de ses caractéristiques théoriques (vitesse de détonation relativement lente mais durée d'impulsion élevée) : il s'agit du nitrate d'ammonium Il est tout à fait remarquable qu’il faille attendre cette page pour entendre parler de la « durée d’impulsion », qui n’est définie nulle part dans le présent jugement. Par ailleurs, il existe plusieurs processus de décomposition détonante du nitrate que l’on connaît mal. La preuve en est que l’on évoque généralement la formule de Berthelot pour décrire cette décomposition, formule liée à la valeur basse d’un peu plus de 3000 m/s et qui ne prédit que la formation de gaz incolores, alors que l’on considère à juste titre que la formation d’un nuage de vapeurs rousses (NO2) est presque toujours associée à une détonation de nitrate. D’autres processus de décomposition interviennent donc en réalité, dont l’un au moins est crédité d’une vitesse initiale de plus de 5000 m/s;
- La forme et, globalement, les dimensions des deux masses de cet explosif sont également connues :
* le tas principal est constitué par une masse de nitrates d'ammonium avoisinant les 400 à 450 tonnes Faux. Moins de 400 t, de forme allongée, d'une longueur de l'ordre de 20 à 30 m sur 8 ou 10 m de large et d'une hauteur maximale de 2,5 à 3 m ;
* le tas du box est constitué, avant le déversement de la benne blanche litigieuse dont nous ignorons tout (qualité (NAI et/ou NAA ? DCCNA ? Autres ?, et quantité (150 ou 500 kg ?, moins, davantage ?), de trois apports, sans que l'on puisse se prononcer de manière certaine de ?? leur disposition géographique dans le box : 10 tonnes de fines d'ammonitrate outre deux tonnes de 500 kilos de NAI, à la lecture de l'ensemble des travaux techniques menés tant par les experts judiciaires que par les sachants de la défense, il ressort que l'analyse des constatations, notamment du cratère voire des dégâts en champ proche, sont de nature à nous renseigner sur trois grandes séries d'informations :
- La puissance de la détonation en équivalent TNT,
- Le point d'initiation de la détonation et, corrélativement le sens de la détonation.
- La détermination du (ou des) tas ayant participé à la détonation.
L'explication retenue par le magistrat instructeur concernant la cause de la catastrophe reposant sur l'interaction du contenu de la benne blanche avec le produit se trouvant au sol et au pied du tas se trouvant dans le box, la possibilité de pouvoir déterminer le point d'initiation, le sens de la détonation et le fait de savoir si les deux tas ont ou non explosé présente un grand intérêt. Autrement dit, on comprend qu'à suivre l'avis des experts judiciaires, l'initiation dans le box permet de conforter l'implication éventuelle (à elle seule cette localisation ne démontre rien) du déversement de la benne dans le processus explosif, alors que la défense soutient pour sa part que le tas du box n'a pas participé à l'explosion et que le point d'initiation se trouve dans la partie centrale ; admettre sur ce point les explications de la défense permettrait d'exclure cette implication et rendrait dès lors inutile l'examen de la chaîne causale.
- II-3-3-5-3 : l'évaluation de la puissance de l'explosion en équivalent TNT :
Les différentes missions d'enquête vont s'efforcer d'évaluer la puissance de la détonation en équivalent TNT.
Force est de constater que l'emploi de diverses méthodes d'analyses n'a pas permis de dégager de réponse cohérente, les résultats de ces investigations étant peu compatibles entre elles.
- M. BERGUES va privilégier l'analyse du cratère en employant différentes méthodes d'analyses américaines ou russe, basées sur le volume du cratère ou le rayon d'endommagement de la dalle; ces travaux le conduisent à considérer une évaluation de l'ordre de la centaine de tonne d'équivalent TNT, qu'il estime compatible avec la masse de nitrate d'ammonium, susceptible de détonner, déduction faite de son manteau, et en retenant une équivalence TNT théorique de 0,3; LE MONNYER protège toujours l’ineffable BERGUES qui, en la matière, s’est surpassé. En pages 29 et 30 de son rapport du 24 01 2006, il évalue la masse de TNT qui aurait pu creuser le cratère mythique dont il fait état et qui n’a rien à voir avec le cratère réel. Il aboutit à une fourchette comprise entre 70 et 126 t. Compte tenu de son l’interprétation de l’équivalence détonique du nitrate par rapport au TNT (0,3), ces quantités signifieraient que la masse de nitrate ayant détoné se situerait entre 233 et 420 t. Ces deux dernières valeurs ne sont pas citées dans le rapport mais résultent directement de l’équivalence 0,3. Même la plus basse est parfaitement absurde : toutes les autres informations reçues sur le sujet nous montrent que la masse de nitrate ayant détoné est, au plus, de 40 t. La plus haute relève du plus total délire puisqu’elle signifierait que l’intégralité du stock aurait détoné, ce qui n’est manifestement pas le cas. BERGUES conclut alors, pour d’obscures raisons, qu’il faut retenir 80 t, ou 267 t de nitrate, valeur qu’il oublie immédiatement pour passer à autre chose. En pages 32 et 33, il revient sur cette évaluation, par utilisation de deux logiciels ad hoc appliqués au cratère mythique de 8770 m3. Il trouve 330 et 136 t de TNT, c’est à dire 1100 et 453 t de nitrate, valeurs dont l’absurdité ne provoque pas chez lui le moindre froncement de sourcils. Changeant encore de méthode (p 50 à 52), il trouve 292 t de nitrate, équivalant selon lui à 99 t de TNT, alors qu’une multiplication par 0,3 donne 69 t de TNT et non 99 t ! En page 54, il délivre sa conclusion : ces dernières évaluations montrent bien qu’il s’agit de 99 à 122 t de TNT, ce qui est parfaitement en ligne avec l’évaluation initiale de 70 à 136 t (évaluation qui était en réalité de 70 à 126 t) et permet d’affirmer qu’il faut retenir 100 t. Les 80 t précédentes sont définitivement passées à la trappe.
Il importe évidemment à la Justice que la dramatique incompétence et l’immense mauvaise foi de BERGUES soient occultées. Je les avais bien mises en évidence dans mon contre-rapport, que Perriquet (deuxième manière) a censuré dans son ordonnance de renvoi mais qui n’en figure pas moins au dossier de l’instruction. Si j’avais été cité à la barre, j’aurais fait voler en éclat le rapport BERGUES simplement en rappelant mon analyse, ce qu’un président de Cour manipulé ne pouvait, bien sur, tolérer.
- la SNPE va se voir confier par la société GRANDE PAROISSE une étude sur les endommagements des vitres et menuiseries en champ proche à lointain afin d'établir l'évaluation de la puissance de l'explosion ; il convient de relever qu'au cours des débats, la pertinence d'utiliser ces endommagements en champ lointain sera critiquée par M. LANGUY, dont il convient de remarquer qu'il a longtemps travaillé pour cette société publique, au double motif qu'elle ne tient pas compte d'un facteur très influent sur les endommagements de vitre qui est le gradient thermique, méconnu le 21 septembre (à tel point qu'il s'agit d'un facteur qui est analysé avant les tirs à grande échelle pour s'assurer de l'absence de provocation de dégâts collatéraux chez les riverains du champ de tir) et des caractéristiques particulières ci-avant décrites qui influent sur la capacité destructive de cet explosif ; la SNPE a obtenu sur la base de ce travail, une évaluation de l'ordre de 165 tonnes d'équivalent TNT. Il fallait vraiment que la CEI soit stupidement masochiste pour confier une mission d’expertise à la SNPE, directement concernée par l’affaire. La SNPE, toujours égale à elle-même et sure d’être soutenue en très haut lieu, n’a pas hésité un seul instant à truquer son expertise pour justifier son affirmation mensongère que tous les dégâts constatés sur son site résultaient exclusivement, de la détonation AZF. Il va sans dire que cela n’a pas intéressé un seul instant la défense
Ce très fort équivalent TNT est incompatible, en tout cas, avec les amplitudes des courbes du sismographe de l’OMP fournies par Mme Souriau. Suite aux tests de 2004, l’amplitude des signaux à l’OMP avec des charges de 35 kg d’équivalent TNT enterré s’avère relativement proche de celle du 21-9-2001. Un équivalent TNT de charge enterrée pour le 21-9 serait même compris entre 88 et 161 kg de TNT. Ce qui avec le rendement sismique de 0,34 % observé en 2004 placerait l’équivalent TNT autour de 25 T de TNT et donc environ 75 T de NA détonnant seulement (rapport D 7042).
- l'INERIS va évaluer la puissance de l'explosion entre 20 et 40 tonnes d'équivalent TNT en analysant les dégâts présentés par différentes structures situées sur et hors du site de grande Paroisse; OK
- la société TECNIP pour le compte de la SNPE va pour sa part mener une étude comparable plus spécifiquement axé sur le site de son commanditaire ... en soulignant que l'une des difficultés est liée à l'aléa du bâtiment. Il détermine une évaluation de l'équivalent TNT entre 15 et 25 tonnes ; la société TNO qui a contrôlé ce travail d'analyse à réévaluer l'évaluation de cette puissance au regard d'expériences récentes qu'elle a mené en privilégiant une évaluation de l'ordre de 40 Tonnes. OK
- Sous réserve de la connaissance plus précise des données météorologiques pour la journée du 21 septembre 2001, les techniciens du CEA utilisent les signaux fournis par les stations sismiques (magnitude) et les infrasons (amplitudes, fréquence centrale) pour évaluer l'ordre de grandeur de cette énergie entre quelques dizaines de tonnes et une centaine de tonnes d'équivalent TNT. Je suis surpris, compte-tenu de l’extrême sensibilité des instruments dont ils disposaient, qu’ils n’aient pu resserrer davantage la fourchette.
Le conseil technique de la défense, M.LEFEBVRE retient la fourchette de 20 à 140 Tonnes d'équivalent TNT. Dès que la défense intervient, directement ou par experts interposés, on repart dans le vaseux. Les 140 t ne sont là que pour tenter de justifier que personne ne parle de la SNPE. Si l’on applique, en effet, à ces 140 t le coefficient d’équivalence 0,3 retenu par B, on arrive à 467 l de nitrate ayant détoné, c’est à dire plus que le contenu du stock !!
Force est de constater qu'en cette matière la science ne peut fournir d'indications précises sur une telle évaluation, laquelle est rendue d'autant plus délicate, ainsi que le souligne M. LANGUY de TECNIP, que les caractéristiques du nitrate d'ammonium déjà évoquées, sa vitesse relativement lente de détonation et l'amplitude de son onde de choc provoquent des effets bien différents d'explosif brisant de types TNT et peuvent, compte tenu de la durée d'amplitude la duré d’amplitude d’une onde est une nouvelle trouvaille de LE MONNYER de l'onde de pression, provoquer des dégâts considérables à distance. Je suggère à tous les imbéciles, qui affirment que les explosions de nitrate ne sont pas brisantes, d’assister à un tir de carrière comme à l’Office Chérifien des Phosphates ou de lire les CR des attentats perpétrés aux Etats Unis. Une explosion par décomposition se caractérise par : l’énergie totale qu’elle libère, la durée de la réaction, la vitesse initiale d’éjection des gaz produits (qui est corrélée à cette durée). Lorsque cette vitesse est supersonique, elle provoque une onde de choc par percussion de l’air ambiant immobile (détonation). Mais la vitesse des gaz libérés diminue très rapidement et l’onde de choc supersonique se résout en onde de pression sonique. Lorsque la vitesse initiale est subsonique, on passe directement à une onde de pression sonique (déflagration). Dès que l’on s’éloigne de quelques dizaines de mètres du point d’amorçage, une détonation et une déflagration qui libèrent la même énergie produisent pratiquement les mêmes effets destructeurs.
Dans ces conditions, se pose la question pour le tribunal de savoir si l'évaluation du tonnage de la masse de nitrate impliqué par la détonation et de son équivalence TNT est fondamentale, nécessaire ou indifférente pour apprécier la responsabilité pénale des prévenus.
Il convient d'emblée de préciser qu'à l'évidence la réponse à cette interrogation est cruciale pour la communauté industrielle et les pouvoirs publics à qui il appartient de s'interroger sur les conditions de stockage du nitrate d'ammonium et la pertinence de maintenir, surtout en zone urbaine, des silos en vrac de telle importance.
En effet, si l'on était en mesure de déterminer précisément d'une part la quantité de NAA et de NAI stockée dans le bâtiment 221, d'autre part la masse de nitrate ayant participé effectivement à cette détonation, les effets produits par cette explosion étant, par ailleurs, malheureusement connus, l'enseignement que l'on pourrait en tirer sur la masse de nitrate susceptible de partir en détonation dès lors qu'il est soumis à une onde de choc, permettrait sans doute d'apprécier les conséquences que pourrait occasionner la mise en détonation des silos de grande contenance, observations faites qu'à Toulouse le bâtiment I4 était autorisé à contenir 15 000 t de nitrate agricole, soit 30 fois supérieure à celle du 221. Charabia : « soit 30 fois plus que le 221 »
Autrement dit, si l'on pouvait déterminer à Toulouse que c'est une proportion de 25, 50 ou 70 % des 350 ou 500 t de nitrate contenu dans le bâtiment 221 qui a participé à la détonation, il pourrait être déterminé ce que la mise en détonation de tel silo en vrac de grande contenance pourrait entraîner et permettre, le cas échéant, d'adapter les prescriptions réglementaires en terme de sûreté des installations notamment.
De telles considérations ne ressortent pas de la compétence du tribunal correctionnel. En revanche, le tribunal n'ignore pas qu'au cours de l'information judiciaire, certains, et notamment M. BOURGOIS, conseil technique à l'époque de la défense, se sont interrogés sur le point de savoir si, en fonction de l'évaluation de l'équivalent TNT produit par la détonation du 21 septembre on pouvait ou non expliquer l'ensemble des dégradations constatées alentours du site, et plus particulièrement à l'usine SNPE... Autrement dit, certains se sont interrogés sur le point de savoir si une évaluation de l'ordre de 15 à 20 tonnes ou 20 à 40 tonnes d'équivalent TNT pouvait expliquer les dégâts occasionnés aux bâtiments de la SNPE les plus éloignés de l'épicentre, ce qui, dans la négative, pouvait permettre d'alimenter l'antienne d'un événement précurseur sur ce site. Je redis fermement que la grande majorité des dégâts constatés à la SNPE ne peuvent, en aucun cas, être attribués aux effets de la détonation AZF. Cela ne veut pas dire que l’événement précurseur du processus catastrophique complexe, dont la Justice et la défense nient farouchement l’existence, se soit situé sur le site SNPE. Mais cela montre, sans la moindre contestation possible, que ce processus est passé par la SNPE (et les postes électriques qui l’alimentaient) plus de 8 s avant la détonation AZF. Toute affirmation contraire ne relève pas d’une différence d’interprétation légitime des mêmes faits par des experts différents, mais d’un pur mensonge qui, s’il est sciemment proféré sous serment par des experts judiciaires, relève de la forfaiture.
Relevons dès à présent que le nouveau conseil scientifique en la matière a réévalué la fourchette de la puissance de la détonation de 20 à 140 tonnes d'équivalent TNT. Plus sérieusement, il convient de relever à ce titre l'étude menée par la société TECNIP et approuvée par la société néerlandaise TNO ; le responsable de ce laboratoire, M. LANGUY, a déposé devant le tribunal : ce rapport d'étude et ses explications permettent de lever le moindre doute sur ce point; compte tenu des caractéristiques explosives du nitrate d'ammonium et de sa capacité destructive à distance, compte tenu de l'amplitude de son onde de choc l’amplitude est l’une des caractéristiques des oscillations périodiques, alors que l’onde de choc est un phénomène instantané, phénomène qu'il a développé de manière particulièrement convaincante Littré ?, cet expert a confirmé que l'ensemble des dégâts observés par ses spécialistes sur ce site s'expliquent par une détonation unique du bâtiment 221 ; il a ajouté qu'aucun sinistre analysé sur l'usine SNPE par cette société ne pouvait laisser accroire qu'un phénomène explosif ait eu lieu sur ce site ; en outre la direction de l'usine sollicitera cette société pour procéder à cette étude dès le lendemain de l'explosion et lui laissera toute liberté pour déterminer les bâtiments méritant d'être étudiés, autant d'éléments qui mettent à mal l'hypothèse, développée à l'audience par un conseil de la défense selon laquelle cette entreprise aurait manifesté la volonté de cacher quelque chose. Cette volonté est tellement évidente qu’il me faut inlassablement ressasser l’inverse !
Dostları ilə paylaş: |