Université du québec à montréAL



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LA COLLABORATION DES NOIRS ET DES NISEI AUX ÉTATS-UNIS APRÈS LA SECONDE GUERRE MON­DIALE
Greg ROBINSON
Au cours des dix ans qui suivirent la fin de la Seconde Guerre mondiale, les militants de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP) et son Legal Defense Fund ont mené un combat acharné contre la dis­crimination raciale. Dans une série de procès devant la Cour Suprême, les avocats noirs de la NAACP ont réussi d’abord à limiter l’application de la doctrine légale de « sé­paré mais égal » que le haut tribunal avait établie en 1896 et qui justifiait le système d’apartheid du sud du pays, appelé « Jim Crow ». La campagne de la NAACP a triom­phé finalement en 1954 avec l’arrêt de la Cour Suprême dans l’affaire de Brown v. Board of Education, où la Cour déclarait la ségrégation raciale anticonstitutionnelle. L’arrêt de Brown devait révolutionner la société américaine, dé­clenchant le mouvement des droits civiques des Noirs et donnant naissance à une toute nouvelle conception de la démocratie.

L’épopée de Brown et la lutte juridique des Noirs pour l’égalité sont assez célèbres aux États-Unis. De nombreux films, mémoires et histoires, comme le livre Simple Justice de Richard Kluger et l’étude Making Civil Rights Law de Mark Tushnet, y sont consacrés. Or un élément clé de cette histoire est presque entièrement exclu de la commémo­ra­tion populaire : c’est l’étroite collaboration des Noirs avec les Américains d’origine japonaise dans l’après-guerre et le rôle important joué par ces derniers dans l’avè­ne­ment de Brown. En revanche, bien qu’il existe un tas de livres sur l’internement des Japonais Américains, y compris Concen­tration Camps U.S.A. de Roger Daniels et By Order of the President de Greg Robinson, l’expérience des Japonais Américains dans l’après-guerre n’a guère été abordée dans la littérature historique.


Leur présence dans la lutte pour l’égalité raciale s’avère déterminante dans trois domaines. D’abord, l’arrêt de Brown se fonde pour l’essentiel sur des principes légaux établis dans les jugements de la Cour Suprême qui por­taient sur l’internement des Japonais Américains pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces principes furent plus tard affirmés et raffinés par le haut tribunal, au lendemain de la guerre, dans des arrêts qui portaient sur les droits des Japonais Américains de vivre et de travailler sans dis­cri­mination. En plus, ces derniers vont eux-mêmes exercer des pressions en faveur de l’égalité. Les militants « Nisei » (citoyen américain d’origine japonaise) du Japanese Ame­ri­can Citizens League (JACL) se rangent aux côtés de la NAACP. Les deux groupes échangent des recherches so­ciologiques et ils collaborent dans la formulation de straté­gies légales. Ils s’appuient réciproquement devant les tri­bu­naux en soumettant des dossiers dits amicus curiae dans le but de mieux persuader les cours d’approuver l’égalité. Enfin, la présence des Japonais Américains est d’une grande importance symbolique dans la campagne de la NAACP. La plupart des juges et des officiers du gou­ver­ne­ment actifs dans la lutte juridique des droits civiques furent autrefois impliqués dans la décision d’enfermer les Japo­nais dans des camps de concentration, et les sentiments de regret et de culpabilité qu’ils en éprouvent y sont pour beaucoup dans leur engagement ultérieur afin de protéger les droits des Noirs et d’assurer désormais l’égalité raciale. La collaboration des deux groupes s’avère éphémère, en partie grâce à son propre succès, puisqu’elle réussit à dé­truire les barrières légales à l’intégration des minorités, et en partie à cause de l’écart grandissant entre un mou­ve­ment noir contestataire et une communauté japonaise de plus en plus aisée et conservatrice. L’alliance a néanmoins laissé aux Noirs et aux Japonais un vif sentiment de fra­ter­nité interraciale qui a inspiré leurs actions ultérieures.
Objectifs
L’objectif de cette recherche est de faire une analyse sociale et culturelle de l’interaction des Noirs et des Nisei dans les grandes villes de la côte ouest (Los Angeles, Seattle, San Francisco) et de l’est (New York, Chicago) au cours des années qui suivirent la Seconde Guerre mon­diale. Nous voulons également étudier l’alliance politique des deux groupes, de ses origines au début de la guerre jusqu’à son déclin à la fin des années 1950. Nous cher­chons à comprendre la transformation des mentalités des deux groupes qui fut provoquée par la guerre, et en par­ti­culier l’impact de l’internement en masse des Japonais Américains sur le développement de la nouvelle com­mu­nauté Nisei qui surgit suite à la guerre. L’évacuation et la dispersion des Japonais à travers le pays a eu l’effet de rapprocher les Noirs et les Nisei sur le plan géographique et social et de favoriser des liens d’amitié entre eux. Le soutien disproportionné des militants noirs pour les droits des Japonais Américains qui furent enfermés sans procès par leur propre gouvernement, inspirait des militants Nisei à prendre conscience, souvent pour la première fois, de leur statut de minorité raciale aux États-Unis, et il a eu l’effet de les pousser à s’engager dans un mouvement antiraciste commun. Nous nous interrogeons aussi sur l’impact du­ra­ble de cette entente sur le sort de ces deux groupes, sur­tout comment les stratégies apprises des Noirs ont aidé les Nisei dans leur mouvement de revendication pendant les années 1970 et 1980 en vue d’obtenir des réparations pour l’internement, un mouvement qui a abouti en 1988 avec l’octroi de $20,000 à chaque Japonais Américain jadis soumis à l’Executive Order 9066.
Ce projet vise à combler un vide dans l’histoire des droits civiques et du mouvement noir de l’après-guerre, aussi bien que dans l’historiographie quasi–inexistante sur le rétablissement et la trans­for­ma­tion des Japonais Amé­ri­cains après leur internement. Ce projet représente une réflexion sans précédent sur les bases du changement his­to­rique que la politique du gouvernement fédéral envers les Noirs et les Japonais Américains a subie pendant l’après-guerre, passant de l’exclusion et la ségrégation jusqu’à la promotion de l’égalité. Il représente donc une continuation, sur une nouvelle piste, de mon travail de doctorat sur la po­litique du gouvernement pendant l’internement qui a abouti à mon premier livre By Order of the President. En plus, ce projet offre l’occasion d’une étude exceptionnelle des re­la­tions historiques entre deux minorités raciales qui sont le plus souvent vues seulement dans l’optique de leur con­di­tion vis-à-vis de la majorité blanche. D’ailleurs ce rare exemple d’une coalition multiraciale réussie sert de point de départ à une réflexion plus approfondie sur les limites et les difficultés propres à des collaborations interraciales dans l’histoire américaine au XXe siècle.

Sources

Nous voulons retracer, par la lecture des ouvrages écrits et des documents aux archives telles que la bi­blio­thè­que du Japanese American National Museum, la formation et le structure des divers réseaux de collaboration entre les membres des deux communautés, y compris la rédaction commune d’études par les sociologues Horace Cayton et Setsuko Nishi, la création d’églises interraciales comme The Church for the Fellowship of All Peoples à San Francisco, de logements multiraciaux dans des quartiers communs, tel celui de « Little Tokyo-Bronzeville » à Los Angeles, l’invitation mutuelle de conférenciers aux réunions et la publication réciproque d’articles dans des journaux ethniques comme le Pacific Citizen, l’organe du JACL, The Crisis, la magazine de la NAACP, et des journaux noirs comme le Los Angeles Tribune et le Chicago Defender. Nous voulons également étudier aux archives de la Cour Suprême les dossiers de la série de procès relatifs aux droits civiques des Noirs et des Japonais Américains. Les plus importants sont ceux de Oyama v. California (1947), qui renversait les Alien Land Acts qui avaient jadis interdit aux immigrants Japonais de posséder de la propriété fon­cière; Shelley v. Kraemer (1948), qui mit fin aux restrictive covenants qui empêchaient les minorités visibles d’acheter des maisons hors des ghettos; et Brown v. Board of Edu­cation (1954).


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