Les transformateurs de T 24 : les transformateurs de T 24 présentent des traces de fonctionnement normales à l’exception de deux d’entre eux, les numéros 1 et 3 sur lesquels des traces de coupure dues à une surintensité ont été découvertes. Celles-ci sont la conséquence de la projection de rideaux métalliques sur les bornes HT de ces transformateurs.
Les experts en électricité ont éliminé toute possibilité de déversement d’un courant haute tension dans les lignes basse tension connectées aux secondaires des transformateurs de T24.
Par conséquent :
1. aucun courant HT 6,2 kV ne s’est déversé dans les lignes basses tensions 230 et 400 V connectées aux secondaires des deux transformateurs630 kVA et 6,2 kV/400 V ;
2. l’hypothèse retenant comme cause de l’explosion le déversement de la moyenne tension dans le circuit basse tension 230 et 400 V, à partir d’un transformateur du poste T24, est écartée.
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Les alimentations électriques proches du site AZF
Dans l’environnement plus lointain du bâtiment 221, d’autres lignes haute tension étaient installées ; certaines faisaient partie des alimentations de l’usine SNPE, d’autres appartiennent aux réseaux de distribution EDF ou RTE ou à celui des chemins de fer.
Comme pour la ligne 6,2 kV, le défaut d’isolement vers la terre de l’une de ces alimentations HT est indispensable pour permettre l’amorçage du court-circuit et l’écoulement du courant dans le tas de nitrates déclassés. Plusieurs campagnes d’essais ont été réalisées pour vérifier si une liaison conductrice pouvait relier une source potentielle de courant de terre localisée à l’extérieur du site AZF au sous-sol du bâtiment 221.
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Les alimentations électriques de l’usine de SNPE
Le site industriel SNPE pouvait être alimenté à partir du :
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réseau principal 63 kV réalisé en câbles enterrés provenant du poste de PORTET et transitant par le poste Lafourguette où sont installés les disjoncteurs de protection. Il aboutit au poste de transformation SNPE situé dans l’enceinte de l’usine ;
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réseau de secours 20 kV réalisé en câbles enterrés provenant du poste de LAFOURGUETTE. Après l’explosion, ce réseau a alimenté, selon EDF-DGES, l’usine SNPE à partir de 19 h 00 environ ; il est resté sous tension du 21. 09. 01. au 28. 02. 02, assurant sans défaillance l’alimentation SNPE ;
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réseau 6,2 kV provenant du poste T0 d’AZF qui normalement était hors tension, ce qui était le cas le jour de l’explosion selon la société SNPE. Ce point a été vérifié par l’examen du disjoncteur installé dans le poste T0 – rapport des experts – : « l’examen visuel de l’intérieur de cet appareil (disjoncteur) : contacts principaux, pare-étincelles, espaces d’isolement, a montré son parfait état et a montré aussi qu’il n’avait coupé aucun courant de défaut ou supporté aucune surtension anormale ayant pu entraîner un amorçage avec franchissement des espaces d’isolement. ».
En résumé, au moment de l’explosion, le site SNPE était alimenté uniquement par le réseau 63 kV ; les réseaux 20 kV et 6,2 kV étaient hors tension.
Arrivée 63 kV dans le poste de transformation 63/20 kV : amorçage d’un arc
Dans le poste de transformation 63/20 kV, un câble nu relie l’entrée au sectionneur d’arrivée. La phase No 11 présente des traces d’amorçage : « de petits cratères et de petits perlages du métal sont visibles » ; un brin de cette liaison est rompu par fusion. Un fragment du mur séparant l’introduction 63 kV du transformateur 63/20 kV est tombé sur la phase No 11. Un arc électrique a cheminé dans le béton à travers une armature métallique ( rapport du laboratoire LMDC de l’INSA-UPS de l’Université Paul Sabatier de TOULOUSE) en provoquant un court-circuit vers la terre. Ce défaut à la terre a été daté à 08h17’57.685s en temps universel. Cet incident a vraisemblablement ouvert le disjoncteur RTE au poste de Lafourguette ; il est impossible de vérifier ce dernier point car le repérage des disjoncteurs découverts en position ouverte après l’explosion n’a pas pu être effectué.
Tous les disjoncteurs du poste LA FOURGUETTE ont été ouverts manuellement lors de l’intervention du personnel de la société RTE.
Autre amorçage sur le site SNPE :
Deux réseaux internes alimentent le site SNPE en haute tension : le 20 kV provenant du transformateur précédent et le 13,5 kV produit par des autotransformateurs. Sur un poste 13,5 kV, désigné CT, un mur en briques s’est écroulé sur un jeu de barres en provoquant un défaut à la terre et un défaut entre deux phases. Chronologiquement, cet événement précède le déclenchement RTE puisque les traces d’amorçage ne peuvent apparaître que sur une alimentation sous tension.
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Autres alimentations : Pont des Demoiselles, SNCF, SETMI
Ligne 63 kV à conducteurs aériens nus
Cette ligne transite par le poste LA FOURGUETTE ; elle alimente le poste SNCF du PONT DES DEMOISELLES; elle est également raccordée au poste source de CHATEAU par lequel elle peut être réalimentée. Un arc, amorcé entre les phases 3 et 7, a provoqué la réaction des protections des postes de LA FOURGUETTE et de CHATEAU. Après 110 msec, poste LA FOURGUETTE, et 140 msec, poste CHATEAU, les disjoncteurs se sont ouverts ; ceux-ci, après un intervalle de temps de 5 sec 300 (LA FOURGUETTE) et 23 sec 550 (CHATEAU), se sont automatiquement fermés. Alors que la phase 3 était alimentée normalement, les disjoncteurs de la phase 7 se sont ouverts car le câble s’est rompu et ses deux extrémités ont été découvertes reposant sur le sol.
En résumé, sur la ligne PONT DES DEMOISELLES – CHATEAU, un court-circuit s’est produit entre les conducteurs aériens nus des phases 3 et 7. C’est le défaut biphasé. La phase 7 s’est rompue. Le scénario conduisant à cette rupture a été développé précédemment dans le chapitre 5.6. Nous rappelons que ce défaut biphasé a été daté à 08h18’07.390s en temps universel.
Caténaires SNCF
Un embranchement particulier de la SNCF alimente le réseau ferré AZF qui est électriquement isolé du réseau SNCF par un sectionneur-interrupteur aérien qui coupe l’alimentation de la caténaire et la continuité des rails.
Sa manœuvre est effectuée manuellement à chaque passage d’un convoi. Le matin du 21. 09. 01, aucune locomotive à traction électrique n’a circulé sur le réseau AZF.
Il est donc logique d’admettre que le sectionneur-interrupteur était ouvert lorsque l’explosion s’est produite. L’absence de tension sur ces installations, propriété de la SNCF, permet d’exclure cette piste électrique.
Liaison SETMI – LAFOURGUETTE
Le 21. 09. 01, un fuseau enterré de 20 kV, connecté au secondaire du transformateur TR 312 du poste Lafourguette, reliait ce dernier à la SETMI ; ce fuseau pouvait également être alimenté par le poste de LA MOUNEDE. Après l’explosion, le disjoncteur de départ du TR 312, appelé « ZAD MIRAIL », a été découvert en position ouverte au poste Lafourguette.
Les experts en électricité ont tenté de savoir à quel instant la sécurité s’est déclenchée.
Aucune datation de ces événements n’est possible car les enregistrements du poste Lafourguette ont été détruits par l’explosion.
Sur le réseau AZF, un appareil enregistreur, le téléperturbographe, s’enclenche lorsqu’une anomalie apparaît sur une des tensions d’entrée du réseau 225 kV et de distribution du réseau 6,2 kV.
La lecture de la bande papier indique une cascade d’événements après le temps de référence zéro que l’horloge d’AZF fixe à 10 h 17’ 39’’ 41.
Cependant, l’horloge du téléperturbographe était manuellement ajustée par un opérateur deux fois par an, à l’occasion du changement d’horaire été/hiver. L’erreur inhérente à ce procédé ainsi que les dérives propres à tout système de mesure du temps suppriment toute fiabilité au temps zéro AZF. C’est pourquoi, la datation des événements AZF a été corrélée à partir d’enregistrements fournis par les fournisseurs d’énergie RTE et DEGS.
En particulier, des rapprochements ont été possibles entre les datations RTE et AZF.
Selon RTE et AZF :
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l’ouverture du disjoncteur du TR 311 (poste Lafourguette) s’est produit le 21. 09. 01, à 10 h 17’ 56’’ 82 ;
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un enregistrement réalisé à PORTET indique qu’un phénomène a perturbé le réseau 63 kV avant le défaut monophasé de la phase 11 SNPE ;
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les chutes de tension mesurées sur les réseaux 225 kV, 63 kV et 20 kV peuvent être attribuées aux deux défauts dans les postes T10 et T0 d’AZF car, avant le défaut sur T10, la tension 225 kV était normale ; elle a commencé à chuter pendant le défaut. Elle est revenue à la normale après l’élimination de ces défauts par ouverture des disjoncteurs.
Les experts en électricité P. ROBERT et P. MARY ont recherché quel a été le premier événement électrique survenu sur le site AZF. Ils ont pu établir que celui-ci a eu lieu à 08h17’55.514s – 08h17’55.524s en temps universel, après exploitation des enregistrements de DEGS, RTE, de l’oscilloperturbographe d’AZF et des travaux de M. MEUNIER mandaté par Grande Paroisse (D4879). Ce premier événement électrique s’est produit sur le transformateur 3 du poste T24.
Ce temps est postérieur à la datation en temps universel de l’explosion qui rappelons le est : 08h17’55.440s – 08h17’55.470s.
Sur le réseau de la SETMI, à un temps très proche de celui de l’explosion d’AZF, un incident s’est produit ; le réseau électrique s’est mis en « îlotage ». Cinq hypothèses sont émises par les experts en électricité ; elles concernent la datation de l’incident par rapport à celle de l’explosion. Quatre d’entre elles ne permettent aucune datation chiffrée. Quant à la cinquième, elle implique que le disjoncteur « ZAD MIRAIL » s’est ouvert pour la même raison que ceux de TR 311, c’est-à-dire consécutivement aux effets de l’explosion.
Dans ce cas, l’information est transmise au poste de LA MOUNEDE qui l’enregistre et en garde la trace. Avec toutes les incertitudes que comporte cette conjecture, une date est retenue :
17’56’’170 < réception du signal sur le déclencheur de « ZAD Mirail » < 17’56’’176.
5.8.2.5.2 Discussion
a) Installations électriques A.Z.F
En raison de son importance dans un éventuel processus d’amorçage de la détonation, la ligne 6,2 kV a été soigneusement examinée. En effet, l’amorçage et l’écoulement vers la terre d’un courant intense et sa conduction dans la masse de nitrates déclassés par le chemin de câbles, les éléments métalliques de la paroi Ouest et le ferraillage de la dalle sont envisageables.
C’est au sein de la masse de nitrates compactée qui recouvrait la dalle de béton que pouvait se produire le claquage, c’est-à-dire le brusque et intense dégagement d’énergie calorifique.
Cependant :
-
la protection contre le défaut de terre de la ligne 6,2 kV était assurée par un disjoncteur installé dans le poste T 24. Le réglage de la sécurité est précisé dans le rapport des experts en électricité :
= 3 A Un défaut d’isolement d’une phase provoquant un courant vers la terre de 3 A déclenche le disjoncteur après :
= 80 msec
Les mesures des terres faites sur le site AZF par l’organisme APAVE en 2000 – 2001 étaient inférieures à 1 sur l’ensemble des bâtiments. Le réseau électrique de l’usine ayant été entretenu normalement jusqu’au jour de l’explosion, cette valeur peut être considérée comme fiable ; elle indique une bonne équipotentialité entre la terre du bâtiment No 221 et celle du poste T 24.
Dans ces conditions, à partir de la ligne 6,2 kV, tout passage d’un courant vers la terre serait revenu au disjoncteur par cette dernière. Une intensité ≥ 3 A aurait provoqué l’ouverture de la sécurité après 80 msec. De plus, le déversement de la haute tension dans un réseau basse tension à partir de l’un des transformateurs de T 24 a été précédemment écarté.
Dès lors, il est possible d’exclure qu’un défaut d’isolement d’une alimentation traversant ou provenant du poste T 24 ait provoqué un court-circuit vers la terre susceptible d’avoir initié, par l’intermédiaire d’un élément conducteur de la dalle du bâtiment 221, un claquage électrique dans la masse de nitrate d’ammonium.
Quant aux autres alimentations du site AZF, la conclusion des experts en électricité précise : « nos investigations sur les sources d’énergie électrique, les réseaux de distribution et les matériels, ne nous ont pas permis de localiser, sur les composants qui n’ont pas été dispersés ou qui n’ont pas été détériorés par les engins de chantier ou qui n’ont pas quitté le site avant nos recherches, de dysfonctionnements ou de désordres électriques antérieurs au sinistre ».
Par conséquent, un dysfonctionnement de nature électrique, survenu sur le site AZF, ne peut être à l’origine de l’explosion survenue dans le bâtiment 221.
b) Installations électriques extérieures à AZF
Les lignes 63 kV et 20 kV ont fait l’objet d’essais de mise en court-circuit vers la terre dans le but de vérifier si l’écoulement du courant à travers un élément conducteur de la terre peut aboutir dans le proche environnement du cratère creusé par l’explosion des nitrates déclassés entreposés dans le bâtiment 221.
- Ligne 63 kV : LAFOURGUETTE – SNPE.
M. Christian Mouychard (RTE) est l’auteur du rapport (D 4796) qui concerne :
1. la reproduction du défaut 63 kV (court-circuit à la terre de la phase 11) du 21. 09. 2001 à 10 h 17 mn 57,685 au poste 63 kV de la SNPE ;
2. la production d’un défaut électrique sur le câble 63 kV Lafourguette - SNPE au niveau de sa remontée sur le portique provisoire situé 50 m à l’ouest du poste 63 kV SNPE, à l’endroit où le câble a été sectionné et muni d’un manchon pour réalimenter l’usine SNPE après l’explosion.
La campagne d’essais s’est étendue du 28 au 31 octobre 2003 ; elle a visé à mesurer les valeurs de densité de courant dans le sol et de gradient de tension apparaissant au moment de ces défauts sur le site AZF, notamment au niveau du cratère 221. Trois défauts ont été reproduits sur le réseau complet 63 kV. Pour mesurer toutes les grandeurs, et pour réaliser le défaut câble (point 2 ci-dessus), une vingtaine de défauts supplémentaires ont été exécutés, sous une tension de 20kV, à l’aide d’un transformateur 63/20 kV.
Autour du cratère, les tensions ont été mesurées aux quatre points cardinaux : leurs moyennes indiquent qu’elles sont comprises entre 0,3 et 1,2 V.
Les résultats des expérimentations reproduisant les courts-circuits à la terre sur le poste de transformation de l’usine de la SNPE et à l’endroit de la connexion réalisée après l’explosion pour alimenter l’usine SNPE, 50 m à l’Ouest du poste de transformation, ont permis à l’expert de conclure :
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cette campagne de mesures a permis de reproduire fidèlement le défaut 63kV du 21/09/2001 à 10H17mn 57,7 s au poste 63kV de la SNPE, tant dans ses caractéristiques électriques (amplitude et durée du courant de défaut) que dans son processus d’apparition (amorçage avec un mur en béton armé en mouvement) ;
-
les valeurs des signaux électriques mesurées au cours des essais concordent avec celles enregistrées le 21/09/2001 par les oscilloperturbographes surveillant le réseau (L’oscilloperturbographe est un appareil d’exploitation qui enregistre les informations et les grandeurs électriques du réseau lors des défauts. Il n’est pas utilisé comme instrument de mesure) ;
- lors des essais, les valeurs mesurées (en périphérie du cratère creusé sous le bâtiment 221 de l’usine AZF) pendant les défauts mettent en évidence des valeurs extrêmement faibles :
-
gradient de potentiel dans le sol sous le cratère : moins de 0,05 V/m ;
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densité de courant dans le sol sous le cratère : moins de 0,025 A/m.
Ces valeurs n’apparaissent qu’au moment du court-circuit et disparaissent immédiatement après.
Le défaut 63 kV à la SNPE, le 21/09/2001, ne pouvait pas faire apparaître, au niveau du cratère, des valeurs supérieures à ce qui a été mesuré au cours de notre campagne de mesure.
- Un second défaut électrique a été produit sur le câble 63 kV LA FOURGUETTE - SNPE au niveau de sa remontée sur le portique provisoire situé 50 m à l’ouest du poste 63 kV SNPE. Ses effets ont été mesurés : ils sont très légèrement inférieurs à ceux créés par le défaut 63 kV dans le poste SNPE.
- Ces essais montrent que, même s’il y avait eu un défaut à cet endroit (sur le morceau de câble supprimé à l’occasion de la réalisation de la jonction provisoire), ses effets sur l’environnement auraient été moindres que ceux correspondant au défaut 63kV au poste 63 kV SNPE.
Que représente l’énergie dégagée par les valeurs de gradients de potentiel et de courant obtenues au cours des essais ?
Nous pouvons évaluer l’échauffement du sol sous le cratère créé par le passage du courant lors de ce défaut 63 KV SNPE Le Ramier qui a duré 80 ms. Nous considérons pour simplifier, que la capacité calorifique du sous-sol est égale à celle de l’eau.
Energie nécessaire pour réchauffer de 1°C 1m3 d’eau :
W 1°C = 4,18.106 Joules
L’énergie dégagée par le courant de défaut en 80 ms dans 1m3 de terre (de résistivité 20 ohms.mètre) sous le cratère est :
W elec = x t défaut = () x 80.10-3 = 10.10-6 Joules
Pour réchauffer de 1°C le sous-sol sous le cratère, il faudrait dégager cinq cent millions de fois plus d’énergie que ce qui a été produit par le défaut 63 KV survenu au poste Ramier de la SNPE.
- Ligne 20 kV sur les sites LILAS, SNPE, SEMVAT, LA FOURGUETTE.
M. Christian Mouychard (RTE) a été mandaté le 24 mai 2004 pour effectuer des essais qui se sont déroulés du 8 au 9 juin 2004 et le 17 août 2004 ; ceux-ci visent à mesurer les courants et les tensions qui apparaissent au niveau du cratère 221 et dans son environnement lorsque, sur le réseau 20 kV, alimenté par le poste de Lafourguette, se produisent :
-
des défauts monophasés simples : par exemple, court-circuit à la terre sur une phase à la SNPE ; le courant de défaut s’écoule de ce point vers celui de la mise à la terre du neutre du transformateur d’alimentation 63/20 kV du poste de LA FOURGUETTE. L’amplitude du courant de défaut est limitée à moins de 1000 A ;
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des défauts doubles : deux phases différentes du réseau 20 kV sont reliées à la terre en deux endroits distincts, par exemple au poste des LILAS et au poste SEMVAT. L’amplitude attendue des courants est de l’ordre de 3000 A.
Pour que le courant entre les terres de deux postes 20 kV circule à proximité du cratère AZF, les trajets suivants ont été retenus :
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1ère série d’essais, défaut double du poste 20 kV de LILAS au poste 20 kV de la SEMVAT ;
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2ème série d’essais, défaut monophasé simple du poste 20 kV de LILAS à LA FOURGUETTE ;
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3ème série d’essais, défaut monophasé simple du poste 20 kV de la SNPE à LA FOURGUETTE.
Les résultats des essais et les conclusions qu’ils induisent sont extraits du rapport de M. MOUYCHARD (D6192) :
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les courants de défaut enregistrés ont été conformes aux calculs : de l’ordre de 800 A pour les défauts monophasés, et 3000 A pour les défauts doubles ;
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les campagnes de mesures ont permis de reproduire fidèlement les défauts 20 kV tels qu’ils auraient pu se produire le 21/09/2001 (amplitude et durée du courant de défaut).
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lors des essais, les valeurs mesurées pendant les défauts mettent en évidence des valeurs extrêmement faibles :
1. gradient de potentiel dans le sol sous le cratère : moins de 0,05 V/m
2. densité de courant dans le sol sous le cratère : moins de 0,025 A/m.
-
ces valeurs n’apparaissent qu’au moment du court-circuit et disparaissent immédiatement après.
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un éventuel défaut sur le réseau 20 kV le 21/09/2001, ne pouvait pas faire apparaître, au niveau du cratère, des valeurs supérieures à ce qui a été mesuré au cours de notre campagne de mesure. Elles sont très semblables à celles trouvées lors des essais de 2003 avec des défauts en 63 kV.
Par ailleurs, M. JC. MARTIN a effectué des investigations relatives au défaut d’isolement de la ligne 6,2 kV reliant les transformateurs T24 et T36 et les alimentations 230 et 400 V des bâtiments RCU SIS. Selon ses constatations et les nôtres, les effets destructeurs constatés sur les conducteurs montrent qu’ils résultent de contraintes mécaniques consécutives à la destruction du mur. Ces destructions ont été aggravées par les engins de manutention lors de leur déplacement puis de leur extraction des décombres.
5.8.2.5.3 Conclusion
L’hypothèse relative au défaut d’isolement de la ligne 6,2 kV, reliant les transformateurs T24 et T36 susceptibles d’avoir provoqué un arc de circuit dans la masse des nitrates d’ammonium par l’intermédiaire d’un élément conducteur de la dalle du bâtiment 221, a été écartée par M. JC. MARTIN dans son rapport du 27 août 2004 (D4860).
Les investigations effectuées sur le site de l’usine AZF après l’explosion du 21 septembre 2001, par les experts en électricité, MM. Pierre MARY et Paul ROBERT, n’ont pas révélé, sur les sources d’énergie électrique, les réseaux de distribution et les matériels, des dysfonctionnements ou des désordres électriques antérieurs au sinistre.
Les essais de courts-circuits à la terre en 63 et 20 kV, réalisés sous la direction de M. Christian Mouychard à partir de postes et d’une connexion de lignes situés de part et d’autre de l’emplacement du bâtiment 221, ont permis de mesurer, au bord du cratère consécutif à l’explosion du 21 septembre 2001 des gradients de potentiels et densité de courant extrêmement faibles. L’énergie dégagée par le passage du courant lors du défaut 63 KV SNPE, qui a duré 80 ms, au niveau du sol sous le bâtiment 221n a été excessivement faible pour ne pas dire presque nulle. Il aurait fallu dégager cinq cent mille millions de fois plus d’énergie pour arriver à réchauffer de 1°C le sous-sol à l’endroit du cratère.
Par conséquent, l’hypothèse impliquant un dysfonctionnement de nature électrique survenu sur le site AZF ou dans son proche environnement comme cause de l’explosion du 21 septembre 2001 dans le bâtiment 221 est à exclure.
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Un effet de missile d’un équipement voisin ayant préalablement siège d’une explosion
Au cours de nos opérations a été envisagée l’hypothèse d’un effet de missile d’un équipement voisin du bâtiment 221, qui après avoir été le siège d’une explosion, aurait pu générer des éclats à grande vitesse et susceptible par effet de missile d’amorcer la réaction explosive du stock de nitrates entreposés à l’intérieur du bâtiment 221.
En raison de sa relative proximité du bâtiment 221, notre attention s’est portée sur la tour de granulation (prilling en langue anglaise) dont des vestiges, notamment des tôles de couleur blanche et orange constituant les bardages, ont été découverts dans le voisinage des bâtiments concernés par l’explosion et dont le filtre JF302-nord, situé sur la partie nord de la tour à 82 mètres en distance oblique (à 70 mètres environ en distance horizontale) du tas de nitrates stockés dans le bâtiment 221, présentait des effets destructeurs liés à l’action d’une surpression interne. : voir planche simulant la projection d’un éclat du filtre Nord JF 302 en annexe XIII.
L’hypothèse que les éclats métalliques générés par l’explosion de ce filtre auraient été susceptibles par effet de missile, d’amorcer, selon un mécanisme de transition choc/détonation, la réaction explosive qui s’est produite dans le tas de nitrates à l’intérieur du bâtiment 221 a donc été étudiée par M. Didier BergueS, dans le cadre d’une ordonnance de commission d’expert, en date du 01 avril 2004 de Monsieur Thierry PERRIQUET, Vice-président chargé de l’Instruction au Tribunal de Grande Instance de Toulouse.
Dans son rapport en date du 23 novembre 2004 (D5240), Didier BERGUES a démontré que même en supposant que les éléments métalliques issus de l’explosion de ce filtre projetés par une détonation forte équivalente à celle de l’explosif TNT, le niveau de pression induit par ces éclats est totalement inapte à assurer l’amorçage du nitrate d’ammonium stocké en tas dans le bâtiment 221 à 82 mètres de distance directe.
Ces résultats sont corroborés par ceux réalisés pour le compte d’Atofina par le britannique Haskins (D4291).
Rappelons que l’un des objectifs des travaux expérimentaux réalisés par Haskins était d’examiner si l’impact d’un projectile à grande vitesse, issu d’une explosion localisée dans la tour de granulation pouvait permettre l’amorçage en détonation du nitrate d’ammonium.
Les travaux d’Haskins montrent que la mise en détonation du NAI par impact de projectiles de 100 mm ne peut être obtenue que pour des vitesses d’impact supérieures à 1800 m/s et Haskins considère « qu’il n’existe aucune menace réaliste qui puisse générer un projectile de cette taille et de cette vitesse ».
Didier BERGUES est complètement d’accord sur ce point, car pour des projectiles propulsés par une explosion :
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ceux mus par une détonation peuvent certes être éjectés à ce niveau de vitesse, mais ont alors des tailles inférieures au centimètre,
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s’ils sont de grande taille, ils ne peuvent être éjectés à une vitesse supérieure à quelques centaines de mètres/seconde.
De plus, Didier BERGUES considère que l’onde de pression aérienne issue d’une hypothétique détonation totale de la masse d’explosif contenu dans le filtre JF302-nord et dans les tubes reliant ce filtre avec le bac à niveau constant situé sous l’évaporateur Luwa-nord, est également totalement inapte à induire une quelconque réaction du nitrate d’ammonium entreposé en tas dans le bâtiment 221.
Il s’ensuit que la détonation du tas de nitrate d’ammonium entreposé dans le bâtiment 221 ne peut être due à l’impact des éventuels éclats métalliques provenant de l’explosion du filtre JF302-nord de la tour de granulation et par voie de conséquence d’une détonation préalable du nitrate d’ammonium liquide présent dans ce filtre.
De plus, encore aurait-il fallu que cet (ou ces) éclat (s) atteigne (nt) le lieu de départ de la détonation, c’est-à-dire le tas de nitrate d’ammonium entreposé dans le box du bâtiment 221.
L’ensemble des travaux de Didier BERGUES démontre en tout état de cause que l’éclatement du filtre JF302-nord est postérieur à l’explosion du bâtiment 221, ce qui confirme les conclusions de M. JP COUDERC (D3202).
5.8.2.7 L’onde de pression d’une explosion primaire en phase gazeuse ou de poussières
Comme nous vu au paragraphe 5.8.2.2.2, l’hypothèse d’une fuite de gaz inflammable dans le bâtiment 221 ayant pu entraîner la formation d’un mélange explosible avec l’air est à exclure.
L’enchaînement des faits permet également d’exclure l’hypothèse de la formation d’un mélange explosif air-vapeurs inflammables résultant de la vaporisation d’un liquide inflammable volatil présent dans le bâtiment 221 et dont l’explosion aurait ensuite entraîné la mise en détonation des nitrates d’ammonium entreposés dans le bâtiment. En tout état de cause, il aurait fallu d’énormes quantités d’un tel liquide qui aurait été décelé par les personnes ayant transité dans le hangar 221 peu avant les faits. Or, comme nous l’avons vu, ni M. MARQUE (D223), qui a traversé le sas de la sacherie en vélo environ ¼ d’heure avant l’explosion, ni M. BLUME (D228), qui est passé devant le sas du bâtiment 221 trois minutes avant l’explosion, ne signalent rien d’anormal ou d’inhabituel.
5.8.2.7.1 Hypothèse d’une explosion d’atmosphère en phase gazeuse
Rappelons préalablement comme nous l’avons exposé au 5.1.2, que :
-
pour qu’un mélange air-gaz naturel puisse exploser, il faut que la concentration de gaz dans le mélange soit comprise entre 5% (limite inférieure d’explosivité) et 15% (limite supérieure d’explosivité), et que simultanément il existe une source d’inflammation d’énergie suffisante,
-
le gaz naturel du réseau de GSO est odorisé artificiellement par incorporation de tétrahydrothiophène (THT) pour rendre immédiatement détectable sa présence dans l’atmosphère. Il s’ensuit que toute fuite de gaz naturel apparue sur une conduite ou un appareil, s'accompagne d'une odeur très nette et caractéristique de tétrahydrothiophène (THT), ce qui permet de prendre les mesures qui s’imposent,
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le gaz naturel étant plus léger que l’air diffuse rapidement verticalement en se diluant dans l’atmosphère,
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lors d’une explosion de gaz à l’air libre, donc dans une ambiance bien oxygénée il ne se forme pas de monoxyde de carbone. Lors d’une explosion de gaz en milieu sous oxygéné, il peut théoriquement s’en former, mais cela n’aurait aucune incidence, ce toxique étant plus léger que l’air se dissiperait rapidement dans l’atmosphère,
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lors de la déflagration d’un mélange gazeux air-gaz naturel à l’air libre, les gaz brûlés ainsi que le gaz n'ayant pas encore réagi, sont portés à une température élevée et auront donc tendance à s’élever dans l’atmosphère par convection.
L’étude des pièces nous a permis de découvrir des courriers de M. Jean BERGEAL (D5027, D5028, D5113, D5114) soutenant l’hypothèse de deux explosions d’atmosphère distinctes le 21 septembre 2001, l’une survenant sur le site de la SNPE, l’autre affectant la tour de prilling qui aurait ensuite provoqué l’explosion du stock de nitrates dans le bâtiment 221. Ces deux explosions d’atmosphère seraient toutes deux consécutives à une fuite de gaz naturel à base de méthane sur le site de la SNPE.
M. BERGEAL « imagine » une fuite de gaz naturel sur le site de la SNPE pendant des travaux de maintenance de l’installation de cogénération. Selon son avis, « Le volume de gaz rejeté à l’atmosphère atteindrait alors, et très approximativement 1200 m3 (compris entre 600 et 2000 m3 pour rester large dans l’évaluation). Ce gaz, qui vient de subir une détente de quelques dizaines de bar à la pression atmosphérique est très froid, donc dense, ce qui nuit à sa dissolution rapide dans l’air ambiant et provoque l’existence d’une nappe allongée, plus ou moins mêlée à de l’air ce qui en rend l’inflammabilité et l’explosibilité variables selon la localisation… ».
Nos constatations et l’étude des pièces ne permettent pas d’accréditer l’hypothèse d’une fuite de gaz sur le site de la SNPE ou dans son proche voisinage. Notons que si cela avait été le cas, l’odeur caractéristique de gaz générée par un rejet de gaz de 1200 m3 ne serait pas passée inaperçue quel que soit le site sur lequel il se serait manifesté.
Or les pièces de procédure ne font pas état d’une telle odeur, ni d’une intervention de spécialistes pour remédier à un tel incident sur le réseau gaz dans le secteur. Par ailleurs, M. BERGEAL semble également ignorer que le gaz naturel même refroidi lors d’une détente retrouve pratiquement dès son émission à l’air libre la température ambiante et reste donc plus léger que l’air (densité voisine de 0,55).
Nous rappelons aussi que lors de l’explosion le 21 septembre 2001, la température extérieure était de 17,2°C.
Mais si nous avons bien compris M. BERGEAL, une première explosion, « ayant pour origine un phénomène UVCE aurait précédé celle du hangar 221 de 8 secondes ». A la page 9 de sa note du 24 septembre 2004 (D5027), il écrit à propos de cette première explosion : « c’est à l’endroit où les concentrations de gaz sont les plus fortes, au voisinage de la chaufferie, que se produit l’explosion principale de la phase 1 » et à la page 2 de sa note du 04 octobre 2004 cosignée par M. ODDI (cote D5028), il précise : « C’est l’explosion de gaz devant le poste 63 kV de la SNPE qui en a fait tomber le mur avant que le hangar 221 ne soit détruit, provoquant ainsi le défaut sur le départ RAMIER ».
Cette hypothèse ne tient pas compte de la réalité des faits. Nos constatations in-situ ont dûment établi que le mur en question était tombé consécutivement à une violente poussée venant de l’Ouest, c’est-à-dire de l’usine AZF. M. BERGEAL ayant participé aux essais électriques, donc sur le terrain, ne pouvait pas l’ignorer.
Nous ferons remarquer que ce n’est pas comme le dit M. BERGEAL à l’endroit où les concentrations de gaz sont les plus fortes au voisinage de la chaufferie, que se produit l’explosion principale de la phase 1. L’explosion ne peut se produire comme nous l’avons vu plus haut, et si tant qu’il y ait eu un déversement de gaz, que s’il y a simultanément une concentration de gaz entre 5% et 15% et une source d’inflammation d’énergie suffisante au sein de ce mélange.
Quant à la seconde explosion, il l’explique à la page 10 de sa note (cote D5027) : « Imaginez maintenant la tour de prilling et son nitrate d’ammonium fondu et chaud tombant du haut de la tour à travers un flux d’air qui monte du sol vers le haut. Que va t-il se passer si, à cet air de refroidissement du nitrate se trouve substitué un mélange air/gaz, mélange explosif en cette atmosphère confinée et qui de plus se trouve allumé par la flamme externe qui revient vers la SNPE ? La tour va sans doute « se satelliser » et monter dans le ciel, verticalement.
Le nitrate du pied de la tour qui a peu « apprécié » ce traitement (en plus il est chaud) se décompose voire explose, il va dégager une masse importante d’où une onde de pression qui va propulser la tour vers le haut.
Dans le hangar 221 diverses possibilités existent en matière d’explication de la propagation de l’explosion. Il peut s’agir d’une « contamination du stock » par des matériaux très chauds, en décomposition et venant donc du bas de la tour…. Il peut s’agir de l’explosion d’une petite poche méthane/air au contact du nitrate d’ammonium, lui-même imprégné de méthane, au moins à sa surface.
Donc pour essayer de décoder les incohérences et carences techniques en matière d’explosions de M. BERGEAL, après la première explosion de gaz survenue 8 secondes avant, devant le poste 63 kV de la SNPE, du gaz résiduel serait encore présent dans la tour de prilling située à environ 500 mètres (donc ayant échappé miraculeusement à cette première combustion explosive bien que provenant de la même nappe de gaz) aurait provoqué l’explosion de cette tour, puis celle du stock de nitrates soit par contamination de matériaux chauds venant du bas de la tour, soit du fait de l’explosion d’une petite poche de méthane.
Cela est proprement sidérant, car après la première explosion qui se serait produite devant le poste 63 kV, il ne doit normalement plus rester de gaz résiduel au niveau de la tour de prilling ou au contact du nitrate (le volume du mélange considéré explosible aurait en effet été entièrement consommé au cours de ladite première explosion). De plus, dès son rejet à l’extérieur, le gaz ne pouvait que se diluer et se dissiper rapidement dans l’atmosphère compte tenu de sa faible densité par rapport à l’air.
La dispersion des 1200 m3 de gaz déversés, selon les estimations de M. BERGEAL, était de plus favorisée lors de l’explosion par le vent d’autan soufflant à environ 6,5 m/s.
Un expert judiciaire, M. Alain HODIN (cotes D5671 à D5673) a également en partie travaillé sur l’hypothèse de M. BERGEAL. M. Alain HODIN a été désigné en qualité d’expert par une ordonnance, en date du 14 octobre 2004, avec pour mission de 1) prendre connaissance de la procédure et notamment des témoignages, observations, enregistrements, phénomènes lumineux et sonores, désordres électriques…2) décrire ces phénomènes et leur donner une explication technique, 3) décrire le lien susceptible d’exister entre l’explosion du bâtiment 221 et ces phénomènes, 4) faire toutes observations utiles sur les causes de cette explosion.
Dans la lettre d’acceptation de sa mission en date du 15 octobre 2004 (D5643), il indique, ce qui est tout à son honneur, qu’il est intervenu dans l’expertise civile AZF en qualité de conseil de EDF et qu’il a participé pour le compte de la société TOTAL à l’expertise suite à l’accident de la raffinerie de la Mède en 1992. Plus loin, il ajoute : « Les éléments techniques actuellement en ma possession m’incitent à supposer qu’antérieurement à l’explosion, une dérive de gaz explosible susceptible d’avoir généré une réaction violente dans la tour de prilling d’AZF et par effet domino un allumage violent du stock d’ammonitrates ».
Le rapport de M. HODIN, en date du 28 février 2005, comporte 153 pages dont 33 pages d’annexe et une note de 37 pages sur la modélisation physique en soufflerie, réalisée par M. P. MEJEAN, de la dispersion d’un rejet de gaz explosible sur la maquette de l’usine AZF construite par TOTAL. Les 52 premières pages du rapport sont consacrées à l’élaboration des scénarios d’UVCE et à la simulation des rejets de gaz en soufflerie, le dernier paragraphe à la synthèse succincte des expertises antérieures.
Il est intéressant de noter que dans ce paragraphe ne sont mentionnés aucun des divers rapports d’expertises établis par les experts judiciaires désignés par Messieurs les Magistrats Instructeurs, mais essentiellement les travaux de la défense. L’explication en est donnée d’ailleurs en page 6 de son préambule « Le bilan de ces témoignages a alors fait l’objet de documents de synthèse, notamment, sans vouloir être exhaustif, les différents travaux de Mr Arnaudiès et ceux référencés par le cabinet Soulez Larivière».
Dans son préambule M. HODIN indique que : « parmi les phénomènes susceptibles de produire des effets analogues à ceux qu’ont pu rapporter certains témoins antérieurement à l’explosion du hangar, notamment des éclairements intenses associés à des fumées et un bruit caractéristique assimilé par certains au franchissement du mur du son, les explosions de gaz en milieu confiné (VCE) et/ou non confiné (UVCE) constituent une hypothèse dont il convient de vérifier la plausibilité ».
Plus loin, il écrit : Cette hypothèse n’avait pas été envisagée jusqu’à ce jour dans le cadre de l’expertise pénale pour diverses raisons qu’il énumère en se substituant à nous et sans connaître, car il n’était pas présent, le contenu des débats que nous avons eus lors de nos réunions de travail.
Or si nous n’avons pas retenu cette hypothèse, c’est qu’elle est totalement infondée et irréaliste, comme nous le verrons à propos de l’examen des scénarios avancés par M. HODIN. Pour notre part, nous ne connaissons pas des explosions majeures de ce type, consécutives à des UVCE avec dérive, mettant en jeu du méthane.
En préambule, M. HODIN explique que les hypothèses d’un UVCE généré par une fuite de gaz dans les installations de la SNPE modélisées dans son travail n’ont pas la vocation de démontrer définitivement le scénario à l’origine des évènements, mais il s’agit surtout de démontrer le caractère plausible ou non d’une fuite de gaz susceptible d’avoir des répercussions sur les installations d’AZF, compte tenu à la fois : des quantités de gaz qui seraient disponibles en cas de fuite et de l’environnement du site.
Comment peut-on imaginer raisonnablement et objectivement qu’une fuite de gaz dans la zone de la chaufferie de la SNPE pouvait entraîner la formation d’un mélange explosible dans la tour de prilling distante de 500 mètres.
Le fait d’envisager cette hypothèse montre que M. HODIN n’a pas dû avoir à traiter concrètement des affaires d’explosions d’atmosphère. En effet, dans le cas présent, il fallait un déversement de plusieurs millions de m3 de gaz en provenance de la SNPE pour que les conditions d’une explosion soient requises dans la tour de prilling (gaz dans la fourchette d’explosivité et simultanément présence d’une source d’énergie de caractéristiques convenables). Si cela avait été le cas, l’odeur caractéristique de tétrahydrothiophène qui est ajouté au gaz pour lui conférer l’odeur caractéristique que tout le monde lui connaît et permettant de déceler immédiatement une fuite, aurait été sentie et notamment dans l’emprise de l’usine AZF qui se trouvait sous le vent d’autan venant de la SNPE, ainsi que dans la proche banlieue globalement à l’Ouest de cette usine : SEMVAT, BROSSETTE, SPEEDY, les habitations de la rue Bernadette et de la route de SEYSSES (tours de Seysses), entre le pont enjambant le périphérique et cette rue. Cette évidence a, semble t-il échappé à M. HODIN, qui n’ignore pas pourtant, ainsi qu’il l’écrit à la page 10, que le gaz distribué par GSO est du gaz naturel odorisé.
Pour notre part, nous sommes convaincus que si une telle dérive de gaz s’était produite, non seulement elle n’aurait pu être cachée ni par les responsables de la chaufferie de la SNPE, ni par ceux de la société GSO, filiale du groupe TOTAL, et de plus de multiples témoignages sur le site AZF et ailleurs auraient fait état de cette odeur caractéristique peu avant l’explosion du stock de nitrates, ce qui n’est pas le cas.
Ces témoignages, s’ils avaient existé, n’auraient certainement pas échappé à M. HODIN.
Au paragraphe 2 : Elaboration des scénarios d’UVCE, M. HODIN recense d’abord les sources de gaz « pouvant entraîner des effets significatifs » en cas d’explosion et retient parmi les gaz stockés ou véhiculés et présents en quantité suffisante : le gaz naturel et l’hydrogène et exclut l’ammoniac, car aucun dommage important n’a été constaté dans les zones où il était stocké.
De plus, il précise que « l’on ne rapporte pas d’explosion d’ammoniac en milieu non confiné », mais remarque que « plusieurs témoins rapportent une forte odeur d’ammoniac avant les évènements ».
Nous notons qu’à la page 25 de son rapport, M. HODIN indique que l’analyse des explosions majeures survenues dans l’industrie depuis une cinquantaine d’années et ayant entraîné des UVCE avec dérive, montre qu’il n’y a pas eu d’accident mettant en jeu du méthane, à l’exception de l’accident de Raunheim (Allemagne) en 1966 qui concernait du gaz liquéfié.
A la page 10, M. HODIN décrit les installations de gaz alimentant les sites de la SNPE et d’AZF en précisant que l’approvisionnement est assuré en gaz naturel odorisé et il examine les consommations de gaz dont il déduit :
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pour la SNPE que : « on ne peut toutefois conclure que la consommation de gaz de SNPE le jour de l’explosion du hangar AZF était anormalement élevée. Elle se situait dans la fourchette des consommations relevées les jours précédents. S’il y a eu fuite de gaz, cette fuite a été suffisamment faible pour être comprise dans l’intervalle de confiance des consommations usuelles de SNPE »,
-
pour AZF, qu’un décalage temporel d’une minute par rapport à l’heure exacte, « rend impossible l’identification d’une éventuelle fuite de gaz sur le réseau haute pression d’AZF à partir du compteur GSO ». M. HODIN ajoute que la tuyauterie de gaz naturel desservant le site s’arrêtait à l’atelier mélamine et tournait autour du bâtiment I8 b pour y alimenter les 2 chaudières à sel fondu. Il n’y avait pas de gaz naturel au Nord de l’usine.
Il conclut en page 10 que « les éléments en notre possession ne sont pas de nature à confirmer l’existence d’une fuite sur le réseau interne de gaz naturel de l’usine AZF ou de la SNPE mais montrent qu’il n’y a pas eu fuite sur le réseau gaz jusqu’aux organes d’isolement de la SNPE ».
A la page 35 de son rapport, M. HODIN s’intéresse aux travaux réalisés sur la chaudière de cogénération MIDREC le jour de l’explosion du hangar 221 par du personnel de la société ELYO, qui devait notamment effectuer des essais de brûleur. Des éléments qu’il a recueillis, M. HODIN en déduit qu’il était nécessaire qu’il y ait une alimentation en gaz pour ces essais, que le gaz alimentant la chaudière ne pouvait pas provenir du réseau GSO, qu’il y a eu tentative d’allumer un brûleur (tentative infructueuse ?) et qu’après il y a eu explosion.
En définitive, selon son avis : « il apparaît que s’il y a eu rejet de gaz dans la zone de la chaufferie, susceptible de se disperser dans l’environnement, il y a une forte présomption qu’il résulte de manœuvres ou de commandes involontaires locales, entraînant une fuite. Une fuite ou une rupture qui aurait pu survenir sur la conduite principale n’est pas plausible, en recoupement avec les informations recueillies sur le réseau GSO ».
A la page 36, au paragraphe Localisation de la brèche, M. HODIN mentionne qu’il ne dispose pas actuellement d’éléments lui permettant d’envisager un endroit privilégié de fuite.
Donc pour résumer les investigations de Monsieur HODIN :
-
il n’a pas trouvé de fuite sur le réseau gaz alimentant la SNPE,
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s’il y a eu rejet de gaz dans le local de l’installation de cogénération MIDREC pouvant ensuite se disperser dans l’environnement, il y a de fortes présomptions qu’il soit lié à des manœuvres locales dans la chaufferie lors des essais d’allumage du brûleur.
Nous ferons remarquer ici que s’il y avait eu une fuite de gaz lors des essais d’allumage du brûleur de la chaudière MIDREC, le volume de gaz déversé ne pouvait être que d’assez faible importance et de plus selon toute vraisemblance, il y aurait eu une explosion, suivie d’un incendie avec éventuellement formation d’une torchère dans la chaufferie. Et, il n’y aurait pas eu de déversement significatif de gaz dans l’environnement.
Nous pourrions citer à l’appui de nos dires, plusieurs affaires d’explosions survenues à l’intérieur de chaufferies à la suite d’essais ou d’imprudences et ayant occasionné le décès des personnels y travaillant, dont nous avons eu à connaître.
Par exemple, l’explosion dans le local chaufferie de Climadef qui a été consécutive à une ouverture intempestive de vanne (affaire citée par M. BERGEAL à la page 7 de sa note, cote D5027), mais n’a pas entraîné de dérive de gaz à l’extérieur.
Bien que n’ayant découvert aucune fuite, M. HODIN, dans son souci de trouver une explication à l’existence d’une explosion de gaz antérieure à l’explosion du bâtiment 221, liée à une fuite de gaz sur le site de la SNPE, explique qu’il va maintenant envisager les scénarios ne pouvant être expliqués, comme il l’écrit à la page 36, que par des éléments indirects. Il développe que s’il y a eu une fuite de gaz dans les installations de la SNPE susceptible de dériver vers la zone nitrates d’AZF, elle doit se situer entre les bâtiments U6, U7, CO + H2. A partir de là, il essaie de justifier des essais de simulation de gaz en soufflerie de diffusion en expliquant dans un premier temps qu’il s’agissait de mettre en évidence le déplacement d’une nappe de gaz dérivant sous les effets du vent en tenant compte de l’hétérogénéité du terrain et des effets de sillage aérodynamique induits par les bâtiments. Il mentionne ensuite qu’au moment de l’accident, il soufflait un vent d’autan venant d’une direction comprise entre l’Est et l’Est Sud Est et indique que les essais ont été réalisés « pour une vitesse de vent supposée de 3,4 m/s à 10 mètres de hauteur au dessus du sol, a priori plus faible que celle mesurée à la station de Toulouse Blagnac du fait de la présence d’une colline située en amont du site ».
Déjà, on ne comprend pas pourquoi, c’est la vitesse supposée de 3,4 m/s qui est choisie alors qu’au moment de l’explosion, la vitesse du vent était de l’ordre de 6 à 7 m/s, selon Météo France. De plus, la colline en question qui est les côteaux de Pech David, n’a pu avoir aucune influence sur l’écoulement du vent au vu du plan et des coupes des sites AZF et SNPE : voir annexe XIV.
Nous pourrions aussi faire remarquer que M. HODIN exclut a priori une fuite dans l’emprise de l’usine AZF et n’a pas fait pour celle-ci, les mêmes simulations d’un rejet de gaz qu’il a faites pour la SNPE, car l’usine AZF était alimentée en gaz naturel dans le secteur du bâtiment I8 b.
Venons en maintenant aux simulations.
A la page 44, M. HODIN écrit : « il apparaissait alors deux scénarios possibles en cas de fuite de gaz dans la chaufferie de la SNPE ou à proximité (bât CO + H2) :
-
une fuite ou un rejet plus important (tels qu’une ouverture intempestive de vanne) émettant une bouffée plus ou moins longue dans l’atmosphère,
-
un rejet de gaz non brûlé par la cheminée (*) à la suite d’une injection involontaire dans celle-ci ».
Que signifie pour ce deuxième scénario une injection involontaire dans la cheminée ?. Si nous comprenons bien, il pourrait correspondre à la tentative d’allumage du brûleur de la chaudière MIDREC par du personnel de la société ELYO ou à l’ouverture intempestive d’une vanne. Dans ce cas, comme nous l’avons vu plus haut, une explosion se serait produite dans la chaufferie S.N.P.E, suivie très vraisemblablement d’un incendie et il se serait peut être échappé, si nous suivons M. HODIN, au pire quelques dizaines, voire quelques centaines de litres de gaz au sommet de la cheminée, c’est à dire à 80 m au-dessus du sol.
En conclusion, M. HODIN indique :
-
« Il ne peut y avoir explosion de la nappe de gaz au-delà du point de rejet pour des débits émanant de la chaufferie ou de l’unité CO + H2 de l’ordre du Nm3/s : une fuite de vanne sur les installations de la SNPE ne pourrait être à l’origine d’un UVCE déclenché par un point chaud de l’autre côté de la Garonne »,
-
« Pour atteindre la limite inférieure d’inflammabilité à l’aspiration d’air de la tour de prilling, il faudrait avoir une brèche au niveau de la chaufferie ou de l’unité CO + H2 d’un débit de l’ordre de 1000 Nm3/s pendant une dizaine de minutes »,
-
« Dans le cas d’un rejet hypothétique à la cheminée, le panache de gaz est explosible sur une distance de l’ordre de 150 mètres pour un débit de rejet de 115 Nm3/s. Il aurait fallu une brèche de l’ordre de 800 Nm3/s de gaz pour atteindre la limite d’inflammabilité au sommet de la tour de prilling ».
Les résultats aberrants obtenus par M. HODIN (à partir de ses hypothèses) sont mieux mis en lumière si l’on évalue les quantités de gaz qu’il aurait fallu mettre en jeu pour arriver aux conclusions tirées des simulations, soit 1000 x 6000 = 6.000.000 de m3 de gaz pour le cas 2, c’est-à-dire pour obtenir la limite inférieure d’explosivité au niveau de la tour de prilling.
(*) Nous précisons que cette dernière débouche à 80 mètres au-dessus du sol.
Peut-on laisser croire qu’un tel rejet pouvait passer inaperçu au niveau de la S.N.P.E et alentour sous le vent ? Alors qu’à la page 10 de son rapport, il écrit ne pas pouvoir établir une consommation anormale de gaz de la SNPE. Nous rappelons que la livraison de gaz est asservie à un système de comptage et que cette consommation ne pouvait passer inaperçue en raison de sa valeur outrancière. De plus, nous serions surpris que les spécifications du poste de livraison aient pu permettre un tel débit de 1000 m3/s.
Comment peut-on justifier un hypothétique rejet à la cheminée de 115 m3/s, soit 115.000 litres de gaz par seconde. Ce n’est pas suite à l’allumage infructueux d’un brûleur que l’on peut avoir un tel débit, ni d’ailleurs lors d’une ouverture intempestive d’une vanne d’autant que les ouvriers présents seraient immédiatement intervenus et qu’en tout état de cause, une explosion se serait très vraisemblablement produite à proximité de l’émission de la source, le plus probablement à l’intérieur du bâtiment où elle se manifestait. Par ailleurs, la cheminée débouche à 80 mètres au-dessus du sol et si du gaz s’en échappe, il va se disperser très rapidement en hauteur et ne pas revenir à des altitudes plus basses, le gaz naturel étant nettement plus léger que l’air.
M. HODIN convient quand même, compte tenu qu’une fuite de l’ordre de 800 à 1000 m3/s aurait du être observée par le réseau gaz, que l’hypothèse d’un UVCE engendré par une nappe de gaz s’étendant au-delà de la Garonne et allumé par un point chaud sur les installations de AZF est peu plausible.
Nous ferons remarquer que les simulations, si tant est qu’elles soient fiables, ont été réalisées avec une vitesse de vent supposée être de 3,4 m/s, alors que la vitesse du vent relevée à la station de Toulouse Blagnac était comprise entre 6 et 7 m/s.
Ceci étant, M. HODIN persiste et écrit : S’il y a eu fuite de gaz, celle-ci n’a pas été détectée par le réseau gaz et a engendré des effets d’autre nature que ceux de l’UVCE : soit une explosion éventuellement confinée dont l’origine pourrait se situer dans les installations de la SNPE, soit une dérive de gaz dont la concentration est inférieure à la limite d’inflammabilité mais susceptible d’avoir des effets sur la réactivité du nitrate d’ammonium chaud en solution dans la tour de prilling ». Et il envisage un programme d’essais, sachant que les essais en soufflerie permettraient de donner des ordres de grandeur des concentrations en gaz susceptibles d’atteindre la zone de prilling en cas de fuite supposée dans les installations de la SNPE.
Nous pouvons également relever le manque d’exhaustivité de M. HODIN qui omet toujours, pour justifier son hypothèse d’envisager une fuite de gaz sur le site AZF. Nous en avons pour preuve la direction du vent au moment des faits, qui empêchait toute possibilité d’accumuler ce gaz dans la zone de la tour de prilling. En fonction des positions géographiques du lieu de l’émission supposé à la SNPE et de cette tour de prilling à l’AZF, il aurait fallu que le vent d’Autan change nettement de direction, de l’ordre de 44°, d’après les relevés effectués à notre demande par le cabinet SOMAPYRAC, qui sont portés sur le plan joint en annexe XIV. Or, les relevés de Météo France ne montrent aucune dérive de cette importance dans les instants qui ont précédé la catastrophe. La lecture de ce plan met en évidence l’impossibilité flagrante d’une accumulation éventuelle de gaz dans la zone de la tour de prilling, compte tenu de la direction du vent.
Pour en terminer avec ces simulations peu représentatives, nous réitérons notre avis que les très importants rejets susceptibles de créer une atmosphère explosible dans la tour de prilling ne pouvaient pas en outre passer inaperçus, ne serait ce que par l’odeur caractéristique de tétrahydrothiophène qui est ajouté au gaz pour permettre de le déceler en cas de fuite. Ces rejets de gaz, qui se seraient dilués et dispersés dans l’atmosphère, pouvaient bien entendu former un mélange explosible dans le proche voisinage de la source émettrice, compte tenu qu’en site industriel, les sources d’inflammations sont multiples, mais en aucun cas ils ne pouvaient former un mélange explosible au niveau de la tour de prilling, très éloignée de la fuite d’origine.
Donc l’hypothèse d’un déversement de gaz du réseau GSO pouvant entraîner l’accumulation de gaz naturel et la formation d’un mélange explosible dans la tour de prilling et par effet domino, en suivant, l’explosion des nitrates d’ammonium entreposés dans le bâtiment 221 est à exclure.
Quant à l’hypothèse d’une fuite de gaz désulfuré au niveau des unités de reformage de la SNPE et d’AZF, elle est également à rejeter, parce qu’une fuite de gaz aurait été immédiatement détectée et, en tout état de cause, elle se serait instantanément enflammée au contact du four.
Donc l’hypothèse d’une première explosion d’atmosphère, tant sur le site AZF qu’à l’extérieur de ce site et dont l’onde choc aurait pu ensuite entraîner la mise en détonation des nitrates d’ammonium entreposés dans le bâtiment 221, est à exclure.
5.8.2.7.2 Hypothèse d’une explosion de poussières
Cette hypothèse est également à écarter, car il n’y avait pas de poussières combustibles en quantités significatives dans l’atmosphère du bâtiment 221 et des bâtiments voisins.
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