Écrire à tous On prend une feuille blanche. On met son nom en bas de la feuille et on la donne au voisin de droite. Il vous écrit en haut de la feuille puis il la plie à l'extérieur avant de la passer à son voisin. Celuici reçoit donc une feuille blanche à votre nom. Il vous écrit à son tour, puis il plie la feuille, etc.
Quand les feuilles ont fait un tour, chaque membre du groupe reçoit donc un message de chacun des participants. On peut même faire un second tour dans les mêmes conditions. Mais, la plupart du temps, on passe plutôt à une communication croisée. Car les messages reçus suscitent des désirs de réponse immédiate et une correspondance s'établit. Et, souvent même, cet échange se poursuit en dehors du groupe qui a uniquement fourni l'exceptionnelle occasion de rentrer pour la première fois en communication véritable avec des personnes qui étaient restées jusque-là à distance. Cette technique crée souvent un climat positif surprenant. Au point qu'il arrive quelquefois que soit proposée une lecture à haute voix de tous les textes reçus. Là, évidemment, il faut demander l'avis de chacun des participants car ce n'était pas la règle du jeu initiale. Et ce serait faire tomber les gens dans un piège. Il suffit d'ailleurs d'une seule réticence pour que l'on s'abstienne. Et pour plus de précaution lorsqu'on lit, on démarre au milieu de la feuille pour que personne ne soit repérable.
C'est étonnant comme l'atmosphère du groupe s'en trouve alors transformée. Quelque chose d'assez indéfinissable s'installe sans que l'on puisse savoir sur quoi cela va déboucher. On sent à ce propos, combien l'écrit et l'oral ont des « missions » différentes. On peut écrire ce que l'on ne dirait pas. Et on peut se laisser aller à lire entièrement un message écrit alors qu'on ne supporte pas facilement de laisser un message oral aller jusqu'à son achèvement. Cela provient, je crois, du fait que le message oral est accompagné de gestes, de mimiques, de regards qui détournent l'attention et qui provoquent une interprétation indépendante du message qui résonne parfois contradictoirement. Si bien qu'on se met très vite les oreilles en court-circuit pour ne pas entendre, aux deux sens du mot.
Le passage à l'oral est d'ailleurs un des moments de la troisième étape. Au bout d'un certain temps, on n'écrit guère qu'une demi-heure et on parle parfois plus de deux heures là-dessus. C'est curieux comme un support écrit entretient la communication. On a des repères auxquels on peut revenir. On ne se tend plus, de peur de perdre le fil de ce qu'on avait à dire. On peut alors écouter l'autre et l'entendre. Mais avec la