Documents de l’educateur 172-173-174 Supplément au n°10 du 15 mars 1983 ah ! Vous ecrivez ensemble ! Prat ique d’une écriture collective Théor



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CONSIGNE :
« Si vous voulez, cette fois, chacun va parler du point ou des points qui ont particulièrement compté pour lui ».
C'est ainsi que se dégagèrent de la masse, deux ou trois éléments qui se trouvèrent particulièrement développés parce que l'attention d'une douzaine de personnes s'était concentrée sur eux. Et notre production collective s'arrêta là pour cette fois. Et c'était le vrai bilan, un bilan réel, profond. Certes, on ne s'était nullement fatigué pour le réaliser. Mais est-ce que ça lui ôtait de la valeur ? Faut-il nécessairement souffrir pour travailler efficacement ? On n'avait rien laissé dans l'ombre, on avait bien réfléchi à tout. Et même si on n'avait laissé aucune trace écrite, on aurait tout de même tout appris. L'écriture n'étant jamais à mes yeux qu'une exigence technique personnelle - et non institutionnelle pour un affinement de la compréhension. En tant qu'enseignant, ce qui compte pour moi, c'est l'expérience, le savoir intégré et non l'apparence de savoir, le simulacre, les signes extérieurs, les garanties données d'une souffrance suffisante ou d'un suffisant renoncement à sa personnalité qui pourrait justifier la délivrance du diplôme.
Certains étudiants se contentèrent de recopier les éléments qu'un de leurs copains et moi, nous avions portés au tableau. Et ils se trouvèrent alors disponibles pour jouer les comédies nécessaires dans les autres secteurs d'enseignement. Mais d'autres se passionnèrent pour le sujet et le creusèrent profondément. Et ils personnalisèrent ainsi leur compte rendu. Pour le plaisir.
Sur le coup, cette facilité et cette rapidité de la construction d'un bilan intéressant nous étonna. Ainsi, on pouvait exporter nos techniques dans les domaines extérieurs à notre lieu de créativité ?Alors, avec l'audace acquise et l'esprit d'expérimentation reconstitué (Et si ?... Et pourquoi pas ça ?... Mais alors ?... ) nous nous sentimes prêts à nous attaquer à de grandes choses.
Par exemple, en fin de deuxième année I.U.T., il fut question d'un bilan de la formation. Alors, tout naturellement, les membres de notre maffia proposèrent un bilan tournant. Evidemment, il n'était pas question de faire tourner cinquante feuilles devant cinquante participants. Là encore, il aurait fallu adapter le procédé à la situation. Il suffisait que chaque feuille passe seulement devant cinq ou six personnes pour que les points soulevés apparaissent nombreux et déjà bien étudiés. Avec même un dégagement des éléments importants. Et cela en une trentaine de minutes. Quel rendement formidable pour la plénière. Vous imaginez ! Mais tout le monde n'était pas arrivé à ce degré de conscience de l'efficience de cette technique. Et la plupart des gens ne s'étaient pas encore laissés habiter par la tendance irrépressible à sortir des chemins battus. Alors, devant la résistance d'un professeur et celle de la majorité des étudiants, on s'inclina. En rageant à part nous, de cet amour indéfectible pour le surplace. D'autant plus que nous étions persuadés qu'en la circonstance c'était bien notre technique qui convenait. Mais non, on recourut à des techniques anciennes bien éprouvées pour leur inefficacité. Et, bien évidemment, personne ne parla ou presque, sinon pour rester à la superficie des choses. Alors que nous avions proposé de faire s'exprimer cinquante personnes en même temps. Sur le fond !
Mais comment y croire ? Il y a un tel fossé entre la pauvre communication qui se fait habituellement dans les groupes et ce qu'on pourrait y faire ! Il y a surtout une chose qui manque, c'est de savoir que, à chaque groupe, à chaque nécessité de production convient une méthode particulière. Point. On court toujours chercher la sécurité dans les bonnes vieil les méthodes : on a toujours fait comme ça ! Ce qui est une garantie certaine d'insuccès. Tiens, c'est peut-être ce que nos groupes nous ont le plus appris : la souplesse, l'adaptation dialectique aux situations par l'habitude de l'assimilation du « bruit ». Quelle formation pour des animateurs ! Et pour des enseignants donc !!

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