Gaston Bardet



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PLANCHE 1 : LA NUIT


Graphique I : Jean de la Joie.

Ce graphique, comme les suivants, porte sur une période comprise entre un 18 décembre et le 10 octobre suivant. Ce premier témoignage montre un accroissement quasi continu de la durée des oraisons extatiques. Partant d'un ravissement inopiné de deux heures, le 18 décembre - et après un « trou » de deux mois, ainsi que des oscillations dues à diverses causes, tant natu­relles que surnaturelles - le sujet assiste à la transmutation totale de son sommeil biologique en sommeil extatique à partir du 18 septembre suivant. Noter que le Jeudi-Saint (a) Jean a su qu'il ne devait pas - comme les Apôtres - abandonner le Christ durant la Nuit de l'Agonie ; il a reçu pour ce faire les grâces nécessaires véritablement anticipées.

C
e graphique basé sur un fait quantitatif aisément mesurable : la durée d'horloge, traduit à la fois la liberté de l'Esprit et la loi d'accélération spiri­tuelle annoncée par saint Paul et explicitée par saint Thomas. La qualité, l'intensité n'est pas mesurable : témoin, les « grâces de jubila­tion » des VImes Demeures (j) dont la durée est au contraire courte, le corps (auquel sont rendus sens et puissances) ne pourrait supporter plus longtemps sans étouffer de joie.

Graphique II : Anne du Désert.

Ce graphique, comme tous les suivants, montre l'intervention de Jean par la prière (pointillé de liaison). Anne faisant oraison avait connu deux courtes suspensions. Après sa consécration à Marie, le jour de Pâques, elle com­mença à recevoir régulièrement des suspensions : ce jour même, l'Esprit avait inspiré à Jean de le demander instamment. Noter les multiples paroles intérieures (points ronds) d'encouragement qui ponctuent la montée d'Anne, ainsi que les deux visions imaginaires (V) de l'Ecce Homo ; ces manifestations d'ordre extraordinaire « semblent » préluder à une renforcement de la contemplation extatique.

La loi d'accélération spirituelle est là encore aisément lisible. Les obser­vations furent arrêtées le 10 octobre ; peu après, le sommeil spirituel se substituait entièrement au sommeil biologique.




Graphique III : Thérèse de la Sainte-Obéissance.

Après trois coups au cœur durant trois jours, à trois heures de l’après-midi, Thérèse commença - sous les conseils de Jean - à faire oraison au cours d'un pèlerinage aux lieux-saints et saintes reliques d'Espagne. Après Lourdes, le 24 avril, elle passa effectivement de la contemplation à la « haute contem­plation ». Ce don régulier se produisit après la fête du Sacré-Cœur ; il est arrêté fin juillet par suite de conditions défectueuses du milieu, qui entraînent gêne pour l'oraison, tentations, infidélités, etc... Le retour des grâces fut obtenu par les prières conjuguées d'un religieux, aimé de Marie, et l'intervention de Jean le 18 février suivant. Malgré les six mois écoulés, quasi sans grâces observables, la contemplation infuse ne semble point avoir cessé sous la deuxième forme de « l'horrible nuit de contemplation » juanique qui a continué la purification. Lors du retour, les durées d'oraisons extatiques s'additionnent jusqu'à envahir toute la nuit vers le 11 mars.

L
a loi d'accélération spirituelle reste valable malgré le long hiatus. Malgré son apparent abandon par Dieu ou ses infidélités, le mystique ne perd pas les grâces concédées, « les dons de Dieu sont sans repentance ». Celui-ci les rend dès l'abandon effectif à son Invasion.

Graphique IV : Pierre le Pacifique.


P
ierre est un contemplatif né, qui entre si aisément en contemplation qu'il ne se dispose (peut-être) pas assez à la haute contemplation. Jean, par sa prière, a obtenu le don de celle-ci à quatre reprises. L'Esprit voulait sans doute confirmer qu'il désire le voir intervenir instrumentalement par l'oraison.

N. B. - Nos graphiques ne portent que sur une période limitée d'une dizaine de mois, car - pour des mystiques totalement abandonnés comme nos amis - pratiquer de telles observations est un véritable pensum. Seules, les justifient la nécessité de montrer objectivement, à tant d'âmes appelées, la soif divine qu'a Jésus de s'unir à nous dès que nous nous y disposons convenablement.

IV LES YOGAS DE L'INFER


« Comment es-tu tombé du ciel, astre brillant, fils de l'Aurore ?

Comment es-tu jeté à terre, toi qui renversais toutes les nations ? Toi qui disais en ton cœur : « Je monterai au ciel, au-dessus des étoiles de Dieu. J'élèverai mon trône, je siégerai sur la montagne de l'assemblée, dans les profondeurs du Septentrion.

Je monterai sur les sommets des nuées, je serai semblable au Très Haut ».

Satire sur le roi de Babylone (Isaïe, 14, 12-14)

Depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, il paraît en France, quasi chaque mois, un ouvrage sur le Yoga et ses variétés, avec généralement en sous-titre : le Message (!) de l'Inde à l'Occident 142.

Une propagande bien orchestrée, largement subventionnée, se déploie en vagues successives. D'où vient l'argent, se demande-t-on ? Avant la Guerre Mondiale, le centre occulte était à Berlin. On peut penser qu'en dehors d'une connaturalité d'esprit panthéistique et sémantique, il faille voir plus loin dans la localisation de cette entreprise de dégradation de l'Occident depuis les révélations sur le « Groupe Thulé » auquel appartenait Hitler et ses intimes. Il serait temps d'ouvrir les yeux lorsqu'on lit ces lignes effarantes dans un article intitulé, comme il se doit : « L'Apport de l’Inde à l’Eglise » 143 !

« Il est fort aisé pour les théologiens de montrer que toute l'école mystique indienne se base sur de fausses présuppositions ; mais s'il existe des moyens techniques d'acquérir l'énergie psychique, la maîtrise du soi, moyens qui sont légitimes, il faut les utiliser. On dit que l'abbé Montchanin est occupé à étudier la technique du yoga pour voir s'il est possible de l'intégrer dans le schéma de la mystique chrétienne. Ce qui est certain, c'est que grâce au yoga, les Indiens sont capables de véritables tours de force physiques, qui semblent miraculeux aux yeux des Européens. Si l'on peut se rendre maître de ces forces de mystique naturelles, elles peuvent être précieuses pour conduire les hommes plus près de Dieu et ainsi enrichir l'Eglise ».

On croit rêver. Allahabad ignorait-il l'affaire des rites chinois et indiens, nous proposerait-il un nouvel américanisme à l'envers... ? après deux mille ans d'existence l'Eglise découvrant le besoin, pour devenir « vivante » ( !) d'intégrer des techniques psycho-somatiques conduisant à Dieu. Si le chrétien désire la maîtrise de soi, que peut-il trouver de mieux expérimenté que les Exercices de Saint-Ignace ? Et s'il veut aller à Dieu par le plus court chemin de la suspension des sens, Jean de la Croix ne lui suffit-il pas ? Quant à la voie de Bhakti, elle n'est point autre chose que le chemin des Pères du Désert, truffé de scories magiques.

Ne faut-il pas remonter plus haut, à ce Congrès des Etudes Carmélitaines qui, en 1948 144, n'a pas hésité à conclure, en sa méconnaissance de la haute tradition chrétienne : « la possibilité d'un yoga chrétien ne saurait être rejetée a priori », et a qualifié le yoga de « mystique naturelle ». On ne voit pas comment naturalisme et mystique peuvent cohabiter. Le P. Garrigou-Lagrange - dix ans avant - avait précisé « prémystique naturelle », soulignant qu'il pouvait s'agir (peut-être) d'une préparation. Tout au plus, pourrait-on dire paramystique ou pseudo-mystique, substitut de la mystique, voire péri-mystique, d’autres diront méta-psychique, car les adeptes tournent autour du « Château » sans y pénétrer.

Jacques Maritain, dans les « Degrés du Savoir », affirmait : « Y a-t-il une expérience mystique d'ordre naturel ? Evidemment non ». C'est de simple bon sens, par suite de la distinction de la nature et de la grâce.

Répétons-le, entre la contemplation des philosophes, l'illumination Plotinienne, qui est Connaissance esthétique (sans Amour), et la mystique authentique, qui est Amour par delà les concepts, sacrifice du verbe à l'Amour - il n'y a point de place pour une catégorie intermédiaire. Si l'on a, dans le langage courant, employé le mot mystique d'une façon exagérément large depuis Péguy - en théologie, il est inadmissible de laisser se dégrader ce mot en lui accolant des adjectifs profanes. « Les pentes sont faites pour être remontées » dirait Maritain. L'expérience mystique n'est point quelque chose de vaguement religieux, c'est l'expérience (commencée) des profondeurs de Dieu qui va jusqu'à ce que vous deveniez prince « consort » !

Adam, le premier contemplatif, a perdu son union habituelle pour avoir voulu des pouvoirs, des « siddhis » : la dégradation de la mystique en magie est la conséquence même du péché originel. Les descendants d'Adam recherchèrent - grâce au « passage par la mort » extatique - à retrouver l'union avec Dieu. Ce rite se rencontre dans toutes les religions préhistoriques. Ce fut une initiation de bouche à oreille, tantôt perdue, tantôt dégradée qui ne trouva son véritable éclairage qu'aux premiers temps du christianisme. Elle fut mise en écrit, par Grégoire de Nysse et son disciple le pseudo-Denys, lequel instruisit tout le Moyen âge.

Depuis la tradition s'est rompue plusieurs fois en Occident, ce qui explique l'incompréhension des confesseurs de Mère Thérèse, obligée d'appeler « suspensions » ses extases ; la mésinterprétation récente du « grand oubli » chez Jean de la Croix; ou encore du « sommeil du petit oiseau » chez Thérèse de Lisieux.

L'Esprit souffle où il veut, la tradition est « obscure » pour ceux que Dieu n'illumine pas. Il éclaire Thérèse seule parmi ses sœurs du Carmel de Lisieux, et elle n'ose « communiquer tes secrets d'amour » ô Jésus !

Dans l'Inde et le Thibet au contraire - la cooptation étant réalisée par les hommes et non par Dieu - il semble bien que la tradition orale se soit maintenue depuis environ trois mille ans, se mélangeant (hélas) avec les pratiques les plus suspectes de médecine et de magie vitale. N'oublions jamais qu'en Extrême-Orient la même technique peut être utilisée à deux fins :

Par les Taoïstes chinois, pour obtenir la Longue-Vie, l'immortalité corporelle ; c'est l'emploi des forces naturelles, de l'électro-magnétisme humain pour une fin naturelle ; c'est de la médecine 145.

Par les Yoguins hindous, pour obtenir la Libération des renaissances ; c'est l'emploi des mêmes forces naturelles pour susciter des courants vitaux analogues à ceux déclenchés postérieurement par l'union mystique authentique ; c'est de la magie 146.

Cette magie est grossière, voire « noire » en certaines pratiques du Hatha-Yoga ; c'est de la magie luciférienne de haut-vol dans le cas du moksha, de la libération. Or, le moksha ne diffère en rien des pratiques de la gnose ; il y a connaturalité entre jnanins et gnostiques 147, et c'est par ces derniers que la pénétration hindoue - en connexion avec le judo - devient si profonde en Occident 148. L'alliance contre l'Infâme s'affirme tous les jours.

Au Centre Spirituel de l’Eau Vive, en Août 1951, nous avons affirmé que le yoga psycho-somatique actuel n'était que magie et surtout que - contrairement à ce qu'écrit Masson-Oursel et bien d'autres - il n'est nullement le yoga primitif fondamental [c'est-à-dire l'union (yuj) mystique], mais dégradation multipliée de l'Ishvara Yoga : union primitive par la prière à un dieu personnel devenu mythique.

Premier résultat : nous constatons qu'en 1952 les Etudes Carmélitaines ont publié, cette fois, une conférence du P. Bruno sur la pseudo « mystique » hindoue, dans un recueil intitulé : la Magie des Extrêmes. C'est un premier pas ; il faut aller plus loin, dégager la voie de bhakti de toutes ses souillures, et souligner le sens luciférien du moksha.

Nous avons trois grands devoirs envers Dieu : le connaître, l'aimer et le servir, et le P. Garrigou-Lagrange souligne : « Jésus nous a montré l'excellence de ces trois formes de sainteté dans sa vie cachée, dans sa vie apostolique et dans sa vie douloureuse... Dans sa vie cachée, en la solitude de Nazareth, dans la maison du charpentier, c'est l'exemple de la fidélité au devoir quotidien... Dans sa vie apostolique, il apparait comme la lumière du monde... Dans sa vie douloureuse, Jésus nous manifeste toute l'ardeur de son amour pour son Père et pour nous » 149.

Cette synthèse trinitaire de la perfection en la Puissance, la Sagesse et l'Amour n'est que partiellement réalisée chez les plus grands Saints.

L'Apôtre Jacques le Mineur, cousin de Jésus, fait partie de ces âmes : « en qui la faculté dominante est la mémoire et l'activité pratique : elles ont surtout pour mission de servir Dieu par la fidélité au devoir quotidien. C'est le grand nombre des âmes chrétiennes... A ce groupe d'âmes conviennent particulièrement l'Epître de saint Jacques et les Exercices de saint Ignace, « attentif aux moyens les plus pratiques de sanctification ».

L'Apôtre Pierre, doté du privilège de l'infaillibilité, forme avec « les grands docteurs, saint Augustin, saint Thomas d'Aquin, saint François de Sales (qui gémit de sa lenteur à suivre les lumières qu'il a reçues) » le groupe de ceux chez qui la connaissance entraîne l'amour, grandissant par voie de conséquence.

Chez Jean, « le disciple que Jésus aimait » et qui est aussi « le Fils du Tonnerre » domine la volonté. L'amour grandit comme une flamme ; il précède la connaissance et l'action. C'est la voie carmélitaine, par excellence, celle d'Elie et Jean de la Croix, tandis que Jacques - zélateur de la Loi - ouvre la voie ignacienne et Pierre la dominicaine 150.

Pratiquement, ceux qui marchent vers la Sainteté utilisent les trois formes, en s'appuyant (suivant leur tempérament propre) particulièrement sur une ou deux. Mais, après avoir gravi, par les œuvres, la connaissance et l'amour jusqu'à l'Amour, celui-ci surabonde et se répand sous forme de nouvelles lumières et de nouvelles œuvres.

Ne pouvant échapper à la structure trinitaire, parmi leurs multiples variétés, les hindous ont élaboré trois formes fondamentales de yoga : Le Hatha-Yoga, ou Yoga de puissance, fait de mille moyens (840.000 postures théoriquement possibles), d'une addition de pratiques, dont est chargée leur mémoire prodigieuse ; le Jnana-Yoga ou Yoga de la connaissance, conduisant à la plus haute réalisation (dans la perspective hindouiste) : le moksha ; enfin la voie initiale de Bhakti ou d'amour, insérée, par Pantajali, dans le Yoga classique pour en détourner, sans doute, le véritable sens.

Cependant le Hatha-Yoga ne consiste point à « servir » Dieu, mais à se transmuer en dieu par la violence de son énergie sexuelle ; le Jnana Yoga ne consiste point à « connaître » Dieu, mais à se renfermer orgueilleusement sur la une connaissance du Soi. Seul le bhakti-marga, la voie de dévotion - débarrassée de ses adjonctions - peut conduire à « être un avec le Bien-Aimé ».

Loin de chercher à pratiquer une « synthèse des yogas », comme Sri Aurobindo, tous nos efforts doivent tendre à dissocier la voie de bhakti - pure dans la révélation primitive de tous les peuples - des pratiques proliférantes du Hatha-Yoga, du bas-tantrisme, du Kundalini Yoga, et des invocations magiques du Mantra-Yoga.

Nous allons commencer par étudier le Hatha-Yoga - hélas le plus vulgarisé en Occident - puis l'étonnante expérience in-vivo du jivan-mukta. Nous terminerons par la seule voie qui peut mériter le nom de mystique : celle de la bhakti.

Précisons bien notre but :

A l'heure actuelle nous ne disposons, en ces matières occultes, que d'interprétations et non de traductions, stricto sensu, du sanscrit. D'une part les hindous même occidentalisés n'arrivent point à s'élever à notre forme de pensée clairement structurée. Les études du Swami Siddheswarananda sur Jean de la Croix, par ex., constituent un véritable contre-sens ; il prend pour ascèse ce qui est abandon. D'autre part, les Occidentaux sont incapables - sauf par régression - de penser lunairement selon les modes hindous de conscience.

En sorte que le « message de l'Inde » diffusé par des occidentaux hindouisants devrait s'intituler plutôt « mensonge sur l'Inde ». Non seulement les traductions des textes par des vulgarisateurs, plus ou moins qualifiés, sont très approximatives, mais elles sont souvent truquées. Ainsi des préceptes du Kriya-Yoga, envoyés en langue anglaise d'Amérique, sont transformés « à la mode » d'une loge théosophique pour les malheureux adeptes français !...

Dès que l’Occident fléchit, surgit un Orient de fantaisie, cela s'est vu dans l'art au XVIme et au XVIIIme par exemple, cela s'impose avec une force renouvelée dans le domaine métaphysique depuis cinquante ans. Les occidentaux cherchent un substitut à leur perte du sacré, et ce sont surtout des médecins (depuis quelques années) qui, séduits par la pseudo-science du yoga, se mettent à l'étudier et le diffuser.

C'est l'une des formes larvée du scientisme, observe Olivier Lacombe.

Nous ne pouvons et devons donc ici traiter que du yoga vulgarisé, nous ne pouvons et devons juger que « sur les pièces du procès », à savoir les livres les plus importants, nous gardant de porter jugement sur l'Inde des Upanishads, voire même sur l'exacte signification de tant de darshanas. Comme il nous fallait adopter un style d'interprétation de base, nous avons choisi Alain Daniélou. Celui-ci, dans son ouvrage : « Yoga, méthode de réintégration » donne en référence, les textes sanscrits les plus nombreux et les plus curieux ; il les traduit en expérimentateur, vivant depuis plus de quinze ans à Bénarès, et ayant totalement adhéré à l'hindouisme.

Ce faisant, nous délivrerons beaucoup d'occidentaux d'un mirage, d'autant plus dangereux qu'il est truqué, et nous débarbouillerons, pour les véritables disciples de Gandhi, le visage de l'Inde.



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